Le service militaire des Autochtones pendant la Première Guerre mondiale
Document d'information
De 1914 à 1918, des hommes autochtones de toutes les régions du Canada et de la colonie de Terre-Neuve combattent auprès des soldats canadiens lors de la Première Guerre mondiale. Ces hommes se sont portés volontaires pour servir leur pays, même si pour beaucoup d’entre eux, cette situation signifie de se battre pour un gouvernement qui considère que les Autochtones sont sous la tutelle de l’État et qui leur refuse le droit de vote. En servant aux côtés d’autres Canadiens, les soldats autochtones s’acquièrent l’acceptation et le respect de leur milieu, ce qui contraste avec le traitement et le statut qu’on leur réserve dès qu’ils rentrent au pays, et avive un sentiment de racisme déjà présent selon lequel nul ne peut être à la fois un Autochtone et un citoyen responsable. À la fin de la guerre, les vétérans autochtones et les membres des communautés autochtones entreprennent d’améliorer la situation des peuples autochtones au Canada. C’est ainsi que prend naissance une force active qui sera à l’origine de la première organisation autochtone pancanadienne, la League of Indians of Canada, qui donnera une voix nationale aux revendications des Autochtones et préparera le terrain à la lutte pour leurs droits.
Lorsque la guerre éclate, les hommes autochtones sont parmi les premiers à s’enrôler dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC) et font partie du premier contingent de Canadiens à servir outre-mer. Durant la guerre, étant donné le nombre élevé d’Autochtones qui s’enrôlent, les réserves deviennent pour ainsi dire dépourvues de jeunes hommes. Les femmes autochtones sont également des participantes actives : elles amassent des fonds, forment des comités et envoient des objets d’agrément aux hommes sur le front. Si de nombreux Autochtones s’empressent de s’enrôler, tous ne partagent pas cet enthousiasme et certaines collectivités autochtones découragent leurs jeunes hommes d’entrer au service de l’armée.
Une fois arrivés outre-mer, les Autochtones participent de multiples façons à l’effort de guerre, notamment dans des bataillons d’infanterie, des troupes ferroviaires, des corps forestiers, des bataillons de pionniers, des bataillons de travail, le service vétérinaire et même le Royal Flying Corps. Certains Autochtones reçoivent des éloges pour leurs talents de tireurs d’élite et d’éclaireurs, talents découlant de leurs activités de chasse et de trappe dans la vie civile, tandis que d’autres se voient décerner des médailles de bravoure et d’honneur, et ce, dans l’ensemble du CEC. Plus de 300 Autochtones meurent au combat, et de nombreux autres sont blessés ou décèdent à leur retour au pays.
Bon nombre d’anciens combattants autochtones considéraient qu’il y avait peu de différence entre les soldats autochtones et non autochtones au front. Par contre, après leur démobilisation, ces vétérans autochtones ont retrouvé les conditions discriminatoires d’avant-guerre, et beaucoup estimaient que leur statut social ne reflétait pas leurs faits d’armes et leurs sacrifices. Le service militaire a néanmoins permis aux soldats autochtones de différentes régions du pays de se rencontrer et d’échanger des idées, et de développer un sentiment d’appartenance à une expérience commune. La League of Indians of Canada a été fondée en 1919 par un ancien combattant et a attiré des membres de partout au Canada aspirant à lutter pour les droits des Autochtones, jusqu’à sa dissolution dans les années 1920.
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