Déclaration du Conseil des médecins hygiénistes en chef : Mise en œuvre de la vaccination contre la COVID-19 au Canada — intervalle entre les doses de vaccins
Déclaration
La vaccination est un outil très important pour le contrôle et la gestion à long terme de la lutte à la COVID-19. La disponibilité de vaccins sécuritaires et efficaces contre la COVID-19 constitue une étape décisive dans la lutte contre la pandémie mondiale. Cette réalisation témoigne de la collaboration entre les scientifiques, les fabricants et les gouvernements. Dans le cadre du régime de réglementation des vaccins du Canada, les vaccins font l’objet d’un examen scientifique indépendant. Leur utilisation n’est autorisée au Canada que s’ils répondent à des normes rigoureuses en matière de sécurité et d’efficacité. À ce jour, deux vaccins, Pfizer-BioNTech et Moderna, ont satisfait à ces exigences et sont maintenant disponibles pour vacciner les Canadiens.
Les provinces et les territoires s’affairent actuellement à vacciner rapidement et en toute sécurité les Canadiens, à mesure qu’on obtient des doses des fabricants. Les vaccins seront d’abord administrés aux groupes courant les plus grands risques d’effets graves de la maladie, d’hospitalisation et de décès, ainsi qu’aux travailleurs du réseau de la santé qui œuvrent auprès de ces individus à risque et qui sont des personnes clés pour protéger l’intégrité de notre système de soins de santé. Tout au long de 2021, les vaccins seront mis à la disposition d’un nombre croissant de groupes de personnes, à mesure que les quantités de doses augmenteront, jusqu’à ce que tous les Canadiens éligibles aient été vaccinés.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, notre travail concerté à titre de médecins hygiénistes en chef du Canada a consisté à comprendre comment cette infection virale se propageait et à établir quels groupes de personnes sont les plus à risque de contracter la maladie, d’être hospitalisées ou de succomber à la maladie. Cette information, de même que les faits scientifiques émergents, éclairent nos décisions quant à la meilleure utilisation des vaccins contre la COVID-19 pour enrayer le plus rapidement possible la pandémie. D’importantes questions qui orienteront nos programmes de vaccination sont toujours sans réponses, incluant la durée de la protection conférée par le vaccin et les effets des vaccins en ce qui a trait à la prévention de la propagation du virus. Nous utilisons les données à notre disposition, et nos décisions se fondent dans le plus grand intérêt possible de la santé publique pour le Canada.
Le Canada, à l’instar d’autres pays, est aux prises actuellement avec une intensification de la pandémie – le nombre de cas de COVID-19 augmente, la capacité des systèmes de santé est fortement surchargée dans certaines régions et le risque de maladie grave et de décès augmente lui aussi. Compte tenu de ces circonstances, des contraintes actuelles par rapport à la disponibilité des vaccins et de la nécessité de vacciner rapidement le plus grand nombre possible de personnes les plus à risque, les autorités de la santé publique étudient diverses possibilités, incluant de retarder l’administration de la deuxième dose des vaccins Pfizer et Moderna. Cette option est prise en considération seulement lorsqu’elle s’avère nécessaire afin de donner à un plus grand nombre de personnes à risque élevé un accès plus rapide au vaccin dans les régions où le nombre de cas augmentent rapidement et que la situation est considérée critique au niveau de la capacité du système de soins de santé. Cette démarche est conforme à l’exigence des deux doses approuvée par Santé Canada, mais offre de la flexibilité afin de protéger plus rapidement les personnes plus à risque et les travailleurs du réseau de la santé qui œuvrent auprès d’eux dans les secteurs où les cas de COVID-19 sont en croissance.
Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) traite de la question du retardement de la deuxième dose du vaccin dans son document mis à jour intitulé Recommandations sur l’utilisation des vaccins contre la COVID-19. En tenant compte des limites des données actuellement disponibles, le CCNI recommande que, bien que la deuxième dose devrait autant que possible être administrée selon l’horaire approuvé, les provinces et les territoires peuvent considérer retarder la deuxième dose pour des raisons logistiques ou épidémiologique jusqu’à ce qu’une quantité suffisante de vaccins soit disponible, préférablement au cours des 42 jours (6 semaines) suivant la première dose. Selon le point de vue expert de l’organisation, il est attendu que cette augmentation de l’intervalle devrait garantir une grande efficacité du vaccin similaire à ce qui a été observé lorsque la deuxième dose est administrée 21 jours ou 28 jours après la première. Ce point de vue est conforme aux recommandations publiées le 8 janvier 2021 par l’Organisation mondiale de la Santé et qui confèrent une certaine souplesse permettant de repousser jusqu’à 42 jours l’administration de la deuxième dose en cas de contrainte quant au nombre de doses disponibles et si le nombre de cas est élevé.
Les médecins hygiénistes en chef du Canada appuient les recommandations du CCNI. Nous convenons qu’il faille maintenir les deux doses des vaccins Pfizer et Moderna, compte tenu des données probantes et des autorisations réglementaires actuelles, et des efforts doivent être faits pour respecter l’horaire du fabricant de vaccin. La souplesse offerte par l’étirement raisonnable de l’intervalle entre les doses jusqu’à concurrence de 42 jours, selon les besoins opérationnels et la prévisibilité accrue de l’approvisionnement des doses de vaccins, viennent appuyer notre objectif de santé publique qui consiste à protéger les groupes à risque élevé le plus rapidement possible. De plus, nous nous engageons à évaluer les effets de l’étirement de l’intervalle entre les doses, à travailler ensemble pour surveiller l’efficacité et la sécurité des vaccins et à enquêter et rapporter tout incident indésirable. Nous nous engageons aussi à utiliser ces données et les données provenant d’études internationales pour éclairer nos décisions à l’avenir. Lorsqu’il est jugé nécessaire pour un programme d’augmenter l’intervalle entre les doses au-delà de 42 jours, basé sur des données d’épidémiologies spécifiques et sur leur impact, ce programme doit surveiller de près les effets observés et partager régulièrement les résultats, lesquels seront ajoutés à la base de données probantes qui ne cesse de s’élargir.
À tire de médecins hygiénistes en chef du Canada, nous poursuivrons notre collaboration étroite afin d’adapter nos approches à mesure que la situation et la science évolueront et de fournir de l’information claire et fondée sur les données probantes, pour assurer en tout temps la sécurité et la santé des Canadiens. Les vaccins représentent une très importante stratégie pour gérer l’infection à la COVID-19 et réduire le nombre d’hospitalisations et de décès. Il faudra toutefois maintenir d’autres stratégies jusqu’à ce que cette pandémie se résorbe. Puisque le nombre de cas augmente et que la capacité des systèmes de santé est surchargée dans bien des régions, nous exhortons les Canadiens à se protéger et à protéger les autres en suivant les mesures de santé publique et les conseils de l’autorité de santé publique de leur région.
Les membres du CMHC comprennent les médecins hygiénistes en chef de l’ensemble des provinces et des territoires, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la conseillère médicale principale de Santé Canada, le praticien de la santé publique du niveau le plus élevé de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuit des Services aux Autochtones Canada, le médecin en chef de l’autorité de la santé des Premières Nations et les membres ex-officio de d’autres ministères fédéraux.
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