Le Fonds de souvenirs de guerre canadiens

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Le Fonds de souvenirs de guerre canadiens est une organisation caritative fondée par Max Aitken (plus tard appelé lord Beaverbrook) en novembre 1916. Le Fonds a été le premier programme canadien d’art militaire et a institué cette tradition toujours bien vivante qui consiste à commander à des artistes des œuvres représentant le Canada sur les différents théâtres de guerre. Il était une ramification du Bureau canadien des archives de guerre (BCAG), un organisme du gouvernement canadien créé en février 1916 et dirigé par Beaverbrook pour documenter la guerre d’un point de vue canadien au moyen de films, de photos et de documents imprimés. Il recueillait entre autres pour le BCAG des rapports quotidiens officiels, des cartes, des photos ainsi que des carnets de guerre et d’autres types de documents.

 

Les activités de commande et de collecte d’œuvres découlant de ce nouveau projet sont créées entre autres parce qu’il est difficile d’obtenir des photos de guerre officielles, particulièrement après la seconde bataille d’Ypres et les batailles de Festubert, de Saint-Éloi et de Givenchy, qui ont été très peu documentées, du moins visuellement. De plus, les œuvres d’après-guerre qui représentaient les événements étaient critiquées pour leur manque d’exactitude. Pire encore, la production de photos et de films frauduleux illustrant supposément des combats fait son apparition. Beaverbrook croit également que les photos ont une durée de vie maximale de 25 ans, et que seules les œuvres peintes seront conservées suffisamment longtemps pour faire connaître à la postérité les activités canadiennes pendant la Première Guerre mondiale.

 

Bien que Beaverbrook doive surmonter des obstacles majeurs avant de réussir à envoyer au front des artistes et des journalistes, il parvient finalement à obtenir pour les artistes la permission d’exercer leurs fonctions sur le terrain à titre officiel. Les artistes de guerre reçoivent une commission militaire et, en tant qu’employés du Fonds de souvenirs de guerre canadiens, ils reçoivent une allocation pour leur matériel, leur atelier et leurs œuvres achevées. En collaboration avec le critique d’art P. G. Konody, Beaverbrook élabore un projet pour la réalisation d’œuvres de très grande taille, peintes dans la tradition des toiles représentant des batailles historiques, ainsi que de plus petites œuvres de nature documentaire. Beaverbrook et Konody accordent une grande importance au travail sur le terrain, insistant pour que les artistes passent du temps sur le champ de bataille à dessiner des croquis qui pourront plus tard être transposés sur une toile. Le Fonds a produit près d’un millier de tableaux, photographies, dessins et films commandés à plus d’une centaine d’artistes, dont le tiers d’entre eux étaient Canadiens. Il a donc permis d’encourager le perfectionnement artistique d’un bon nombre artistes canadiens importants en leur procurant un salaire, des commandes et des fournitures et en attirant sur eux l’attention des médias à une époque où l’on n’attachait guère d’attention à la production artistique. Ce Fonds a également permis de stimuler l’essor de l’art canadien en rassemblant artistes, conservateurs, archivistes, protecteurs des arts et institutions d’art.

 

La collection produite pour le compte du Fonds de souvenirs de guerre canadiens est présentée à Londres, dès la fin de la guerre ainsi que dans les années 1920 et 1930, et est généralement acclamée par le public et la critique. Elle est confiée à la Galerie nationale du Canada en 1921. En 1971, la majeure partie des œuvres d’art sont transférées au Musée canadien de la guerre, où elles sont encore présentes aujourd’hui. Ce fonds illustre, commémore et met en lumière l’expérience canadienne pendant la Première Guerre mondiale à travers les yeux d’artistes canadiens.

 

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