ARCHIVÉ : Contexte actuel : Rapport sur les options pour la gestion de la Réserve nationale d'antiviraux

 

Contexte actuel

Le Groupe de travail sur la gestion de la réserve d’antiviraux (GTGRAV) a pris en considération les principaux facteurs qui sont susceptibles d’avoir une incidence sur les décisions d’achat à venir. Le Groupe est parti de l’hypothèse selon laquelle il y a un engagement général, en principe, pour maintenir la réserve. Cependant, au moment de la mise sur pied de la Réserve nationale d’antiviraux (RNA), il n’a pas été précisé si la réserve initiale serait réapprovisionnée ou non une fois qu’elle aurait atteint sa durée de conservation indiquée et le mode de financement de ce ravitaillement n’a pas été prévu.   

Comparaisons à l’échelle internationale

Le GTGRAV a examiné les pratiques de constitution de réserves des autres pays afin de déterminer comment ils s’y prennent pour régler le problème des antiviraux en voie de péremption dans leurs réserves. Certains pays, comme les États-Unis et le Japon, ont prolongé unilatéralement la durée de vie de leurs réserves, ce qui a créé un précédent pour discuter des options pour les réserves du Canada. D’autres pays s’affairaient à remplacer leurs réserves. (voir l’annexe 4 : Comparaison des tendances en matière de réserves d’antiviraux à l’échelle nationale). 

Considérations réglementaires

Durée de conservation

S’il est entreposé conformément aux conditions recommandées par le fabricant, l’oseltamivir est un médicament stable. En août 2008, Santé Canada a approuvé un changement devant obligatoirement être déclaré de Hoffman-La Roche (Roche) afin de faire passer la durée de conservation des réserves pandémiques gouvernementales d’oseltamivir nouvellement fabriquées de cinq ans à sept ans à partir de la date de fabrication3 . Ce changement a été accompagné d’une modification mineure de la monographie de produitiii qui dénote des exigences d’entreposage plus strictes et un contrôle de la température plus rigoureux.  

Les autorités de réglementation de Santé Canada ont remarqué qu’il n’y a pas suffisamment de données probantes pour considérer que l’oseltamivir est sûr et actif plus de deux années après sa durée de vie initiale de cinq ans. Les tests de stabilité effectués à différentes périodes pendant la durée de vie prolongée d’un médicament confirmeront l’innocuité et l’activité d’un médicament périmé. 

La durée de conservation du zanamivir (Relenza MD) pourrait également être prolongée. GlaxoSmithKline (GSK) a proposé, dans le cadre des octrois de contrats récents4, une durée de conservation de sept ans à partir de la date de fabrication. Même si GSK possède actuellement une approbation réglementaire pour une durée de conservation de cinq ans pour le zanamivir, la société songe à présenter un changement devant obligatoirement être déclaré afin de faire approuver une durée de conservation plus longue qui s’appliquerait aux achats futurs. En vertu de ces contrats, et en l’absence de l’approbation de Santé Canada, la société honorera la durée de conservation de sept ans en remplaçant les nouveaux achats à mesure qu’ils deviendront périmés afin d’augmenter la durée de vie de deux ans. Même si le zanamivir en voie de péremption sera un élément de gestion de la réserve de plus à prendre en considération, le présent rapport se concentre sur les options immédiates qui entourent les dates d’expiration imminentes de l’oseltamivir.  

Prolongation de la durée de conservation : ré-étiquetage des réserves actuelles d’oseltamivir

Le GTGRAV a discuté abondamment de la possibilité que les gouvernements procèdent au ré-étiquetage des réserves actuelles d’oseltamivir avec une nouvelle date de péremption corroborée par les tests de stabilité et par une confirmation de la viabilité continue comme un moyen de prolonger la durée de conservation des réserves en voie de péremption. Le GTGRAV en est venu à la conclusion que le ré-étiquetage n’est pas une option viable pour les gouvernements canadiens pour la raison suivante : Conformément à la Loi sur les aliments et drogues, seul le fabricant de l’oseltamivir peut demander une modification de la date de péremption qui figure sur l’étiquette d’un médicament. Les gouvernements pourraient uniquement demander une modification de la date d’expiration si le fabricant leur en donnait la permission. Le fabricant n’est pas disposé à demander une modification ni à donner aux gouvernements la permission de modifier les dates de péremption. Ainsi, le GTGRAV a déterminé que le ré-étiquetage des réserves actuelles d’oseltamivir n’est pas une solution pour en prolonger la durée de conservation.

Présentation de drogue nouvelle

Le GTGRAV a étudié la possibilité que les gouvernements prolongent la durée de conservation en assumant toutes les responsabilités d’un fabricant. Cela nécessiterait la création d’une nouvelle marque pour l’oseltamivir qui est contenu dans les réserves. L’ASPC et chaque province ou territoire soumettrait une deuxième présentation de drogue nouvelle (PDN5) à l’approbation de Santé Canada. Un examen plus poussé a permis de déterminer que cette option serait compilée, qu’elle prendrait beaucoup de temps et qu’elle nécessiterait aussi l’appui du fabricant. Après un examen attentif, cette option n’a pas été jugée pratique et n’a donc pas été incluse dans la section Options et analyses du présent rapport. 

Antiviraux génériques

Comme le brevet du TamifluMD expire en 2016, plusieurs soumissions génériques devraient être disponibles à un prix inférieur. Même si ce facteur n’a pas d’incidence sur le remplacement imminent des doses d’oseltamivir contenues dans la réserve, il pourrait être un élément à envisager avec les remplacements subséquents puisque le nouveau produit sera doté d’une garantie de six ans, ce qui en repoussera le renouvellement à 2015 ou à 2016 (selon la date d’achat). À ce moment-là, les produits génériques pourraient être achetés à un coût probablement plus faible. Une planification stratégique auprès de l’industrie des médicaments génériques pourrait également permettre la formulation en comprimés de doses d’oseltamivir dont la durée de conservation serait plus longue et dont les exigences d’entreposage seraient moins contraignantes.

Données démographiques

Les premières estimations de la quantité d’antiviraux nécessaires dans la RNA reposaient sur les hypothèses du PCLPI formulées à l’aide des données du recensement de la population en 2005. Un examen des données du recensement de 2008iv a révélé qu’il y a eu un accroissement global de la population au Canada ces trois dernières années, à l’exception de la population pédiatrique (un an à moins de 12 ans), pour laquelle les données ont montré une légère diminution en 20086. Le CRSP a convenu, lors de sa réunion du 13 février 2009, que les données du recensement de 2008 serait utilisées pour l’ensemble des estimations démographiques, mais qu’une approche conservatrice devrait être employée en ce qui a trait aux enfants (voir l’annexe 5 – Calcul des cibles pour la Réserve nationale d’antiviraux). Compte tenu de la croissance démographique, la RNA doit contenir, non pas 55,7 millions, mais 58 millions de doses pour maintenir l’objectif national qui consiste à traiter 17,5 % de l’ensemble de la population. 

Résistance grandissante à l’oseltamivir

Au moment de son expansion en 2006, la RNA était composée à 90 % et à 10 % d’oseltamivir et de zanamivir respectivement. Depuis l’acquisition initiale, on a signalé une résistance grandissante des souches de l’influenza H5N1 à l’oseltamivir et un accroissement important de la résistance des souches de la grippe saisonnière H1N1 dans certains pays, dont le Canadav . Ces constatations ont incité le GTAV à recommander d’augmenter la proportion de zanamivir contenue dans la RNA en guise de protection contre les prochaines souches résistantes. 

Recommandations des experts sur la composition de la réserve

Le GTGRAV a été chargé d’intégrer les recommandations techniques formulées par le GTAV aux recommandations liées à la gestion des réserves. En novembre 2008, le CRSP a approuvé les modifications de la composition de la RNA, comme suit :

1. Que la RNA soit plus diversifiée, c’est-à-dire composée à 20 % de zanamivir et à 80 % d’oseltamivir

  • Aborder le problème de la résistance grandissante et s’harmoniser aux tendances de constitution des réserves à l’échelle internationale

2. Que la composition de la RNA soit adaptée de manière à inclure plus de gélules d’oseltamivir pour enfants afin de se conformer aux objectifs pédiatriques nationaux

  • Deux millions de gélules ont été commandées initialement, mais il a été déterminé que cette population a besoin de gélules supplémentaires. 

En février 2008, le Conseil a approuvé la recommandation suivante :

3. Qu’une quantité séparée d’amantadine soit achetée dans une quantité égale à 10 % de l’ensemble de la RNA qui sera utilisée dans le cadre d’une polythérapie afin de traiter les cas de maladie grave (cette recommandation a été faite au Conseil en février 2008)

Programme d’échange Roche

Pendant les délibérations du GTGRAV, le fabricant de l’oseltamivir (Roche) a fait une proposition d’une durée limitée aux gouvernements canadiens afin de faciliter le remplacement des réserves gouvernementales en voie de péremption. Le fabricant planifie de mettre à l’essai une méthode pour « retraiter » les produits antiviraux presque périmés afin d’en faire de nouveaux produits (rafraîchis). Selon la société, le processus consiste à extraire l’ingrédient actif de l’oseltamivir contenu dans les gélules presque périmées à l’aide d’une microfiltration. Un nouvel ingrédient actif serait alors ajouté à l’ingrédient retraité, puis inséré dans une nouvelle gélule7

Le fabricant fait valoir que les gélules retraitées seraient vendues à un prix réduit et auraient une durée de conservation projetée de sept ans8 en ce qui a trait aux réserves pandémiques gouvernementales. Ce produit retraité serait uniquement vendu dans les pays où il a été approuvé par les autorités. Ces pratiques de retraitement n’ont pas été approuvées par les autorités dans aucun pays. À l’heure actuelle, il n’y a aucune garantie quant à l’approbation ou à la durée de conservation escomptée du produit retraité.    

L’offre par Roche qui consiste à recevoir les provisions presque périmées afin de les retraiter dans le cadre de son projet pilote est ci-après appelée le « Programme d’échange ». Le Programme est décrit plus en détail dans la section Options et analyses du présent rapport.

Autres considérations relatives à la gestion de la réserve

Conditions d’entreposage

En 2008, le GTGRAV a sondé les provinces et les territoires afin d’évaluer les conditions d’entreposage. Ce sondage s’imposait, car les nouvelles provisions d’oseltamivir d’une durée de conservation de sept ans auront des exigences d’entreposage plus strictesvi. Dix des provinces et territoires, sans compter le MDN et la DGSPNI, ont répondu au sondage, ce qui représente 17 emplacements ou entrepôts d’antiviraux. Il a été signalé que, dans 15 des 17 emplacements, les réserves étaient déjà conservées selon des conditions d’entreposage plus strictes de 25°C. Dans les deux autres emplacements, il a été donné à entendre que la régulation de la température n’était pas surveillée. Ils ne répondraient donc pas aux exigences liées à un contrôle de la température plus serré, mais ils pourraient être facilement mis à niveau. Il a été signalé, dans trois des 17 emplacements, que l’expansion prévue de la réserve pourrait engendrer des contraintes pour ce qui est des besoins anticipés en aires d’entreposage.

Gestion de l’inventaire des provisions

Une évaluation continue des quantités d’antiviraux, des dates de péremption et de l’utilisation des antiviraux de la RNA par les provinces et les territoires est un aspect important de la gestion des provisions. La gestion des provisions comporte la capacité à évaluer, en tout temps, l’emplacement et la quantité de la réserve actuelle et à faire en sorte que les provisions de la RNA soient bien identifiées afin d’éviter de les mélanger par mégarde avec les antiviraux destinés à la grippe saisonnière. 

Il est à noter qu’il est impossible de faire une simple rotation des provisions d’oseltamivir de manière à remplacer les provisions plus anciennes par des plus récentes dans la RNA pendant la période interpandémique, c’est-à-dire pour le traitement de la grippe saisonnière, ou de faire une rotation des provisions plus anciennes dans le système de soins de santé et de les remplacer par de nouvelles provisions, dans le but de prolonger graduellement la durée de conservation de la réserve. Procéder de cette manière contreviendrait aux ententes contractuelles qui stipulent que l’oseltamivir acheté pour les réserves pandémiques FPT doit servir uniquement pour les besoins de la préparation aux situations d’urgence et d’intervention. De plus, d’un point de vue pratique, l’utilisation saisonnière de l’oseltamivir au Canada n’est pas assez importante pour permettre une rotation des provisions suffisante. Il n’y a pas de stipulations quant à l’emploi du produit dans les contrats qui concernent le zanamivir ou l’amantadine, mais l’utilisation saisonnière de ces deux antiviraux est très limitée au Canada. 

Durabilité

Une gestion continue efficace des réserves d’antiviraux, y compris le réapprovisionnement des provisions en voie de péremption, est une considération importante pour les gouvernements FPT.  


3 Avec une durée de conservation plus longue pour ces nouveaux achats d’antiviraux, les prochains contrats d’approvisionnement de réserves du gouvernement exigeront que les dates d’expiration des nouvelles doses d’oseltamivir soient fixées au moins à six ans à partir de la date de livraison.

4 Au mois de décembre 2008

5 PDN : un promoteur (fabricant ou représentant autorisé) qui cherche à obtenir l’autorisation pour mettre en marché un nouveau produit au Canada doit faire une PDN conformément au titre 8 de la Loi sur les aliments et drogues (situé à : Règlement sur les aliments et drogues)

6 Au cours des discussions du CRSP, il a été noté qu’en raison des données démographiques uniques (le rapport plus élevé entre le taux de natalité et l’espérance de vie) dans les territoires nordiques du Canada, il faudrait évaluer les cibles pédiatriques à l’aide des données démographiques réelles plutôt qu’en fonction des estimations par habitant. Ces calculs ont été proposés au Nunavut, aux Territoires du Nord-Ouest et au Yukon pour leurs besoins de planification. Cette façon de procéder a donné une quantité légèrement supérieure de gélules pour enfants nécessaires (environ 14 000 doses) que le nombre initialement évalué pour ces territoires. Il n’y a pas eu de rajustements subséquents (réductions) pour les cibles adultes. (voir l’annexe 7b)

7 Avec le temps, les gélules se fragilisent et diminuent la durée de conservation de l’oseltamivir.

8 Les stocks retraités seront achetés à la condition qu’une quantité équivalente de Tamiflu soit retournée au fabricant.

iii Hoffmann-La Roche Ltd.  (rév. 20 avril  2009). Monographie de produit : TAMIFLU.  Située au : http://www.rochecanada.com/portal/eipf/ca/portal/roche/consumer_information

iv Statistique Canada, Division de la démographie, Section des estimations démographiques, Annual Population Estimates by age and sex for July, 1971 à 2008, 2008 Preliminary PostCensal Estimates

v Agence de la santé publique du Canada (2006).  Plan canadien de lutte contre la pandémie d'influenza dans le secteur de la santé, annexe E (révisé en mai 2009).  Situé au :  http://www.phac-aspc.gc.ca/cpip-pclcpi/

vi Hoffmann-La Roche Ltd.  (rév. 20 avril 2009). Monographie de produit : TAMIFLU.  Située au : http://www.rochecanada.com/portal/eipf/ca/portal/roche/consumer_information

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