Le lieu historique national du Canada de l’ancien pensionnat indien de Shubenacadie, Shubenacadie, Nouvelle-Écosse

Document d'information

Le système des pensionnats autochtones est un sujet pouvant causer des traumatismes évoqués par des souvenirs d’abus passés. Le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité d’établir des mesures de sécurité afin de minimiser le risque de déclencher une réaction à l’évocation de violences passées. Une ligne d’écoute téléphonique des pensionnats autochtones a été établie au niveau national pour apporter du soutien aux anciens élèves des pensionnats. Vous pouvez obtenir de l’information en accédant en tout temps à des services de soutien affectif et d’aiguillage en situation de crise en composant le : 1-866-925-4419. 

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L’ancien pensionnat indien de Shubenacadie était le seul pensionnat autochtone des Maritimes. Construit en 1928-1929 dans le district Sipekni’katik de Mi’kma’ki près du village de Shubenacadie, en Nouvelle-Écosse, l’édifice principal du pensionnat était situé sur une grande propriété qui comprenait des étables et d’autres bâtiments de ferme, des maisons pour le personnel, des champs cultivés et des pâturages. Le pensionnat a été établi en 1929 et a reçu des élèves de 1930 à 1967. Laissé à l’abandon, l’édifice principal a été démoli en 1986 et une usine se dresse désormais à sa place.

Administré et financé par le gouvernement fédéral, le pensionnat de Shubenacadie a d’abord été géré par l’archidiocèse catholique de Halifax, puis par les missionnaires Oblats de Marie-Immaculée, tandis que les Sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul d’Halifax se sont chargées de l’enseignement aux élèves.

Le pensionnat de Shubenacadie faisait partie du système des pensionnats autochtones selon lequel le gouvernement canadien ainsi que certaines églises et organisations religieuses (lien disponible en anglais seulement) travaillaient ensemble afin d’assimiler les enfants autochtones dans le cadre d’un vaste ensemble de mesures visant à détruire les cultures et les identités autochtones et à supprimer leurs histoires. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation a décrit cette politique comme un génocide culturel. Plusieurs survivants du pensionnat de Shubenacadie et leurs descendants la qualifient de génocide.

Des enfants mi’kmaq et wolastoqiyik de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et du Québec ont fréquenté ce pensionnat. Des enfants d’autres communautés autochtones y ont également été envoyés. Plusieurs d’entre eux étaient contraints de fréquenter l’établissement. Il est difficile d’identifier tous les élèves qui ont été admis à cette école et de déterminer de quelles communautés ils provenaient, car les registres de ce pensionnat, comme ceux des autres pensionnats autochtones, sont incomplets et incohérents.

Les élèves devaient se plier à une routine quotidienne stricte qui les obligeait à effectuer des tâches pénibles pour assurer l’entretien du pensionnat tout en étant confrontés à une discipline sévère, à de la malnutrition, à des soins de santé de piètre qualité, à des expériences nutritionnelles, à de la négligence, à la suppression délibérée de leurs cultures et de leurs langues ainsi qu’à des sévices physiques, psychologiques et sexuels. Certains d’entre eux sont décédés pendant qu’ils étaient au pensionnat.

Dès les premiers jours du pensionnat, les élèves, leurs familles et les dirigeants de la communauté ont exprimé des objections et ont protesté contre tout ce qui s’y rattachait, notamment la fréquentation forcée, les conditions pitoyables, les mauvais traitements et la piètre qualité de l’enseignement. Plusieurs enfants ont lutté contre le système en refusant de renoncer à leur langue et à leur identité. Certains élèves se sont enfuis pour tenter de rentrer chez eux.

Bien que le bâtiment scolaire ait été démoli, le site de l’ancien pensionnat est un lieu de mémoire et de guérison pour certains survivants et leurs descendants qui souhaitent préserver l’histoire des pensionnats autochtones dans les Maritimes. D’autres, pour qui le site ne détient aucune valeur commémorative ou de guérison, considèrent que l’édifice et le site témoignent de l’expérience des enfants qui y résidaient et de l’héritage de ces expériences à travers le Mi’kma’ki. Plusieurs craignent que les répercussions intergénérationnelles de ces expériences sur les survivants, leurs familles et leurs communautés ne soient oubliées. L’histoire du pensionnat de Shubenacadie est très délicate et difficile à reconstituer compte tenu des traumatismes qui y sont associés. De nombreux survivants n’arrivent d’ailleurs toujours pas à parler de leurs expériences.

La demande de désignation de l’ancien pensionnat indien de Shubenacadie a été soumise par le coprésident du groupe de travail sur la culture et le patrimoine du Forum tripartite Mi’kmaq–Nouvelle-Écosse–Canada au nom des survivants du pensionnat de Shubenacadie et de leurs descendants. Parcs Canada et le demandeur ont collaboré pour mettre en lumière les expériences des survivants et déterminer les valeurs historiques du site. Le rapport historique accompagnant la demande de désignation et le texte de la plaque qui ont été soumis à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada ont été préparés par Parcs Canada et le groupe de travail sur la culture et le patrimoine du Forum tripartite Mi’kmaq–Nouvelle-Écosse–Canada. Le gouvernement du Canada a annoncé sa désignation en tant que lieu historique national en vertu du Programme national de commémoration historique le 1er septembre 2020.

La Commission des lieux et monuments historiques du Canada

Fondée en 1919, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, en étroite collaboration avec Parcs Canada, conseille le ministre de l’Environnement et du Changement climatique sur l’importance nationale des lieux, des personnes et des événements qui ont marqué l’histoire du Canada, et fait des recommandations sur la désignation de sujets en vertu du Programme national de commémoration historique. La pose d’une plaque commémorative représente la reconnaissance officielle de la valeur historique. Il s’agit d’un moyen de sensibiliser le public à la richesse de notre patrimoine culturel, que nous devons préserver pour les générations actuelles et futures.

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