Programme de collecte de données sur le cannabis : Une comparaison entre les produits de cannabis séché légaux et illégaux

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• Résumé
• Qu'est-ce que le Programme de collecte de données sur le cannabis
• Pourquoi avons-nous mené cette enquête
• Qu'avons-nous échantillonné
• Comment les échantillons ont-ils été analysés et évalués
• Quels sont les résultats de l'enquête
• Conclusion
• Annexe A : Liste des résidus de pesticides inclus dans la méthode multi-résidus

Résumé

Le Programme de collecte de données sur le cannabis (le Programme), lancé en 2023 par le Laboratoire Cannabis de Santé Canada, aide Santé Canada à recueillir des informations sur la composition et la qualité des produits de cannabis disponibles au Canada. Les projets du Programme fournissent de nouvelles données sur le cannabis là où l'information peut être limitée, apportant de nouvelles preuves sur les risques potentiels et les tendances émergentes. Cela renforce la capacité de Santé Canada à réglementer l'industrie du cannabis et à informer la population sur les risques pour la santé et la sécurité liés à la consommation de cannabis. Les données issues des projets du Programme orienteront également les futurs efforts en matière de réglementation, d'inspection, de surveillance et de sensibilisation.

Le premier projet du Programme avait pour objectif de produire des données de référence sur les niveaux de Delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) total, les métaux lourds, les mycotoxines, les pesticides et les contaminants microbiens dans le cannabis séché, à la fois légal et illégal, disponibles sur le marché canadien. Dans le cadre de cette enquête initiale, 100 échantillons de cannabis séché (50 légaux et 50 illégaux) ont été analysés, révélant les constats suivants :

• Teneur en THC total : Parmi les produits légaux, une proportion significative présentait des teneurs en THC total inférieures à la quantité déclarée, 48 % d'entre eux ayant des teneurs en THC total inférieures à 80 % de la quantité indiquée sur l'étiquette. Aucun des produits illégaux saisis par les agences d'application de la loi n'ont été soumis au laboratoire pourvu d'une étiquette. L'analyse a révélé une grande variabilité de teneurs, avec des concentrations en THC total allant de moins de 100 mg/g à plus de 250 mg/g.
• Métaux lourds : Tous les échantillons prélevés ont été analysés pour une série de 18 métaux. Parmi les quatre métaux les plus fréquemment testés (arsenic, cadmium, plomb, mercure), un seul échantillon illégal dépassait la limite d'arsenic fixée pour l'inhalation par la United States Pharmacopeia (USP). De manière générale, ces métaux étaient présents dans une proportion nettement plus élevée d'échantillons illégaux. En revanche, le cuivre, le molybdène et le nickel ont été trouvés dans une grande proportion d'échantillons légaux et illégaux, parfois à des concentrations dépassant les limites de tolérance.
• Mycotoxines : Aucune des six mycotoxines analysées n'a été détectée dans les produits légaux. En revanche, six échantillons illégaux contenaient de l'ochratoxine A ou du déoxynivalénol (DON).
• Pesticides : Seuls deux produits légaux présentaient des traces minimes de pesticides (0,01 partie par million [ppm]) sur plus de 300 résidus de pesticides testés. En comparaison, 94 % des échantillons illégaux contenaient plusieurs pesticides, soit une moyenne de 3,4 pesticides par échantillon, pour un total de 24 pesticides différents identifiés, dont certains à des niveaux très élevés. Les pesticides les plus fréquemment trouvés dans les échantillons illégaux sont le myclobutanil et le paclobutrazol.
• Contaminants microbiens : Bien que quelques produits légaux aient été trouvés positifs pour les contaminants microbiens, les produits de cannabis illégaux présentaient des niveaux de contamination microbienne nettement supérieurs au cannabis obtenu sur le marché légal, dépassant souvent les limites de la Pharmacopée européenne (Ph. Eur.). Des pathogènes opportunistes comme Enterobacter cloacae et des bactéries associées aux infections respiratoires telles que Klebsiella spp. et Pseudomonas aeruginosa ont été détectés.

Cette enquête représente une étape importante dans la compréhension de la composition du cannabis séché au Canada. En analysant des échantillons de cannabis séché, Santé Canada a obtenu des données de référence sur les teneurs en THC total, en métaux lourds, en mycotoxines, en résidus de pesticides et en contaminants microbiens, qui révèlent des différences significatives entre les marchés légaux et illégaux.

Les résultats soulignent l'importance de la collecte de données pour identifier les tendances, renforcer la réglementation et améliorer la sécurité des produits. Les projets à venir du Programme s'appuieront sur ces résultats et renforceront la capacité de Santé Canada à protéger la santé publique, à orienter les mesures réglementaires et à aider les Canadiens et les Canadiennes à prendre des décisions éclairées en matière de consommation de cannabis.

Qu'est-ce que le Programme de collecte de données sur le cannabis

Le gouvernement du Canada s'engage à fournir au public les informations dont il a besoin pour prendre des décisions éclairées et réduire les risques pour la santé et la sécurité associés à la consommation de cannabis. La Loi sur le cannabis et le Règlement sur le cannabis établissent un cadre juridique complet pour la production, la distribution, la vente, l'importation, l'exportation et la possession de cannabis au Canada. La loi vise notamment à :

• protéger la santé et la sécurité publiques
• fournir un accès à une offre de cannabis de qualité contrôlée

Lancé en 2023 par le Laboratoire Cannabis de la Direction générale des opérations réglementaires et de l'application de la loi de Santé Canada, le Programme de collecte de données sur le cannabis (le Programme) soutient les efforts de Santé Canada pour recueillir des données sur la qualité et la composition des produits de cannabis légaux et illégaux disponibles sur le marché canadien. Grâce à des projets ciblés de collecte de données, le Programme joue un rôle clé dans l'identification des dangers nouveaux ou émergents, dans l'analyse des tendances et dans la promotion de la conformité à la réglementation canadienne. Ces efforts renforcent la capacité de Santé Canada à réglementer l'industrie du cannabis, tout en informant le public ainsi que les parties prenantes externes sur les risques potentiels pour la santé et la sécurité liés à la consommation de cannabis.

En outre, le Programme orientera les futures activités de promotion de la conformité, d'inspection, de surveillance et de sensibilisation. Lorsqu'une analyse révèle des lacunes dans les produits légaux, des mesures de conformité et d'application de la loi appropriées seront mises en œuvre pour réduire les risques en matière de santé et de sécurité, au besoin.

Pourquoi avons-nous mené cette enquête

L'objectif de cette enquête était de collecter de manière proactive un large éventail de données analytiques sur les produits de cannabis séché légaux et illégaux. Les analyses portaient sur les taux de THC total, les métaux lourds, les résidus de pesticides, les mycotoxines et les contaminants microbiens. Ces données visent à fournir une base initiale pour comprendre la composition et les contaminants présents dans les produits de cannabis séché disponibles au Canada. Le cannabis séché a été choisi comme premier sujet d'étude car il représente la forme de cannabis la plus couramment consommée depuis la légalisation^{Note de bas de page 1}.

Les niveaux de cannabinoïdes dans les produits de cannabis peuvent changer avec le temps, ce qui a un impact sur leur composition et leur qualité. Les composés comme le THC sont sensibles à la lumière, à la chaleur et à l'oxygène, ce qui peut entraîner une dégradation et une perte de puissance du produit. Ainsi, les teneurs en cannabinoïdes indiquées sur l'étiquette, qui reflètent la puissance au moment de l'emballage, peuvent différer des niveaux réels au fil du temps. De plus, certains produits affichent des taux de THC totaux plus élevés que ceux qu'ils contiennent en raison de la précision des tests, d'un échantillonnage non représentatif ou du phénomène connu d'inflation du THC. Par exemple, si les échantillons ne sont pas mélangés uniformément avant d'être testés ou si les étalons de référence se sont dégradés, les taux de THC totaux peuvent ne pas être représentatifs de l'ensemble du lot, ce qui entraîne des résultats incohérents ou inexacts sur les étiquettes.

La contamination est un autre problème potentiel lié aux produits de cannabis et peut survenir à toutes les étapes de production, de la culture à l'emballage, en passant par la transformation. Les conditions chaudes et humides pendant la culture favorisent le développement de moisissures, comme Aspergillus spp., qui peuvent produire des toxines nocives appelées mycotoxines. Des bactéries peuvent également se développer si les produits ne sont pas entreposés correctement, en particulier dans des environnements humides. Des pesticides peuvent être présents en raison d'une exposition environnementale ou d'une utilisation délibérée par les producteurs pour protéger les cultures. Les métaux, naturellement présents dans l'eau, le sol et l'air, peuvent s'accumuler dans les plantes de cannabis. Certains métaux, comme l'arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure, présentent des risques pour la santé, même à de faibles niveaux.

En collectant des données sur la teneur et les contaminants présents dans les produits de cannabis séché disponibles sur le marché canadien, cette enquête renforce la capacité du gouvernement du Canada à réglementer l'industrie du cannabis et son engagement à fournir aux Canadiens et aux Canadiennes les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées et réduire les risques pour la santé et la sécurité associés à la consommation de cannabis.

Qu'avons-nous échantillonné

Au total, 50 produits légaux de cannabis séché ont été achetés auprès de cinq détaillants au Canada, à la fois en ligne et en magasin. Ces détaillants étaient situés dans quatre régions géographiques du Canada : Atlantique, Québec, Prairies et Colombie-Britannique. Les produits ciblés contenaient principalement du THC (avec peu ou pas de cannabidiol (CBD)) et leur teneur en THC total ne dépassait pas environ 250 mg/g.

L'objectif était de sélectionner des produits de cannabis séché (à l'exclusion des produits pré-roulés) provenant du plus grand nombre possible de marques, de titulaires de licence et de provinces d'origine. Les produits ont été sélectionnés aléatoirement parmi 50 titulaires de licence différents (tableau 1) et ont été échantillonnés entre septembre et décembre 2023. Les dates d'emballage des produits reçus allaient d'octobre 2022 à septembre 2023. Tous les produits légaux collectés étaient étiquetés avec une mention précisant qu' « aucune date de péremption n'a été déterminée ».

Dans le cadre de ce projet, 50 échantillons illégaux saisis par les agences d'application de la loi à travers le Canada ont été soumis au laboratoire pour analyse, en ciblant différentes sources et divers lieux (tableau 2). Aucun des produits illégaux de cannabis saisis par les forces policières ne comportait d'étiquette lorsqu'ils ont été soumis au laboratoire.

Comment les échantillons ont-ils été analysés et évalués

Tous les produits de cannabis recueillis ont été analysés par les laboratoires de cannabis, des pesticides et de microbiologie de Santé Canada. Ces laboratoires sont des installations accréditées selon la norme 17025 de l'Organisation internationale de normalisation (ISO) et soutiennent les activités d'inspection de Santé Canada liées au cannabis. Cette enquête n'a pas tenu compte des conditions d'entreposage des produits sur le marché. Les analyses ont été effectuées sur les produits tels qu'ils ont été vendus ou saisis.

Au Canada, le Règlement sur le cannabis exige que les étiquettes des produits de cannabis séché indiquent clairement les quantités de THC et de CBD. Par ailleurs, tout contaminant microbien ou chimique doit respecter les limites de tolérance acceptées pour l'usage humain, en fonction de l'usage prévu et de tout usage raisonnablement prévisible de produit de cannabis, tel que stipulé dans les publications énumérées à l'annexe B de la Loi sur les aliments et drogues.

Pour recueillir des données sur la composition des produits de cannabis séché légaux et illégaux disponibles sur le marché canadien, les paramètres suivants ont été évalués (tableau 3) :

Quels sont les résultats de l'enquête

Teneur en THC

Les analyses ont été réalisées par chromatographie liquide à ultra-haute performance (UHPLC) en phase inverse, avec des détecteurs ultraviolets (UV) et de spectrométrie de masse (MS).

La concentration de THC total déclarée sur les produits achetés pour ce projet variait de 143 mg/g à 261 mg/g, comme illustré ci-dessous (figure 1).

La figure 2 compare les concentrations de THC total dans les produits légaux de cannabis séché avec les valeurs indiquées sur leurs étiquettes. Bien que le Règlement sur le cannabis ne précise pas de limite pour la variabilité de la concentration de THC total dans le cannabis séché, 26 produits contenaient au moins 80 % de la quantité de THC total indiquée. Toutefois, une proportion importante des produits présentaient des concentrations en THC total inférieures à 80 % de la quantité indiquée sur leur étiquette, 14 produits ayant des teneurs comprises entre 70 et 80 % et 10 produits ayant moins de 70 % de la teneur déclarée.

Aucune corrélation n'a été observée entre des niveaux élevés de cannabinol total (CBN) – un marqueur de dégradation du THC - et les produits présentant des taux de THC total inférieurs à ceux indiqués sur leurs étiquettes. Cela suggère que ces écarts ne peuvent pas être attribués à la dégradation des produits. De même, aucune relation claire n'a été identifiée entre les faibles concentrations de THC total et les dates d'emballage des produits.

Ces résultats montrent qu'une partie des produits se rapprochent de leur teneur déclarée, mais une proportion significative présente des taux de THC total inférieurs à la quantité indiquée sur l'étiquette, ce qui peut limiter la capacité des consommateurs à doser correctement leur cannabis. Des étiquettes inexactes peuvent nuire à la perception qu'ont les consommateurs de la qualité des produits de cannabis légaux et réduire leur confiance envers le marché légal.

Pour le cannabis séché illégal, les analyses ont révélé une large gamme de teneur en THC total parmi les 50 échantillons analysés (Figure 3). Une proportion importante (23 produits) contenait des taux de THC total supérieurs à 175 mg/g, avec quelques échantillons atteignant entre 250 et 275 mg/g, ce qui indique une puissance élevée ou une possible falsification avec du kief ou du THC ajouté. En revanche, 21 produits affichaient des concentrations de THC total comprises entre 125 et 174 mg/g, ce qui suggère des puissances modérées. Les autres échantillons présentaient des teneurs en THC total plus faibles, avec 6 produits contenant moins de 125 mg/g, dont 3 avec des concentrations en THC total inférieures à 100 mg/g. Cette variabilité pourrait être attribuée à la différence de fraîcheur des échantillons soumis par les agences d'application de la loi, car des niveaux plus élevés de CBN total ont été observés dans les échantillons illégaux présentant des concentrations plus faibles en THC total. Cependant, la dégradation des échantillons ne peut pas être confirmée dans le cadre de cette étude.

Il n'est pas possible de tirer de conclusions générales sur la teneur typique du cannabis séché légal par rapport au cannabis séché illégal. Ce projet incluait uniquement des produits légaux contenant jusqu'à environ 250 mg/g de THC total, et les échantillons illégaux ont été soumis sans information sur leur concentration en THC total, leur origine et leur date de saisie. Enfin, il convient de noter que les produits échantillonnés dans le cadre de ce projet pourraient ne pas être entièrement représentatifs des produits légaux et illégaux disponibles sur le marché canadien.

Métaux lourds

Les analyses ont été réalisées par spectrométrie de masse en tandem à plasma à couplage inductif (ICP-MS/MS) pour détecter la présence de 18 métaux dans le cannabis séché.

En ce qui concerne l'arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure, sur l'ensemble du cannabis séché testé, un seul échantillon illégal présentait un niveau d'arsenic supérieur à la limite de tolérance USP fixée pour l'inhalation (en supposant une consommation maximale de 10 g de cannabis séché par jour). Cependant, ces métaux étaient globalement présents dans une proportion nettement plus élevée d'échantillons illégaux. La figure 4 (a, b, c) et le tableau 4 présentent les concentrations de métaux dans les produits légaux et illégaux. Pour certains métaux, notamment le cuivre, le molybdène et le nickel, les niveaux les plus élevés mesurés dépassaient les limites de tolérance dans les deux catégories de produits. Santé Canada caractérise actuellement les risques associés à ces métaux.

Principaux résultats :

• Arsenic : Présent dans 44% des produits illégaux contre 18% des produits légaux. Un échantillon illégal (2 %) dépassait la limite USP (0,2 µg/g), avec une concentration maximale mesurée de 0,29 µg/g, soit presque le double du niveau le plus élevé observé dans les produits légaux (0,16 µg/g).
• Baryum : Un échantillon (2 %) de chaque catégorie de produits dépassait la limite USP (30,0 µg/g). Le niveau le plus élevé mesuré dans les produits illégaux (95,26 µg/g) était plus de deux fois supérieur à celui des produits légaux (40,68 µg/g).
• Cuivre : Détecté dans tous les échantillons, avec 100% des produits légaux et 98% des produits illégaux dépassant la limite USP (3,0 µg/g). Le niveau maximal mesuré dans les produits légaux (63,97 µg/g) était plus de deux fois supérieur à celui des échantillons illégaux (24,01 µg/g).
• Molybdène : Détecté dans presque tous les produits, 74% des produits légaux dépassant la limite USP (1,0 µg/g) contre 16% des échantillons illégaux. Le niveau maximal mesuré dans les produits légaux (9,93 µg/g) était trois fois supérieur à celui des produits illégaux (2,47 µg/g).
• Nickel : Présent dans 78 % des échantillons illégaux et 72 % des échantillons légaux. Au total, deux échantillons ont dépassé la limite USP (0,6 µg/g), à savoir un produit légal (2 %) et un produit illégal (2 %). Toutefois, le niveau le plus élevé observé dans les produits légaux (4,69 µg/g) était plus de cinq fois supérieur à celui des produits illégaux (0,91 µg/g).

Figure 4 : Niveaux de métaux les plus élevés mesurés dans le cannabis séché légal et illégal

Mycotoxines

Les analyses ont été réalisées par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS), conformément à la méthode décrite par Desaulniers Brousseau et al. (2024) dans le Journal of Testing and Evaluation de l'American Society for Testing and Materials (ASTM).

Aucune des mycotoxines testées n'a été trouvée dans les produits légaux. En revanche, six échantillons illégaux ont révélé la présence de mycotoxines, dont trois contenaient de l'ochratoxine A et trois du déoxynivalénol (DON) (tableau 5). Aucune des publications figurant à l'annexe B de la Loi sur les aliments et drogues ne précise de limite de tolérance pour ces deux contaminants dans le cannabis.

Résidus de pesticides

Les analyses ont été réalisées à l'aide d'une méthode multi-résidus complète combinant la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS) et la chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse en tandem (GC-MS/MS), permettant la quantification simultanée de plus de 300 ingrédients actifs de pesticides dans le cannabis. Tous les ingrédients actifs de pesticides détectés ont été quantifiés, mais seuls les cas dépassant le seuil de déclaration de 0,01 ppm ont été inclus dans ce rapport.

Seuls deux produits légaux de cannabis séché contenaient des traces de pesticides (myclobutanil et dichlobénil) au seuil de déclaration du laboratoire de 0,01 ppm. Bien que du dichlobénil ait été quantifié dans un produit légal, cet ingrédient actif ne figure pas sur la liste des résidus de principes actifs de pesticides à rechercher obligatoirement dans le cannabis, soulignant l'importance d'utiliser des méthodes multi-résidus élargies pour ce type de projet de collecte de données.

À l'inverse, comme indiqué au tableau 6, presque tous les échantillons illégaux de cannabis séché (47 sur 50, soit 94 % des produits) contenaient des résidus de pesticides. Ces produits présentaient une moyenne de 3,4 pesticides par échantillon, avec un total de 24 pesticides différents identifiés, dont certains à des concentrations très élevées. Par exemple, le myclobutanil était présent dans 72 % des échantillons illégaux, avec une concentration maximale de 130 ppm. Le paclobutrazol a été trouvé dans 60 % des échantillons, tandis que d'autres pesticides couramment détectés comprenaient le chlorphénapyr (24 %), le fluopyram (24 %), le boscalid (26 %) et les pyréthrines (38 %), tous à des niveaux significatifs. Bien que le butoxyde de pipéronyle n'apparaisse que dans trois échantillons (6 %), il a atteint une concentration extrêmement élevée de 1 700 ppm dans un cas. Ces résultats corroborent les résultats observés dans une étude antérieure (Gagnon et al, 2023).

Contaminants microbiens

Au total, dix échantillons légaux contenaient des contaminants microbiens dépassant les limites de la Pharmacopée européenne (Ph. Eur.), comme l'indique le tableau 7. Les titulaires de licence concernés ont été informés de ces résultats et des mesures appropriées de conformité et d'application de la loi ont été prises pour chacun de ces cas. Notamment, un rappel volontaire a été effectué dans un cas.

Sur les 50 échantillons illégaux reçus, 49 contenaient des quantités suffisantes pour permettre une analyse des contaminants microbiens. Les niveaux de contamination microbienne dans les échantillons illégaux étaient nettement plus élevés que ceux des produits obtenus sur le marché légal, dépassant souvent les limites établies par la pharmacopée européenne. Par exemple, 55 % des échantillons illégaux dépassaient la limite du dénombrement des germes aérobies totaux (DGAT), atteignant jusqu'à 9 millions d'unités formant une colonie (UFC)/g, comparativement à seulement 6 % des produits légaux. Le dénombrement des moisissures et des levures totales (DMLT) et les bactéries Gram-négatives résistantes aux sels biliaires (GNRSB) ont également dépassé les limites de la Ph. Eur. dans 73 % et 43 % des produits illégaux, respectivement. En outre, des contaminants tels que E. coli et Salmonella spp. ont été trouvés uniquement dans les produits illégaux, tandis qu'Aspergillus spp. est apparu deux fois plus fréquemment dans les échantillons illégaux que dans les produits légaux.

Les genres bactériens les plus fréquemment identifiés comprenaient Enterobacter, Pseudomonas et Pantoea, avec une occurrence significativement plus élevée dans les échantillons illégaux. Enterobacter cloacae a été détecté dans 72 % des échantillons illégaux et est reconnu comme un pathogène opportuniste dans la littérature scientifique. D'autres bactéries, telles que Klebsiella spp. et Pseudomonas aeruginosa, associées aux infections respiratoires, ont également été identifiées, principalement dans les échantillons illégaux.

Conclusion

La qualité et la sécurité des produits de cannabis sont influencées par divers facteurs, notamment l'exactitude de l'étiquetage, l'évolution de la teneur en cannabinoïdes au fil du temps et la présence de contaminants. En tant que premier projet de collecte de données à grande échelle du Programme de collecte de données sur le cannabis de Santé Canada, cette enquête marque une étape importante dans la compréhension de la composition du cannabis séché disponible au Canada. Les analyses des échantillons de cannabis séché légaux et illégaux ont permis de générer des données de référence sur les teneurs en THC total, les métaux lourds, les mycotoxines, les résidus de pesticides et les contaminants microbiens.

Les résultats révèlent des écarts significatifs entre les niveaux de THC total mesurés dans les produits légaux de cannabis séché et les quantités déclarées sur leurs étiquettes, mettant en lumière les défis pour l'industrie légale en ce qui concerne la précision des tests, la représentativité de l'échantillonnage et la stabilité des produits. Pour répondre à ces préoccupations, une étude de stabilité est en cours dans le cadre du Programme pour examiner l'évolution des teneurs en THC total des produits de cannabis séché au fil du temps. Ces données seront déterminantes pour éclairer la prise de décision et guider les futures mises à jour réglementaires.

Les résultats montrent que le cannabis illégal présente généralement des niveaux de contamination plus élevés dans la majorité des composantes analysées. Ces constatations soutiennent les messages du gouvernement du Canada encourageant les Canadiens et les Canadiennes à choisir le cannabis légal pour réduire les risques associés à sa consommation. Pour des d'informations sur les avantages de choisir le cannabis légal et des conseils pour différencier les produits légaux des produits illégaux, consultez le site Réduisez vos risques : Choisissez le cannabis légal.

Les résultats de cette étude comblent d'importantes lacunes dans les données sur la composition et la qualité du cannabis séché, ayant des implications directes sur les politiques et la réglementation du cannabis. Ces données renforcent la capacité de Santé canada à comprendre les risques et des effets potentiels liés à la consommation du cannabis. Les résultats soulignent la valeur du Programme dans le cadre du mandat de Santé Canada, qui est de protéger la santé et la sécurité du public. Les conclusions de l'enquête soutiennent les efforts de réglementation, de conformité, d'inspection et de surveillance de Santé Canada, ainsi que ceux des partenaires externes, notamment en santé publique et en application de la loi. Les prochaines étapes de ce travail comprennent, entre autres, la caractérisation des risques associés aux métaux observés au-dessus des limites fixées par l'USP.

Les futurs projets du Programme de collecte de données sur le cannabis continueront à générer des données importantes qui permettront à Santé Canada de mieux conseiller les Canadiens et les Canadiennes et de promouvoir des décisions éclairées concernant la consommation de cannabis. À travers une surveillance et une analyse continues, le Programme vise à renforcer la réglementation, atténuer les risques pour la santé et accroître la confiance des consommateurs dans le marché légal du cannabis au Canada.

Annexe A : Liste des résidus de pesticides inclus dans la méthode multi-résidus

A

• Abamectine
• Acéphate
• Acétamipride
• Acibenzolar-S-méthyle
• Afidopyropen
• Alachlore
• Aldicarbe
• Sulfone d'aldicarbe
• Sulfoxyde d'aldicarbe
• Alléthrine
• Atrazine
• Atrazine-déséthyl
• Azadirachtine
• Azaméthiphos
• Azinphos-éthyl
• Azinphos-méthyl
• Azoxystrobine

B

• Beflubutamid
• Bénalaxyl
• Bendiocarb
• Benfluraline
• Benfuracarb
• Bensulide
• Benthiavalicarb-isopropyl
• Benzovindiflupyr
• Bifénazate
• Bifénox
• Bifenthrine
• Bixafen
• Boscalide
• Bromacil
• Bromopropylate
• Octanoate de bromoxynil
• Bromuconazole
• Bupirimate
• Buprofézine
• Butachlore
• Butraline
• Butylate
• Butoxyde de pipéronyle

C

• Captan
• Carbaryl
• Carbétamide
• Carbofuran
• Carbophénothion
• Carboxine
• Carfentrazone-éthyle
• Chlorantraniliprole
• Chlordiméforme
• Chlorphénapyr
• Chlorfenvinphos
• Chlorméphos
• Chlorothalonil
• Chlorphénapyr
• Chlorprophame
• Chlorpyrifos
• Chlorpyrifos-méthyl
• Chlorthal-diméthyle
• Clodinafop-propargyl
• Clofentézine
• Clomazone
• Cloquintocet-mexyl
• Clothianidine
• Coumaphos
• Crotoxyphos
• Crufomate
• Cyanazine
• Cyanofenphos
• Cyanophos
• Cyantraniliprole
• Cyazofamide
• Cyclaniliprole
• Cycloate
• Cyflufenamid
• Cyflumetofen
• Cyfluthrine
• Cyhalothrine-lambda
• Cymoxanil
• Cyperméthrine
• Cyphénothrine
• Cyproconazole
• Cyazofamide
• Cyclaniliprole
• Cycloate
• Cyflufenamid
• Cyflumetofen
• Cyfluthrine
• Cyhalothrine-lambda
• Cymoxanil
• Cyperméthrine
• Cyphénothrine
• Cyproconazole

D

• Deltaméthrine
• Demeton-O
• Demeton-S
• Déméton-S-méthyl
• Déméton-S-méthyl sulfone
• Desmedipham
• Diazinon
• Diazoxon
• Dichlobénil
• Dichlormid
• Dichlorvos
• Diclofop-méthyl
• Dicloran
• Dicrotophos
• Diéthofencarbe
• Difénoconazole
• Diflubenzuron
• Diméthachlore
• Diméthénamide
• Diméthoate
• Diméthomorphe
• Dimoxystrobine
• Dinitramine
• Dinotéfuran
• Difénamide
• Dipropétrie
• Disulfoton
• Disulfoton sulfone
• Dithiopyr
• Diuron
• Dodémorphe

E

• Endosulfan-alpha
• Endosulfan-bêta
• Endosulfan-sulfaté
• EPN
• EPTC
• Éthaboxam
• Éthalfluraline
• Éthion
• Éthofumésate
• Éthoprophos
• Difénamide
• p,p'-Dicofol
• Étoxazole
• Étridiazole

F

• Famoxadone
• Fénamiphos
• Fénarimol
• Fenbuconazole
• Fénitrothion
• Fénobucarbe
• Fénoxaprop-P-éthyl
• Fénoxycarbe
• Fenpropathrin
• Fenpropidine
• Fenpyroximate
• Fenson
• Fenthion
• Fenvalérate
• Fipronil
• Flampropisopropyl
• Flamprop-M-méthyl
• Flonicamide
• Florasulame
• Fluazifop-P-butyl
• Fludioxonil
• Fluensulfone
• Flufénacet
• Flumetralin
• Flumiclorac-pentyl-ester
• Flumioxazine
• Fluopicolide
• Fluopyram
• Fluorodifène
• Fluoxastrobine
• Flupyradifurone
• Fluridone
• Fluroxypyr-meptyl
• Flusilazole
• Flutianil
• Flutriafol
• Fluvalinate
• Fluxapyroxad
• Fomesafen

H

• Halauxifen-méthyl
• Heptanofos
• Hexazinone
• Hexythiazox
• 3-Hydroxycarbofuran
• S-Hydroprène

I

• Imazalil
• Imazamethabenz-methyl
• Imidaclopride
• Imiprothrine
• Indaziflam
• Indoxacarbe
• Inpyrfluxam
• Ipconazole
• Iprodione
• Isofétamid
• Isopyrazam
• Isoxaben
• Isoxaflutole

K

• Krésoxim-méthyl
• S-Kinoprène

L

• Lactofène
• Linuron

M

• Malaoxon
• Malathion
• Mandestrobine
• Mandipropamid
• Métalaxyl
• Métazachlore
• Metconazole
• Méthamidophos
• Méthidathion
• Méthiocarbe
• Méthomyl
• Méthoxyfénozide
• Métobromuron
• Métolachlore
• Métrafénone
• Métribuzine
• Momfluorothrine
• Monocrotophos
• Monolinuron
• Myclobutanil

N

• Napropamide
• Nitrapyrine
• Nitrothal-isopropyl
• Norflurazon
• Novaluron

O

• Dicarboximide de n-octyle bicycloheptène
• Ométhoate
• Oxadiazon
• Oxadixyl
• Oxamyl
• Oxathiapiproline
• Oxycarboxine
• Oxyfluorfène

P

• Paclobutrazole
• Parathion-méthyle
• Pebulate
• Penconazole
• Pencycuron
• Pendiméthaline
• Penflufen
• Penthiopyrad
• Perméthrine
• Pethoxamide
• Phenmédiphame
• Phénothrine
• Phenthoate
• Phorate
• Phorate sulfone
• Sulfoxyde de phorate
• Phosalone
• Phosmet
• Phosphamidon
• Picolinafen
• Picoxystrobine
• Pirimicarbe
• Pirimiphos-méthyl
• Prallethrine
• Prochloraze
• Procymidone
• Prodiamine
• Profénofos
• Prometon
• Prometryn
• Propachlore
• Propanil
• Propargite
• Propazine
• Propetamphos
• Prophame
• Propiconazole
• Propoxur
• Propyzamide
• Prothiofos
• Pydiflumetofen
• Pyraclostrobine
• Pyraflufen-éthyl
• Pyrazon
• Pyrazophos
• Pyréthrines
• Pyridabène
• Pyrifenox
• Pyrifluquinazon
• Pyriofénone
• Pyriproxyfène
• Pyroxasulfone

Q

• Quinalphos
• Quintozène
• Quizalofop-éthyl

R

• Resméthrine
• Roténone

S

• Sedaxane
• Simazine
• Spinosad (total)
• Spirodiclofène
• Spiromesifen
• Spirotétramate
• Spiroxamine
• Sulfentrazone
• Sulfotep
• Sulfoxaflor

T

• TCMTB
• Tébuconazole
• Tébufénozide
• Tébufenpyrad
• Téflubenzuron
• Téfluthrine
• Terbacile
• Terbuphos
• Terbuméton
• Terbuthylazine
• Terbutryne
• Tétrachlorvinphos
• Tétraconazole
• Tétradifon
• Tétraméthrine
• Tétraniliprole
• Thiabendazole
• Thiaclopride
• Thiaméthoxame
• Thiobencarb
• Thiodicarbe
• Thiofanox
• Tiafenacil
• Tioxazafen
• Tolclophos-méthyl
• Tolpyralate
• Tralkoxydime
• Triadiméfon
• Triadiménol
• Triallate
• Triazophos
• Tribufos
• Trifloxystrobine
• Trifludimoxazin
• Triflumezopyrim
• Triflumizole
• Trifluraline
• Triticonazole

V

• Vinchlozoline

Z

• Zoxamide