Honorons les héros de chez nous : l’officière marinière (à la retraite) Alice Adams (SFMRC) 1922 -
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Alors que la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) s’intensifiait, particulièrement en mer, on avait besoin de plus en plus d’hommes pour équiper les navires du pays. Le marine a alors créé le Service féminin de la Marine royale du Canada (SFMRC) en 1942 afin de permettre aux femmes d’entrer en service volontaire en vue d’accomplir une panoplie de tâches sur le terrain et de libérer les marins pour le service actif. Cette démarche a connu un tel succès qu’à la fin de la guerre, un peu plus de 6 700 femmes d’un océan à l’autre servaient leur pays en uniforme, au pays et outre-mer, en tant que « Wrens ».
Alice Adams (née Rutherford) était l’une de ces femmes. Enseignante dans une école primaire en milieu rural en Saskatchewan au début de la guerre, Alice a aperçu un avis de recrutement pour le SFMRC, puis s’est rendue à Saskatoon pour s’enrôler au NCSM Unicorn, une division de réserve de la Marine royale canadienne (MRC). Alice a rencontré d’autres femmes de son âge à bord du train en route vers Galt (Ontario) pour suivre sa formation de base sur le NCSM Conestoga. Elles allaient devenir amies pour la vie.
Une fois sa formation de base terminée, Alice a été sélectionnée pour être membre du premier groupe de télégraphistes sans fil, puis envoyée à l’École des signaux près de ce qui est aujourd’hui la ville de Scarborough, en Ontario. Elle a appris le code Morse. Elle a ensuite été dépêchée à Ottawa pour aider à l’établissement de la Station no1 NCSM Bytown, une station principalement composée de Wrens, qui avait pour mission d’intercepter les communications navales des Allemands. Quelques mois après son arrivée à Ottawa, Alice a suivi d’autres formations en tant qu’opératrice sans fil à Saint-Hyacinthe, au Québec, avant d’être affectée au NSCM Coverdale à Moncton, au Nouveau-Brunswick. À Coverdale comme à Bytown, elle devait également noter les mouvements de la marine ennemie ainsi que suivre le cap des sous-marins allemands ennemis, appelés « U-boots ».
Le renseignement essentiel tiré de ces stations, ainsi que d’autres stations établies à Terre-Neuve et au Royaume-Uni, aidait les Alliés à localiser l’emplacement des sous-marins. Les convois de la marine marchande dans l’Atlantique Nord, essentiels à la survie de l’Angleterre, à la libération de l’Europe et au soutien à approvisionner l’Union soviétique, pouvaient ainsi être détournés du chemin des sous-marins, sauvant ainsi un nombre incalculable de vies et protégeant ce cordon de sécurité essentiel entre l’Amérique du Nord et l’Europe.
L’océan Pacifique est également devenu un théâtre de guerre important lorsque le Japon est entré en guerre en 1941. Bien qu’elle espérait une affectation outre-mer, Alice a de nouveau été suivre une formation à l’École des signaux de Saint-Hyacinthe. Cette fois, elle apprit le Kana, la version japonaise du code Morse, et à le transcrire sur des machines à écrire spécialisées. Grâce à cette formation, elle a été postée à la Gordon Head Special Wireless Transmitting Station, sur l’île de Vancouver, en 1944. À l’époque, l’emplacement de la station était gardé rigoureusement secret et le personnel était cantonné près d’Esquimalt. Aujourd’hui, le campus de l’Université de Victoria occupe l’ancien site de la station.
Tout au long de la guerre, le renseignement essentiel qu’elle et ses collègues télégraphistes sans fil ont recueilli à ces stations d’interception est devenu une composante importante du système de renseignements sur les signaux des Alliés. Ces postes canadiens étaient considérés comme des « postes éloignés » de Bletchley Park, le quartier général Très secret du service du renseignement britannique et situé au Royaume-Uni. En raison de la nature secrète de son travail, ce n’est que des décennies plus tard qu’elle apprit le rôle qu’elle a joué au sein du système élargi du renseignement. Alice a reçu la médaille commémorative de Bletchley Park.
La guerre dans l’océan Pacifique s’est terminée lors de la capitulation du Japon en août 1945. Alice a poursuivi son service au sein de l’unité du SFMRC posté au camp militaire de Gordon Head. Elle a participé au traitement des prisonniers de guerre canadiens et britanniques issus de la bataille de Hong Kong. Ils étaient des milliers à débarquer au chantier naval de Naden après avoir été détenus dans des camps depuis 1941. Arrivant dépourvus de tout et en très mauvaise santé, les soldats et les infirmiers et infirmières étaient envoyés à l’hôpital à Gordon Head pour y être évalués et pour compléter des procédures administratives. Cette expérience l’a mise en contact direct avec des victimes de guerre, une expérience qui la marque encore aujourd’hui.
Alice a été démobilisée à la fin de son service militaire de temps de guerre au printemps 1946. Elle avait atteint le rang d’officière marinière. De retour à la vie civile, elle a réalisé des études supérieures pour devenir bibliothécaire de référence. Elle a fini par se marier, puis est déménagée à Ottawa. Elle a élevé trois enfants. Une fois à la retraite, Alice est retournée vivre à Victoria en 1985, où elle habite encore aujourd’hui.
À l’instar de nombreuses femmes qui ont servi en uniforme durant la guerre, les expériences d’Alice lui ont donné une confiance qui l’a suivie tout au long de sa vie civile. Les expériences et la camaraderie partagées qu’elle a vécues l’ont rapprochée de nombreuses autres Wrens, tissant ainsi des amitiés pour la vie.
Alice Adams est l’une des quelque 50 000 Canadiennes qui ont servi notre pays en uniforme, s’acquittant d’une panoplie de fonctions au pays et à l’étranger, au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Ces femmes ont apporté des contributions importantes à la victoire des Alliés. Elles n’étaient pas autorisées à occuper des fonctions de combat à l’époque. Toutefois, ces pionnières ont su démontrer leur aisance dans des postes plus techniques et avancés; elles ont pavé la voie pour la pleine intégration des femmes dans les Forces armées canadiennes au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle.
D’autres femmes, un million d’entre elles, ont contribué à l’effort de guerre au pays en occupant des postes dans le secteur manufacturier produisant du matériel de guerre nécessaire dans les différents chantiers navals et usines de la nation. Les femmes ont également adopté des rôles de « soldates ménagères », de « gardiennes contre le gaspillage » et de « commandos des cuisines » en gardant leur famille forte et en santé malgré le rationnement en temps de guerre. Elles ont envoyé des colis-réconforts outre-mer, tout en s’occupant d’activités de financement et de programmes caritatifs.