Connaissances et attitudes des Canadiens à l’égard de la décriminalisation des drogues : résultats d’une recherche sur l’opinion publique
Sur cette page
- Contexte de l'exemption de la Colombie-Britannique concernant la possession de certaines drogues illégales à des fins personnelles
- Approche du suivi des attitudes des Canadiens à l'égard de la décriminalisation des drogues
- À propos de la recherche sur l'opinion publique (ROP)
- Points saillants des résultats de la ROP
- Conclusions
Contexte de l'exemption de la Colombie-Britannique concernant la possession de certaines drogues illégales à des fins personnelles
À la demande du gouvernement de la Colombie-Britannique, une exemption concernant la possession de certaines drogues illégales à des fins personnelles a été accordée aux adultes âgés de 18 ans et plus dans la province. La Colombie-Britannique (C.-B.) qualifie cette exemption de forme de décriminalisation.
Du 31 janvier 2023 au 31 janvier 2026, les adultes ne seront plus poursuivis en justice ni soumis à des saisies de drogues pour possession à des fins personnelles d'un maximum de 2,5 grammes de n'importe quelle combinaison :
- d'opioïdes
- de cocaïne
- de méthamphétamines
- de MDMA
En lieu et place de sanctions pénales, les individus se verront offrir des ressources de santé et un soutien social. Cela englobe également une assistance pour être orienté vers des services de traitement et de rétablissement locaux, en cas de demande.
Approche du suivi des attitudes des Canadiens à l'égard de la décriminalisation des drogues
Santé Canada recueille des données au niveau national sur les connaissances et les attitudes des Canadiens à l'égard de la décriminalisation des drogues. Pour réaliser ce travail, Santé Canada a déterminé un ensemble d'indicateurs pour assurer le suivi des changements en ce qui concerne :
- la stigmatisation
- les attitudes à l'égard de la consommation de drogues
- la perception de la sécurité publique
Les données recueillies dans le cadre de la recherche sur l'opinion publique (ROP) joueront un rôle fondamental en tant qu'informations pour ce travail.
À propos de la recherche sur l'opinion publique (ROP)
La ROP a été menée par le Bureau du Conseil privé (BCP), utilisant 2 échantillons aléatoires distincts de 2 000 adultes canadiens âgés de 18 ans et plus. Des questions sur les attitudes à l'égard des personnes qui consomment des drogues et sur la décriminalisation ont été posées du 27 février au 12 mars 2023. Les questions sur les connaissances concernant la décriminalisation ont été posées du 17 avril au 30 avril 2023. Les répondants ont été sélectionnés au hasard, avec une représentation proportionnelle de l'ensemble du Canada. À moins d'indication contraire, les résultats présentés dans ce rapport sont exprimés en pourcentages. Il peut arriver que les totaux ne correspondent pas à 100 %, les chiffres étant arrondis et certaines questions admettant la réponse « incertain(e) ».
Les questions portaient à la fois sur les attitudes et les connaissances en la matière :
- les préférences envers les approches visant à lutter contre l'utilisation de substances, avec une focalisation sur l'importance des services sociaux et de santé par rapport à l'intervention des forces de police
- les sentiments généraux d'empathie envers les individus aux prises avec des troubles liés à l'utilisation de substances
- les opinions globales concernant le degré de facilité d'une personne à discuter avec des amis et des membres de la famille de sa consommation de substances
- les avantages et les inconvénients perçus de la décriminalisation
- L'attention a également été portée sur l'amélioration de l'accès aux services sociaux et de santé pertinents, la réduction de la stigmatisation, l'augmentation des méfaits et la sécurité réduite au sein de la collectivité
La ROP comprenait également quatre questions auxquelles il fallait répondre vrai ou faux pour évaluer les connaissances des répondants sur les détails de l'exemption de la C.-B. concernant la possession de drogues à des fins personnelles.
Points saillants des résultats de la ROP
Attitudes
Pour traiter les problèmes d'utilisation de substances, 49 % des Canadiens préféraient que l'on privilégie la facilité d'accès aux services sociaux et de santé plutôt que l'intervention des forces de police, laquelle représente 7 % des personnes interrogées (Figure 1). Cependant, un pourcentage de 35 % a considéré que les deux approches étaient tout aussi adéquates, tandis que 6 % ont conclu que ni l'une ni l'autre n'était pertinente.
Les personnes nées au Canada, les femmes ainsi que celles ayant un niveau d'éducation et de revenus supérieurs présentent une inclination plus marquée à privilégier une approche axée sur l'accès aux services sociaux et de santé dans la lutte contre l'utilisation de substances (Figure 2a).
Alors que la préférence en faveur d'une intervention des forces de police pour combattre l'utilisation de substances est minoritaire au sein de la population canadienne, il a été observé que les hommes ainsi que les individus ayant des niveaux de revenu et d'éducation plus bas sont plus enclins que les autres à soutenir la répression policière (Figure 2b). Les hommes et les personnes issues des écoles de métier et des collèges ainsi que les immigrants sont plus enclins à estimer que les deux approches sont également pertinentes pour s'attaquer au problème de consommation de substances (Figure 2c).
Une proportion de 88 % des Canadiens exprime le souhait que leurs amis ou membres de la famille qui consomment des drogues puissent se sentir à l'aise pour en discuter avec eux, et 81 % montrent de l'empathie envers les individus aux prises avec des troubles liés à l'utilisation de substances (Figure 3). Les Canadiens ayant un niveau de revenu et d'éducation plus faibles étaient plus enclins à penser que la décriminalisation entraînerait une augmentation des problèmes liés à la consommation de substances et aurait un impact négatif sur la sécurité de leur collectivité. Bien que 62 % des Canadiens estiment que la décriminalisation faciliterait l'accès aux services sociaux et de santé, une proportion de 51 % pense également qu'elle aurait pour effet d'augmenter les effets néfastes associés à l'utilisation de substances, notamment les cas de surdoses.
Figure 1 - Équivalent textuel
Réponse | Pourcentage (%) |
---|---|
L'importance est accordée à la facilité d'accès aux services sociaux et de santé, y compris les centres de réadaptation et les programmes de rétablissement. | 49 |
Les deux approches demeurent adéquates. | 35 |
L'accent est mis sur l'intervention des forces de police, notamment les accusations au criminel et les peines d'emprisonnement. | 7 |
Ni l'une ni l'autre de ces approches ne se révèle appropriée. | 6 |
Question : Parmi les approches ci-dessous, laquelle jugez-vous la plus appropriée pour lutter contre l'utilisation de substances chez les personnes qui consomment des drogues ?
Source : Enquête du BCP sur les questions d'actualité, réalisée du 27 février au 12 mars 2023
Base : Tous les répondants (Canada : n=2 000)
Figure 2 : Attitudes à l'égard des approches pour lutter contre l'utilisation de substances chez les personnes appartenant à des groupes spécifiques qui consomment des drogues
Figure 2a - Équivalent textuel
Groupe | Pourcentage (%) |
---|---|
Canada | 49 |
C.-B. | 50 |
Alb. | 40 |
Man./Sask. | 47 |
Ont. | 51 |
Qc | 52 |
Atl. | 51 |
Hommes | 43 |
Femmes | 55 |
Autochtones | 52 |
Non-autochtones | 49 |
De 18 à 34 ans | 51 |
De 35 à 54 ans | 50 |
55 ans et plus | 48 |
École secondaire ou moins | 41 |
École de métier/collège | 46 |
Université | 58 |
Moins de 40000 $ | 41 |
De 40000 $ à 100000 $ | 52 |
100000 $ ou plus | 53 |
Immigrants | 41 |
Non-immigrants | 53 |
Figure 2b - Équivalent textuel
Groupe | Pourcentage (%) |
---|---|
Canada | 7 |
C.-B. | 4 |
Alb. | 9 |
Man./Sask. | 5 |
Ont. | 7 |
Qc | 9 |
Atl. | 4 |
Hommes | 9 |
Femmes | 5 |
Autochtones | 11 |
Non-autochtones | 7 |
De 18 à 34 ans | 7 |
De 35 à 54 ans | 7 |
55 ans et plus | 7 |
École secondaire ou moins | 12 |
École de métier/collège | 7 |
Université | 5 |
Moins de 40000 $ | 11 |
De 40000 $ à 100000 $ | 6 |
100000 $ ou plus | 6 |
Immigrants | 8 |
Non-immigrants | 7 |
Figure 2c - Équivalent textuel
Groupe | Pourcentage (%) |
---|---|
Canada | 35 |
C.-B. | 37 |
Alb. | 40 |
Man./Sask. | 36 |
Ont. | 35 |
Qc | 32 |
Atl. | 34 |
Hommes | 38 |
Femmes | 32 |
Autochtones | 26 |
Non-autochtones | 35 |
De 18 à 34 ans | 33 |
De 35 à 54 ans | 34 |
55 ans et plus | 37 |
École secondaire ou moins | 36 |
École de métier/collège | 38 |
Université | 31 |
Moins de 40000 $ | 37 |
De 40000 $ à 100000 $ | 34 |
100000 $ ou plus | 34 |
Immigrants | 41 |
Non-immigrants | 33 |
Question : Parmi les approches ci-dessous, laquelle jugez-vous la plus appropriée pour lutter contre l'utilisation de substances chez les personnes qui consomment des drogues ?
Source : Enquête du BCP sur les questions d'actualité, réalisée du 27 février au 12 mars 2023
Base : Tous les répondants (Canada : n=2 000)
Figure 3 - Équivalent textuel
Questions incitatives : | Tout à fait/quelque peu d'accord (%) | Ni d'accord ni en désaccord (%) | Tout à fait/plutôt en désaccord (%) |
---|---|---|---|
J'aimerais que mes amis ou les membres de ma famille qui consomment des drogues puissent se sentir à l'aise d'en discuter avec moi. | 88 | 3 | 7 |
J'ai de l'empathie envers les individus aux prises avec la toxicomanie. | 81 | 4 | 13 |
Je pense que la décriminalisation faciliterait l'accès aux services sociaux et de santé, incluant les centres de réadaptation et les programmes de rétablissement. | 62 | 7 | 27 |
Je pense que la décriminalisation des drogues réduirait la stigmatisation des personnes qui en consomment. | 56 | 7 | 34 |
Je pense que la décriminalisation des drogues aurait pour effet d'augmenter les effets néfastes associés à l'utilisation de substances, notamment les cas de surdoses. | 51 | 7 | 38 |
Je pense que la décriminalisation des drogues aurait un impact négatif sur la sécurité de la collectivité. | 43 | 8 | 46 |
Question : Dans quelle mesure êtes-vous d'accord ou non avec les énoncés suivants ?
Source : Enquête du BCP sur les questions d'actualité, réalisée du 27 février au 12 mars 2023
Base : Tous les répondants (Canada : n=2 000)
Connaissances
Les questions visant à évaluer les connaissances des Canadiens sur l'exemption de la C.-B. portaient sur les points suivants :
- les différences entre l'exemption et la légalisation
- le rôle de la police dans l'application de l'exemption
- les détails sur les activités impliquant des drogues pour lesquelles cette exemption s'applique en C.-B.
Selon la question posée, entre 57 % et 62 % des Canadiens ont pu fournir des détails précis sur l'exemption de la C.-B. (Figure 4). Cependant, une proportion de 18 % à 24 % des participants a donné des réponses incorrectes, tandis que 15 % à 19 % n'étaient pas certains de leur réponse.
Une meilleure compréhension des détails de l'exemption de la C.-B. a été constatée parmi les groupes suivants (Figure 5) :
- les répondants résidents en C.-B.
- les personnes âgées de 18 à 34 ans
- les personnes ayant un niveau d'éducation et de revenu plus élevé
- les répondants nés au Canada
Figure 4 - Équivalent textuel
Questions incitatives : | Vrai (%) | Faux (%) | Incertain (%) |
---|---|---|---|
Les policiers peuvent fournir les ressources disponibles pour aider les personnes qui consomment des drogues. | 66 | 18 | 15 |
Les personnes qui transportent de petites quantités de certaines drogues illégales pour leur usage personnel ne sont plus arrêtées ou inculpées pour possession à des fins personnelles. | 62 | 21 | 17 |
La possession de diverses drogues n'est plus considérée comme illégale, et les individus transportant des substances illégales ne font plus l'objet d'interpellations de la part des forces de police. | 23 | 60 | 17 |
Les policiers ne surveillent plus la consommation de drogue dans la rue. | 24 | 57 | 19 |
Question : D'après votre compréhension des détails de l'exemption de la C.-B. concernant la possession de drogues à des fins personnelles, les affirmations suivantes sont-elles vraies ou fausses ? (Les réponses correctes sont surlignées dans les cellules plus foncées)
Source : Enquête du BCP sur les questions d'actualité, réalisée du 17 au 30 avril 2023
Base : Tous les répondants (Canada : n= 2 000)
Figure 5 - Équivalent textuel
Groupe | Note d'indice |
---|---|
Canada | 62 |
C.-B. | 68 |
Alb. | 61 |
Man./Sask. | 60 |
Ont. | 59 |
Qc | 63 |
Atl. | 61 |
Hommes | 61 |
Femmes | 62 |
De 18 à 34 ans | 65 |
De 35 à 54 ans | 60 |
55 ans et plus | 61 |
École secondaire ou moins | 58 |
École de métier/collège | 60 |
Université | 66 |
Moins de 40000 $ | 53 |
De 40000 $ à 100000 $ | 63 |
100000 $ ou plus | 67 |
Parents d'enfants de moins de 18 ans | 62 |
Aucun enfant de moins de 18 ans | 62 |
Immigrants | 55 |
Né au Canada | 64 |
Région rurale | 63 |
Région urbaine | 62 |
Indice de compréhension de l'exemption de la C.-B : les répondants obtiennent 25 points pour chaque bonne réponse. Une personne qui répond correctement aux quatre questions obtient une note de 100 (fourchette : de 0 à 100).
Source : Enquête du BCP sur les questions d'actualité, réalisée du 17 au 30 avril 2023
Base : Tous les répondants (Canada : n= 2 000)
Conclusions
Les résultats de cette enquête reflètent les connaissances et les attitudes des adultes Canadiens à l'égard de la décriminalisation des drogues et de l'exemption de la C.-B. Ces conclusions joueront le rôle de point de référence pour suivre les résultats majeurs de l'exemption, en mettant l'accent sur la prise de conscience du public ainsi que sa compréhension des détails de l'exemption et l'utilisation des substances. Les travaux de Santé Canada continueront de compléter les travaux de suivi et d'évaluation menés par le ministère de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique et les Instituts de recherche en santé du Canada.
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