Notes pour une allocution prononcée par l’honorable Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien
Discours
Notes pour une allocution prononcée par l’honorable Mélanie Joly, à l’occasion du
Festival international des médias de Banff (La version prononcée fait foi.)
Banff (Alberta)
Le 10 juin 2018, À 16 h 30
Introduction
Distingués invités, Mesdames et Messieurs, c’est un honneur pour moi de vous parler au cœur du territoire du Traité no 7 et du territoire traditionnel des Premières Nations des Niitsitapi, de Stoney-Nakoda et des Tsuut’ina.
J’aimerais souhaiter la bienvenue à tous et à toutes au Festival international des médias de Banff.
Je tiens à remercier les organisateurs et les bénévoles qui ont consacré de nombreuses heures à la présentation de cette conférence. Vous vous êtes à nouveau surpassés en montant une programmation impressionnante.
Il s’agit de mon troisième festival à Banff. J’adore venir ici, car nous célébrons le dynamisme de notre industrie audiovisuelle et concluons des ententes de grande envergure.
Voilà deux ans, au moment de ma première visite à Banff, nous apprenions tout juste à nous connaître.
J’avais la tâche de reconstruire le secteur culturel qui avait connu une décennie de compressions sous le gouvernement Harper.
Notre gouvernement voulait s’attaquer à cet enjeu important qui n’avait pas été pris en compte.
Vous vous rappelez peut-être quelques chiffres que j’avais mentionnés au cours de mon premier discours ici. Je vous avais alors dit que la contribution de nos industries créatives à l’économie canadienne représentait quelque 54 milliards de dollars par année et quelque 630 000 emplois.
Je vous avais parlé de l’engagement de notre gouvernement à doubler le budget du Conseil des arts du Canada pour le porter à 360 millions de dollars par année.
Je vous avais également parlé d’un investissement de 675 millions de dollars dans la Société Radio-Canada/CBC ainsi que 35 millions de dollars pour aider nos industries créatives à connaître le succès à l’étranger.
Lors de ma deuxième visite ici, à la même époque l’an dernier, nous venions de terminer les consultations sur le contenu canadien dans un monde numérique : une grande conversation sur l’avenir de notre secteur à laquelle plus de 30 000 personnes avaient participé.
J’avais aussi eu l’honneur d’annoncer l’établissement du Bureau des productions audiovisuelles autochtones. M. Jesse Wente est maintenant directeur du Bureau, et les travaux ont commencé.
Depuis, en septembre, j’ai dévoilé Un Canada créatif, la vision de notre gouvernement pour la croissance des industries créatives.
Vous savez comme moi que certains éléments de cette vision ont suscité des réactions enthousiastes, d’autres, un peu moins.
Mais je continue à croire que nous sommes sur la bonne voie. Comme je l’ai dit auparavant, cette vision exige un travail considérable, et ses retombées se feront sentir au fur et à mesure que nous progressons.
Aujourd’hui, j’aimerais parler de ces retombées.
Après deux années de travail assidu, j’aimerais regarder attentivement, du haut de nos magnifiques Rocheuses, ce que nous avons accompli.
Améliorer les services afin de mieux soutenir les créateurs, les producteurs, les distributeurs et les radiodiffuseurs
Lorsque nous avons lancé Un Canada créatif, j’ai voulu qu’on investisse d’abord et avant tout dans les artistes, les producteurs et les entrepreneurs culturels canadiens.
Je pense que nous avons respecté cette promesse.
Depuis 2016, nous avons investi 3,2 milliards de dollars en nouvel argent dans les arts et la culture, le plus important réinvestissement depuis 30 ans.
Nous sommes encore le seul pays du G7 qui réinvestit autant.
Nous avons entendu vos commentaires sur l’impact qu’ont eu sur le Fonds des médias du Canada les désabonnements aux services télé et la baisse de rentabilité des câblodistributeurs.
Dans le cadre de Canada créatif, nous nous sommes engagés à stabiliser le financement du Fonds des médias du Canada.
Et c’est maintenant chose faite.
Dans budget fédéral de février dernier, nous avons affecté 172 millions de dollars supplémentaires au Fonds des médias du Canada afin de soutenir de bons emplois, dont ceux des scénaristes, des producteurs, des réalisateurs, des acteurs et des techniciens.
C’est en sus des 134 millions de dollars que fournit notre gouvernement au Fonds chaque année.
Cette stabilité financière signifie que les producteurs et les radiodiffuseurs pourront compter sur le Fonds pour continuer à soutenir d’excellentes émissions canadiennes.
Cela signifie également que le Fonds pourra continuer à innover et à s’adapter pour soutenir l’industrie.
Nous avons aussi travaillé avec le Fonds à des améliorations qui seront vraiment utiles à l’industrie.
Premièrement, nous avons élargi l’admissibilité au financement afin d’y inclure la programmation pour les plateformes en ligne des entreprises de radiodiffusion et des entreprises de distribution de radiodiffusion, comme CraveTV, Club Illico, Tou.TV ou cbc.ca.
Deuxièmement, nous avons accordé plus de souplesse au Fonds pour des activités de développement du secteur visant, par exemple, l’offre de possibilités de perfectionnement et de développement de carrière.
Troisièmement, comme nous l’avons indiqué dans Un Canada créatif, nous mettons l’accent sur les phases de pré-développement et de développement.
Partout où nous sommes allés au pays, on nous a demandé d’investir davantage dans ces phases afin que les équipes créatives puissent avoir le temps et les ressources nécessaires pour élaborer leurs scripts et leurs argumentaires commerciaux.
Je pense que tout le monde ici sait très bien que financer un projet, c’est comme faire un casse-tête de mille morceaux.
Nous savons que pour vous permettre de faire ce que vous faites de mieux, les pièces de notre casse-tête doivent mieux s’imbriquer.
Au cours des consultations sur le contenu canadien dans un monde numérique, j’ai bien compris que vos projets, dont ceux qui seront diffusés uniquement en ligne, devaient être certifiés plus rapidement par le Bureau de certification des produits audiovisuels canadiens pour avoir droit aux crédits d’impôt.
Nous vous avons promis d’inclure les projets de diffusion en ligne et de raccourcir les délais de certification, et c’est exactement ce que nous avons fait.
En effet, depuis, les délais de certification du Bureau ont été réduits de moitié.
Plusieurs d’entre vous m’ont dit que cette amélioration avait grandement amélioré le financement de leurs projets.
Vous m’avez également indiqué que le Bureau devait récompenser les formats de magazine et d’émissions de télé qui ont la cote auprès du public. Et c’est ce que nous avons fait.
Nous avons nommé un nouveau président et dirigeant principal ainsi que deux nouvelles vice-présidentes à la tête du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
En août dernier, nous avons demandé au CRTC de réexaminer sa décision sur l’attribution de licences par groupe. Nous avons pris cette mesure parce que nous estimons qu’il faut un solide marché national pour notre contenu, en français et en anglais.
Nous avons aussi appris que pour bon nombre de musiciens, d’auteurs, de chercheurs et autres créateurs, la protection des droits d’auteur était cruciale pour leur assurer un gagne-pain.
Pour ce faire, la Commission du droit d’auteur du Canada doit établir les taux de redevances beaucoup plus rapidement.
Nous avons donc accéléré la modernisation de la Commission afin que les créateurs soient rémunérés à temps et convenablement.
Nous mettons toute notre énergie pour améliorer notre système.
La stabilisation du financement du Fonds des médias du Canada, la rationalisation du Bureau de certification des produits audiovisuels canadiens, la consolidation du CRTC et la modernisation de la Commission du droit d’auteur du Canada sont autant d’améliorations qui devraient vous aider et soutenir la croissance des industries créatives.
Ouvrir de nouveaux marchés, attirer des investissements et créer des emplois
Compte tenu de notre modeste population, nous reconnaissons tous l’importance d’ouvrir de nouveaux marchés et de joindre des publics étrangers.
Nous savons que, plus que jamais, le monde entier est à la recherche de récits. Et nous pouvons aller chercher une plus grande part du gâteau international.
D’ailleurs, l’année 2016-2017 était notre meilleure année, alors que les investissements dans les productions télévisées et cinématographiques se chiffraient au total à plus de 8 milliards de dollars, dont 3 milliards en émissions et films canadiens.
Nous savons que les possibilités sont bien réelles.
À preuve, nous nous sommes classés au 3e rang des exportateurs de musique et aussi au 3e rang des exportateurs de jeux vidéo dans le monde.
Vancouver est maintenant la plus importante plaque tournante de l’animation et des effets visuels de la planète.
Jean-Marc Vallée, Xavier Dolan et Denis Villeneuve jouissent d’une renommée internationale.
Notre gouvernement est déterminé à vous aider à percer de nouveaux marchés.
Nous avons conclu des accords de coproduction avec l’Irlande, la Chine, la Nouvelle-Zélande, la Jordanie, le Luxembourg et la Belgique.
Nous sommes aussi le seul pays non européen à devenir membre d’Eurimages, le fonds de coproduction du Conseil de l’Europe.
Nous négocions actuellement de nouveaux accords de coproduction avec la France et la Corée du Sud.
Ces accords nous permettront d’étendre nos marchés, en particulier pour le contenu en français.
De plus, nous avons annoncé notre intention de poursuivre sur notre lancée en investissant 125 millions de dollars dans la toute première stratégie canadienne d’exportation pour les industries créatives.
Cette stratégie comprend un plan pour promouvoir nos industries créatives afin qu’elles soient présentes là où on brasse des affaires, où on établit des relations et où on crée des emplois.
Voilà pourquoi nous soutenons une forte présence canadienne à chaque grande foire commerciale ou festival international.
Soulignons notamment notre présence à titre d’invité d’honneur la semaine dernière au Festival du film MICA au Mexique, où nous avons pu mettre en valeur le talent de nos cinéastes et le savoir-faire de notre industrie cinématographique.
Nous voulons également avoir de grandes foires commerciales ici même au Canada pour mettre notre travail en valeur et attirer des acheteurs.
Le Festival international des médias de Banff en est un bel exemple.
Nous avons engagé des délégués commerciaux pour rehausser notre présence sur la scène internationale dans certains marchés importants.
Nous avons maintenant des gens compétents sur le terrain, notamment à Paris, à Mexico, à Londres, à Beijing et à Los Angeles.
Ils sont là pour vous aider à établir des contacts qui vous permettront de conclure des marchés.
Les relations intergouvernementales sont également vitales pour assurer l’accès aux marchés dans certains pays. Voilà pourquoi nous avons mené la première mission commerciale des industries créatives canadiennes en Chine en avril.
Nous nous sommes rendus à Shanghaï et à Beijing avec une délégation de 60 compagnies canadiennes.
Et nous avons réalisé une première : nous avons organisé quelque 300 rencontres entre des entreprises chinoises et les entreprises canadiennes de notre délégation. Il y avait entre autres des entreprises de production télévisée, cinématographique ou musicale; des musées; des maisons d’édition; et des compagnies de jeux et d’effets visuels.
Bon nombre d’entre vous étaient de la partie.
Nous avons conclu 23 contrats d’une valeur de plus de 125 millions de dollars.
Les retombées de cette mission commerciale continuent à se faire sentir.
Je suis ravie d’avoir pris connaissance cet après-midi d’une autre belle réussite de cette mission commerciale : la production d’une nouvelle série documentaire sino-canadienne intitulée Silk Road to Northern Lights qui sera diffusée dans les deux pays l’an prochain. Félicitations à Ira Levy et à toute l’équipe de créateurs qui ont mené à bien ce projet.
Soutenir les exportations et attirer des investissements est à l’avantage de tous les Canadiens et Canadiennes, qu’il s’agisse d’inciter Goblin, une des séries sud-coréennes les plus populaires, à venir tourner à Québec, ou encore de coproduire les films d’animation La guerre des tuques et Parvana – qui ont obtenu une nomination pour l’Oscar du meilleur film d’animation.
Nous savons que le Canada est une mine de talents.
Et nous savons également que comme gouvernement, nous pouvons vous aider à exporter ces talents.
C’est ce que nous faisons.
Dans quelques semaines, je préciserai comment nous allons investir les 125 millions de dollars prévus dans notre stratégie d’exportation.
Établir des milieux de travail sans harcèlement
Une industrie forte est d’abord et avant tout une industrie inclusive où chacun, sans égard à son sexe, à sa race ou à son orientation sexuelle, est en sécurité et peut donner sa pleine mesure.
Au cours de la dernière année, le mouvement #MoiAussi aura permis à des milliers de femmes de parler publiquement de leurs expériences de viol, de harcèlement et de discrimination.
Comme l’ont affirmé les membres du mouvement #ApresMoiAussi et les membres de notre industrie, nous avons besoin de changer les mentalités.
Et chacun d’entre nous ici présent a la responsabilité de s’élever contre le harcèlement et d’y mettre fin.
Nous avons besoin de ressources, d’éducation et de promotion des droits.
Les membres de l’industrie, à tous les niveaux hiérarchiques, doivent avoir les ressources nécessaires pour se protéger individuellement et pour créer un milieu de travail respectueux et exempt de toute forme de harcèlement.
Dans l’ensemble du secteur, les gens se sont rassemblés pour agir rapidement. Nos guildes, nos syndicats, nos agences, nos associations, nos radiodiffuseurs, nos festivals, nos théâtres et nos autres organismes créatifs ont élaboré un code de conduite pour prévenir et contrer le harcèlement et la discrimination.
En tant que gouvernement féministe, nous travaillons main dans la main avec vous.
Patrimoine canadien accorde un peu plus de 1,3 milliard de dollars de subventions et de contributions par année. C’est notre principal outil pour faire bouger les choses.
Nous avons changé les conditions d’obtention de notre financement.
Désormais, seuls les organismes qui s’engagent à assurer un milieu de travail sans harcèlement ou discrimination seront admissibles à notre soutien financier.
Nous travaillons également avec le Conseil des arts du Canada pour offrir les outils et la formation nécessaires à l’édification et au maintien de milieux de travail respectueux.
Les gens qui travaillent dans quelque 1 750 organismes artistiques partout au Canada bénéficieront de ce soutien.
Nous devons également travailler à atteindre un meilleur équilibre parmi les dirigeants de notre secteur en prenant le leadership pour les femmes et les autres personnes sous-représentées.
Dans Un Canada créatif, nous avons abordé la nécessité d’atteindre la parité entre les sexes au sein de nos industries créatives.
Nous allons aussi rehausser notre soutien aux créateurs autochtones et aux créateurs des communautés de langue officielle en situation minoritaire afin qu’ils puissent également faire connaître leurs récits.
La diversité doit être représentée à la tête de nos institutions culturelles nationales.
Et c’est ce que nous avons fait. Grâce à notre nouveau processus de nomination ouvert et fondé sur le mérite, nous avons pourvu plus de 110 postes dans 17 agences.
D’ailleurs, parlant de dirigeants talentueux, la nouvelle présidente-directrice générale de la Société Radio-Canada/CBC, Catherine Tait, est la première femme et la première productrice à diriger notre radiodiffuseur public.
Je suis convaincue qu’elle portera Radio-Canada vers de nouveaux sommets.
Par ailleurs, je suis contente des progrès accomplis dans nos organismes.
Téléfilm Canada, la Société Radio-Canada/CBC, l’Office national du film et le Fonds des médias du Canada prennent des mesures concrètes pour assurer la parité des sexes et une représentation féminine dans les postes névralgiques pour la créativité.
Je suis très fière de ces réalisations.
Je suis très fière aussi des membres de notre communauté qui ont milité pour ces changements.
Moderniser le système de radiodiffusion à l’ère numérique
Le mouvement #MoiAussi n’est pas le seul changement que doivent traverser les industries créatives.
La technologie est devenue une source de perturbations fortes et persistantes.
Au début du mandat de notre gouvernement, il était clair que nous devions immédiatement réinvestir dans les arts et la culture pour contrebalancer une décennie de négligence.
Nous devions également entamer le difficile processus de modernisation de notre système depuis la base.
Nous avons réinvesti dans la Société Radio-Canada/CBC pour lui assurer un financement stable lui permettant d’offrir davantage de contenu local, numérique et innovateur à la nouvelle génération.
Nous avons obtenu de Netflix un engagement financier d’un demi-milliard de dollars – une première mondiale.
Cette somme est investie dans la production de contenu canadien en français et en anglais ainsi que dans la visibilité d’émissions canadiennes sur cette plateforme.
C’est une expérience novatrice.
Et nous avons beaucoup appris.
Mais des changements fondamentaux s’imposent.
Aujourd’hui, 70 p. 100 du trafic internet au Canada est constitué de transmissions audio et vidéo en continu.
La croissance d’Internet est une affaire de contenu. Et la réalité, c’est qu’une grande part de ce contenu est américain et en anglais.
Si au Canada nous mettons en valeur la culture des francophones, des peuples autochtones et des communautés issues de la diversité, nous devons aussi protéger et promouvoir notre culture.
Dans le système de radiodiffusion ouvert qui est le nôtre aujourd’hui, une foule de nouveaux acteurs du monde numérique diffusent directement sur les écrans des Canadiens.
Ils agissent en marge des politiques et des mesures de protection culturelles qui sont en place depuis plus de 70 ans.
Nous continuons à plaider pour qu’Internet soit une force progressiste – un espace ouvert et inclusif où l’on respecte les droits de la personne et la liberté d’expression.
En cette ère numérique, notre gouvernement souscrit sans réserve au principe de neutralité du Web.
En même temps, nous sommes également de fervents défenseurs de la protection et de la promotion de la culture canadienne, tant au pays qu’à l’étranger.
Les diffuseurs numériques bénéficient grandement de nos industries créatives. Ils doivent donc faire leur part.
Ils doivent être plus transparents dans leurs modèles d’affaires et tenir compte de l’incidence de leurs algorithmes.
Ils doivent être prêts à expliquer comment ils offrent du contenu en ligne aux Canadiens.
Et ils doivent favoriser la création, la présence de contenu varié venant du Canada et d’ailleurs, et y donner accès en plus de soutenir la production de nouvelles et de contenu locaux.
Dans Un Canada créatif, nous avons demandé au CRTC de présenter un rapport sur l’avenir de la diffusion du contenu à l’ère numérique.
Son rapport, publié il y a deux semaines, recommande une nouvelle démarche.
Le président du CRTC, Ian Scott, est avec nous aujourd’hui. J’aimerais profiter de cette occasion pour le remercier, lui et son équipe, d’avoir produit ce rapport.
Quatre jours après la publication du rapport, nous avons fait un grand pas vers la modernisation de nos lois.
En effet mardi, le ministre de l’Innovation Navdeep Bains et moi avons lancé conjointement le tout premier examen de la Loi sur la radiodiffusion et de la Loi sur les télécommunications.
Nous avons nommé un groupe de sept experts chargés de nous guider dans ces réformes législatives.
Il nous présentera un premier rapport d’ici juin 2019 et des recommandations définitives d’ici janvier 2020.
C’est Janet Yale qui en assurera la présidence. Elle pourra mettre à profit ses 30 ans d’expérience dans l’industrie et ses remarquables aptitudes de direction.
Permettez-moi de mentionner deux de ses collègues. Monique Simard, l’ancienne présidente et chef de la direction de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) du Québec, jouera un rôle important au sein du groupe. Elle sera la voix de l’industrie. Et Peter Grant, de Toronto, est l’auteur du Canadian Broadcasting Regulatory Handbook.
Nous nous attaquons à une question complexe et nous savons que l’enjeu est de taille : une industrie de 67 milliards de dollars et des milliers d’emplois.
Plusieurs pays ont envisagé de réformer leur système de radiodiffusion, mais aucun n’a lancé un examen de l’envergure du nôtre.
Pourquoi? Parce qu’il ne s’agit pas seulement de radiodiffusion et de télécommunications, mais aussi de l’avenir du contenu canadien sur Internet.
Nous n’avons pas le droit à l’erreur.
Et nous devons faire ce travail tous ensemble.
Le rapport du CRTC va nous servir de point de départ.
Soyons clairs : tous les acteurs qui bénéficient du système doivent y contribuer. Il n’y a pas de passe-droits.
C’est le principe qui est à la base de la Loi sur la radiodiffusion.
Nous en étions convaincus voilà 30 ans. Et nous en sommes convaincus encore aujourd’hui.
Le système est maintenant plus vaste et comporte de nouveaux éléments, mais tous ont un rôle à jouer.
Nous voulons que le groupe d’experts nous donne son avis sur la meilleure façon de définir les rôles et les responsabilités de tous les joueurs d’une façon juste, avant-gardiste et efficace.
Nous voulons mettre sur pied un système durable, souple et qui convient à tous les Canadiens en français comme en anglais.
Nous voulons protéger les producteurs canadiens indépendants et consolider nos plateformes.
Nous voulons des entreprises canadiennes solides et une Société Radio-Canada/CBC et un CRTC vigoureux et indépendants.
Et nous voulons trouver des solutions de financement à long terme qui permettront la création de contenu canadien et la production d’émissions et de films canadiens, le tout sans augmenter le prix des services offerts aux Canadiens.
Pierre Juneau, le père de la réglementation sur le contenu canadien, a réussi à trouver le juste équilibre entre les divers acteurs du système dans les années 1960.
Et aujourd’hui, le groupe d’experts que nous avons créé doit trouver un point d’équilibre à la jonction de deux réalités : le système de radiodiffusion actuel et l’avenir de ce système sur Internet.
Il aura besoin de votre avis pour y parvenir.
La responsabilité de promouvoir la diversité des voix et des expressions culturelles dans l’espace numérique ne fait pas seulement l’objet d’une conversation entre Canadiens. C’est une conversation que je mène sur la scène internationale.
Et mon action attire de plus en plus de monde à la table.
À ce sujet, en avril, le premier ministre Justin Trudeau et moi-même avons signé conjointement une déclaration avec le président français, Emmanuel Macron et la ministre de la Culture de la France, Françoise Nyssen, sur les responsabilités à définir en matière de protection de la diversité culturelle à l’ère numérique.
Cette déclaration énonce certains principes, notamment assurer la présence et la promotion de contenu local et national sur les plateformes numériques.
Ou encore, garantir aux artistes un traitement juste et équitable pour leur travail.
La déclaration réaffirme aussi notre engagement à promouvoir le contenu francophone sur Internet.
Nous continuerons à travailler à l’UNESCO, au G7, au Forum économique mondial et dans la Silicon Valley pour mettre en place une démarche collective avec les pays qui ont les mêmes objectifs que nous.
En outre, nous continuerons à défendre une exception culturelle ferme dans la modernisation et la négociation des ententes de libre-échange.
Nous nous sommes battus pour préserver la souveraineté culturelle sur le Web dans l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et nous continuerons à faire de même dans le nouvel Accord de libre-échange nord-américain.
Nous protégeons également nos industries culturelles dans l’Accord économique et commercial global (AECG) conclu avec l’Union européenne.
Que ce soit au pays ou à l’étranger, nous cheminons ensemble dans une période de changements importants.
Ce cheminement est essentiel à la protection de notre secteur pour les décennies à venir.
Nous continuerons à nous battre pour la défense des exceptions culturelles dans les accords de libre-échange, comme nous l’avons fait dans le PTPGP et dans l’AECG.
Conclusion
Je sais que nous avons encore beaucoup de pain sur la planche.
Et parfois, la route semble plus longue que prévu.
Mais devant les changements et les perturbations, nous ne devons jamais baisser les bras.
Ensemble, nous pouvons trouver des solutions.
Notre réunion à Banff est l’occasion de prendre conscience de tout le travail que nous avons abattu ensemble.
Nous avons été très occupés pendant les deux ans et demi qui se sont écoulés, depuis que nous avons formé un gouvernement convaincu de l’importance des arts au Canada.
Lorsque je travaille avec mes collègues du conseil des ministres, je leur rappelle que nos industries du film et de la télévision ont permis la création de 171 000 emplois à temps plein et ont apporté une contribution de 12 milliards de dollars au PIB national en 2017.
Ces statistiques sont de bonnes nouvelles et nous avons bien raison de célébrer.
Nous avons encore beaucoup de travail à faire. Alors, travaillons ensemble.
Je vous remercie.