Synthèse des commentaires recueillis : consultations sur la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones — le 17 novembre 2020 — Association nationale des centres d’amitié
Le gouvernement du Canada a entrepris une série de consultations à l’échelle du Canada au sujet de la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones, qui portent plus particulièrement sur le commissaire et les directeurs aux langues autochtones et le modèle de financement des langues autochtones.
Ces séances de consultation aideront le ministre du Patrimoine canadien à formuler des recommandations à l’intention du gouverneur en conseil pour la nomination du commissaire aux langues autochtones et de trois directeurs, au plus. Les commentaires obtenus dans le cadre de ces séances contribueront à l’élaboration du modèle de financement des langues autochtones.
Pour en savoir plus sur la Loi sur les langues autochtones et les consultations en cours, nous vous invitons à lire le document Guide de discussion : consultations et mobilisation sur la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones.
La séance de consultation la plus récente est résumée ci-dessous. Ce résumé ne consiste pas en un compte rendu complet des discussions. Il met plutôt en relief les principaux thèmes dégagés au cours de cette séance. Visitez le portail de consultation en ligne et lisez le Guide de discussion afin d’être en mesure de faire connaître votre opinion ou tout autre point de vue à cet égard.
Commentaires et suggestions généraux des participants
Bureau du commissaire aux langues autochtones
Voici les considérations et les thèmes soulevés lors des discussions concernant le Bureau du commissaire aux langues autochtones :
Rôles et responsabilités :
Les participants estiment que les rôles et responsabilités du Bureau du commissaire aux langues autochtones devraient être les suivants :
- Créer un forum ou un conseil des protecteurs de la langue, comprenant des représentants de différents groupes linguistiques et des aînés, afin de guider le Bureau dans son travail;
- Assurer la communication avec les populations et les organisations autochtones urbaines (p. ex. le mouvement des centres d’amitié) et veiller à leur rendre des comptes;
- Contribuer à la mise en place d’une infrastructure institutionnelle durable pour les langues autochtones;
- Agir de manière indépendante et représentative de tous les groupes autochtones, sans aucune interférence politique;
- Travailler avec des partenaires fédéraux pour établir une approche pangouvernementale en matière de langues autochtones;
- Faire l’inventaire des recherches existantes sur les langues autochtones et s’assurer que toute recherche à venir est menée et détenue par des Autochtones.
Certains participants ont indiqué qu’un domaine de recherche possible serait l’examen des obstacles structurels aux langues autochtones en milieu urbain.
Plans, priorités et premiers succès – Bureau du commissaire aux langues autochtones :
De nombreux participants ont indiqué que le Bureau pourrait commencer par accorder la priorité aux éléments suivants :
- Élaborer une stratégie nationale pour les langues autochtones avec des responsabilités claires;
- Établir des moyens de réunir régulièrement les personnes travaillant à la revitalisation des langues autochtones;
- Créer un répertoire d’informations sur les langues autochtones (notamment les langues et dialectes, le nombre de locuteurs, la recherche, les pratiques exemplaires et les modèles fondés sur des données probantes) et promouvoir la mise en commun des informations.
Beaucoup d’entre eux sont d’avis que le Bureau devrait être représentatif des endroits où se parlent les langues autochtones, notamment en milieu urbain.
Choix du commissaire et des directeurs :
Selon les participants, les personnes nommées au Bureau devraient :
- Être Autochtones et parler couramment une langue autochtone;
- Être ancrés dans une culture autochtone et comprendre les liens intrinsèques entre les langues autochtones, les enseignements culturels et l’identité;
- Des leaders, des communicateurs, des gestionnaires de ressources humaines, des négociateurs et des collaborateurs forts, capables de rassembler les gens;
- Avoir de l’expérience en matière de développement stratégique et savoir comment fonctionne le gouvernement.
Les participants ont également souligné l’importance de savoir écouter et réfléchir sur ce qu’ils ont entendu. Bon nombre d’entre eux ont également souligné la nécessité de pouvoir collaborer au-delà des distinctions et du clivage urbain-rural, et d’adopter une vision du monde plus holistique de l’identité, de l’appartenance et de la communauté.
Modèle de financement des langues autochtones
Voici les considérations et les thèmes soulevés lors des discussions sur le modèle proposé de financement des langues autochtones :
Vitalité de la langue et capacité de gouvernance :
Selon les participants, le modèle de financement des langues autochtones devrait :
- Être équitable et accessible, en tenant compte de la population autochtone vivant hors réserve et en prévoyant une allocation spécifique pour les organisations autochtones qui servent cette population;
- Donner la priorité aux langues autochtones gravement menacées;
- Inclure un volet « démarrage » pour les organisations qui sont nouvelles dans ce domaine.
Activités à financer :
Les participants estiment que le modèle de financement devrait être suffisamment souple pour soutenir une multitude d’activités, notamment :
- L’établissement de partenariats avec les écoles, les conseils scolaires, les centres de la petite enfance, les services à l’enfance et à la famille et d’autres systèmes pour garantir que les enfants, y compris les enfants pris en charge, ainsi que les personnes incarcérées puissent avoir accès aux services en langues autochtones;
- Recruter des enseignants de langues autochtones, les rémunérer correctement et reconnaître leurs qualifications;
- Élaborer des ressources en langues autochtones, notamment des enregistrements, des dictionnaires et du contenu en ligne, et soutenir la diffusion des langues autochtones;
- Soutenir les programmes d’immersion, l’apprentissage sur le terrain et la participation des jeunes et des aînés à la revitalisation des langues autochtones.
Certains participants ont évoqué la nécessité de soutenir les « centres » de langues autochtones en milieu urbain, et croient que le modèle devrait être suffisamment souple pour couvrir les coûts d’infrastructure et de déplacement connexes.
Processus de financement :
Selon les participants, le processus de financement devrait :
- Prévoir un financement de base adéquat et durable au moyen d’accords pluriannuels (de 3 à 5 ans);
- Être accessible, simplifié et opportun;
- Mettre les fonds à la disposition des populations, des communautés et des organisations autochtones, qui peuvent ensuite s’associer avec des organisations traditionnelles, au besoin;
- Acheminer les fonds par l’intermédiaire des mécanismes et organisations en place (p. ex. l’Association nationale des centres d’amitié) pour une distribution locale accrue.
Définition et évaluation du succès :
Les participants croient que le succès pourrait prendre la forme :
- D’une plus grande implication des populations autochtones dans les activités culturelles et linguistiques;
- D’un lien plus étroit avec les langues autochtones et d’une utilisation accrue de celles-ci au sein des familles et des communautés;
- D’une plus grande aisance et d’un sentiment de fierté dans l’identité et la culture.
Autres commentaires
Les participants ont affirmé que 50 % des Autochtones du Canada vivent dans les villes, et que les Autochtones ont le droit de parler leur langue, quel que soit l’endroit où ils habitent. Bon nombre d’entre eux ont indiqué que l’actuel réseau de centres d’amitié joue un rôle clé dans l’initiative de revitalisation des langues autochtones pour les populations hors réserve.
De nombreux participants ont insisté sur la nécessité d’une action urgente en faveur des langues autochtones, et ont souligné la nature curative des langues.