Lettre au commandant : visite à la Force opérationnelle interarmées (Nord) Yellowknife

Le 17 janvier 2022

 

Brigadier-général J.P.P. Godbout
Commandant, Force opérationnelle interarmées (Nord)
C.P. 6666, succursale Main
Yellowknife (T.-N.-O.) X1A 2R3

 

Monsieur,

Je tiens à vous remercier personnellement, ainsi que lieutenant-colonel Mathieu Gauthier et la lieutenante de vaisseau Mary Louise Gordon, pour votre grande hospitalité pendant notre visite. Nous avons été ravis de rencontrer virtuellement le personnel militaire et civil, les fournisseurs de soins et les membres des familles militaires, et d’entendre leurs préoccupations et leurs critiques constructives. Nous avons recueilli des renseignements précieux sur la réalité et les difficultés uniques propres aux personnes qui vivent et travaillent au nord du 60e parallèle.

La présente vise à approfondir le résumé que je vous ai présenté le 3 décembre 2021 et à souligner certains des préoccupations et commentaires positifs que nous avons entendus. Vous et votre personnel connaissez probablement déjà certains de ces enjeux, mais j’ai tout de même cru bon de les détailler ici et de vous offrir notre assistance si vous souhaitez faire un suivi de ces sujets. Je crois fermement que la collaboration peut mener à des changements positifs durables pour la communauté de la défense.

Ma lettre se concentre sur les enjeux propres à la Force opérationnelle interarmées (Nord) (FOIN), et les enjeux particuliers au quartier général et aux éléments du 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens (1 GPRC) sont abordés dans une lettre distincte adressée au commandant, le lieutenant-colonel Raymond Chiasson.

Pression subie par le personnel médical et accès aux soins en santé mentale

La clinique de Yellowknife est catégorisée comme une clinique de type 2 (moins de 2 000 personnes). Cette catégorisation ne semble pas tenir compte des membres de Whitehorse et d’Iqaluit, des Rangers canadiens et des autres militaires qui viennent s’entraîner dans les Territoires-du-Nord-Ouest, où ils ont aussi besoin de soins. Malgré cela, le nombre de postes de soutien et de professionnels médicaux demeure inchangé.

Je crains que la situation actuelle soit insoutenable tant pour la qualité des soins que pour le personnel lui-même. Nous avions déjà noté ce problème lors de notre dernière visite, en 2016.

Nous savons que la pandémie a fait ressortir la nécessité d’adopter des mesures plus proactives pour faire face à la pénurie de personnel et que de nouvelles méthodes de prestation des soins aux patients ont été mises en place, comme le programme de soins virtuels Maple. Cependant, on nous a mentionné que l’accès à ce service s’est parfois avéré problématique.

À titre de soutien en temps de COVID-19, les Services de bien-être et moral des Forces canadiennes (SBMFC) mettent le programme de soins virtuels Maple à la disposition des familles militaires depuis mai 2020, et ils ont été informés des difficultés d’accès au service à Yellowknife. Les SBMFC nous ont depuis informés que l’équipe du programme Maple s’est engagée à réduire la pénurie de médecins en recrutant activement des médecins et en offrant des tarifs plus élevés pour les visites dans les T.-N.-O. À cela s’ajoutent les efforts des SBMFC pour ajouter des infirmières praticiennes des T.-N.-O. à leur liste de professionnels au service des familles.

Par ailleurs, aucun des groupes de spécialistes de la santé ne dispose d’un système pancanadien d’attribution des licences qui permettrait aux professionnels de travailler n’importe où au pays. Ce problème systémique a été abordé par le MDN et les FAC lors des activités de la campagne Canada sans faille, car il a contribué à l’incapacité pour les familles militaires en régions rurales et éloignées de profiter pleinement des soins virtuels.

Nous avons aussi entendu que certains militaires et membres des familles ont de la difficulté à obtenir des services en santé mentale dans un délai opportun et qu’il y a de longues listes d’attente pour les soins spécialisés comme la physiothérapie et l’orthophonie. On nous a dit qu’un meilleur accès à des soins virtuels pourrait combler une partie de ces besoins.

Services de garde

L’accès aux services de garde demeure un important facteur de stress pour les familles ayant de jeunes enfants. L’absence ou la rareté de services de garde pour nourrissons et bambins pose des difficultés pour les conjoints qui travaillent à l’extérieur du foyer ou qui sont actuellement en télétravail.

En plus de la pandémie et des difficultés que pose l’apprentissage virtuel, ce ne sont pas toutes les écoles qui, lorsqu’elles sont ouvertes, ont un service de garde avant et après l’école. Les militaires ont exprimé leurs préoccupations face à la difficulté de trouver un équilibre entre des quarts de travail qui commencent tôt et les soins aux enfants d’âge scolaire. Notre organisation est au fait de ces problèmes et des autres difficultés auxquelles font face les familles militaires qui doivent déménager et trouver un service de garde. Cela est un sujet clé de l’initiative Canada Sans Faille qui a été soulevé lors de la dernière réunion tenue le 8 décembre 2021.

Présélection, parrainage et information en lien avec les affectations au nord du 60e

Lors de plusieurs de nos réunions, nous avons entendu parler de la nécessité d’un processus de présélection plus robuste. On nous a dit que l’arrivée de familles militaires qui ont des besoins médicaux ou familiaux impossibles ou difficiles à satisfaire adéquatement à Yellowknife continue de causer des problèmes. On nous aussi dit que le coût de la vie élevé est particulièrement problématique pour les militaires des grades subalternes (cela est particulièrement notable au grade de soldat) et que cela devrait entrer dans l’évaluation de présélection.

On nous a dit que les militaires peuvent consulter dans internet le Guide d’affectation de la FOIN et du CRFM au nord du 60e parallèle. Ce document peut les aider à moduler leurs attentes et faciliter leur transition vers la vie dans le Nord. En plus de ce guide, les militaires mutés à Yellowknife se voient attribuer pendant la présélection un parrain qui peut les aider à comprendre la vie au nord du 60e. On nous a dit que le programme de parrainage est utile, mais qu’il dépend des efforts fournis par le parrain. Tous les efforts pouvant être faits pour soutenir le programme de parrainage dans les unités sous votre commandement seraient bénéfiques.

Centre de ressources pour les familles des militaires au nord du 60e parallèle

Les CRFM sont mandatés pour travailler avec les militaires, leurs conjoints et les autres membres des familles. Il y a de la confusion chez les militaires quant à la structure du CRFM local (modèle HORSCAN et modèle FNP) et aux types de programmes et activités qui devraient être offerts. Certains militaires et familles ont l’impression que les programmes et activités du CRFM ne satisfont pas les besoins de la communauté militaire de Yellowknife. On nous a dit que le CRFM travaille actuellement sur la mise à jour de son guide qui présente des renseignements utiles sur les programmes offerts et la vie à Yellowknife, et votre équipe et vous allez vous assurer de publiciser ces services auprès de vos membres.

Programmes de soutien du personnel (PSP)

Une affectation à Yellowknife ou au nord du 60e est une expérience unique. Certaines difficultés qu’on rencontre au Sud sont amplifiées et exacerbées dans le Nord, et les mois de noirceur et de froid affectent certaines personnes plus que d’autres. Ajoutons à cela la pandémie de COVID-19, qui rend les choses encore plus difficiles. La plupart des militaires et des familles à qui nous avons parlé font de leur mieux pour tirer le maximum de leur expérience et ont mentionné des points positifs au sujet des services et programmes offerts par les PSP. Le calendrier d’activités sociales bien rempli est certainement un aspect qui rehausse le moral des militaires, du personnel et des familles présents à Yellowknife.

Logement

Les familles militaires mutées à Yellowknife ont l’option d’occuper un logement du gouvernement, ou de louer ou acheter une propriété dans la collectivité. Le coût élevé des services publics en hiver, ainsi que la qualité, l’abordabilité et la taille réduite des logements disponibles ont été cités par les familles comme des contraintes propres à Yellowknife.

Les logements du gouvernement à Yellowknife sont fournis par Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), qui est responsable de loger les employés de nombreux ministères. On nous a dit qu’il n’y a plus de logement à une ou deux chambres. Cela a des répercussions financières sur les militaires célibataires ou non accompagnés, car les coûts associés à l’occupation d’un grand logement, notamment le chauffage, peuvent devenir ingérables, surtout en hiver.

Le poste de commis aux logements est sans aucun doute un poste essentiel et nous avons été ravis de constater qu’Evelyn Keeping occupe toujours ce poste. Lors de notre dernière visite en 2016, nous avions reçu de nombreux commentaires positifs de la part de militaires et de familles qui soulignaient les excellents services rendus par madame Keeping. Et nous confirmons que cela est toujours le cas.

Lors de nos discussions avec les divers responsables des politiques, je continuerai de marteler qu’il n’est pas approprié de simplement mettre en œuvre dans le Nord des politiques conçues pour le Sud, sans tenir compte des enjeux propres au Nord.

En conclusion, j’aimerais vous remercier, vous et votre personnel, de nous avoir aidés à organiser et exécuter une excellente visite de prise de contact avec nos commettants. J’ai été en mesure de mieux comprendre les difficultés et les besoins liés aux affectations et à la vie à Yellowknife. J’ai aussi pu dresser un portrait sommaire des personnes qui composent le 1 GPRC et des besoins du personnel de votre formation.

Veuillez agréer, monsieur, mes salutations distinguées.

L’ombudsman,

 

Gregory A. Lick

 

c.c. : PDG SBMFC

CPM

ALFC

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