Notes d’allocution pour l’honorable Ginette Petitpas Taylor, ministre de la Santé — Le choix plus simple : Stratégie en matière de saine alimentation du Canada

Discours

Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire
Vancouver (Colombie-Britannique)
21 octobre 2017

Seule la version prononcée fait foi.

Merci beaucoup de m’avoir demandé d’être parmi vous aujourd’hui.

Avant de commencer, j’aimerais souligner que nous sommes réunis sur les terres ancestrales des Musqueam, des Squamish, et des Tsleil-Waututh.

Mon projet aujourd’hui est de reprendre une conversation que la Ministre Philpott a commencée avec vous l’année dernière – c’est-à-dire, une conversation sur la saine alimentation et ce que nous pouvons tous faire, ensemble, pour rendre cet objectif accessible à tous.

Le Canada est un très beau pays, avec de la bonne nourriture saine en abondance, et pourtant nous avons, de plus en plus, du mal à bien manger.

Demandez à une classe d’élèves de secondaire combien d’entre eux mangent des fruits et légumes frais en un jour donné – environ trois parmi eux lèveront la main. Demandez-leur combien d’entre eux ont mangé de la malbouffe et huit mains se lèveront.

Les jeunes sont entourés d’aliments transformés à forte teneur calorique et de boissons sucrées. Étonnamment, nous mangeons, en moyenne, l’équivalent de 26 cuillerées à thé de sucre par jour[1], la majeure partie provenant de ces types d’aliments.

Comme vous le savez bien, cette mauvaise alimentation contribue à des taux d’obésité sans précédent historique chez les adultes et les enfants.

Deux tiers des adultes au Canada, et près d’un tiers des enfants canadiens, sont en surpoids ou obèses.[2]

L’obésité est un facteur de risque connu pour une gamme d’états chroniques, que vous connaissez très bien : le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, la maladie du cœur et l’AVC, ainsi que l’ostéoarthrite et certains cancers.[3]

Vous commencez à peine à me connaître, mais vous verrez que je suis une grande défenseure du bien-être à tous points de vue. Je reconnais qu’il y a, bien sûr, d’autres causes en jeu, comme des modes de vie plus sédentaires.

Rester assis est aussi nuisible que le tabac. Cet énoncé peut sembler étonnant, mais je crois qu’il définit bien notre réalité. Nous ne sommes pas aussi actifs que nous devrions l’être. Et nous ne pouvons pas envisager d’adopter un mode de vie sain sans essayer aussi de faire plus d’activité physique.

Aujourd’hui, je désire toutefois vous parler plus particulièrement de certaines de nos initiatives en matière de saine alimentation et solliciter votre aide pour les faire avancer.

Je suis très encouragée par les mesures audacieuses que nous prenons.

Elles sont fondées sur les preuves et l’expertise de professionnels comme vous et j’espère qu’elles vous aideront dans vos démarches pour réduire le comble des maladies chroniques et cardiaques au Canada, ainsi que l’incidence qu’ils ont sur vos patients.

Notre Stratégie en matière de saine alimentation comprend quatre piliers :

  1. Élaborer de meilleurs renseignements sur la nutrition
  2. Protéger les populations vulnérables
  3. Améliorer l’accès à la nourriture et la disponibilité de la nourriture
  4. Améliorer la qualité de la nourriture

Les Canadiens ont besoin des bons renseignements pour pouvoir prendre des décisions éclairées sur quoi manger, ainsi qu’un accès adéquat, pour pouvoir choisir les bonnes choses quand ils le veulent.

Renseignements sur la nutrition

Lorsque je pense à ce qui a changé – pourquoi nous voyons des taux d’obésité qui restent élevés – une notion qui me vient à la tête c’est le rythme de notre quotidien courant et les pressions auxquelles nous faisons face pour vivre des vies équilibrées.

Il y a plusieurs facteurs qui soulignent ce changement.

Au cours des quarante dernières années, par exemple, le nombre de familles à deux revenus[4] et le nombre de familles à un seul revenu ont doublé.[5] Ces deux statistiques suggèrent que de nos jours, il y a beaucoup moins de parents à la maison pour soutenir des habitudes alimentaires saines au sein de leur famille.

Nous vivons également dans un monde de plus en plus interconnecté où la journée de travail n’est pas limitée au 9 à 5 et où il y a simplement moins de temps pour se concentrer sur la nourriture et les repas.

Le monde interconnecté veut dire aussi qu’il y a beaucoup plus de médias par lesquelles nous sommes bombardés d’annonces sur les produits alimentaires, qui provoquent notre envie de manger quelque chose de salé ou de sucré, souvent lorsque nous sommes les plus vulnérables à de telles envies.

Avec si peu de temps pour les courses et la cuisine, nous recherchons de plus en plus des options faciles pour nous nourrir et nourrir nos enfants.

Peu étonnant, près de deux tiers des aliments que nous achetons sont transformés et emballés.[6]

En 2013, le Canada figurait au deuxième rang mondial des ventes par habitant d’aliments hautement transformés, selon l’Organisation panaméricaine de la santé.[7]

Ces aliments ont souvent une forte teneur en sodium, en sucre ou en graisses saturées. Je n’ai pas vraiment besoin de vous dire que lorsque consommées à l’excès, et nous savons que les Canadiens en consomment trop, ces substances nutritives augmentent les risques pour la santé tels que l’obésité, l’hypertension artérielle, la maladie du cœur, l’AVC, le diabète de type 2 et certains cancers.[8]

Si ce n’est pas signe d’une situation alarmante, je ne sais pas ce qui pourrait l’être.

Dans les allées de nos épiceries, on voit beaucoup de parents qui prennent rapidement des boîtes de conserve des étagères ou des pizzas du congélateur, tout en parlant d’affaires au téléphone, leurs enfants à leur côté.

Mais ils ne sont pas seuls à avoir du mal à faire de bons choix dans les épiceries.

La plupart des Canadiens n’ont pas le temps de lire les étiquettes complexes en toute vitesse, et les Canadiens plus vieux, qui eux aussi ont du mal à prendre les bonnes décisions alimentaires face aux défis concurrents, tels qu’une capacité visuelle ou de mobilité diminuée.

Nous sommes en train de faire quelques choses pour essayer de simplifier tout cela.

Notre objectif est de faire en sorte que les Canadiens aient facilement accès à de l’information de qualité afin qu’ils puissent faire des choix alimentaires sains.

Au mois de décembre dernier, nous avons commencé avec la publication de mises à jour proposées pour le Tableau de la valeur nutritive et la liste d’ingrédients. Par exemple, les portions déterminées seront plus homogènes afin de pouvoir comparer des produits semblables, l’apport calorique sera plus visible, la liste d’ingrédients et l’information allergène seront plus lisibles, toutes les sources importantes de sucre ajoutées aux aliments seront regroupées ensemble et entre parenthèses après le mot « sucre », et tous les colorants seront identifiés par leur nom commun plutôt que par le terme générique « couleur ». Ces changements aideront à faciliter l’usage et la lecture du Tableau de la valeur nutritive et de la liste d’ingrédients.

Cela dit, nous savons que les gens n’ont souvent pas le temps de déchiffrer de l’information nutritionnelle complexe. Et que les nouveaux Canadiens qui apprennent encore l’anglais ou le français peuvent trouver les tableaux de la valeur nutritive encore plus difficiles à lire.

Nous avons donc mené des consultations à propos de cette proposition plus tôt cette année où nous avons proposé un étiquetage sur le devant des emballages pour les aliments à forte teneur en sucre, en sodium ou en gras saturés. Nous examinons maintenant les résultats de ces consultations et espérons faire d’autres annonces à ce sujet plus tard cette année.

Notre objectif pour élaborer la meilleure information nutritionnelle est simple. Nous devons aider les Canadiens à faire des choix éclairés lorsqu’ils achètent des aliments. Et nous devons les encourager à y repenser avant de mettre des produits qui ne sont pas dans leur panier d’épicerie.

Cette initiative est un complèment aux améliorations du Tableau de la valeur nutritive, et aidera les Canadiens à appliquer les recommandations du Guide alimentaire canadien.

Le Guide alimentaire canadien est l’une des publications gouvernementales les plus téléchargées. Elle est connue de beaucoup de personnes qui l’ont étudiée dans leurs cours d’économie domestique, l’ont parcourue à l’école ou chez le médecin, et l’ont peut-être même affichée sur le frigo. Mais ce document emblématique a besoin de rajeunissement.

Pour être utile, un nouveau Guide alimentaire devra être axé sur la façon de manger plus sainement et aussi sur quoi manger.

Nous parlons de l’adoption d’habitudes saines.

Nous transformerons le document papier courant en outils innovateurs – en formats plus modernes et mieux adaptés aux besoins des différents publics.

Les populations vulnérables

Pour certains d’entre nous, les renseignements sur quoi manger ne sont pas suffisants. Nous sommes aussi influencés par d’autres facteurs, notamment la publicité et les promotions qui provoquent nos instincts d’alimentation les plus fondamentaux, particulièrement notre amour du gras, du sucre et du sel.

Les enfants sont particulièrement vulnérables à la commercialisation. Sachant ceci, des millions de dollars sont dépensés couramment pour viser les enfants et les jeunes à travers de multiples canaux incluant la télé, Internet et les annonces au sein de nos collectivités.

Les enfants, à leur tour, influencent grandement ce qui tombe dans la poussette de marché familiale. Nous avons tous témoigné les enfants qui rouspètent et qui sont après leurs parents incessamment pour avoir ce qu’ils veulent.

Des recherches effectuées par la Fondation des maladies du du cœur et de l’AVC du Canada ont révélées que plus de 90% des annonces pour les produits alimentaires et de boisson vues par les enfants et les adolescents en ligne sont pour des produits malsains, et collectivement, les enfants âgés de deux à onze ans voient 25 millions d’annonces alimentaires et de boisson par année sur leurs 10 sites Internet préférés.[9]

Nous n’avons pas besoin de nommer les marques pour savoir quels produits sont les plus affichés sur les sites Web préférés de nos enfants.

En vue de protéger nos enfants de l’impact causé par cette exposition, nous avons mené des consultations à propos de nouvelles approches proposées pour réduire la publicité destinée aux enfants pour réduire cette exposition des enfants et adolescents de moins de 17 ans à la publicité d’aliments et de boissons mauvais pour la santé au moyen de changements législatifs et règlementaires en vertu de la Loi sur les aliments et drogues.

Nos propositions sont bien alignées avec celles proposées par la sénatrice Nancy Greene Raine dans un projet de loi adopté récemment par le Sénat.

Il me fait plaisir de partager avec vous aujourd’hui le fait que notre gouvernement va soutenir ce projet de loi pendant qu’il passe par la Chambre. Et je me réjouis de travailler avec mes collègues pour en assurer l’adoption.

Accès à la nourriture

Si nous arrivons à fournir des renseignements nutritionnels plus fiables aux Canadiens, cela leur permettrait de faire de meilleurs choix, mais nous devons aussi nous assurer qu’ils ont accès aux produits qu’ils choisissent.

La réalité au Canada est la suivante : malgré notre fierté du bœuf, des fruits de mer, des produits laitiers, des grains, des fruits et légumes canadiens, la nourriture saine peut être difficile à trouver à certains endroits.

Lorsque nous parlons de la sécurité alimentaire, nous pensons, en particulier, au Grand Nord canadien.

Les collectivités rurales et du Nord font face à de défis importants en ce qui concerne l’accès aux aliments frais, en particulier, mais il existe aussi des déserts alimentaires au sein de nos centres urbains.

À plusieurs endroits à travers le pays, c’est plus facile de marcher au magasin du coin pour un sac de croustilles que d’avoir accès à une épicerie pour acheter des fruits et légumes frais. Souvent, ça coûte moins cher d’acheter ce sac de croustilles ou des repas à prix-vedette d’un restaurant-minute que de payer pour un repas sain.

Mes collègues et moi travaillons assidument sur les politiques qui combleront certaines de ces lacunes. Notre gouvernement travaille avec les communautés du Grand Nord afin d’assurer que les familles ont accès aux aliments sains et abordables.

Le Canada est plein de richesses et ces richesses devraient être à l’accès de nous tous.

Qualité alimentaire

Nous travaillons également avec l’industrie pour faire en sorte que les aliments vendus aux Canadiens soient le plus sains possible.

Comme vous le savez bien, certains aliments ont peu de valeur nutritionnelle. Ils ne sont tout simplement pas bons pour vous.

Le gouvernement a cherché à renforcer la réglementation pour éliminer les gras trans et réduire la teneur en sel des aliments transformés.

J’étais heureuse d’annoncer le mois dernier que Santé Canada interdira les huiles partiellement hydrogénées, qui représentent la plus grande source de gras trans industriels, dans les aliments vendus au Canada. Cette interdiction entrera en vigueur dans un an.

Si de nombreux acteurs de l’industrie ont déjà pris des mesures pour éliminer les gras trans des aliments qu’ils vendent et servent, cette période de temps supplémentaire leur permettra de trouver des solutions de rechange adéquates.

Nous travaillons aussi avec l’industrie pour réduire la teneur en sodium des aliments.

La plupart d’entre nous mangent de deux à trois fois la quantité recommandée de sel sans même le savoir.[10]

La reformulation de ces produits prendra du temps, mais nous sommes engagés à voir cette priorité jusqu’à sa réalisation. Il s’agit vraiment du fait de rendre plus sains les aliments sur les étagères des épiceries et auprès des établissements de restauration.

Nous attendons avec impatience de continuer à travailler avec l’industrie en nous assurant que le meilleur des richesses du Canada soit disponible à tous.

Conclusion

En conclusion, je voudrais aussi, très explicitement, vous demander votre aide pour avancer ces initiatives.

Ce n’est pas qu’une question de santé, ça a d’énormes répercussions potentielles sur la réduction de l’incidence des maladies chroniques, qui coûtent des milliards de dollars par année à notre économie. Les gens ne peuvent pas contribuer à notre économie de leur pleine capacité lorsqu’ils ont une maladie chronique.

La Stratégie en matière de saine alimentation fait aussi partie de la vaste approche de notre gouvernement pour améliorer l’environnement alimentaire du Canada. Je travaille avec mon collègue ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire pour bâtir une politique alimentaire canadienne. En plus des priorités mentionnées ici, cette politique fixera des buts pour maintenir durablement notre approvisionnement en aliments nutritifs et abordables d’une manière qui soutient et fait progresser notre secteur de l’agriculture et de l’alimentation.

J’étais ravie que le premier ministre m’ait demandé de servir à titre de ministre de la Santé.

Pendant les deux derniers mois, j’étais impressionnée par le bon travail qui s’effectue à Santé Canada. J’étais déjà une grande avocate de la santé, je m’entraîne régulièrement et je mange des repas faits maison aussi souvent que possible.

Il y a tant de professionnels dédiés qui travaillent sur ces initiatives, ce qui va contribuer grandement à la santé et au bien-être des Canadiens. Vous en connaissez peut-être. Ils ne peuvent pas accomplir tout cela seuls. Il m’est clair que pour réussir, il faut travailler ensemble.

J’ai besoin de l’aide et du soutien de ceux, comme vous, qui se soucient autant que moi d’un mode de vie sain et d’une alimentation saine et qui comprennent l’urgence d’agir quant aux taux alarmants d’obésité et de maladie chronique au sein de notre pays.

Notre but est d'avoir en place une politique adéquate qui fasse une différence auprès des Canadiens. Plusieurs d’entre vous nous ont aidés à recueillir la preuve et les données sur lesquelles sont basées nos initiatives. En mettant nos propositions à point, vos aperçus et votre expertise nous seront très utiles.

Nous devons crier haut et fort que le statu quo n’est pas une option, qu’en allant de l’avant, nous serons tous dédiés à rendre plus simple les choix de bonne nourriture et l’accès aux aliments sains pour tous les Canadiens.

Nous avons besoin de tous sur le pont, et personne ne peut effectuer des changements tout seul.

Merci.

Notes

  1. https://www.statcan.gc.ca/pub/82-003-x/2011003/article/11540-fra.htm
  2. Rao D, Kropac E, Do M, Roberts K, Jayaraman G. Childhood overweight and obesity trends in Canada. Health Promotion and Chronic Disease Prevention in Canada: Research, Policy and Practice. 2016;36(9), 194-198
  3. https://www.statcan.gc.ca/pub/82-625-x/2015001/article/14185-fra.htm
  4. http://www.statcan.gc.ca/pub/11-630-x/11-630-x2016005-fra.htm
  5. http://www.statcan.gc.ca/pub/75-006-x/2015001/article/14202/parent-fra.htm
  6. https://www.coeuretavc.ca/-/media/pdf-files/iavc/2017-heart-month/coeuretavc-bulletinsante2017fr.ashx?la=fr-ca&hash=F21136EA45EADBF4C1DFE4FA8052E1641D538163
  7. http://iris.paho.org/xmlui/bitstream/handle/123456789/7699/9789275118641_eng.pdf?sequence=5&isAllowed=y&ua=1 (en anglais seulement)
  8. https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/publications/aliments-et-nutrition/examen-donnees-probantes-base-recommandations-alimentaires-resume-resultats-impact-guide-alimentaire-canadien.html
  9. https://www.coeuretavc.ca/-/media/pdf-files/iavc/2017-heart-month/coeuretavc-bulletinsante2017fr.ashx?la=fr-ca&hash=F21136EA45EADBF4C1DFE4FA8052E1641D538163
  10. Health Canada. Canadian Community Health Survey, Cycle 2.2, Nutrition (2004). Nutrient intakes from food: provincial, regional, and national summary tables. Vol 1. Ottawa; 2007

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