Sommet pour le Sport en toute sécurité

Discours

Notes pour une allocution
prononcée par l’honorable Kirsty Duncan,
ministre des Sciences et des Sports
Ottawa (Ontario)
Le 8 mai 2019

L’allocution prononcée fait foi

Bonjour,

Je vous remercie, vous, l’extraordinaire et l’infatigable Lorraine Lafrenière, de vos bons mots et de l’occasion que vous m’offrez de m’adresser à vous aujourd’hui.

Permettez-moi de souligner qu’aujourd’hui nous sommes réunis sur le territoire traditionnel algonquin anishinabeg.

J’aimerais d’abord reconnaître tous ceux et celles qui ont été victimes d’abus, qui en sont victimes et qui continuent de souffrir. Mes pensées vont à vous tous.

Sachez que de l’aide est offerte et que nous allons faire tout ce qui est possible pour mettre fin aux abus, à la discrimination et au harcèlement dans le sport.

Je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont eu le courage de briser le silence.

Ils se manifestent, car ils veulent que les athlètes et les enfants soient protégés. Ils aiment le sport et ils savent qu’on peut en faire dans un meilleur environnement.

Nous avons tous pris connaissance de la récente enquête de la CBC qui a révélé l’existence de 600 victimes âgées de moins de 18 ans sur une période de 20 ans.

Les chiffres sont incontestablement plus élevés, les abus sexuels étant des crimes très peu signalés, et aucun sport n’est à l’abri. Nous savons aussi que le nombre de cas de harcèlement et de discrimination est plus élevé.

Hier, AthlètesCAN a publié son étude sur la Prévalence des mauvais traitements chez les athlètes, tant anciens qu’actuels, de l’équipe nationale.

Pour nous, il était important de demander et de financer une telle étude. Nous avons maintenant des données concrètes qui nous permettront de prendre des décisions éclairées afin et rendre le milieu du sport plus sécuritaire au Canada.

Je veux remercier AthlètesCAN et l’Université de Toronto de leurs efforts.

Cette étude nous montre qu’un changement de culture systémique est nécessaire pour éliminer la maltraitance, y compris la violence sexuelle, psychologique et physique, la négligence, le harcèlement, l’intimidation, l’exploitation et la discrimination.   

Nous avons atteint un tournant dans le sport au Canada.

L’enquête de la CBC a également dénombré au moins 340 entraîneurs au Canada ayant été accusés d’agression sexuelle sur des personnes d’âge mineur sur une période de 20 ans. Parmi ceux-ci, 222 entraîneurs ont été déclarés coupables.

En ce moment, il y a au moins 34 procès contre des entraîneurs devant les tribunaux.

Nous devons reconnaître que les abus sont un problème de longue date et que nous devons y faire face.

C’est la raison de notre présence, aujourd’hui, dans cette salle.

Nous devons d’abord penser à nos athlètes, sans tenir compte de leur âge ou de leurs aptitudes. Ils doivent être au cœur de nos priorités.

Ensemble, nous devons changer la culture du sport, et c’est une tâche qui n’est pas facile. Je veux être claire : les abus, la discrimination et le harcèlement n’ont pas leur place et nous devons tous parler haut et fort contre tout abus.

Permettez-moi de souligner que je ne veux pas entendre, et je cite : « C’est simplement la culture de notre sport. »

Non. Les abus, la discrimination et le harcèlement ne font pas partie du sport. Ce sont des comportements acquis. C’est une culture acquise qui est devenue la norme au fil du temps. Il est temps de changer les comportements et la culture du sport.

Il est tout à fait inacceptable d’appeler les athlètes par des noms humiliants, de les toucher de façon inappropriée ou d’abuser d’une position d’autorité et de confiance d’une quelconque manière. Les athlètes sont avant tout des personnes, qui méritent le respect et la dignité.

Il est possible et indispensable de changer ce qui est « normal ».

Et nous devons tous nous sentir responsables. Donc, si vous êtes témoins d’un acte répréhensible, vous devez dénoncer ce que vous avez vu.

Il ne doit pas y avoir d’effet spectateur, rien n’étant plus important que de protéger nos athlètes, nos enfants, notre jeunesse.

C’est la raison pour laquelle, au cours de la dernière année, nous avons mis en place de nouvelles mesures. Cela comprend, tout récemment, une ligne d’assistance confidentielle nationale et une unité d’enquêtes indépendante chargée d’examiner les cas d’abus, de discrimination et de harcèlement dans le sport.

S’il y a des athlètes, d’anciens athlètes ou des témoins qui souffrent ou sont préoccupés par ce qu’ils ont vu ou vécu, je les encourage à s’adresser à la Ligne d’assistance du sport canadien, qui offre des services d’écoute et d’aiguillage.

Ces mesures s’appuient sur d’autres mesures prises l’an dernier.

Ce travail a commencé avec le lancement du groupe de travail sur l’équité des genres dans le sport. J’ai réuni 12 champions sportifs pour qu’ils proposent des mesures pour atteindre l’équité des genres dans le milieu sportif et assurer la sécurité dans le sport.

Sur cette base, nous sommes en train de créer un secrétariat de l’équité des genres à Sport Canada pour élaborer, mettre en œuvre et surveiller les programmes et assurer des résultats positifs dans l’ensemble du système sportif canadien.

En juin dernier, j’ai annoncé de nouvelles mesures rigoureuses pour les organismes de sport financés par le gouvernement fédéral. J’ai indiqué clairement que le gouvernement du Canada leur retirerait le financement s’ils ne prenaient pas de mesures précises pour favoriser un environnement sportif sain et sécuritaire.

Avec la Déclaration de Red Deer, que nous avons signée en février dernier avec les provinces et les territoires, nous avons pris des engagements clairs pour que tous les Canadiens aient le droit de faire du sport dans un environnement sécuritaire, accueillant, inclusif, éthique et respectueux.

Je veux remercier les ministres provinciaux et territoriaux de leur appui non équivoque et de leur engagement à traduire la Déclaration de Red Deer en gestes concrets.

Compte tenu de l’importance de ce que nous accomplissons et du travail qui reste à faire, dans le budget de 2019, notre gouvernement s’est engagé à investir un montant supplémentaire de 30 millions de dollars sur cinq ans pour que le sport soit pratiqué en toute sécurité.

Cet investissement aidera les organismes sportifs canadiens de promouvoir un milieu sportif sécuritaire, accessible, éthique et équitable. Les familles, les athlètes, les entraîneurs et les autres personnes qui font du sport pourront s’attendre à une meilleure expérience et à des normes plus élevées.

Ces fonds s’ajoutent aux 30 millions de dollars prévus dans le budget de 2018 pour atteindre l’équité des genres dans le sport d’ici 2035.

Nous connaissons le déséquilibre entre les genres dans le domaine de l’entraînement et les postes de direction. Aussi, l’équité entre les genres contribuera à un milieu sportif plus sécuritaire.

Ce qui nous amène à l’annonce d’aujourd’hui.

Notre financement initial de plus de 200 000 dollars, pour l’Association canadienne des entraîneurs, nous a permis de lancer une discussion nationale dans le cadre d’une série de sommets régionaux.

Ces sommets rassemblent des athlètes, des entraîneurs, des défenseurs des enfants, des chercheurs, des experts, des organismes sportifs et des gouvernements de tout le pays.

Et aujourd’hui, nous sommes arrivés au sommet national sur la sécurité dans le sport.

Nous sommes là pour discuter d’un autre élément important, la prochaine étape dans le changement de culture systémique dans le sport au Canada : un modèle de code de conduite à l’échelle nationale.

Nous pourrons nous fonder sur ce code en matière de conduite envers les athlètes et de sanctions communes pour les contrevenants.

Au minimum, le code doit absolument respecter des exigences juridiques. Mais je suis confiante qu’il ira plus loin et atteindra, voire dépassera les meilleures pratiques internationales.

Pendant vos discussions, je vous invite à ne jamais perdre de vue ceux et celles que nous n’avons pas réussi à protéger. Je vous demande d’être audacieux. Demandez-vous si ce que vous présentez est suffisamment ambitieux et si cela protégera véritablement nos athlètes et nos enfants dans le sport.

Le code de conduite est une étape importante de l’harmonisation de notre action en vue de prévenir les abus dans les sports à tous les niveaux. Ce code de conduite sera accessible à tous les organismes sportifs du pays désireux que leur sport puisse se pratiquer en toute sécurité.

Nous avons hâte de prendre connaissance des commentaires formulés pendant la série de rencontres sur le sport en toute sécurité de l’Association canadienne des entraîneurs et pendant ce sommet national. Nous passerons aussi en revue le travail du Groupe de travail des organismes nationaux de sport sur le sport sécuritaire.

Je souhaite vraiment que vous réfléchissiez à des façons de protéger nos athlètes, nos enfants et nos jeunes, comme la vérification obligatoire des antécédents des entraîneurs, des officiels et du personnel, la règle de deux et l’interdiction de relations sexuelles.

Vous devrez également réfléchir aux problèmes qui pourraient les rendre plus vulnérables, comme la consommation d’alcool et de cannabis.

Il est important de se souvenir que le code de sanctions sera appliqué partout au pays. Je reconnais la difficulté de créer un registre, mais il faut y arriver pour pouvoir éliminer les mauvais traitements dans le sport. Un entraîneur ne sera plus en mesure de changer de club, voire de province ou de territoire, pour éviter les sanctions pour conduite inappropriée.

Le code de conduite universel sera important pour procéder au changement de culture que j’ai évoqué, à savoir la transition vers de nouveaux critères de normalité.

Pensez-y : une nouvelle façon de définir ce qui est normal. Qu’est-ce qui devrait être normal pour vous? Moi, je vois un meilleur environnement pour faire du sport, de meilleures protections, un devoir de diligence et une réelle inclusion des femmes, des filles, des Autochtones, des personnes racialisées, des personnes handicapées et des membres de la communauté LGBTQ2.

Je tiens particulièrement à souligner la contribution de Lorraine Lafrenière, chef de la direction de l’Association canadienne des entraîneurs, qui a été à la barre des sommets régionaux du sport en toute sécurité et de ce sommet national.

Lorraine, je vous remercie pour votre sens de l’organisation, les grands efforts que vous déployez, l’écoute que vous manifestez à l’égard des nombreux intervenants et votre ouverture aux divers points de vue. Je vous remercie de réitérer notre confiance et notre espoir en un avenir meilleur pour nos athlètes et pour le sport au Canada.

Je tiens ici à vous exprimer toute ma gratitude, à vous, à vos organismes partenaires et à tous ceux et celles qui ont travaillé à l’organisation des sommets sur la sécurité dans le sport. Merci pour tout.

Je vous invite tous à saisir cette occasion et à élaborer un solide code de conduite et de solides sanctions pour accélérer la transition vers une nouvelle normalité qui durera longtemps.

Il est temps d’agir avec détermination.

Nous avons les bons acteurs et nous avons mis en place les bons plans pour rendre le sport sécuritaire.

Et nous atteindrons cet objectif en travaillant ensemble.

En agissant dès maintenant. Car nos enfants et nos athlètes méritent mieux.

Merci.

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