PICRA - Foire aux questions
1. Qu'est-ce que le Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA)?
Le PICRA est un programme national intégré de surveillance de la résistance aux antimicrobiens élaboré par l'Agence de santé publique du Canada, en collaboration avec Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et des partenaires provinciaux. L'un des objectifs clés du PICRA est de surveiller les tendances du développement de la résistance aux antimicrobiens (RAM) dans la chaîne alimentaire.
Pour faciliter la comparaison des données, le PICRA a été modelé sur des initiatives internationales telles que le Système national de surveillance de la résistance aux antimicrobiens ( National Antimicrobial Resistance Monitoring System (NARMS)) des États-Unis et le Programme intégré de recherche et de surveillance de la résistance aux antimicrobiens du Danemark (DANMAP).
En mars 2005, le PICRA a publié son deuxième rapport annuel, qui résume des données collectées en 2003 sur la résistance aux antimicrobiens à l'aide d'échantillons prélevés sur des humains et des animaux.
2. Que sont les antimicrobiens et comment se développe la résistance?
Le terme antimicrobien désigne les substances naturelles et synthétiques, telles que les antibiotiques et les désinfectants, qui peuvent tuer les micro-organismes ou inhiber leur croissance. La RAM survient lorsqu'une substance ou un agent antimicrobien ne sont plus aussi efficaces pour tuer ou inhiber la croissance d'un micro-organisme particulier. La résistance croisée à un médicament antimicrobien peut se développer lorsque les bactéries exposées à un médicament développent une résistance à d'autres médicaments de la même famille.
3. Pourquoi les antimicrobiens sont-ils utilisés chez les animaux destinés à l'alimentation?
Les antimicrobiens sont prescrits et utilisés dans le traitement thérapeutique des maladies chez les humains comme chez les animaux. Ils sont aussi ajoutés aux aliments des animaux destinés à l'alimentation afin d'accélérer la croissance, d'augmenter l'efficacité de la conversion alimentaire et de prévenir les infections dans le but d'obtenir des produits alimentaires plus salubres et plus abordables.
4. Que fait Santé Canada avec les données du Deuxième rapport annuel du PICRA?
La surveillance de la RAM est un élément clé de la stratégie de Santé Canada dont le but est d'établir une base de preuves solides à l'appui de l'élaboration de politiques pertinentes sur l'utilisation des agents antimicrobiens. L'approche de Santé Canada sur les mesures à prendre concernant la prévalence connue de la résistance aux antimicrobiens consiste à élargir la surveillance existante sur le marché du détail, à renforcer les efforts de promotion de l'utilisation prudente des médicaments antimicrobiens chez les animaux destinés à l'alimentation, à maintenir l'aide à la recherche sur la RAM et à surveiller les tendances de la RAM.
Les données collectées doivent être interprétées dans le contexte d'une initiative de plus grande envergure axée sur l'élaboration de mesures susceptibles de contrôler la propagation de la RAM au Canada. Des preuves manquent encore et il faut par conséquent continuer à surveiller l'émergence et la persistance de la RAM chez les agents pathogènes transmis par les aliments et isolés à partir d'échantillons prélevés sur des animaux destinés à l'alimentation dans toutes les provinces du Canada de manière à mettre en place un système de surveillance représentatif à l'échelle nationale.
5. Est-ce que ce rapport fait état de problèmes dus à la résistance aux antimicrobiens?
Des efforts ont été faits pour déterminer la résistance à des antimicrobiens spécifiques de la plus haute importance en matière de santé humaine. Par exemple, comme le ceftiofur (médicament utilisé chez les animaux) appartient à la même classe de drogues que la ceftriaxone (utilisée chez les humains), on craint que la résistance au ceftiofur ait des répercussions sur la santé humaine. Les résultats obtenus à ce jour indiquent qu'il est nécessaire de mener d'autres recherches et évaluations des risques afin d'établir si des mesures correctives sont justifiées.
6. Pourquoi y a-t-il des différences entre les provinces dans les données collectées?
Il est difficile de déterminer pourquoi il y a des différences dans les données collectées sur la prévalence de la résistance à des antimicrobiens spécifiques entre le Québec et l'Ontario, puisque nous sommes encore à l'étape initiale de collecte et d'analyse des données. Les données de surveillance actuelles devront être étudiées plus en profondeur pour évaluer ces écarts. Santé Canada devra travailler avec ses partenaires provinciaux afin de mieux évaluer et de minimiser les facteurs de risque d'émergence de la résistance aux antimicrobiens qui sont importants pour la santé humaine et animale.
7. Pourquoi Santé Canada porte une attention particulière au secteur agroalimentaire? Est-ce la principale source de RAM?
Le PICRA a été élaboré en vue d'obtenir des données scientifiques pour mieux comprendre l'importance relative de la contribution du secteur agroalimentaire à ce problème complexe. Santé Canada reconnaît que l'utilisation de médicaments antimicrobiens par l'industrie agroalimentaire n'est que l'un des nombreux facteurs qui interviennent dans le développement et la propagation de la résistance des agents pathogènes chez l'humain.
8. Est-ce que le PICRA prévoit étendre son programme?
La planification de travaux à venir est en cours. Une expansion est envisagée en ce qui a trait aux partenariats, aux lieux géographiques, aux produits et aux espèces bactériennes en cours d'évaluation.
9. Est-ce que les aliments dérivés d'animaux traités aux antibiotiques sont sécuritaires pour les humains?
Les antibiotiques sont utilisés chez les animaux destinés à l'alimentation pour fournir aux Canadiens des produits alimentaires salubres et abordables. De fait, le système alimentaire canadien est l'un des plus sécuritaires dans le monde et des efforts continuels sont accomplis pour minimiser la contribution des sources agroalimentaires au développement et à la propagation de la résistance. Les conclusions des rapports du PICRA seront très utiles à l'évaluation continue des risques que posent les médicaments antimicrobiens. Cela fait partie d'une initiative de plus grande portée visant à élaborer des politiques canadiennes complètes sur la résistance aux antimicrobiens et l'utilisation des médicaments antimicrobiens aussi bien chez les humains que chez les animaux.
Pour éviter la contamination bactérienne des aliments, voyez les conseils sur la manipulation sécuritaire des aliments à l'adresse :
Prévention de la salmonellose
10. Que puis-je faire pour prévenir la RAM et maintenir l'utilité des antibiotiques disponibles pour traiter les infections chez les humains?
La RAM est un problème mondial de santé publique qui requiert une action urgente et concertée des individus, des gouvernements, des médecins, des vétérinaires, des producteurs agricoles, des industries pharmaceutiques et des organismes de santé publique nationaux et internationaux. À titre individuel, vous avez un rôle à jouer et vous pouvez prendre les précautions suivantes :
Lorsque vous soignez des animaux :
- Suivez le mode d'emploi et de disposition sur l'étiquette des médicaments destinés aux animaux (animaux d'élevage ou animaux de compagnie)
- Les producteurs agricoles sont encouragés à améliorer l'hygiène sur leur exploitation pour minimiser l'utilisation d'antibiotiques et d'autres antimicrobiens.
En médecine humaine :
- Garder à l'esprit que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre toutes les maladies. Par exemple, 90 p. 100 des rhumes ou des grippes et la toux, les irritations de la gorge, les maux et les douleurs qui les accompagnent, sont dus à des virus. Les antibiotiques ne sont d'aucune aide.
- Prenez vos médicaments selon les directives de votre médecin ou de votre pharmacien. N'arrêtez pas de prendre vos médicaments avant la fin du traitement, sauf si vous souffrez de réactions indésirables graves, sans en discuter d'abord avec votre médecin. Prenez toujours tous les antibiotiques qui vous ont été prescrits : parfois, les symptômes disparaissent tôt au cours du traitement, mais les bactéries peuvent être toujours présentes. Les bactéries qui survivent peuvent devenir plus fortes et plus résistantes aux antibiotiques.
- Ne partagez pas vos prescriptions avec qui que ce soit et ne les utilisez pas à d'autres fins que celles pour lesquelles votre médecin les a rédigées. Utiliser un médicament inadéquat peut aggraver le problème que pose la résistance.
- Ne jetez pas les médicaments périmés ou inutilisés dans les toilettes, dans les éviers ou lavabos ou avec les ordures ménagères. Éliminer les médicaments de l'une de ces façons fait que l'ingrédient actif pourrait se retrouver dans la nappe phréatique et augmenter la résistance. Demandez à votre pharmacien s'il a un programme de recyclage des médicaments. Plusieurs pharmacies offrent ce service qui permet de disposer de vos médicaments inutilisés de façon sécuritaire au plan environnemental.
Au quotidien :
- Évitez d'utiliser du savon antibactérien et des produits de nettoyage «combattant les bactéries ». Ils ne sont pas prouvés plus efficaces que le savon ou les produits ordinaires et peuvent contribuer à la résistance aux antimicrobiens. En fait, ils tuent aussi les « bons » germes qui servent à lutter contre les «mauvais» germes, à faciliter la digestion, etc.
- Lavez-vous les mains régulièrement avec du savon ordinaire et de l'eau pendant au moins 20 secondes. C'est le moyen le plus efficace de prévenir tout type d'infection.
- Entreposez, manipulez et préparez les aliments de façon sécuritaire. Quand vous préparez vos aliments, assurez-vous de laver les planches à découper et les couteaux avec du savon et de l'eau. Lavez bien les fruits et les légumes que vous consommez crus.
Vous pouvez aussi lire le bulletin intitulé « Résistance aux antimicrobiens - Pour faire éclater les mythes ».
Pour plus d'information, consultez la Foire aux questions concernant la RAM sur le site Web suivant :
À titre d'information : La résistance aux agents antimicrobiens.
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