Page 3 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique – le tétrachloroéthylène

2.0 Sommaire

Le tétrachloroéthylène est avant tout un produit chimique de synthèse. Au Canada, il est surtout utilisé comme solvant pour le nettoyage à sec et comme intermédiaire dans la synthèse de produits chimiques. Les renseignements dont on dispose sur les rejets de ce produit dans l'eau potable proviennent principalement des déversements signalés. On ne produit plus de tétrachloroéthylène au Canada depuis 1992, mais il continue d'être importé au pays, surtout à partir des États-Unis.

Dans le présent document technique, on recense et on évalue tous les risques que pose la présence de tétrachloroéthylène dans l'eau potable pour la santé, en tenant compte de toutes les voies d'exposition associées à l'eau potable, c'est-à-dire l'ingestion ainsi que l'inhalation et l'absorption cutanée pendant la douche ou le bain.

On y évalue les nouvelles études et méthodologies, et on prend en considération la disponibilité des techniques de traitement appropriées, cela dans le but d'établir une concentration maximale acceptable qui protège la santé humaine et qui peut être mesurée et atteinte grâce aux techniques de traitement employées aux échelles municipale et résidentielle. Sur la base de cet examen, la recommandation pour le tétrachloroéthylène dans l'eau potable est une concentration maximale acceptable de 0,010 mg/L (10 μg/L).

2.1 Effets sur la santé

On a observé à de multiples reprises que le tétrachloroéthylène causait divers types de cancers chez les animaux de laboratoire exposés à ce produit par inhalation ou par ingestion, notamment des tumeurs du foie chez la souris et la leucémie chez le rat. L'évaluation des risques de cancer a été fondée sur les tumeurs du foie chez la souris. Les études sur les effets cancérogènes du tétrachloroéthylène chez l'humain, y compris celles sur l'exposition professionnelle à long terme, sont contradictoires et il n'existe présentement pas de preuves suffisantes pour déterminer si le tétrachloroéthylène est une cause de cancer.

Divers effets non cancérogènes sur la santé ont été observés chez l'humain et les animaux à la suite de l'inhalation ou de l'ingestion de tétrachloroéthylène, notamment des effets sur le système nerveux, le foie, les reins, la reproduction et le développement. L'évaluation des risques autres que le cancer a été fondée sur les effets neurologiques (confusion des couleurs) chez l'humain, cela au niveau d'exposition le plus faible.

On a pris en compte tant l'évaluation des risques de cancer que l'évaluation des risques autres que le cancer pour établir la CMA. L'évaluation des risques autres que le cancer permet d'établir une CMA qui protège la santé humaine des effets cancérogènes et non cancérogènes.

2.2 Exposition

Les Canadiens peuvent être exposés au tétrachloroéthylène dans le cadre de leur travail, ou par sa présence dans l'air, l'eau potable ou les aliments, ou encore à la suite de l'utilisation de certains produits de consommation. L'exposition se fait principalement par le biais de l'air, surtout l'air intérieur. Il est rare de détecter du tétrachloroéthylène dans les approvisionnements d'eau potable au Canada, et sa présence est alors habituellement attribuable à un déversement ou à une autre source de contamination ponctuelle. Comme le tétrachloroéthylène est hautement volatil, on le trouve plus souvent dans les eaux souterraines que dans les eaux de surface. Lorsqu'il est présent dans l'eau potable, le produit peut être absorbé par ingestion, par inhalation et par absorption cutanée. L'établissement de la CMA prend en considération ces voies additionnelles d'exposition par l'eau potable (c.-à-d. pendant le douche ou le bain) en utilisant une approche multi-voies.

2.3 Analyse et traitement

Lorsque l'on établit une recommandation pour la qualité de l'eau potable, il faut prendre en compte tant la capacité de mesurer le contaminant que celle de l'éliminer des approvisionnements d'eau potable. On peut mesurer de manière fiable le tétrachloroéthylène présent dans l'eau potable en concentration équivalant à la CMA.

Les techniques de traitement classiques à l'échelle municipale ne permettent pas d'éliminer efficacement le tétrachloroéthylène. Les meilleures techniques dont on dispose pour l'éliminer de l'eau potable sont l'aération par tour à garnissage (ATG) et le charbon actif en grains (CAG). Compte tenu des techniques qui existent à l'heure actuelle, les usines de traitement municipales devraient être en mesure d'atteindre systématiquement des concentrations inférieures à la CMA.

À l'échelle résidentielle, il existe des dispositifs certifiés de traitement au point d'utilisation capables de réduire les concentrations de composés organiques volatils (COV), comme le tétrachloroéthylène, dans l'eau potable afin de respecter la CMA. Ces dispositifs font appel à des techniques d'adsorption (charbon actif), et on peut les installer sur le robinet (point d'utilisation) ou au point d'arrivée de l'eau dans la maison (point d'entrée). Du point de vue de la santé, on privilégie les dispositifs au point d'entrée pour diminuer les concentrations de COV parce qu'ils traitent l'eau utilisée tant pour l'hygiène corporelle et la lessive que pour la cuisine et la consommation. Ainsi, ils permettent de diminuer les risques d'exposition aux COV par inhalation.

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