Annexe III : Foire aux questions sur le paludisme (Malaria) : Recommandations canadienne pour la prévention et le traitement du paludisme (malaria)

Une déclaration d’un comité consultatif (DCC) du
Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV)

Préambule

Le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV) donne de façon continue à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) des conseils opportuns de nature médicale, scientifique et sanitaire concernant les maladies infectieuses tropicales et les risques pour la santé associés aux voyages internationaux. L’ASPC reconnaît que les recommandations et les conseils formulés dans cette déclaration reposent sur les meilleures pratiques médicales et connaissances scientifiques actuellement accessibles et les diffuse dans le but d’informer les voyageurs ainsi que les professionnels de la santé qui sont appelés à leur prodiguer des soins.

Les personnes qui administrent ou utilisent des médicaments, des vaccins ou d’autres produits devraient bien connaître la monographie des produits, ainsi que toute autre norme ou instruction approuvée concernant leur usage. Les recommandations relatives à l’usage des produits et les autres renseignements présentés ici peuvent différer de ceux qui figurent dans la monographie ou toute autre norme ou instruction approuvée pertinente établie par les fabricants autorisés. Les fabricants font approuver leurs produits et démontrent l’innocuité et l’efficacité de ceux-ci uniquement lorsque ces produits sont utilisés conformément à la monographie ou à toute autre norme ou instruction approuvée semblable.

Annexe III : Foire aux questions sur le paludisme (Malaria)

*Le présent document peut être librement copié et distribué.

Le paludisme représente-t-il un risque pour les voyageurs canadiens?

Oui. Le paludisme est une cause majeure de mortalité à l’échelle mondiale et c’est la maladie infectieuse la plus susceptible de compromettre la vie des Canadiens voyageant dans des régions impaludées. Entre 400 et 1 000 cas de paludisme sont signalés parmi les voyageurs canadiens annuellement, provoquant une ou deux mortalités par année.

Où le paludisme constitue-t-il une préoccupation?

  • La plupart des régions en Afrique sub-saharienne et quelques régions dans le nord de l’Afrique.
  • Des grandes régions dans le sud de l’Asie, en Asie du sud-est et quelques régions de l’Asie de l’est.
  • Quelques places en Amérique centrale, notamment en Dominique Républicaine, en Haïti, quelques régions au Mexique et la plupart des régions en Amérique du sud.
  • Papouasie-Nouvelle-Guinée et autres petits îles dans le sud du Pacifique et en Océanie, ainsi que quelques régions dans le Moyen orient et l’Europe de l’est.

Veuillez consulter l’Annexe I : Risque de paludisme et chimioprophylaxie recommandée par régions géographiques pour de amples informations concernant des régions précis où le risque de transmission est courant.

Quels sont les signes et symptômes propres à une infection paludéenne?

Toute personne qui a voyagé dans une région où le paludisme est endémique et qui a ensuite souffert de fièvre devrait rapidement consulter un médecin et demander à passer des tests de dépistage du paludisme, même si la fièvre semble survenir de nombreux mois après son retour au Canada. Les symptômes précoces comprennent notamment des céphalées, des douleurs musculaires ou articulaires, des douleurs dorsales, de la fatigue, des nausées et une perte d’appétit. Il est fréquent que les symptômes classiques du paludisme (une tendance cyclique de frissonnements sévères, de forte fièvre et de sueurs) ne se manifestent pas pour des cas peu sévères ou des cas de détection précoce. Les symptômes peuvent ressembler à ceux d’autres maladies telles que des infections virales mineures, la grippe, la gastroentérite et une pneumonie. Par conséquent, il est facile d’écarter la possibilité de paludisme.

Une exposition précédente au paludisme offre-t-elle une quelconque protection aux voyageurs?

Non. Les voyageurs canadiens qui sont nés, ont grandi ou ont déjà vécu dans des régions impaludées ne sont pas immunisés contre le paludisme. Ils sont toujours à risque, peu importe leurs expositions précédentes ou leurs anciens épisodes de maladie.

Est-ce-que toutes les personnes voyageant dans les tropiques ont besoin d’une chimioprophylaxie antipaludéenne?

Non. Certaines destinations des tropiques sont exemptes de paludisme ou présentent un risque de paludisme si faible qu’une chimioprophylaxie antipaludéenne n’est peut-être pas nécessaire. Dans certains pays, la chimioprophylaxie antipaludéenne est parfois uniquement requise dans certaines régions (habituellement des régions rurales), durant certaines saisons ou pour de longs séjours. Les limites des zones exemptes de paludisme au sein des pays impaludés peuvent changer rapidement et tous les individus (adultes et enfants) voyageant dans des régions présentant un quelconque risque de paludisme doivent utiliser des mesures de protection individuelle, notamment l’usage d’insectifuges et de moustiquaires imbibées d’insecticide pour éviter toutes piqûres de moustique. Ces mesures de prévention protègent également contre d’autres maladies transmises par des insectes, notamment la dengue.

Les voyageurs peuvent-ils cesser de prendre des antipaludéens ou d’utiliser des mesures de protection individuelle s’ils ne remarquent aucun moustique à leur destination?

Non. Même si les voyageurs ne remarquent aucun moustique, ils doivent continuer de prendre des antipaludéens. Les insectes porteurs de paludisme sont différents des insectes habituellement observés au Canada; en effet, ils nous piquent lorsque nous dormons et sont souvent beaucoup moins agressifs.

Les femmes enceintes, les bébés et les enfants voyageant sand des régions impaludées devraient-ils recevoir un traitement chimioprophylactique antipaludéen?

Oui. Les femmes enceintes, les bébés et les petits enfants courent un grand risque de contracter le paludisme et de souffrir de complications sévères découlant de celui-ci. S’ils doivent visiter des régions à risque élevé, ils devraient utiliser les meilleurs antipaludéens disponibles (voir le chapitre 5) et avoir recours à des mesures de protection individuelle. Les antipaludéens pris par les mères qui allaitent n’offriront aucune protection à l’enfant allaité.

La plupart des gens suivant un traitement chimioprophylactique antipaludéen souffrent-ils d’effets secondaires graves?

Non. La majorité des gens prenant des antipaludéens (de 95 % à 99 %) ne souffrent d’aucun effet secondaire ou souffrent seulement d’effets secondaires peu sévères et temporaires. Dans la plupart des études, seuls de 1 à 6 % des gens changent de médicament par suite d’effets secondaires.

Les réactions aux antipaludéens sont presque toujours réversibles.

Pour les voyageurs se déplaçant dans des régions à risque élevé, le risque de contraction du paludisme et d’en mourir est beaucoup plus grand que le risque de souffrir d’effets secondaires graves par suite d’une chimioprophylaxie antipaludéenne. Le choix final d’antipaludéen devrait reposer sur une évaluation des risques individuels, laquelle devrait être effectuée par un praticien de la santé des voyageurs compétent. L’évaluation des risques doit tenir compte de l’efficacité du médicament, de la volonté du voyageur d’accepter des effets secondaires potentiels, de la commodité de la posologie (hebdomadairement par opposition à quotidiennement), du coûtet des antécédents médicaux du voyageur, ce qui englobe les contre-indications propres aux antipaludéens.

Si les effets secondaires sont graves, il faut alors choisir un antipaludéen différent. Les voyageurs qui s’inquiètent de leur capacité à tolérer un médicament peuvent demander à consulter un praticien de la santé des voyageurs bien avant leur voyage et envisager l’essai d’un antipaludéen avant leur départ.

Offre-t-on des antipaludéens plus sécuritaires ou plus efficaces?

Pour les régions du monde à risque élevé de paludisme résistant à la chloroquine, trois médicaments aussi efficaces les uns que les autres sont actuellement autorisés au Canada, soit l’atovaquone-proguanil (MalaroneMD), la doxycycline et la méfloquine (LariamMD). Chacun de ces médicaments a ses propres avantages et désavantages. Des médicaments moins coûteux offerts localement dans certains pays de destination sont souvent contrefaits, inefficaces, très toxiques ou inappropriés pour les individus à risque élevé. Citons par exemple la chloroquine, le proguanil (PaludrineMD), l’amodiaquine (CamoquineMD), la pyriméthamine (DaraprimMD) et les associations sulfadoxine-pyriméthamine (FansidarMD) et dapsone-pyriméthamine (MaloprimMD).

Pourquoi les voyageurs doivent-ils continuer de prendre des médicaments après avoir quitté la région impaludée?

En réalité, la plupart des antipaludéens ne préviennent pas les premiers stades de l’infection par le paludisme lorsque les parasites se trouvent dans le foie. Ils agissent plutôt lorsque le parasite a terminé son développement dans le foie et qu’il s’est infiltré dans la circulation sanguine. La phase initiale de l’infection du foie peut durer de huit jours à de nombreux mois, bien que la majorité des cas de paludisme se manifestent dans les trois premiers mois suivant le départ de la région impaludée. La plupart des antipaludéens (chloroquine, méfloquine, doxycycline) doivent être pris durant quatre semaines suivant le départ de la région impaludée pour empêcher la contraction de toute maladie causée par les parasites émergeant du foie. Certains antipaludéens (atovaquone- proguanil, primaquine) luttent efficacement contre les stades d’infection du foie, et l’utilisation de ces médicaments peut cesser quelques jours ou une semaine après avoir quitté la région impaludée.

Quelle est la durée maximale pendant laquelle un voyageur peut avoir recours à une chimioprophylaxie antipaludéenne sans danger?

Il n’existe absolument aucune limite temporelle quant à la durée pendant laquelle il est possible de prendre des antipaludéens. Les quelques individus qui ont souffert d’effets secondaires graves par suite d’antipaludéens ont habituellement souffert de ceux-ci durant les premières semaines d’utilisation du médicament. De nombreux effets secondaires peu sévères tendent à diminuer au fil du temps, et ce, même si l’on continue de prendre le médicament. Les personnes qui voyagent pendant longtemps ne devraient pas cesser l’utilisation d’un antipaludéen bien toléré et efficace pour la simple raison qu’ils le prennent depuis une longue période.

Pour les voyageurs suivant un traitement chimioprophylactique antipaludéen, quel est le risque de contracter le paludisme?

L’utilisation appropriée d’un antipaludéen efficace offre un haut degré de protection et peut réduire le risque de contraction de paludisme par plus de 90 %, quoiqu’aucun antipaludéen ne soit efficace à 100 %. Par conséquent, même si les voyageurs ont suivi un traitement chimioprophylactique antipaludéen, un test de dépistage du paludisme devrait être effectué auprès des patients qui présentent une fièvre durant ou après leur voyage dans des régions impaludées.

Le recours à une chimioprophylaxie antipaludéenne rend-il plus difficile le diagnostic du paludisme?

Le recours à une chimioprophylaxie antipaludéenne peut réduire la sévérité des symptômes et le nombre de parasites dans le sang, ce qui peut donc rarement et légèrement retarder le diagnostic définitif. Cela dit, l’utilisation appropriée d’antipaludéens préviendra la grande majorité des épisodes de paludisme et réduira le risque de maladie grave; en outre, elle n’empêchera pas le rendement d’un diagnostic définitif si les tests de dépistage appropriés sont effectués. Le faible risque de léger retardement du diagnostic doit être compensé par les avantages importants qu’offrent la prévention de la maladie et la réduction du risque de maladie grave.

Est-il vrai que certains types de paludisme ne peuvent être traités?

S’ils sont détectés assez tôt et traités de manière appropriée, presque tous les types de paludisme peuvent être totalement guéris. Cela dit, même de courts retardements du diagnostic du paludisme peuvent rendre le traitement plus difficile et moins efficace, ce qui peut augmenter le risque de complications graves.

Une fois atteints d’une infection paludéenne, sommes-nous infectés pour la vie?

Non. Un traitement et un suivi appropriés peuvent guérir le paludisme.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur des questions de santé liées au voyage, veuillez consulter le site web de l’Agence de la santé publique du Canada sur la santé des voyageurs à l’adresse suivante : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/sante-voyageurs.html.

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