Les cadets toujours à risque

MESSAGE DE L’OMBUDSMAN (le 10 mars 2017)

L’Ombudsman réagit à l’annonce concernant l’explosion accidentelle d’une grenade à Valcartier, en 1974

 

Hier, le ministre de la Défense nationale a annoncé un programme d’indemnisation pour les cadets et les premiers secouristes non professionnels qui ont été affectés par l’explosion d’une grenade à la BFC Valcartier, en 1974, qui a fait six morts et causé d’innombrables traumatismes physiques et psychologiques chez plusieurs. Les événements qui se sont déroulés il y a 43 ans ont été mis de côté bien trop longtemps. C’est pourquoi, en 2014, j’ai demandé au ministre de la Défense nationale de l’époque, l’honorable Rob Nicholson, d’autoriser une enquête sur des faits antérieurs au mandat de mon bureau afin de me pencher sur cet enjeu. L’autorisation d’enquêter m’a été accordée et j’ai soumis mon rapport au ministre un an plus tard. Mes recommandations, qui comprenaient l’accès à des soins de santé, surtout de santé mentale, ainsi qu’une indemnisation, ont été acceptées. Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes se sont mis au travail pour créer le programme d’avantages le plus approprié possible. L’annonce faite hier est un geste significatif pour aider les victimes à tourner la page sur cet événement douloureux et tragique.

Comme je l’ai mentionné auparavant dans un message publié à la fin de mon enquête, mon équipe s’est posé trois questions fondamentales : si un tel accident se produisait aujourd’hui, plus de 40 ans plus tard, est-ce que les politiques et règlements en vigueur assureraient un environnement sécuritaire aux victimes? Avons-nous rendu le système d’indemnisation moins complexe au cas où une tragédie frapperait des cadets en uniforme? Enfin, le système est-il juste et équitable? Nous n’avons pu répondre clairement à ces questions.

Une enquête que j’ai entamé à la fin de 2015 et que j’ai publiée en janvier dernier a entre autres révélé que l’assurance offerte aux cadets et aux Rangers juniors canadiens par les Forces armées canadiennes comporte de grands écarts. Je crois que ces derniers doivent être éliminés immédiatement. Hier, j’espérais que les avantages et services annoncés pour les victimes de 1974 seraient accompagnés d’un programme pour les cadets et Rangers juniors canadiens actuels. Il n’en est rien.

Bien que je soutienne fermement le programme des cadets, je ne partage pas l’avis du ministre quant aux risques inhérents au programme.

L’instruction sur les grenades ne fait peut-être plus partie du programme, mais les cadets prennent tout de même part à des exercices de maniement d’armes à feu.

Ils continuent aussi de monter à bord de véhicules blindés légers (VBL), d’effectuer des vols en planeur, et d’apprendre ce qu’il faut pour aller en mer. Malheureusement, les accidents surviennent, plus souvent qu’on le pense. Dans certaines circonstances, le gouvernement est même poursuivi à la suite de décès ou de blessures graves.

Le bureau de l’Ombudsman est une organisation qui s’appuie sur des preuves. Dans nos interactions avec nos commettants et avec le Ministère, nous sommes informés des circonstances ci-dessus. Mon plus récent rapport sur les cadets est fondé sur des preuves et a été produit avec l’entière participation du Ministère. Je crois que mes recommandations sont facilement réalisables et j’espère qu’elles le seront prochainement.

Si l’organisation a évolué et est maintenant beaucoup plus sûre, on peut logiquement penser que les primes d’assurance seraient très peu élevées si on voulait mettre en place un régime exhaustif pour les cadets actifs. Faisons la bonne chose.

 

Gary Walbourne
Ombudsman

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