Synthèse des commentaires recueillis : Consultations sur la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones — 26 octobre 2020 — Québec
Contexte
Le gouvernement du Canada entreprend, un peu partout au pays, diverses activités de consultation sur la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones. Les consultations portent sur le commissaire aux langues autochtones, les directeurs et le modèle de financement des langues autochtones.
Ces séances de consultation aideront le ministre du Patrimoine canadien à formuler des recommandations à l’intention du gouverneur en conseil en vue de la nomination d’un commissaire et d’au plus trois directeurs. Les commentaires obtenus dans le cadre de ces séances contribueront à l’élaboration du modèle de financement pour les langues autochtones.
Pour en savoir plus sur la Loi sur les langues autochtones et les consultations en cours, consultez notre Guide de discussion : Consultations et mobilisation sur la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones.
Vous trouverez ci-dessous un résumé des plus récentes séances de consultation. Il ne s’agit pas d’un compte rendu exhaustif des discussions. On y expose plutôt les principaux thèmes qui sont ressortis de la séance. Pour faire connaître votre opinion ou communiquer d’autres points de vue, visitez notre portail de consultation en ligne et lire le guide de discussion.
Commentaires généraux et suggestions des participants
Bureau du commissaire aux langues autochtones
Les points et thèmes ci-après ont été soulevés pendant la discussion sur le Bureau du commissaire aux langues autochtones :
Rôles et responsabilités :
Les participants indiquent qu’il est important que le Bureau du commissaire aux langues autochtones :
- considère et représente équitablement les Autochtones, quel que soit leur lieu de résidence;
- représente et reconnaisse toutes les langues autochtones et en fasse la promotion;
- soit décentralisé et travaille étroitement avec les organisations qui œuvrent déjà dans le domaine de la revitalisation des langues autochtones.
Les participants mentionnent aussi que le Bureau doit assurer la représentation des Autochtones à tous les niveaux de l’organisation et non pas la limiter au commissaire et aux directeurs. D’autres parlent du fait que certaines Nations ont déjà désigné leurs propres commissaires aux langues autochtones ou le feront bientôt.
Plans, priorités, et premiers succès – Bureau du commissaire aux langues autochtones :
De nombreux participants mentionnent qu’il est important que le Bureau accorde la priorité aux activités suivantes :
- Réunir les spécialistes en vue de se faire une idée de l’état des langues autochtones et d’élaborer pour chaque langue un plan, qui tient compte notamment des besoins en matière d’infrastructures;
- Amener les provinces à la table des négociations, surtout lorsqu’il s’agit de questions liées à l’éducation (les langues autochtones doivent jouir d’une reconnaissance dans les écoles);
- Tirer des leçons des systèmes, des structures et du financement ayant été mis en place pour les langues française et anglaise.
Certains participants font remarquer que, pendant les consultations sur l’élaboration de la Loi sur les langues autochtones, la région du Québec s’est montrée généralement peu favorable à l’idée d’un Bureau du commissaire aux langues autochtones. Des inquiétudes subsistent quant à la création d’un organisme administratif qui nécessitera des ressources qui serviraient autrement à soutenir les efforts nécessaires à la revitalisation des langues autochtones.
Sélection d’un commissaire et des directeurs :
Les participants proposent que les représentants nommés au Bureau du commissaire aux langues autochtones :
- puissent parler relativement bien une langue autochtone;
- possèdent une expérience du travail sur le terrain lié aux langues autochtones;
- aient une connaissance du système colonial et des politiques colonialistes qui ont mené à l’état actuel des langues autochtones et qui subsistent.
De nombreux participants sont d’avis que les représentants nommés qui sont imprégnés de leur propre culture autochtone auront acquis par leur vécu une compréhension approfondie du rôle des langues autochtones : qui sont une expression de la culture et des valeurs et véhiculent une façon de penser et d’être.
Modèle de financement des langues autochtones
Les points et les thèmes ci-après ont été soulevés pendant la discussion sur le modèle de financement des langues autochtones :
Vitalité de la langue et capacité de gouvernance :
Selon les participants, le modèle de financement des langues autochtones devrait :
- respecter l’engagement figurant dans la Loi sur les langues autochtones d’assurer un financement suffisant et durable à long terme — le financement actuel est insuffisant;
- permettre de concilier le besoin de hiérarchiser les langues en voie de disparition et la reconnaissance que toutes les langues sont importantes et ont besoin de bénéficier d’un soutien;
- assurer une répartition équitable des fonds entre toutes les régions — la région du Québec est sous-financée à l’heure actuelle;
- tenir compte du rôle important des centres d’amitié dans la prestation de services aux Autochtones et dans la revitalisation des langues autochtones dans les milieux urbains.
Les participants font savoir que c’est aux Premières Nations qu’il revient de définir les besoins de financement et non aux gouvernements.
Activités à financer :
Les participants sont d’avis que le modèle de financement doit être souple, car l’état de la langue varie d’un groupe linguistique à l’autre et les collectivités en sont à différents stades en ce qui a trait au travail lié à la revitalisation des langues autochtones. Suivent des exemples d’initiatives qui devraient bénéficier d’un financement selon le modèle :
- Offre d’un soutien aux conférenciers actuels et à la prochaine génération de conférenciers;
- Initiatives en cours dans les collectivités;
- Programmes axés sur le territoire — de nombreux mots sont intimement liés au territoire;
- Mise en œuvre de plans linguistiques locaux et efforts de collaboration entre les diverses collectivités.
Sachant que les collectivités ne sont pas toutes au même point de départ, certains participants font remarquer qu’il est important de fournir des fonds de lancement permettant de financer les consultations, la recherche, la conception et le renforcement des capacités lorsqu’il en est besoin.
Processus de financement :
Selon les participants, le modèle de financement devrait :
- assurer un financement de base à la fois prévisible et durable sur une période minimale de 5 ans à la fois pour chacune des langues autochtones;
- prévoir le versement de fonds directement aux collectivités sur une base urgente;
- permettre de garantir que les fonds non versés directement aux collectivités servent à financer des organisations et établissements gérés par les Autochtones.
De nombreux participants font valoir que le régime de financement actuel est éprouvant, surtout en ce qui a trait aux délais et à la communication; ils réclament aussi le renforcement du contrôle autochtone sur le processus. Certains participants font remarquer que les langues autochtones ne sont pas des « projets » et que le financement ne devrait pas être axé sur des projets.
Définition et mesure de la réussite :
Les participants sont d’avis que les objectifs devraient être déterminés par les Autochtones eux-mêmes. Voici des exemples de ce à quoi pourrait ressembler la réussite :
- une fierté grandissante de leurs identités et de leurs cultures chez les Autochtones, et plus surtout parmi les jeunes;
- une visibilité accrue des langues autochtones dans toutes les sphères de la vie;
- un nombre accru d’enseignants et de ressources en langues autochtones;
- l’adoption d’une véritable approche de nation à nation à l’égard des langues autochtones.
Autres commentaires
Les participants ont fréquemment mentionné l’urgence du travail requis pour revitaliser les langues autochtones. D’autres ont parlé des langues autochtones comme une expression de la souveraineté, ainsi que des liens entre la perte des langues, d’une part, et les pensionnats indiens et les politiques colonialistes, d’autre part.
De nombreux participants ont indiqué que la Loi sur les langues autochtones n’est pas assez ambitieuse. Par exemple, elle n’assure pas le traitement équitable des langues autochtones sur un pied d’égalité avec le français et l’anglais, et elle ne reconnaît pas les langues autochtones comme les premières langues de la terre.
Certains participants ont fait part de leurs réflexions sur le lien intrinsèque qui existe entre les langues et les cultures autochtones. Les langues autochtones portent le savoir de la vie, et les mots viennent de la terre, qui a traditionnellement été la source du savoir.