La résistance aux agents antimicrobiens foire aux questions

Questions

  1. Que sont les agents antimicrobiens?
  2. Qu'est-ce que la résistance aux antimicrobiens et pourquoi est-ce une question-clé?
  3. Qu'est-ce que la résistance croisée aux antimicrobiens?
  4. Comment la résistance aux antimicrobiens apparaît-elle et comment se propage-t-elle?
  5. L'utilisation des désinfectants ou des antiseptiques ménagers contribue-t-elle à l'incidence de la résistance?
  6. Est-il vrai que la viande achetée au supermarché contien des bactéries résistantes aux antibiotiques?
  7. L'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux de ferme est-elle responsable de la propagation de bactéries résistantes?
  8. Pourquoi utilise-t-on des antimicrobiens dans la production alimentaire de source animale?
  9. Où en est le programme de surveillance de la résistance aux antimicrobiens?
  10. Qui a la responsabilité d'approuver l'utilisation d'antimicrobiens au Canada?
  11. Quel est le rôle de Santé Canada dans le contrôle de la résistance aux antimicrobiens?
  12. Si la résistance aux antimicrobiens a été notée il y a déjà plusieurs années, pourquoi Santé Canada a-t-il attendu si longtemps avant d'intervenir?
  13. Est-ce que Santé Canada envisage d'interdire l'utilisation d'antimicrobiens comme stimulateurs de croissance chez les animaux destinés à l'alimentation?
  14. Existe-t-il des solutions de rechange à l'utilisation des antibiotiques chez les animaux d'élevage?
  15. Que devrait faire le public pour préserver l'utilité des antibiotiques actuellement disponibles pour le traitement des infections chez les humains?

Réponses

1. Que sont les agents antimicrobiens?

Les termes « antimicrobiens » ou « agents antimicrobiens » font simplement référence à tous les types de médicaments naturels et synthétiques susceptibles de diminuer la multiplication de micro-organismes ou de les détruire. Parmi eux, on retrouve notamment les antibiotiques, les antifongiques et les désinfectants ménagers. Les agents antimicrobiens sont couramment utilisés pour le traitement et la prévention des maladies chez l'humain et les animaux ainsi que dans l'industrie agricole pour stimuler la croissance.

2. Qu'est-ce que la résistance aux antimicrobiens et pourquoi est-ce une question-clé?

On peut parler de « résistance aux antimicrobiens » lorsqu'un agent antimicrobien donné ne réussit pas à détruire un micro-organisme ciblé ou à ralentir la croissance de ce dernier. La résistance empêche ou réduit l'efficacité des antimicrobiens destinés au traitement des infections humaines et animales causées par des pathogènes microbiens. La résistance aux antimicrobiens met en périe la capacité à combattre des maladies humaines et animales et peut avoir de graves répercussions sur la santé publique. Elle peut faire en sorte que le choix d'agents antibiotiques pour lutter contre les infections bactériennes soit réduit, causant une augmentation des coûts liés aux soins de santé.

3. Qu'est-ce que la résistance croisée aux antimicrobiens?

On peut observer une résistance croisée à un médicament antimicrobien lorsqu'une bactérie présente chez des animaux traités à l'aide d'un médicament donné, devient résistante à des médicaments de la même famille.

4. Comment la résistance aux antimicrobiens apparaît-elle et comment se propage-t-elle?

  • Une utilisation abusive ou inappropriée des antimicrobiens entraîne généralement une augmentation de la résistance aux antimicrobiens. Le temps influence grandement la probabilité qu'il y ait résistance, puisque la probabilité qu'un organisme développe une résistance augmente avec la durée de l'exposition. Certaines espèces de bactéries sont naturellement résistantes à un grand nombre d'antimicrobiens. Toutefois, la résistance peut être également acquise par suite d'une mutation dans les composantes génétiques des micro-organismes renfermant des gènes résistants aux antibiotiques. A cause de la propriété des micro-organismes résistants de transférer les génes de résistance á des bactéries susceptibles, la résistance aux antimicrobiens pourrait devenir un enjeu majeur en santé publique.
  • La résistance aux antimicrobiens se propage de diverses façons, notamment par l'échange de gènes résistants entre différentes populations bactériennes, tant chez les animaux que chez les humains. Par exemple, des micro-organismes résistants peuvent être transmis des animaux aux humains par la consommation d'aliments et peuvent également persister dans l'environnement en raison de l'utilisation inappropriée des antimicrobiens chez les animaux d'élevage.

5. L'utilisation des désinfectants ou des antiseptiques ménagers contribue-t-elle à l'incidence de la résistance?

On a largement fait état du lien qui existe entre les désinfectants et les antiseptiques ménagers qui contiennent des agents antibactériens et le développement de la résistance aux antimicrobiens. Leur usage très répandu peut donner lieu à une résistance accrue chez les micro-organismes. Il peut donc non seulement y avoir résistance aux désinfectants, mais également résistance croisée aux antimicrobiens utilisés en médecine humaine.

6. Est-il vrai que la viande achetée au supermarché contien des bactéries résistantes aux antibiotiques?

Des études récentes ont été réalisées sur la présence des bactéries résistantes aux antibiotiques dans la viande ou sur celle-ci, mais l'information sur l'étendue d'une telle contamination est limitée. Le système national de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, présentement mis au point par le Laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire de Santé Canada, surveillera l'apparition de la résistance aux antimicrobiens dans les agents zoonotiques. Les renseignements recueillis à partir des activités de surveillance et de recherche sont essentiels pour contrer la transmission possible de bactéries résistantes aux antibiotiques á l'humain, par la consommation d'aliments.

7. L'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux de ferme est-elle responsable de la propagation de bactéries résistantes?

L'utilisation d'antimicrobiens en agriculture est un facteur qui contribue à l'émergence de bactéries pathogènes résistantes. Toutefois, d'autres facteurs sont également en cause, notamment l'utilisation abusive ou inappropriée des antibiotiques en médecine humaine.

8. Pourquoi utilise-t-on des antimicrobiens dans la production alimentaire de source animale?

Les antimicrobiens sont prescrits à des fins thérapeutiques pour traiter les animaux malades. Toutefois, des agents antimicrobiens sont aussi ajoutés à la nourriture des animaux destinés à l'alimentation pour stimuler leur croissance, améliorer la conversion alimentaire et prévenir diverses infections.

9. Où en est le programme de surveillance de la résistance aux antimicrobiens?

Nos connaissances au sujet de la résistance aux antimicrobiens sont incomplétes, notamment en ce qui a trait au manque de données issues de la surveillance. C'est la raison pour laquelle le Laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire de Santé Canada travaille á l'élaboration un système national intégré de surveillance. Les objectifs d'un tel systéme sont de pour suivre l'évolution de l'utilisation des antimicrobiens ainsi la que propagation de la résistance aux antimicrobiens dans les secteurs de l'agroalimentaire et de l'aquaculture. Des mesures préliminaires ont été prises pour mettre en place l'infrastructure nécessaire. La Direction des médicaments vétérinaires (DMV), le Bureau des dangers microbiens, le Bureau d'innocuité des produits chimiques de la Direction des aliments et le Laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire de Santé Canada ménent en collaboration diverses activités de recherche et de surveillance.

10. Qui a la responsabilité d'approuver l'utilisation d'antimicrobiens au Canada?

Au Canada, la responsabilité de la réglementation des antimicrobiens agricoles est partagée entre la Direction des médicaments vétérinaires (DMV) et l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA). À son tour, la Section des aliments du bétail de l'Agence canadienne d'inspection des aliments assure la conformité de la fabrication et de la vente des aliments de bétail contenant ces antimicrobiens.

11. Quel est le rôle de Santé Canada dans le contrôle de la résistance aux antimicrobiens?

L'enjeu que pose la résistance aux antimicrobiens qui prévoit l'élaboration d'une politique de réglementation globale fondée sur les meilleures données disponsibles figure en tête de liste des priorités de la Direction des médicaments vétérinaires (DMV) de Santé Canada.

La conférence de concertation de 1997 intitulée Le contrôle de la résistance aux antimicrobiens : Plan d'action intégré pour la population canadienne a mené, en 1999, à la mise sur pied du Comité consultatif d'experts sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux et les conséquences pour la résistance et la santé humaine. Le 28 juin 2002, le Comité a présenté son rapport à la Direction des médicaments vétérinaires de Santé Canada. Le Comité avait pour tâche de fournir à Santé Canada des conseils et de l'aide dans l'élaboration d'options politiques sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux. En plus d'un appui financier et des services de secrétariat offerts au Comité, la Direction a entrepris toute une gamme d'activités visant la mise en place d'un plan d'action stratégique sur la résistance aux antimicrobiens. Voici un aperçu de certaines de ces initiatives :

  • La Direction fournit les ressources nécessaires aux activités de recherche et de surveillance sur la résistance aux antimicrobiens du Laboratoire de lutte contre les zoonoses d'origine alimentaire de Santé Canada ainsi que du Bureau d'innocuité des produits chimiques et du Bureau des dangers microbiens de la Direction des aliments.
  • La Direction a formé son équipe de travail sur la résistance aux antimicrobiens pour examiner les différentes questions liées à la réglementation et aux information exigées relatives aux présentations des nouveaux agents antimicrobiens vétérinaires ainsi que de ceux qui sont approuvés.
  • Le Comité d'orientation interministériel sur la résistance aux antimicrobiens, créé en janvier 2002, travaille à l'élaboration de politiques et de stratégies de gestion des risques relatives à l'utilisation d'agents antimicrobiens chez les humains et les animaux. Ce comité est formé de représentants de Santé Canada, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), d'Environnement Canada et de Pêches et Océans Canada.
  • La Direction joue également un rôle de chef de file sur le plan international en :
    • révisant les mesures recommandées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS);
    • collaborant avec le CVM (Centre for Veterinary Medicine) de la FDA (U.S. Food and Drugs Administration);
    • participant au VICH en tant qu'observateur;
    • participant à titre de membre du Comité du Codex sur les résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments de la FAO.

12. Si la résistance aux antimicrobiens a été notée il y a déjà plusieurs années, pourquoi Santé Canada a-t-il attendu si longtemps avant d'intervenir?

En raison de la complexité de la question, il était très important de se doter des ressources nécessaires à cette étude. Nous possédons maintenant l'expertise et les compétences requises. Nous avons mis en place une infrastructure permettant de recueillir les données nécessaires à l'élaboration de politiques et de plans d'action sur la résistance aux antimicrobiens. La Direction des médicaments vétérinaires de Santé Canada est à la tête des efforts interministériels fédéraux consacrés aux aspects politiques et scientifiques de la résistance aux antimicrobiens. De plus, la Direction a examiné attentivement les commentaires reçus des intervenants sur le rapport du Comité consultatif d'experts sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux et son incidence sur la résistance et la santé humaine. En décembre 2002, la Direction a proposé une réponse aux 38 recommandations de ce rapport. Avant de prendre des décisions définitives quant à la mise en oeuvre de toute recommandation mise de l'avant par le Comité consultatif, la Direction prévoit mener un processus de consultation au début de 2003 pour faire en sorte que les points de vue des intervenants soient pris en considération.

13. Est-ce que Santé Canada envisage d'interdire l'utilisation d'antimicrobiens comme stimulateurs de croissance chez les animaux destinés à l'alimentation?

L'utilisation de stimulateurs de croissance antimicrobiens chez les animaux destinés à la consommation et son impact possible sur la résistance des pathogènes humains font l'objet d'un débat animé à l'échelle internationale, dans les milieux scientifiques ainsi qu'au sein de l'industrie de la santé animale. La Direction des médicaments vétérinaires de Santé Canada est chargée de l'approbation des antimicrobiens vétérinaires au Canada et soutient les activités de surveillance visant à évaluer les impacts possibles sur la santé publique de l'utilisation de stimulateurs de croissance antimicrobiens. On s'affaire actuellement à recueillir et à analyser les données issues de la surveillance, lesquelles joueront un rôle important dans l'élaboration de nouvelles politiques et de nouvelles approches.

Santé Canada sait que l'utilisation de quatre antimicrobiens comme stimulateurs de croissance (la tylosine, la spiramycine, la bacitracine et la virginiamycine) chez les animaux de ferme destinés à l'alimentation humaine a été frappée d'interdiction par l'Union européenne. D'autres pays, dont le Canada, examinent attentivement les données existantes et envisagent de prendre des mesurès similaires. Ces stimulateurs de croissance antimicrobiens ont été interdits en raison de leur similarité structurelle aux antimicrobiens utilisés en médecine humaine.

14. Existe-t-il des solutions de rechange à l'utilisation des antibiotiques chez les animaux d'élevage?

Les antibiotiques représentent toujours nos meilleures armes pour lutter contre les bactéries pathogènes en médecine vétérinaire et humaine. Ils sont également utilisés pour stimuler la croissance chez les animaux. Les chercheurs étudient actuellement un certain nombre de solutions de rechange à l'utilisation des antimicrobiens chez les animaux producteurs d'aliments.

15. Que devrait faire le public pour préserver l'utilité des antibiotiques actuellement disponibles pour le traitement des infections chez les humains?

La résistance aux antimicrobiens constitue un problème de santé publique d'ampleur mondiale nécessitant une intervention urgente et concertée de la part des citoyens, des gouvernements, des médecins, des vétérinaires, des éleveurs, de l'industrie pharmaceutique ainsi que des organismes de santé publique nationaux et internationaux.

Vous pouvez prendre les précautions suivantes :

  • Si vous travaillez avec du bétail, assurez-vous que les conditions soient hygiéniques; vous aurez ainsi moins besoin d'antibiotiques. Suivez les instructions sur l'étiquette concernant l'utilisation du produit et la disposition des déchets. On incite les éleveurs à maintenir de meilleures conditions d'hygiène sur la ferme afin d'éviter le recours aux antibiotiques.
  • Ne prenez pas d'antibiotiques pour le traitement du rhume, de la grippe et d'autres infections virales. Il faut savoir que les antibiotiques ne sont pas efficaces dans tous les cas. Par exemple, 90 p. 100 des rhumes et des grippes, ainsi que la toux, les maux de gorge, et la douleur qui les accompagnent, sont causés par des virus. Les antibiotiques sont inefficaces contre les virus.
  • Prenez les médicaments de la façon prescrite par votre médecin ou pharmacien. Ne cessez jamais de prendre un médicament en cours de traitement sans en discuter au préalable avec votre médecin à moins de ressentir un effet indésirable grave. Il faut toujours prendre la dose complète de l'antibiotique prescrit. Parfois, l'infection ou les symptômes se résorbent plus tôt, mais les bactéries peuvent encore être présentes. Par la suite, les bactéries survivantes peuvent se rétablir et devenir plus résistante à cet antibiotique.
  • Ne partagez pas vos médicaments d'ordonnance avec une autre personne. De tels médicaments ne doivent jamais être utilisés à d'autres fins que celle pour laquelle ils ont été prescrits. Utiliser un médicament inapproprié peut accroître le problème de la résistance.
  • Ne jetez jamais un médicament non utilisé dans la toilette, l'évier ou la poubelle. Les substances actives se retrouveraient alors dans la nappe phréatique, et on pourrait ainsi accroître la résistance. Demandez à votre pharmacien s'il existe un programme de recyclage où si l'on dispose des médicaments de façon écologique.
  • Évitez d'utiliser sans raison un savon antibactérien et des nettoyants ménagers qui « combattent les bactéries ».
  • Lavez-vous les mains avec un savon ordinaire et de l'eau durant au moins 20 secondes. C'est la façon la plus efficace de prévenir tous les types d'infection.
  • Entreposez, manipulez et préparez la nourriture avec prudence. Lorsque vous préparez la nourriture, lavez bien la planche à découper avec du savon et de l'eau. Lavez à grande eau tout fruit ou légume qui sera consommé cru.

Glossaire

Micro-organisme :
organismes microscopiques, dont les bactéries, les levures, les protozoaires, les algues et les virus.
(Question 1) (Question 2) (Question 4) (Question 5)

Mutation :
altération ou modification du matériel génétique.
(Question 4)

Pathogène :
agent qui cause une maladie.
(Question 2) (Question 6) (Question 13)

Sensibles aux médicaments :
micro-organismes qui peuvent être détruits ou dont la multiplication peut être entravée par des antibiotiques.
(Question 4)

Zoonoses /Agents zoonotiques :
zoopathogènes qui peuvent provoquer des maladies chez l'humain.
(Question 6) (Question 9) (Question 11)

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