Première nation Ditidaht et Parcs Canada - Restauration des rivières à saumons du lac Cheewaht
Document d'information
Bassin versant du lac Cheewaht :
Le bassin versant du lac Cheewaht, sur la côte ouest de l’île de Vancouver, se trouve sur le territoire traditionnel de la Première nation Ditidaht et constitue un lieu d’importance culturelle. Pendant des millénaires, ce bassin versant a fourni à la communauté éloignée de Ditidaht l’une de ses sources de nourriture les plus précieuses : le saumon rouge.
En 1973, alors que les Premières nations et les groupes environnementaux s’inquiétaient de l’exploitation forestière industrielle sur l’île de Vancouver, le gouvernement du Canada a décidé d’ajouter le lac Cheewaht et une grande partie du triangle Nitinaht à la réserve de parc national Pacific Rim dans le cadre de l’unité de sentier de la Côte-Ouest. Toutes les zones de frai connues du lac Cheewaht ont été protégées par la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
Entre 1984 et 1992, des parties des côtés nord-est et est du lac Cheewaht ont fait l’objet d’une exploitation forestière jusqu’à la limite de la réserve du parc national Pacific Rim. Alors que certains cours d’eau étaient bouchés, d’autres ont connu des débits plus élevés, inondant des zones boisées et tuant de vieux arbres, dans certains cas.
Les études sur l’abondance des poissons dans le bassin versant du lac Cheewaht ont commencé en 1985. À partir de 1989, ces études ont suivi le déclin constant des migrations de saumon et de leur habitat. La communauté de Ditidaht a commencé à limiter la prise du saumon au lac Cheewaht pour protéger l’avenir de ces migrations.
De nombreux lieux patrimoniaux administrés par Parcs Canada ont connu une transition au fil du temps, allant d’un passé où les peuples autochtones étaient séparés de leurs terres et eaux ancestrales, au contexte actuel où l’Agence s’efforce de travailler en collaboration avec les peuples autochtones. Lorsque la réserve de parc national Pacific Rim a été créée, les Premières nations n’ont pas été suffisamment consultées. La Première nation Ditidaht ne pouvait pas accéder à une grande partie de ses terres et eaux traditionnelles, et son savoir autochtone n’était pas reconnu dans les décisions de gestion des terres. Aujourd’hui, la réserve de parc national Pacific Rim est gérée en collaboration avec les Premières nations locales. Parcs Canada travaille aux côtés de la Première nation Ditidaht à la restauration des rivières à saumons du lac Cheewaht.
Planification de la restauration
La restauration du bassin versant du lac Cheewaht requiert une gestion concertée à l’intérieur et à l’extérieur de la réserve du parc national Pacific Rim. Pour poursuivre cet objectif important, des groupes privés, publics et autochtones se sont volontairement réunis pour créer le groupe de travail sur la restauration du lac Cheewaht en 2008 et – après une interruption – de nouveau en 2017. Le groupe de travail continue de se réunir aujourd’hui avec les participants, notamment :
- la Première nation Ditidaht;
- le Conseil tribal Nuu-chah-nulth/Uu-a-thiuk;
- Parcs Canada;
- Pêches et Océans Canada et l'écloserie de Nitinaht;
- le ministère des Forêts, des Terres et de l'Exploitation des ressources naturelles (île du Sud);
- British Columbia Timber Sales;
- Western Forest Products;
- le groupe Teal-Jones;
- MC Wright and Associates (consultant en biologie);
- West Coast Aquatic (organisme non gouvernemental de défense de l'environnement).
Les discussions et les initiatives de restauration du groupe de travail s’appuient sur des études approfondies et actualisées sur le bassin versant du lac Cheewaht. Il s’agit notamment de la cartographie détaillée des habitats et des relevés de frai ainsi que des évaluations géotechniques et hydrologiques.
En 2009, à la suite des discussions du groupe de travail, des bassins récepteurs des sédiments ont été construits à l’extérieur des limites de la réserve du parc national Pacific Rim afin de réduire le transport des sédiments vers l’habitat des poissons en aval. Ces discussions sont entretenues par les acteurs du secteur forestier dans le cadre des initiatives du groupe de travail. Une restriction de la pêche commerciale a également été mise en place par Pêches et Océans Canada à l’embouchure de la rivière Cheewaht afin de protéger les stocks de saumon.
En 2018, Parcs Canada s’est engagé à travailler avec la Première nation Ditidaht pour franchir la prochaine étape importante de l’effort de restauration du bassin versant de la rivière Cheewaht : la restauration de 1 km d’habitat important pour le saumon rouge et le coho dans trois cours d’eau distincts.
Tous les membres du groupe de travail ont joué un rôle dans le projet, que ce soit en fournissant des données, de l’expertise, des connaissances traditionnelles autochtones ou un appui non financier. Le coût total du projet, de 1,1 million de dollars, est financé par le Programme de conservation et de restauration de Parcs Canada.
Mise en œuvre du projet
La réalisation de travaux de restauration dans une réserve de parc national requiert une planification minutieuse afin de réduire au minimum les répercussions sur l’environnement et la culture. Cela vaut particulièrement dans la région du lac Cheewaht, qui abrite de nombreux arbres anciens, dont le plus grand du Canada, un thuya géant appelé « Géant Cheewaht ».
Avant le début des travaux de restauration, tous les poissons des zones de restauration ont été relâchés dans le lac Cheewaht. Des filets de protection ont été mis en place pour empêcher les poissons de migrer à nouveau vers les zones de construction jusqu’à ce que la restauration soit terminée.
Le lac Cheewaht n’a pas d’accès routier, c’est pourquoi un chemin de rondins temporaire a été créé. L’entrepreneur chargé de diriger les travaux de restauration, Roc-Star Enterprises, a transporté de petites machines, dont un camion-benne à chenilles et des mini-excavatrices, le long du chemin de rondins jusqu’au bord du lac Cheewaht où les petites machines ont été transportées par barge jusqu’aux sites de restauration.
MC Wright and Associates, qui travaille avec la Première nation Ditidaht sur le bassin versant du lac Cheewaht depuis 35 ans a conçu l’approche de restauration. L’approche consistait à rétablir les chenaux des cours d’eau pour qu’ils suivent leur tracé historique, à utiliser des matériaux naturels trouvés sur place pour stabiliser les berges et à abaisser l’élévation du lit du cours d’eau aux conditions précédant l’exploitation forestière. Plus de 3 000 mètres cubes de sédiments ont été retirés des cours d’eau. Les zones perturbées au-delà du haut des berges du ruisseau ont été revégétalisées avec des espèces végétales indigènes pour stabiliser ces zones pendant les tempêtes. Deux membres de la Première nation Ditidaht faisaient partie de l’équipe travaillant sur le terrain pour rapprocher les cours d’eau de saumon rouge de leur état initial.
En octobre 2020, les saumons rouges et coho adultes ont commencé à revenir dans le bassin versant, frayant dans les trois cours d’eau restaurés ainsi que dans 100 m d’habitat supplémentaire qui n’avait pas été accessible depuis plus de 20 ans. Parcs Canada et la Première nation Ditidaht continueront à surveiller le saumon rouge ainsi que le coho dans le bassin versant.
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