ARCHIVÉ : Rapport sur les infections transmissibles sexuellement au Canada : 2008 – Chlamydia (Chlamydia trachomatis)

Chlamydia (Chlamydia trachomatis)

La chlamydia, une infection causée par la bactérie Chlamydia trachomatis, doit être déclarée depuis 1990, et elle demeure l’infection bactérienne transmise sexuellement (ITS) la plus couramment signalée au Canada. Comme les infections asymptomatiques sont courantes chez les hommes et les femmes, les personnes infectées qui ne passent pas de tests de dépistage ne sont pas au courant de leur infection et peuvent contribuer à la propagation de l’infection. Les complications associées aux infections non traitées soulèvent aussi des préoccupations, parce que la chlamydia touche disproportionnellement les jeunes, surtout les femmes. Une des complications les plus graves et les plus courantes qui touche les femmes est l’atteinte inflammatoire pelvienne, qui peut entraîner des douleurs pelviennes chroniques, une grossesse ectopique et la stérilité. Chez les femmes enceintes, la chlamydia non traitée peut être transmise à l’enfant pendant l’accouchement, ce qui peut entraîner une conjonctivite ou une pneumonie néonatale. Plus rarement, les hommes développent une orchiépididymite ou d’autres affections moins courantes^1a. Comme les autres ITS non ulcéreuses, la chlamydia peut accroître la concentration dans le tractus génital de cellules inflammatoires qui peuvent être envahies par le VIH, et augmenter l’excrétion de cellules infectées au VIH, d’où un risque accru de contracter ou de transmettre l’infection à VIH^2a.

Les taux signalés d’infections à chlamydia au Canada n’ont pas cessé d’augmenter au Canada.

• Bien que la chlamydia soit devenue maladie à déclaration obligatoire en 1990, la déclaration nationale régulière n’a commencé qu’en 1991. Les taux signalés ont décru constamment jusqu’en 1997, année où cette tendance s’est inversée (figure 1).
• En 2008, 82 919 cas d’infections à chlamydia ont été signalés, ce qui correspond à un taux de 248,9 par 100 000 (figure 1). Le taux sur l’ensemble en 2008 a augmenté de 80,2 % depuis 1999 (138,2 par 100 000).
• En moyenne, au cours de la dernière décennie, les taux de chlamydia signalés à l’échelle nationale ont augmenté de 6,8 % par an. Le changement qui s’est produit de 2007 à 2008 a été plus marqué que lors des années précédentes, avec une augmentation de 11,1 %.
• Les taux signalés d’infections à chlamydia ont augmenté constamment chez les deux sexes. De 1999 à 2008, les taux chez les hommes ont augmenté de 107,4 % de 81,4 à 168,7 par 100 000, et les taux chez les femmes ont augmenté de 69,1 % de 193,6 à 327,4 par 100 000 (figure 1).
• Dans la foulée des tendances historiques, le taux signalé chez les femmes était presque deux fois plus élevé que chez les hommes 2008 (figure 1).

Figure 1 : Taux signalés de chlamydia par sexe et sur l’ensemble, de 1991 à 2008, Canada

En 2008, les taux signalés d’infections à chlamydia continuent à être les plus élevés chez les jeunes, particulièrement les jeunes femmes.

• En 2008, la majorité des infections à chlamydia signalées (82,6 %) touchait les jeunes de moins de 30 ans. Cette donnée contraste avec la syphilis infectieuse, pour laquelle le même groupe d’âge ne représentait que 26,3 % des cas signalés.
• Chez les hommes comme chez les femmes, les taux signalés d’infections à chlamydia les plus élevés ont été observés chez les personnes âgées de 20 à 24 ans, encore que le taux chez les femmes (1824,3 par 100 000) a été deux fois plus élevé que chez les hommes (884,2 par 100 000) (figure 2).
• Le rapport hommes-femmes diminue avec l’âge. Chez les groupes d’âges de 40 ans et plus, le taux était plus élevé chez les hommes que chez les femmes (figure 2).

Figure 2 : Taux signalés de chlamydia par sexe et groupe d’âge, 2008, Canada

Les taux signalés d’infections à chlamydia ont augmenté dans tous les groupes d’âge chez les hommes et les femmes âgés de 15 ans et plus.

• Au cours de la dernière décennie, chez les hommes, l’augmentation absolue de taux signalés d’infections à chlamydia la plus élevée a été observée chez les 20 à 24 ans. Le taux a augmenté de 446,3 par 100 000 en 1999 à 884,2 par 100 000 en 2008 (figure 3).

Figure 3 : Taux signalés de chlamydia chez les hommes par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

• Chez les femmes, de 1999 à 2008, la plus grande augmentation absolue de taux signalés d’infections à chlamydia a été observée chez les 20 à 24 ans (figure 4). Le taux a augmenté de 1064,6 à 1824,3 par 100 000.

Figure 4 : Taux signalés de chlamydia chez les femmes par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

• Bien que les taux signalés chez les femmes plus âgées sont demeurés faibles comparés à d’autres groupes d’âge, des augmentations substantielles ont été observées depuis 1999, particulièrement chez les femmes de 30 à 59 ans. De 1999 à 2008, les taux signalés chez les femmes âgées de 30 à 39 ans ont augmenté de 157,5 % (de 94,8 à 244,1 par 100 000), et de 133,9 % chez celles âgées de 40 à 59 ans (de 14,8 à 34,7 par 100 000) (figure 4).

La majorité des cas se sont produits en 2008 dans les provinces les plus populeuses au Canada, alors que les taux signalés d’infections à chlamydia ont été les plus élevés dans les Territoires-du-Nord-Ouest.

• Les taux signalés de chlamydia continuent d’être les plus élevés au Nunavut, dans les Territoires-du-Nord-Ouest et au Yukon (tableau 1).
• De 1999 à 2008, la plus grande augmentation de taux signalés de chlamydia a eu lieu au Manitoba, en hausse de 122,0 % (tableau 1).
• En 2008, le rapport national femmes-hommes du taux de chlamydia a été de 2,0 : 1,0, ce qui indique que plus de femmes que d’hommes étaient infectées par la chlamydia. Dans tout le pays, le rapport allait du plus élevé à Terre-Neuve et Labrador (2,9 : 1,0) au plus faible dans les Territoires-du-Nord-Ouest (1,5 : 1,0).

¹ Écart calculé à partir de valeurs non arrondies.

2 Le Nunavut n’est officiellement devenu un territoire qu’en 1999; avant 1999, les données relatives au Nunavut étaient regroupées avec celles des Territoires-du-Nord-Ouest. L’écart pour les T.-N.-O. n’a pas été calculé puisque le taux de 1999 n’est pas comparable avec celui de 2008 étant donné la création du Nunavut.

³ Les valeurs en caractères gras indiquent les taux qui se situent au-dessus de la moyenne nationale.