Nellie Yip Quong (1882-1949)

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Nellie Yip Quong, femme blanche qui maîtrisait cinq dialectes chinois, a gagné l’acceptation, le respect et même l’admiration de la communauté chinoise grâce à ses nombreuses années de services communautaires. Elle a travaillé comme sage-femme de confiance pour quelque 500 Sino-Canadiennes; en faisant preuve d’un tel dévouement, elle représente de ce fait les milliers d’accoucheuses qui ont œuvré partout au Canada dans des communautés semblables où les femmes étaient souvent privées de soins de maternité adéquats à cause de la pauvreté et des préjugés. Connue sous le nom de « Grand-maman Yip », elle a offert des services de santé et sociaux à des immigrantes chinoises et leur famille, s’adressant à elles dans leur propre langue; elle a été intermédiaire en adoption et mère de substitution dans la communauté sino-canadienne, rôle qui lui a attiré beaucoup de respect; elle a servi de traductrice auprès des immigrants chinois, en particulier des femmes, et elle s’est battue contre les injustices, en particulier en ce qui concerne les soins de santé. Femme au franc-parler, défenseure passionnée des droits et des intérêts de sa communauté d’adoption, elle a servi d’intermédiaire entre la société euro-canadienne et la communauté sino-canadienne, acquérant une grande popularité dans le quartier chinois de Vancouver, où vivaient, dans les années 1930, environ 30 pour cent de la population chinoise du Canada.

Née sous le nom de Nellie Towers en 1882 à Saint John, au Nouveau-Brunswick, elle enseignait l’anglais à New York lorsqu’elle a rencontré le bijoutier vancouvérois Charles Yip Quong, qu’elle a épousé en 1900. Charles était veuf et avait un fils de sept ans. Nellie et Charles Yip Quong ont formé un des rares premiers couples interraciaux, au sein d’un mariage qui a connu une réussite peu commune. Réussite, toutefois, au prix d’une perte de contact avec sa famille et avec l’Église catholique romaine, au sein de laquelle elle avait été élevée. Ni l’une ni l’autre n’a reconnu son mariage.

Installée en permanence dans le quartier chinois de Vancouver vers 1904, Nellie Yip Quong a travaillé pendant une période difficile pour les Chinois, période pendant laquelle l’intolérance raciale et les restrictions en matière d’immigration pesaient grandement sur la vie des familles. La majorité des travailleurs chinois au Canada n’avaient pas les moyens de faire venir leur femme et leurs enfants au Canada. Malgré cela, il existait une petite population de femmes, formée d’épouses de marchands respectés, mais également de servantes, de serveuses ou de prostituées constituant un groupe plus vulnérable. Dans une communauté où les femmes et les ouvriers n’étaient pas encouragés à apprendre l’anglais, Nellie a joué le rôle respecté d’interprète, devenant une défenseure acharnée et intrépide des Chinois, et plus particulièrement des femmes de cette communauté.

Nellie Yip Quong est devenue une légende dans sa communauté, non seulement à titre de sage-femme, mais grâce aussi à son intelligence aiguisée et à ses formidables aptitudes linguistiques. En effet, elle était capable d’établir un pont entre la communauté chinoise et les Canadiens. Avec l’interprète judiciaire Won Alexander Cumyow, elle a aidé des immigrants à traiter avec les autorités canadiennes. Elle a également fait campagne auprès de l’Hôpital général de Vancouver pour qu’il cesse de confiner les patients chinois (ou d’autres minorités ethniques) au sous-sol. Elle a représenté des travailleurs devant des organismes comme le Workers Compensation Board et a été active auprès de la mission anglicane Good Shepherd, de l’Église unie du quartier chinois, de la Chinese Benevolent Association et de la Chinese Empire Ladies Reform Association. À une époque où les résidents du quartier chinois étaient victimes d’hostilité raciale et que très peu de soins de santé ou de services sociaux professionnels leur étaient disponibles, Nellie Yip Quong leur a fourni les services nécessaires, particulièrement aux femmes sino-canadiennes.

 

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