Allocution de l’administratrice en chef de la santé publique, le 13 décembre 2021
Discours
Le 13 décembre | Ottawa (Ontario) | Agence de la santé publique du Canada
La pandémie de la COVID 19 continue de provoquer du stress et de causer de l'anxiété à de nombreux Canadiens, particulièrement à ceux qui n'ont pas accès à leur réseau de soutien habituel. Le portail en ligne Espace mieux-être Canada offre aux personnes de tous âges partout au pays un accès immédiat à du soutien en matière de santé mentale et de toxicomanie sans frais et de façon confidentielle. Ces services sont accessibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Merci à tous de votre présence à l'occasion du dévoilement de mon rapport annuel de 2021 : « Une vision pour transformer le système de santé publique du Canada ».
La COVID-19 représente la plus grande crise de santé publique que notre pays ait connue en un siècle. Dès le début de la pandémie, le système de santé publique du Canada a été mis en lumière, en tant que première ligne de défense contre le virus du SRAS CoV-2. Si la santé publique a toujours travaillé en coulisse pour protéger et améliorer la santé des gens partout au pays, notre travail est toutefois devenu beaucoup plus visible au cours des deux dernières années.
Chaque année, dans le cadre de mon mandat, je présente un rapport annuel sur l'état de la santé publique au Canada. Cette année, alors que nous nous trouvons à un moment critique, soit celui où nous continuons de lutter contre la pandémie, mais où nous nous tournons également vers le rétablissement, je reviens sur la gestion de la pandémie au Canada et je propose des mesures clés pour renforcer notre système de santé publique et faire en sorte que nous soyons mieux outillés pour l'avenir.
À titre d'administratrice en chef de la santé publique du Canada, je dis souvent que mon patient, c'est la population. C'est ça, travailler en santé publique. Cette dernière se préoccupe de la santé de la population dans son ensemble. Sa mission est de prévenir les blessures et les maladies, de promouvoir des comportements sains et de veiller à ce que TOUTES les personnes aient des chances égales de rester en santé. La santé publique, c'est l'éclosion qui n'a pas eu lieu, le traumatisme qui n'a pas eu lieu et la surdose d'opioïdes qui a été évitée.
La COVID-19 a mis à l'épreuve le système de santé publique du Canada. Au cours des deux dernières années, il s'est en effet mis en mode intensif, pour s'adapter rapidement pour pouvoir relever le défi de protéger notre santé pendant une pandémie. Contre toute attente, il a gagné son pari, mais à un coût important. Notre système de santé publique a été dangereusement affaibli et il a besoin de renforts cruciaux.
Et comme nous l'a rappelé l'émergence du variant Omicron, la santé publique doit être prête et capable de réagir à tout moment lorsque de nouvelles menaces pour notre santé surviennent.
La demande de renouvellement de la santé publique au Canada n'est pas nouvelle. Elle a trouvé écho chez de nombreux autres intervenants sur le terrain au fil des ans, y compris dans les rapports annuels d'anciens administrateurs en chef de la santé publique, et ce, depuis 2008. Toutefois, la pandémie de COVID-19 a servi de signal d'alarme important.
En termes simples, nous n'étions pas prêts à faire face à une urgence de santé publique de l'ampleur de la COVID-19. Nous ne pouvons plus ignorer les voix qui s'élèvent ou reporter des décisions nécessaires : des signes de plus en plus alarmants montrent que nous devons agir maintenant.
Comme je l'ai mentionné dans le rapport annuel del'an dernier intitulé Du risque à la résilience : une approche axée sur l'équité concernant la COVID-19, les Canadiens n'étaient pas sur un pied d'égalité lorsque la pandémie s'est installée. Des inégalités plus vastes dans notre société, y compris le colonialisme, le racisme et d'autres formes de stigmatisation, ont créé des répercussions disproportionnées de la COVID-19 sur la santé de certaines populations au Canada.
Cette année, la lutte contre la pandémie demeure la priorité absolue du Canada, mais d'autres défis complexes en matière de santé publique nécessitent également une attention urgente. Il s'agit notamment des effets des changements climatiques sur la santé, de la crise des surdoses d'opioïdes, de la résistance aux antimicrobiens et de la dégradation de la santé mentale. Nous savons que ceux que la COVID-19 aura le plus durement touchés seront aussi ceux qui subiront les conséquences les plus marquées d'autres crises sanitaires.
Nous devons prendre des mesures pour veiller à ce que tous les Canadiens soient protégés équitablement et en mesure d'atteindre leur état de santé optimal à l'avenir. La meilleure défense du Canada contre les menaces futures pour la santé publique est un système de santé publique solide et une population en meilleure santé.
Dans mon rapport, je décris quatre domaines d'action prioritaires visant à stimuler la transformation du système de santé publique :
- Premièrement, nous devons renouveler et revigorer notre effectif en santé publique. La pandémie a eu de graves répercussions sur les travailleurs de la santé publique partout au pays, entre autres, de nombreux signalements d'épuisement professionnel. La pandémie a suscité un intérêt accru dans le domaine de la santé publique. Nous devons travailler à recruter, à maintenir en poste et à former la prochaine génération de professionnels de la santé publique, en le dotant d'un effectif hautement qualifié, diversifié et inclusif qui reflète le mieux les collectivités qu'il sert. Une capacité de pointe est également nécessaire pour accroître rapidement la main-d'œuvre en cas d'urgence.
- Deuxièmement, notre boîte à outils de santé publique a besoin de mises à niveau importantes!
- Il ne fait aucun doute que nos efforts de lutte contre la pandémie ont été influencés, en partie, par des lacunes importantes dans nos systèmes de surveillance et de données en santé publique, y compris un manque de données sur la race et l'origine ethnique et un manque de données comparables entre les provinces et les territoires, et des lacunes en matière d'information à l'échelle locale.
- En collaborant avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, la Stratégie pancanadienne de données sur la santé doit être accélérée afin de combler ces lacunes de façon sécuritaire et éthique et de veiller à ce que la santé publique dispose des bonnes données au bon moment pour prendre des décisions efficaces.
- Nous devons également renforcer un programme de recherche entièrement canadien afin de déterminer quelles interventions de santé publique sont les plus efficaces pour améliorer la santé des populations et réduire les inégalités en matière de santé.
- Troisièmement, nous devrons moderniser nos modèles de gouvernance et nos structures de collaboration.
- La pandémie a démontré, sans équivoque, que nous ne pouvons pas travailler en vase clos et que les défis complexes en matière de santé publique exigent une approche « sociétale », une collaboration entre les administrations, les secteurs, les industries, les collectivités et les frontières. Nous devons faire en sorte que ces efforts soient mieux appuyés, grâce à une action collective fondée sur des indicateurs clairs et mesurables, pour savoir si nous atteignons nos objectifs d'amélioration de la santé pour tous.
- Les collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis doivent également être soutenues dans l'élaboration de leurs propres priorités, plans et solutions en matière de santé publique.
- Enfin, des investissements appropriés sont essentiels pour permettre ces progrès dans nos effectifs, nos outils et notre gouvernance.
- Comme nous l'avons vu dans le passé, les ressources en santé publique sont souvent réduites après les urgences en santé publique, alors que les gouvernements s'attaquent à d'autres priorités. C'est ce qu'on appelle le cycle d'expansion et de ralentissement des dépenses en santé publique. Ce cycle désavantage le système de santé publique au début de chaque crise, puisqu'il n'a pas la capacité ou les réseaux nécessaires pour une intervention rapide. Il a également une incidence sur la capacité de la santé publique en général, car ses objectifs, soit la prévention des maladies et la promotion de la santé, se mesurent à plus longue échéance.
J'espère que les recommandations formulées dans mon rapport déclencheront un dialogue national fort nécessaire et catalyseront l'action collective en vue du renouvellement de la santé publique.
Cependant, pour ce faire, il faudra changer radicalement notre façon de penser et de valoriser la santé dans notre pays. Un système de santé efficace ne se limite pas à traiter les maladies au moyen de médicaments et de procédures hospitalières; il s'agit en premier lieu de prévenir ces maladies.
En fait, ces systèmes sont complémentaires : en gardant les gens en santé, la santé publique réduit le fardeau de notre système de soins de santé et contribue à sa durabilité.
Le système de santé est précieux pour les Canadiens. Il fait partie intégrante du tissu social de notre pays. Nous devons valoriser la prévention et le bien-être au même titre que les traitements et les soins médicaux.
J'aimerais conclure sur une note positive, mais pragmatique : le système de santé publique du Canada n'est pas parfait, et nous avons encore fort à faire dans notre processus de transformation. Nous devons nous préparer à retrousser nos manches. Mais j'ai toujours eu beaucoup d'espoir et de confiance dans le vaste potentiel de notre système. Et je sais que bon nombre de mes homologues provinciaux et municipaux sont tout aussi optimistes.
Cependant, pour réaliser pleinement notre vision d'un système de classe mondiale, nous devons tous y mettre du sien. La santé de la population est une responsabilité collective que nous partageons tous. Nous avons vu des exemples édifiants tout au long de la pandémie; y compris la plus grande campagne de vaccination de masse de l'histoire du Canada, qui a mobilisé de nombreux secteurs et de nombreuses personnes. Résultat, la campagne a obtenu un succès fulgurant, les Autochtones ont pris en charge leur intervention à la pandémie et des efforts locaux novateurs ont été déployés pour aider les membres de la collectivité dans le besoin. Ce n'est qu'un aperçu de ce qui est possible lorsque nous travaillons ensemble.
La santé publique est pour tous, par tous. En unissant les forces des collectivités, des gouvernements, des secteurs et de la communauté internationale, nous pouvons bâtir un système de santé publique qui nous sert au mieux et qui soutient une société saine et prospère. C'est en travaillant ensemble que nous pouvons nous assurer de bien faire les choses.
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