Indian Point, lac Red Indian (Terre-Neuve-et-Labrador)

Document d'information

Indian Point, situé à l’intérieur de l’île de Terre-Neuve, est le site d’un ancien campement béothuk habité pendant les mois froids de l’année. En automne, les familles béothuks quittent la côte et s’y installent et y demeurent jusqu’au printemps dans des habitations bien construites appelées mamateeks. Ici, ils chassent le caribou en érigeant des systèmes de clôtures de rabattage afin d’intercepter les hardes en migration. Le gibier et d’autres aliments préservés en vue de l’hiver sont conservés dans des huttes d’entreposage situées aux côtés des habitations. Le site, occupé pendant de nombreuses générations, est abandonné vers 1820. Il s’agit d’un des sites béothuks les mieux documentés grâce au lieutenant John Cartwright, en 1768, et à la Béothuk Shanawdithit, en 1828-1829. Il fait par ailleurs l’objet d’études par des archéologues depuis les années 1970. 

Occupé pendant au moins 2 000 ans, Indian Point est d’abord utilisé par les ancêtres des Béothuks, que les archéologues appellent le peuple de Little Passage. Il n’a pas été déterminé si ceux-ci y vivent à l’année ou de manière intermittente. Ce site présente des preuves d’une occupation béothuk allant du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle, dont des artéfacts de pierre et d’os ainsi que du fer européen. Dans les années 1980, l’assise en terre d’une maison hexagonale a été identifiée. Elle comporte les vestiges de plateformes surélevées où s’asseoir et dormir,  entourant un âtre central. Depuis le milieu des années 1800, le lieu a été endommagé par l’exploitation forestière, la variation des niveaux d’eau et des aménagements modernes. Toutefois, des fouilles archéologiques récentes ont permis de repérer les vestiges d’autres âtres où se trouvent des pierres craquées par le feu et des os de caribous brûlés, signes de la présence antérieure de feux de camp et d’activités de transformation des aliments.

En 1768, Hugh Palliser, gouverneur-commodore de Terre-Neuve, confie au lieutenant John Cartwright la mission de rencontrer les Béothuks pour établir des relations avec eux. Cartwright se rend dans le secteur d’Indian Point en suivant la rivière Exploits et, en chemin, prend des notes sur les habitations, les entrepôts et les clôtures à caribous. Il ne rencontre toutefois aucun membre de ce peuple, probablement parce que les Béothuks se trouvent alors dans leurs camps côtiers. Au début du XIXe siècle, la population ne compte plus qu’un petit groupe qui habite l’intérieur de l’île. Les Béothuks ont subi l’impact des maladies nouvellement introduites et de la prise de contrôle des ressources traditionnelles par les nouveaux venus européens sur les côtes et à l’embouchure des rivières. En 1828-1829, William Epps Cormack encourage Shanawdithit (désignée personnage d’importance historique national en 2000), dernière membre connue de ce groupe, à dessiner des cartes, récits de l’histoire et des coutumes de son peuple. Celles-ci confirment qu’Indian Point fait partie d’un important secteur d’établissement des Béothuks. Elle dessine des mamateeks d’hiver et d’été, d’autres structures utilisées par ses ancêtres, divers aliments d’origine animale, une femme vêtue de ce qui semble être une robe de danse et des objets que Cormack a appelés « emblèmes de mythologie ». Si d’autres campements ont été découverts et étudiés par des archéologues, celui d’Indian Point est le premier à révéler une partie des mœurs des Béothuks à l’intérieur de Terre-Neuve et de la longévité de cette culture.

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2017-10-23