Mise à jour de l'évaluation des risques pour la santé publique : Rougeole au Canada
Mise à jour de l'évaluation terminée le 31 juillet 2025 (avec données au 26 juillet 2025)
Sur cette page
- Mise à jour sur la situation
- Mise à jour sur le risque actuel
- Raison de l'évaluation
- Question sur le risque
- Énoncé des risques
- Portée et considérations contextuelles
- Résumé de l'évaluation des risques
- Risques futurs
- Mesures proposées pour les autorités de santé publique
- Remerciements
- Notes de bas de page
Mise à jour sur la situation
Au 26 juillet 2025, 4 394 cas de rougeole ont été signalés par les autorités de 10 provinces et territoires canadiens (Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Nouveau-Brunswick, Territoires du Nord-Ouest, Nouvelle-Écosse, Ontario, Île-du-Prince-Édouard, Québec, Saskatchewan). Un décès a été signalé dans un cas de rougeole congénitale chez un enfant prématuré qui souffrait d'autres problèmes de santé sous-jacents. Pour obtenir les mises à jour les plus récentes, veuillez consulter le rapport hebdomadaire de surveillance.
Rapport hebdomadaire de surveillance de la rougeole et de la rubéole
Mise à jour sur le risque actuel
Le risque global de rougeole pour la population canadienne demeure modéré, car le scénario de propagation le plus probable ainsi que les impacts individuels et les impacts au niveau de la population restent inchangés. Les personnes au Canada qui ne sont pas immunisées par la vaccination ou par une infection antérieure continuent d'être exposées à un risque accru d'infection et de complications graves en cas d'exposition, car la rougeole est très contagieuse et peut être grave.
La probabilité d'une transmission prolongée (jusqu'à la mi-octobre 2025) est élevée (faible incertitude), ce qui représente une augmentation par rapport à la probabilité modérée à élevée (incertitude modérée) de l'évaluation précédente, étant donné que l'éclosion continue de se propager dans des communautés à faible immunité contre la rougeole dans plusieurs provinces. Bien que le Canada soit exempt de rougeole endémique depuis 1998, cette transmission continue expose le pays à un risque de perte de son statut d'élimination de la rougeole. Les résidents canadiens qui voyagent à l'étranger alors qu'ils sont dans la période contagieuse peuvent contribuer à accroître la propagation mondiale de la rougeole.
Les autres aspects de l'évaluation initiale (terminée le 24 avril 2025, avec des données au 22 avril 2025) ci-dessous restent inchangés.
Raison de l'évaluation
Depuis l'évaluation rapide des risques de mars 2024 : Rougeole au Canada, répercussions pour la santé publique, des introductions de rougeole associées à des voyages ont entraîné une transmission continue au Canada. En octobre 2024, une telle introduction a déclenché une éclosion touchant plusieurs provinces et territoires dans des communautés faiblement immunisées contre la rougeole, qui est devenue la plus importante éclosion de rougeole au Canada depuis l'obtention du statut d'élimination de la maladie en 1998. Parallèlement, d'autres éclosions de rougeole sont apparues dans des populations présentant des niveaux plus élevés d'immunité contre la maladie, indiquant des lacunes dans l'immunité de la population. Cette évaluation des risques prend en compte les éclosions de rougeole qui sévissent actuellement au Canada, afin de déterminer les répercussions pour la santé publique au pays et les actions de santé publique appropriées.
Question sur le risque
Quelle est la probabilité d'une transmission prolongée de la rougeole au cours des six prochains mois (de la mi-avril à la mi-octobre 2025) à partir des éclosions actuelles au Canada, et quel est l'impact d'une telle transmission?
Énoncé des risques
Le risque global de rougeole pour la population du Canada est modéré, compte tenu de la transmission prolongée dans les communautés faiblement immunisées contre la maladieNote de bas de page a, des impacts potentiellement graves pour ces communautés et du fardeau qui pèse sur les ressources de santé publique. Au Canada, les personnes qui ne sont pas immunisées par la vaccination ou par une infection antérieure courent un risque accru d'infection et de conséquences graves en cas d'exposition, la rougeole étant hautement transmissible et potentiellement grave.
La probabilité d'une transmission prolongée au cours des six prochains mois est de modérée à élevée, puisque l'éclosion touche des communautés faiblement immunisées contre la rougeole. Le scénario de propagation le plus probable est celui où la transmission se poursuivra au sein de communautés liées sur le plan social et faiblement immunisées contre la rougeole, car les événements sociaux et la mobilité au sein de ces communautés faciliteront les introductions dans plusieurs provinces et territoires. Bien que l'on s'attende à ce que les introductions périodiques dans des populations présentant des niveaux élevés d'immunité contre la rougeole au Canada n'entraînent que des chaînes de transmission limitées, les cas d'exposition dans des environnements à plus haut risque, tels que les établissements de soins de santé ou les écoles, sont préoccupants.
Il existe un niveau d'incertitude modéré sur la probabilité que ce scénario se réalise, en raison de l'imprévisibilité du moment d'introduction des éclosions actuelles dans d'autres communautés, de la variation de la taille des communautés dans lesquelles la rougeole est introduite et de leur niveau de susceptibilité, ainsi que du rôle que les interventions préventives pourraient jouer dans la réduction de la transmission au sein de ces communautés. Le Canada n'a pas connu de rougeole endémiqueNote de bas de page b depuis 1998. Cependant, la transmission ininterrompue des éclosions actuelles met le pays à risque de perdre le statut d'élimination de la maladie si les efforts de vaccination et les mesures de santé publique non pharmaceutiques ne parviennent pas à interrompre la transmission.
Au niveau individuel, l'impact de l'infection par la rougeole devrait être mineur pour les personnes vaccinées, modéré pour les personnes non vaccinées, y compris les enfants non vaccinés de 1 à 5 ans, et modéré à majeur pour les personnes présentant un risque plus élevé de maladie grave, y compris les nourrissons, les personnes immunodéprimées et les personnes enceintes non vaccinées.
L'impact sur la population du scénario le plus probable devrait être modéré, avec une incertitude modérée, en raison de l'impact sur la santé de la population dans les communautés touchées et de la forte demande en ressources de santé publique nécessaires à la gestion des éclosions dans plusieurs régions du Canada. La réaffectation des ressources de santé publique à la gestion des éclosions (vaccination, isolement, gestion des cas, recherche des contacts et communication publique) pourrait avoir des impacts négatifs temporaires sur d'autres fonctions de santé publique, en particulier dans les régions où la capacité de réponse est limitée. Les hospitalisations multiples sur une courte période pourraient entraîner une importante demande de ressources au sein des établissements de santé en raison de la nécessité d'isoler les cas pour garantir le respect des normes de prévention et de contrôle des infections.
Portée et considérations contextuelles
La question sur le risque global concerne la probabilité d'une transmission prolongée des éclosions en cours au Canada et les impacts qui en découlent. Par conséquent, la probabilité et l'impact des cas de rougeole nouvellement importés sont hors de portée. L'Évaluation rapide des risques : Rougeole au Canada, répercussions pour la santé publique en 2024 traitait des impacts de la rougeole au niveau individuel (par exemple, morbidité et mortalité) et reste pertinente, c'est pourquoi la présente évaluation des risques n'inclut pas des nouvelles estimations à ce sujet.
Résumé de l'évaluation des risques
(Pour plus de détails sur l'évaluation des risques, y compris l'annexe technique, veuillez contacter rap-per@phac-aspc.gc.ca.)
Sous-questions sur les risques | Estimation [incertitude] |
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Quelle est la probabilité d'une transmission prolongée au cours des six prochains mois résultant de l'éclosion importante dans les communautés faiblement immunisées contre la rougeoleNote de bas de page a? | Modérée-élevée [modérée] |
Quelle est la probabilité d'une transmission prolongée au cours des six prochains mois résultant de petites éclosions dans la population généraleNote de bas de page b? | Très faible [faible] |
Probabilité globale d'une transmission prolongée au cours de six prochains mois | Modérée-élevée [modérée] |
Scénario de propagation le plus probable | Poursuite de la transmission au sein des communautés actuellement touchées. Introduction dans de nouvelles communautés faiblement immunisées contre la rougeole, entraînant une transmission prolongée dans plusieurs provinces et territoires. Introductions périodiques dans la population générale à partir de communautés touchées par une éclosion, entraînant une transmission limitée. |
Impact au niveau individuelNote de bas de page c | Personnes vaccinées : Mineur [faible] Personnes non vaccinées (plus de 5 ans) : Modéré [faible] Enfants non vaccinés (1 à 5 ans) : Modéré [faible] Personnes vulnérablesNote de bas de page d : Modéré-majeur [faible] |
Impact au niveau de la population pour le CanadaNote de bas de page e | Modéré [modéré] |
Risque global | Modéré |
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Risques futurs
Actuellement, le Canada fait face à la plus importante éclosion de rougeole depuis que le virus a été déclaré éliminé en 1998, touchant plusieurs provinces et territoires. Si la chaîne de transmission actuelle se poursuit au-delà d'octobre 2025, le Canada pourrait perdre son statut d'élimination. La transmission prolongée reflète les lacunes dans l'immunité de la population, souvent dues à un accès limité aux vaccins ou à leur utilisation, et peut entraîner des maladies évitables, des complications à long terme et des décès, en particulier dans les groupes vulnérables.
La persistance d'une sous-vaccination dans les communautés touchées augmente le risque de transmission endémique et de futures éclosions nationales, et pourrait conduire à une propagation internationale. Même si une immunité élevée est atteinte dans les communautés touchées par l'éclosion actuelle, l'importation continue de la rougeole en raison du déclin de la vaccination au niveau mondial et national, des voyages internationaux et de l'adoption incertaine des mesures de santé publique pourrait déclencher de nouvelles éclosions.
Bien que la vaccination soit l'intervention de santé publique la plus efficace, certaines personnes choisissent de ne pas se faire vacciner pour des raisons personnelles, bien qu'elles aient accès à des informations fiables. Dans ces circonstances, une approche à deux volets pourrait s'avérer nécessaire, qui consisterait à promouvoir et à faciliter la vaccination chez les personnes voulant se faire vacciner, et pour les autres, à promouvoir l'adoption de mesures de santé publique comme de rester à la maison en cas de maladie ou de se faire soigner rapidement. Cette approche concilie le respect de l'autonomie individuelle avec la nécessité de protéger la santé publique et de réduire le risque de transmission continue.
De plus, la lenteur de la relance après les perturbations des calendriers de vaccination liées à la pandémie, la méfiance à l'égard des mesures de santé publique ainsi que la mésinformation et la désinformation constituent un défi permanent pour la santé publique dans la lutte contre la rougeole et d'autres éclosions de maladies évitables par la vaccination.
Comme de nombreux pays sont confrontés à des éclosions importantes et complexes, la communication et la collaboration avec les partenaires internationaux seront de plus en plus importantes. Cette approche aidera les pays à partager des informations et à coordonner des stratégies d'atténuation pour réduire le risque d'importation et d'exportation, et repose sur un engagement commun en faveur de politiques de santé publique fondées sur des données probantes. Le renforcement de la confiance dans des sources d'information précises et fiables en matière de santé publique et l'établissement de relations avec les communautés sous-vaccinées, en collaboration avec les responsables communautaires, pourraient contribuer à surmonter ces difficultés.
Mesures proposées pour les autorités de santé publique
La rougeole est une maladie très contagieuse et évitable par la vaccination. En raison de l'augmentation de l'activité de la rougeole à l'échelle nationale et mondiale, il est important de collaborer avec les partenaires (y compris les partenaires communautaires et autochtones, et tous les niveaux de gouvernement) à tous les stades de la préparation, de la planification et de la réponse. Une approche continue sur plusieurs fronts est essentielle pour prévenir et gérer les éclosions et la transmission au sein des communautés.
Les recommandations ci-dessous se fondent sur les conclusions de cette évaluation des risques et incluent les efforts actuels des partenaires locaux, provinciaux et fédéraux en matière de santé publique. Des stratégies supplémentaires sont incluses pour être prises en considération par les provinces et territoires en fonction de l'épidémiologie, des politiques, des ressources et des priorités locales. En raison du niveau actuel d'incertitude associé à la trajectoire des éclosions de rougeole au Canada, il est important que la réponse de santé publique soit proportionnelle au risque.
Interventions de santé publique : prévention et réponse
- Se préparer à gérer un volume accru de cas et de contacts (par exemple, capacité d'isolement adéquate, détection précoce et prise en charge des cas de rougeole, y compris la recherche et la gestion des contacts, capacité d'analyse en laboratoire adéquate, fourniture et disponibilité des vaccins et des immunoglobulines). Envisager d'établir des corridors de service et des parcours de soins (par exemple, téléphoner à l'avance pour avertir un établissement qu'un patient entrant pourrait avoir la rougeole; dépistage de la rougeole dans les zones touchées pour réduire les expositions dans les établissements de soins; centres de rougeole désignés pour contenir le risque d'exposition dans les établissements).
- Continuer à combler les lacunes actuelles en matière d'immunité contre la rougeole; augmenter et maintenir une couverture élevée de la vaccination systématique contre la rougeole tout en envisageant des campagnes de vaccination ciblant les milieux et les populations à risque (par exemple, offrir des vaccins aux enfants de moins d'un an et des deuxièmes doses accélérées pour les enfants vivant dans des communautés touchées par des éclosions). Explorer également les mécanismes permettant d'atteindre les communautés à risque non-vaccinées ou sous-vaccinées, y compris les communautés qui hésitent à se faire vacciner.
- Envisager des activités visant à renforcer la sensibilisation et la formation des professionnels de la santé à la détection précoce et à la prise en charge des cas de rougeole et des contacts. Encourager également les professionnels de la santé à continuer d'informer leurs patients, en particulier ceux qui prévoient un voyage au niveau national et international (voir l'Avis mondial sur la rougeole), de l'importance d'être à jour dans leur vaccination contre la rougeole et de conseiller aux patients de suivre les conseils de santé publique s'ils sont exposés ou infectés (par exemple, consulter rapidement et, en présence de symptômes, s'isoler pour éviter toute nouvelle transmission).
Surveillance et signalement
- Poursuivre la collecte, l'analyse et le partage des données relatives aux cas de rougeole, à la couverture vaccinale et à la séroprévalence, afin de surveiller l'immunité de la population, d'établir les zones les plus exposées aux éclosions de rougeole et d'orienter la réponse de santé publique locale, provinciale, territoriale et fédérale.
Communication des risques
- Élaborer des messages d'éducation et de sensibilisation ciblés pour les populations à risque accru à l'aide de mécanismes de sensibilisation adaptés (par exemple, en utilisant les sciences comportementales, en soutenant les solutions communautaires, etc.) tout en continuant à communiquer largement sur la situation actuelle de la rougeole et sur les moyens de prévenir l'infection. Il pourrait s'agir d'encourager la vaccination pour les personnes qui le souhaitent et d'adopter d'autres mesures de santé publique (par exemple, conseiller de rester à la maison lorsqu'on est malade et se faire soigner rapidement) pour les autres.
- Collaborer avec les responsables communautaires et les partenaires impliqués dans les populations à risque, afin de fournir des informations fondées sur des données probantes, y compris des contenus qui établissent les risques associés à la mésinformation et à la désinformation concernant la rougeole, les vaccins et les traitements.
Directives
- Se référer aux recommandations formulées dans le document Processus de gestion des contacts pour les cas de rougeole transmissibles lors de voyages en avion de l'ASPC et la prochaine mise à jour des Directives pour la gestion par la santé publique des cas, des contacts et des éclosions de rougeole au Canada (mai 2025), pour aider à la gestion des cas de rougeole, des contacts et des éclosions.
Activités de laboratoire
- Poursuivre la collecte d'échantillons viraux pour le diagnostic de la rougeole et les tests de confirmation, ce qui permet le génotypage viral nécessaire à la recherche de la source d'infection et à la surveillance de l'état d'élimination de la rougeole.
Remerciements
Réalisé par l'Agence de la santé publique du Canada en collaboration avec des partenaires de :
- Santé Canada
- Services aux Autochtones Canada
- British Columbia Centre for Disease Control
- Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest
- Gouvernement de la Saskatchewan
- Santé publique Ontario
Notes de bas de page
- Note de bas de page a
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Les communautés présentant une faible immunité contre la rougeole peuvent inclure certaines communautés éloignées ou isolées, des communautés qui font face à des obstacles à l'accès aux vaccins et des communautés qui n'acceptent pas la vaccination pour des raisons idéologiques ou en raison de mésinformation ou de désinformation.
- Note de bas de page b
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Selon la définition de la transmission endémique : Circulation ininterrompue du virus de la rougeole du même génotype et de la même lignée à l'intérieur d'un pays pendant une période d'au moins 12 mois.
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