Allocution prononcée à Québec par la vice-première ministre et ministre des Finances sur l’économie canadienne et les priorités du gouvernement en prévision du budget de 2023
Discours
Le 22 mars 2023 – Québec (QC)
Je tiens tout d'abord à souligner que nous sommes réunis sur les territoires traditionnels de plusieurs Premières Nations, dont le territoire de la Nation Huronne-Wendat.
Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui en compagnie de nombreux travailleurs extraordinaires de FLO, ici à Québec.
Que ce soit dans des salles syndicales, sur des chantiers ou dans des endroits comme celui-ci, je suis constamment impressionnée par les remarquables travailleurs qui bâtissent notre pays chaque jour.
Notre économie dépend de personnes comme vous – ici au Québec et à l'échelle de notre merveilleux pays.
Donc, avant de commencer, je tiens à dire: merci beaucoup à vous tous!
Je veux d'abord vous parler de la situation économique actuelle au Canada et de ce qu'elle signifie pour les Canadiens et Canadiennes, et pour le budget que je vais présenter la semaine prochaine.
Commençons par les bonnes nouvelles.
Le Canada a connu une relance remarquable après la récession causée par la COVID.
L'année dernière, le Canada a enregistré la plus forte croissance économique parmi les pays du G7.
830 000 Canadiens de plus travaillent aujourd'hui qu'avant le début de la pandémie, et on a récupéré 126 % des emplois perdus à cause de la COVID, par rapport à seulement 114% aux États‑Unis.
Lorsqu'on a annoncé, dans le budget de 2021, qu'on allait mettre en place un système abordable d'apprentissage et de garde des jeunes enfants à l'échelle du Canada, on avait mentionné que ce système permettrait de créer des possibilités économiques pour les mères au Canada – et donc une plus grande prospérité pour nous tous.
Et, le mois dernier, grâce à ce système national, le taux d'activité des femmes dans la force de l'âge sur le plan professionnel au Canada a atteint un niveau record de 85,7 %, comparativement à 77,2 % aux États-Unis.
Bien que nous puissions tous être fiers du travail qui nous a amenés ici, ceci est le résultat de plus d'un demi-siècle de militantisme de la part des féministes du Québec, qui nous ont montré la voie.
Notre taux de chômage est près de son creux historique et aujourd'hui, plus de Canadiens que jamais ont un bon emploi.
Ces chiffres élevés sont importants parce qu'un bon emploi est essentiel pour bien vivre sa vie au sein de la classe moyenne.
Il nous permet de payer nos factures, de subvenir aux besoins de nos enfants et de bâtir l'avenir de nos familles, de nos communautés et de notre pays.
Alors que l'économie mondiale traverse une période de turbulences, permettez-moi de souligner une autre grande force du Canada.
Nous avons des institutions robustes et un système financier qui a prouvé sa solidité à maintes reprises.
Nos institutions financières disposent des capitaux nécessaires pour traverser les périodes de turbulences.
L'une des caractéristiques de nos banques canadiennes est la gestion prudente des risques – et c'est aussi un principe fondamental pour ceux d'entre nous qui assurent la réglementation du système financier.
Aujourd'hui, on fait preuve de vigilance : on suit la situation de près, on discute avec nos alliés et on adopte une approche de type « Équipe Canada » au sein du pays.
Les Canadiens peuvent et doivent être convaincus qu'en cette période d'incertitude mondiale, il n'y a pas de meilleur endroit où se trouver que le Canada.
Voilà pour les bonnes nouvelles.
Toutefois, je sais que tout le monde ici connait la moins bonne nouvelle.
L'inflation a baissé au Canada pendant huit mois consécutifs, et cette baisse devrait se poursuivre. La Banque du Canada prévoit que l'inflation tombera à 3 % au milieu de l'année et à 2,6 % d'ici la fin de l'année.
Mais aujourd'hui, l'inflation, qui était de 5,2 % en février, demeure encore trop élevée. Les Canadiens en ressentent les effets chaque jour à l'épicerie et à la fin du mois, lorsqu'ils doivent payer leur loyer.
Pour lutter contre l'inflation dans le monde entier, les banques centrales ont augmenté les taux d'intérêt dans le cadre du resserrement le plus rapide et le plus synchronisé de la politique monétaire depuis les années 1980.
Toutefois, cette forte hausse des taux d'intérêt est à l'origine d'une autre forme de souffrance économique pour de nombreux Canadiens : les paiements hypothécaires de nombreuses personnes sont plus élevés et les petites entreprises doivent payer davantage pour leurs marges de crédit.
Ces dernières semaines, lors des visites que j'ai effectuées partout au pays dans le cadre de nos consultations prébudgétaires, j'ai rencontré des Canadiens qui se portaient bien et d'autres qui éprouvaient de réelles difficultés.
On croit qu'il faut prendre soin les uns des autres.
Notre gouvernement l'a compris et c'est pourquoi, au cours des sept dernières années, on n'a ménagé aucun effort pour renforcer notre filet de sécurité sociale.
Ce filet est en place aujourd'hui pour venir en aide aux Canadiens qui en ont le plus besoin : nos enfants, nos aînés et les personnes les moins bien rémunérées.
Pour améliorer notre filet de sécurité sociale, on a prolongé l'Allocation canadienne pour les travailleurs pour aider ceux qui font un travail essentiel, mais qui ne sont pas très bien payés.
On offre l'Allocation canadienne pour enfants, et les parents ont désormais accès à des services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants abordables pour les aider à élever leurs enfants – l'avenir de notre pays.
On a augmenté les prestations de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti pour nos aînés.
Et, point essentiel, nos prestations les plus importantes sont toutes indexées à l'inflation.
Ce filet de sécurité sociale est là pour tout le monde.
Et, dans les semaines à venir, pour aider les Canadiens les plus touchés par la hausse des prix, notre gouvernement mettra en place des mesures supplémentaires et ciblées pour atténuer les effets de l'inflation.
À vrai dire, on ne peut pas couvrir tous les coûts que chaque Canadien doit assumer à cause de l'inflation ou de la hausse des taux d'intérêt. Agir de la sorte ne ferait qu'aggraver l'inflation et augmenter les taux d'intérêt encore plus longtemps.
Et c'est l'un des principaux objectifs du budget de cette année : ne pas jeter de l'huile sur le feu de l'inflation.
On va donc faire preuve de rigueur budgétaire.
La hausse des taux d'intérêt a eu l'effet escompté, ici au Canada et dans le monde entier.
L'économie mondiale est en train de ralentir, tout comme l'économie canadienne.
Par conséquent, les recettes de l'État sont moins élevées. Et ce ralentissement survient après trois années exceptionnelles au cours desquelles le gouvernement fédéral a fourni 80 % des fonds destinés à soutenir les Canadiens et l'économie canadienne pendant la pandémie. Notre capacité de dépenser n'est pas infinie.
Le Canada a le déficit le plus faible et le ratio de la dette au PIB le plus bas parmi les pays du G7 ainsi qu'une cote de crédit triple A.
Notre pays a une fière tradition de responsabilité financière, et on est déterminé à la maintenir.
Le Canada, après tout, est un pays qui prône la paix, l'ordre et la bonne gouvernance. Et aujourd'hui, plus que jamais, c'est une chose dont nous pouvons être fiers et sur laquelle nous pouvons compter.
En faisant preuve de rigueur budgétaire, et en ne jetant pas d'huile sur le feu de l'inflation aujourd'hui, nous nous assurerons d'avoir le pouvoir d'investir de manière responsable dans les Canadiens et dans l'économie canadienne pour les années à venir.
Parce qu'on sait que les investissements dans les Canadiens sont aussi des investissements dans notre économie.
On investit dans le logement parce que notre économie est bâtie par les gens et que les gens ont besoin d'un logement où vivre.
Pour remédier à la pénurie de main-d'œuvre à laquelle sont confrontées bon nombre de nos communautés et entreprises, on investit dans des mesures qui permettront aux travailleurs canadiens d'acquérir les compétences dont ils ont besoin.
On a accueilli un nombre record de travailleurs qualifiés au Canada.
Les investissements dans le logement, les compétences et l'immigration ne sont pas seulement des politiques sociales, mais aussi des politiques économiques.
Notre budget prévoit aussi la mise en œuvre du plan global sur les soins de santé que le premier ministre a annoncé le mois dernier.
Et grâce à un investissement de 198 milliards de dollars dans les soins de santé publics au cours des dix prochaines années, on veillera à ce que les Canadiens aient accès à un système de soins de santé public de classe mondiale, qui mérite sa place au cœur de l'identité canadienne.
Et on fera en sorte que ce système de santé public solide et efficace nous permette de continuer à prendre soin d'une main-d'œuvre canadienne forte et à la garder en santé. Voilà ce que les Canadiens méritent.
Il s'agit d'un des deux investissements importants et nécessaires prévus dans notre budget.
On va effectuer des investissements pour renforcer notre système de soins de santé public et universel et pour bâtir l'économie propre du Canada.
En effet, une fois l'inflation maîtrisée, le Canada doit faire face à deux changements majeurs dans l'économie mondiale.
Tout d'abord, dans le cadre de la transformation économique la plus importante depuis la révolution industrielle, nos amis et partenaires du monde entier – principalement les États-Unis – effectuent des investissements considérables pour bâtir une économie propre et les industries carboneutres de demain.
En même temps, le président Poutine et la pandémie ont cruellement exposé aux démocraties du monde les risques d'une dépendance économique à l'égard des dictatures. Par conséquent, nos alliés se tournent rapidement vers des démocraties telles que le Canada pour développer leurs économies et bâtir leurs chaînes d'approvisionnement essentielles.
Ensemble, ces deux changements majeurs offrent d'énormes possibilités économiques pour tout le monde – pour le Canada et pour les travailleurs canadiens.
Que ce soit dans le domaine de l'énergie propre, des technologies propres ou de la fabrication de batteries ou de bornes de recharge de véhicules électriques, nous devenons un chef de file mondial dans l'économie propre en plein essor, parce que les travailleurs et les entreprises du Canada possèdent l'expertise nécessaire et parce que le Canada fabrique ce dont le monde a besoin.
Aujourd'hui et dans les années à venir, le Canada pourra soit saisir ce moment historique, cette occasion sans précédent qui s'offre à lui, soit se laisser distancer par les démocraties du monde entier qui ont choisi de bâtir l'économie propre du vingt-et-unième siècle. Et se laisser distancer signifie moins d'investissements dans nos communautés et moins d'emplois pour toute une génération de Canadiens.
C'est pourquoi, mardi prochain, notre plan prévoit un investissement important dans les Canadiens – afin de créer de bons emplois, de rendre nos communautés plus dynamiques et d'instaurer ensemble une nouvelle ère de prospérité économique.
On bâtira une économie canadienne plus durable, plus sûre et plus abordable.
On peut créer des centaines de milliers de bons emplois et de belles carrières pour la classe moyenne, dans les petites et grandes communautés, partout au Québec
Et c'est exactement ce qu'on va faire.
Notre budget prévoit un plan sérieux pour faire face à un moment important de l'histoire de notre pays, et à une période difficile pour l'économie mondiale.
On va adopter un plan responsable sur le plan financier, soutenir les Canadiens, renforcer les soins de santé publics, et bâtir l'économie propre du Canada.
Une économie propre qui profite aux travailleurs, aux entreprises, aux communautés autochtones et à l'environnement, et qui rend la vie plus abordable pour les Canadiens et Canadiennes.
Qui offre à tous un accès aux soins de santé de qualité dont ils ont besoin. Qui permet à chacun de se retrousser les manches et de bien gagner sa vie grâce aux bons emplois créés pour la classe moyenne. Et qui permet à chacun de profiter des possibilités remarquables qu'offre le Canada.
Je suis désormais plus enthousiaste que jamais quant à l'avenir de notre pays parce que le Canada est rempli de gens qui peuvent faire de très grandes choses, et qui sont prêts à les faire, comme vous ici. Et je vois beaucoup de ces gens ici dans la salle aujourd'hui.
Et c'est grâce à des gens comme ceux qui sont ici aujourd'hui – des gens accueillants, diversifiés, travaillants, intelligents et talentueux – que le vingt et unième siècle appartiendra certainement au Canada.