Allocution de la vice-première ministre et ministre des Finances à Windsor
Discours
Le texte prononcé fait foi
Le 19 octobre 2022
Je suis très heureuse d’être de retour à Windsor. Et merci infiniment à l’Association des fabricants de pièces d’automobile de m’accueillir aujourd’hui. Ensemble, nous nous sommes battus pour défendre nos intérêts dans le cadre des négociations de l’ALENA et nous sommes des survivants. Vous avez fait un excellent travail et vous avez joué un rôle déterminant au sein d’Équipe Canada, et je suis extrêmement reconnaissante de me retrouver de nouveau avec vous aujourd’hui.
Le secteur canadien de l’automobile est un moteur de l’économie du Canada depuis des générations. Nos travailleurs de l’automobile sont parmi les plus talentueux, les plus novateurs et les plus résilients au monde. Le projet Arrow, dans le cadre duquel le premier véhicule électrique entièrement fabriqué au Canada, qui se trouve derrière moi, a vu le jour, en est un parfait exemple.
Voilà pourquoi, que ce soit en protégeant l’ALENA ou en assurant la place du Canada dans la chaîne d’approvisionnement de véhicules électriques des États-Unis, notre gouvernement s’est battu si fort durant au cours des sept dernières années pour protéger notre secteur de l’automobile et y faire des investissements.
Je suis extrêmement enthousiaste à l’égard des opportunités qui attendent notre industrie automobile et les travailleurs canadiens de l’automobile. Ces occasions font partie de ce dont je veux vous parler un peu plus tard aujourd’hui.
Mais d’abord, je veux parler de notre économie, et du sentiment que partagent beaucoup de gens en ce moment, je le sais.
J’ai passé l’été à voyager aux quatre coins du Canada – dans 21 villes et municipalités différentes – pour rencontrer des Canadiens et des entreprises canadiennes.
J’ai visité une famille d’agriculteurs en Alberta, une mine de potasse en Saskatchewan, un centre pour les entreprises en démarrage sur l’autoroute 401 dans la région de Kitchener-Waterloo, et le port de Saint‑Jean au Nouveau-Brunswick.
J’ai discuté avec de nouveaux parents, avec des travailleurs syndiqués et avec les camionneurs qui permettent à notre économie de continuer à rouler, que ce soit de l’autre côté du pont Ambassador ou d’un océan à l’autre.
On m’a parlé du besoin de renforcer nos chaînes d’approvisionnement, de la nécessité de créer plus de bons emplois pour la classe moyenne et du besoin absolument criant d’accélérer la construction des logements nécessaires à un pays en plein essor.
Cependant, en filigrane de toutes les conversations que j’ai eues – d’un bout à l’autre du pays – transparaissait le véritable sentiment d’incertitude qui habite bon nombre de Canadiens aujourd’hui.
Je le sais, nous avons l’impression qu’un bouleversement n’attend pas l’autre depuis l’arrivée de la COVID-19 au pays au début de 2020.
Nous sortons tout juste d’une pandémie qui n’arrive qu’une fois par génération.
On a arrêté l’économie, pour la repartir par la suite. Vladimir Poutine a envahi le territoire souverain de l’Ukraine.
Et, maintenant, nous devons faire face à l’inflation.
Et tout cela est évidemment lié. Aucun gouvernement n’est le seul responsable de l’inflation mondiale.
On assiste plutôt aux conséquences de deux années et demie de bouleversements historiques.
Mais cela ne diminue pas les effets sur les Canadiens. Faire l’épicerie et le plein coûte plus cher.
Et en tant que vice-première ministre et ministre des Finances, il est important que je sois honnête face aux Canadiens à propos de ce qui nous attend encore.
Même si l’inflation continue de reculer dans les mois à venir – elle a baissé à 6,9 pour cent en septembre, une troisième diminution mensuelle consécutive – je sais que la situation demeure difficile pour beaucoup de Canadiens – pour nos amis, les membres de nos familles, nos voisins et les gens de nos communautés.
Et notre économie connaîtra un ralentissement au fil des interventions réalisées par la banque centrale pour lutter contre l’inflation.
Des gens verront leurs paiements hypothécaires augmenter. Les affaires ne seront plus aussi florissantes que lorsque nous sommes sortis de chez nous après les confinements imposés dans le contexte de la pandémie pour retourner dans le monde. Notre taux de chômage ne sera plus à son niveau le plus bas.
C’est ce qui se produira au Canada. C’est ce qui se produira aux États-Unis. Et c’est ce qui se produira dans toutes les économies du monde, grandes et petites.
Pour les Canadiens qui en ont le plus besoin – les plus vulnérables parmi nous; ceux que la hausse des prix va frapper le plus durement – notre gouvernement sera là pour offrir du soutien.
Nous avons déjà commencé – en doublant le crédit d’impôt pour la TPS, en augmentant la Prestation canadienne pour les travailleurs, en versant un supplément à l’Allocation canadienne pour le logement, en offrant des soins dentaires aux enfants de moins de 12 ans et en mettant en place d’autres importantes mesures d’aide destinées à ceux d’entre nous qui n’arriveront plus à joindre les deux bouts à cause de l’inflation.
Pas plus tard qu’hier, la mesure visant à doubler le crédit d’impôt pour la TPS a reçu la sanction royale. Il s’agit maintenant d’une loi. Ainsi, ceux qui ont besoin d’une bouffée d’oxygène l’auront bientôt.
Tout ce soutien est ciblé et responsable d’un point de vue financier. Il ne jettera pas inutilement de l’huile sur le feu de l’inflation.
Permettez-moi également de dire ceci : aujourd’hui et dans les mois à venir, nous ne pourrons pas soutenir tous les Canadiens en offrant des mesures d’urgence comme nous l’avons fait au plus fort de la pandémie. Nous ne pouvons pas dédommager tous les Canadiens pour la hausse des coûts entraînée par la pandémie mondiale et l’invasion de l’Ukraine par le président Poutine. Un dédommagement général ne ferait qu’empirer l’inflation, et forcerait la Banque du Canada à augmenter les taux d’intérêt encore plus.
Les Canadiens sont intelligents et je sais qu’ils le comprennent.
Au sortir de la pandémie, nous gérons les finances de manière rigoureuse. Nous avons la dette et le déficit les plus faibles parmi les pays du G7, et nous nous sommes engagés à réduire de 9 milliards les dépenses du gouvernement dans le budget de 2022.
Les Canadiens réduisent leurs dépenses, alors notre gouvernement le fait aussi. De cette façon, nous contribuons aux efforts déployés pour éviter que l’inflation augmente et dure plus longtemps.
Des jours difficiles attendent encore l’économie du Canada et celle de nos amis et de nos alliés ailleurs dans le monde. Il serait faux de dire le contraire. Ceux qui prétendent pouvoir éviter les défis à venir ont tort.
Mais le Canada est prêt et nous serons prêts. Notre filet de sécurité sociale sera en place, dont l’assurance-emploi et les pensions auxquelles les Canadiens ont contribué pendant toute leur carrière. Et nous nous assurons que le Canada a et aura la capacité financière nécessaire pour aider les personnes dans le besoin, maintenant et au cours des mois difficiles à venir.
Nous réussirons à traverser le ralentissement économique qui attend le Canada et le reste du monde.
Nous allons préserver nos forces économiques fondamentales : notre cote de crédit AAA, une stabilité institutionnelle et des travailleurs qualifiés qui font notre fierté.
La pandémie sera derrière nous. Et lorsque ce sera le cas, aucun pays dans le monde ne sera en meilleure position pour réussir dans une économie mondiale post-pandémie.
Si nous décidons de saisir les occasions qui se présentent à nous, l’avenir du Canada est prometteur.
Et notre gouvernement a un plan pour s’assurer qu’on ne manque pas le bateau.
Dans l’Énoncé économique de l’automne, j’en aurai plus à dire sur la façon dont nous allons assurer un avenir meilleur pour le Canada.
Mais, aujourd’hui, j’aimerais me concentrer sur un élément essentiel de ce plan.
La semaine passée, j’ai prononcé un discours sur la transformation de l’économie mondiale dans la foulée de l’invasion barbare de l’Ukraine par Vladimir Poutine.
J’ai parlé de la réaction que les démocraties du monde doivent avoir par rapport à cette transformation et du travail que nous devons faire ensemble.
Cela dit, l’aspect le plus important de notre réponse doit être de renforcer les liens économiques entre les démocraties du monde.
Et j’ai repris un concept que la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a décrit comme étant le friendshoring, à savoir que les démocraties du monde doivent faire un effort conscient pour bâtir leurs chaînes d’approvisionnement en s’appuyant sur les économies d’autres démocraties.
Autrement dit : quand une démocratie doit se montrer vulnérable sur le plan stratégique, elle devrait l’être parmi d’autres démocraties.
Notre gouvernement croit que ce virage ouvrira des opportunités économiques au Canada et à ses travailleurs pendant toute une génération.
L’influence que nous avons sur l’économie mondiale dépasse de beaucoup la stature de notre pays, qui compte seulement 38 millions d’habitants, et cela nous donnera l’occasion de faire prospérer notre économie pendant des générations, de rendre la vie plus abordable et de créer des milliers et des milliers de bons emplois bien rémunérés.
C’est le mandat qui nous attend. C’est l’avenir que nous pouvons nous offrir et offrir à nos enfants. Je vous explique pourquoi j’ai la certitude que nous pourrons y arriver.
D’abord, le Canada a ce dont l’économie mondiale a besoin.
Nous cultivons des aliments pour nourrir la planète et nous extrayons la potasse dont les agriculteurs d’ici et d’ailleurs ont besoin pour cultiver les leurs. Nous avons les minéraux et les métaux critiques qui sont essentiels pour tout, des téléphones cellulaires aux voitures électriques.
Dans notre secteur de l’automobile, nous avons les travailleurs qui ont le savoir nécessaire pour construire des autos et des camions sur lesquels une économie verte mondiale pourra compter.
Nous avons les ressources naturelles pour alimenter la transition verte mondiale – qui sera la transformation économique la plus importante depuis la Révolution industrielle – et pour contribuer à la sécurité énergétique de nos alliés au fur et à mesure que la transition s’accélère.
Ensuite – et plus important encore : notre pays est l’économie démocratique qui a tout cela en très grande abondance.
Nos alliés et leurs plus importantes entreprises étudient déjà par quels moyens ils pourraient s’affranchir de leur dépendance économique stratégique envers les dictatures et se tourner vers les démocraties.
L’Allemagne, qui se prépare à affronter un rude hiver en raison de sa dépendance énergétique envers la Russie, s’est tournée vers le Canada cet été et a signé une entente à Terre-Neuve pour obtenir de l’hydrogène canadien.
La journée où j’ai parlé du friendshoring à Washington, le premier ministre se trouvait à Québec pour annoncer un investissement de 222 millions de dollars en partenariat avec Rio Tinto.
Cet investissement aidera à développer les minéraux critiques du Canada et fournira les ressources nécessaires pour faire du pays un chef de file dans la fabrication de véhicules électriques, en plus d’offrir à nos alliés les ressources dont ils ont besoin.
Et, comme tout le monde ici le sait très bien, en ce qui concerne la loi américaine sur la réduction de l’inflation, les efforts acharnés de défense des intérêts déployés pendant des mois par notre gouvernement, par des syndicats et par des organisations commerciales de partout au Canada ont convaincu les États-Unis de passer d’une politique favorisant l’achat de produits américains à une politique favorisant l’achat de produits *nord-américains* en ce qui a trait aux minéraux et aux métaux critiques et, bien sûr, aux véhicules électriques.
Cette mesure historique s’appuie sur le nouvel ALENA. Elle contribuera à garantir des emplois dans le secteur automobile aujourd’hui et pour les générations à venir.
Les résultats obtenus sur le plan de l’hydrogène, des minéraux critiques et des véhicules électriques sont le fruit du friendshoring– des efforts visant à soutenir nos alliés les plus proches, tout en créant de bons emplois et en favorisant la prospérité à long terme des communautés et des travailleurs canadiens.
Et, à mesure que cette transition s’accélérera au cours des mois et des années à venir, le Canada sera prêt, grâce à un réseau d’électricité propre, à des normes rigoureuses en matière d’environnement et de travail, à des institutions solides, à un engagement à l’égard de la primauté du droit et à une cote de crédit AAA. Bref, nous offrons la sécurité, la stabilité et les valeurs que recherchent nos alliés, de même que leurs entreprises de premier plan et leurs principaux investisseurs.
Notre gouvernement a déjà effectué des investissements pour nous préparer à ce changement, notamment dans la première Stratégie canadienne sur les minéraux critiques et dans le Fonds de croissance du Canada, qui nous permettront d’attirer les milliards de dollars de nouveaux capitaux privés dont notre économie a besoin et de créer d’excellents emplois pour les travailleurs canadiens.
Notre gouvernement a toujours été d’avis qu’il fallait investir dans les gens et dans les travailleurs qui sont au cœur de l’économie canadienne.
Mais les travailleurs n’ont pas seulement besoin de services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, de soins de santé, d’une assurance-emploi et du Régime de pensions du Canada, même si toutes ces choses sont importantes.
Ce dont les travailleurs canadiens ont également besoin – aujourd’hui et dans les années à venir – c’est d’un gouvernement doté d’une véritable politique industrielle forte; un gouvernement qui s’engage à investir dans la transition verte, à attirer des capitaux privés et à favoriser la création d’emplois bien rémunérés d’un océan à l’autre.
Parce que ces types d’investissements dans les industries canadiennes représentent en fin de compte des investissements dans les travailleurs et dans des emplois pour eux.
Aujourd’hui et demain, une occasion historique s’offre à nous de bâtir une économie qui créera de bons emplois et assurera la prospérité pour les générations à venir.
Pour le Canada, il s’agit d’une occasion qui se présente une seule fois par génération.
Mais pour la saisir, nous devrons agir.
Et personne ne devrait présumer que notre succès est garanti.
Nous devons prendre des mesures concrètes pour relever le défi de la productivité, qui est le talon d’Achille du Canada sur le plan économique, et encourager les entreprises à croître et à investir ici.
Nous devons nous assurer que les Canadiens possèdent les compétences nécessaires pour occuper les emplois d’aujourd’hui et de demain.
Nous avons besoin d’un plus grand nombre de nouveaux Canadiens, qui aideront nos entreprises à croître, et nous avons besoin de syndicats forts qui se battent et qui continueront de se battre pour les travailleurs qui bâtissent le Canada et qui bâtissent notre économie chaque jour.
Et nous avons besoin de logements abordables, de garderies abordables et d’un filet de sécurité sociale résilient pour la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie.
Tous ces éléments ont occupé une place centrale dans le budget que nous avons déposé en avril dernier. Et ils conserveront cette place importante dans l’Énoncé économique de l’automne et dans le budget qui suivra au printemps prochain.
Nous allons traverser cette période économique difficile. La tempête se calmera, et des jours meilleurs nous attendent.
Lorsque ces jours viendront, nous devrons être prêts et nous serons prêts à saisir l’occasion d’une génération qui s’offrira aux Canadiens et à profiter de la prospérité qu’elle pourrait apporter.
Nous le ferons en bâtissant une économie qui profite à tous et un Canada où chacun a accès à un bon emploi qui lui permettra de gagner un revenu décent pour un travail honnête.
Nous le ferons en bâtissant un Canada où personne n’est laissé pour compte.
Et nous le ferons ensemble.
Je vous remercie.
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