Allocution de la vice-première ministre et ministre des Finances concernant les sanctions contre la Banque centrale russe

28 février 2022 – Ottawa (Ontario)

La version prononcée fait foi

Martin Luther King Jr. croyait que l’arc de l’histoire est vaste, mais qu’il tend vers la justice.

Il savait aussi qu’il existe des hommes aux intentions malveillantes dans le monde. Ceux-ci cherchent à contrecarrer cette courbe bienveillante et à nous repousser tous dans les ténèbres.

À cause de ces hommes, il y a des moments dans l’histoire où la grande lutte entre la liberté et la tyrannie se résume à un combat, en un seul endroit, qui est mené pour toute l’humanité.

En 1863, ce lieu était Gettysburg. En 1940, c’était le ciel de Grande-Bretagne. Aujourd’hui, en 2022, c’est à Kyïv.

Aujourd’hui, dans les rues pavées de cette ville aux dômes dorés, une population acharnée, unie et menée par son extraordinaire président combat une invasion barbare.

Le courageux peuple ukrainien se bat pour lui-même, et il se bat également pour nous tous.

En effet, en ce moment, l’Ukraine se positionne bravement comme le leader moral du monde libre.

Je m’incline humblement devant l’Ukraine et tous les Ukrainiens. Le Canada est fier de se tenir debout à vos côtés.

Mais il y a un autre côté à cette histoire. Alors que de courageux civils ukrainiens apprennent comment fabriquer des cocktails Molotov pour défendre leurs maisons, l’une des machines de guerre les plus brutales du monde les bombarde.

Alors qu’il n’en a pas assez de terroriser sa propre population, le président Vladimir Poutine cherche à imposer sa tyrannie à ses voisins démocratiques et épris de liberté.

En déclenchant cette guerre, le président Poutine a attaqué les valeurs et l’ordre international fondé sur des règles qui sont à la base de toutes les démocraties du monde.

Et ce faisant, il — ainsi que ceux qui l’entoure — a perdu le droit de participer à la prospérité mondiale que nous, les démocraties du monde, avons bâtis ensemble.

C’est pourquoi, en partenariat avec l’Europe, les États-Unis et le Royaume-Uni, nous avons maintenant en place les sanctions les plus sévères jamais imposées à une grande économie.

Aucune institution financière canadienne — y compris la Banque du Canada — n’effectuera de transactions avec la Banque centrale russe. Le monde entier agit présentement pour ne pas permettre aux banques russes d’utiliser le système de paiement SWIFT.

Ces mesures couperont financièrement la Russie du monde occidental. Elles rendront inutile une grande partie du trésor de guerre que Vladimir Poutine a amassé dans sa banque centrale.

Et à nos homologues russes qui s’efforcent aujourd’hui vainement de soutenir un ruble en chute libre, permettez-moi de dire : vous aviez été avertis.

Il y a douze jours, j’ai exhorté le gouverneur de la Banque centrale russe à ne pas permettre à son gouvernement de lancer une guerre illégale et non provoquée. Je l’ai prévenu que si la Russie allait de l’avant avec cette attaque horrible, ce serait, comme l’aurait dit Talleyrand, « pire qu’un crime — ce serait une faute ».

J’ai prévenu que les sanctions économiques de l’Occident seraient rapides, coordonnées, durables et dévastatrices.

Elles le sont. Et elles continueront à l’être.

Les dictateurs, y compris le tyran du Kremlin échouent régulièrement à comprendre les démocraties.

Nous pouvons leur sembler faibles et divisés, comparés à la conformité servile qu’ils imposent sur leur société par la force.

Mais notre ouverture même au débat et nos désagréments signifient qu’une fois que nous sommes d’accord sur une ligne de conduite, nous sommes forts et nous sommes unis.

Le peuple ukrainien montre aujourd’hui l’incroyable force d’un peuple libre qui se bat pour sa démocratie.

Et les démocraties du monde entier sont tout aussi déterminées dans leur soutien au courageux peuple ukrainien.

C’est l’un de ces moments, et l’un de ces endroits, où la liberté affronte la tyrannie. Nous sommes déterminés à ce que la liberté triomphe, et elle triomphera.

Slava Ukraini! Слава Украіні!