ARCHIVÉ : Annexe D : Manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé : Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l'enfance – Critères diagnostiques des troubles de stress

 

Annexe D : Critères diagnostiques des troubles de stress

Trouble de stress aigu

Repris et traduit de : The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4 éd. text. rev.9p.471-472 (avec l'autorisation de l'American Psychiatric Association).

  1. La personne est exposée à un événement traumatisant qui réunit les deux conditions suivantes :
    • La personne est victime d'au moins un événement qui cause ou risque de causer la mort ou des blessures graves ou qui menace son intégrité physique ou celle d'autrui, affronte un tel événement ou en est témoin.
    • Réagissant à l'événement, la personne éprouve une peur intense, un état de détresse ou un sentiment d'horreur.
  2. Au moment où survient l'événement stressant ou par la suite, la personne présente au moins trois des symptômes suivants de dissociation mentale :
    • état subjectif d'engourdissement, de désintérêt ou d'insensibilité émotionnelle ;
    • perte de conscience à l'égard du milieu (p. ex., état « d'étourdissement ») ;
    • déréalisation ;
    • dépersonnalisation ;
    • amnésie dissociative (c.-à-d., incapacité de se remémorer un élément important du trauma).
  3. L'événement traumatisant se revit continuellement de l'une des façons suivantes :
    • images récurrentes, pensées, rêves, illusions, épisodes de flashbacks ou sentiment de répéter l'expérience ;
    • réaction provoquée par l'exposition aux rappels de l'évènement traumatisant.
  4. Évitement marqué des stimuli qui éveillent des souvenirs du trauma (p. ex., pensées, sentiments, conversations, activités, lieux, personnes).
  5. Symptômes marqués d'anxiété ou d'hyperéveil (p. ex., troubles du sommeil, irritabilité, manque de concentration, hyper-vigilance, réaction exagérée de sursaut, agitation motrice).
  6. Perturbation qui, du point de vue clinique, donne lieu à un stress ou à des troubles significatifs sur le plan social ou professionnel ou dans une autre sphère importante de la vie ou qui altère la capacité de la personne de mener à bien une tâche pertinente, comme chercher de l'aide ou mobiliser ses ressources propres en partageant le récit de l'expérience traumatisante avec les membres de sa famille.
  7. Perturbation d'une durée d'au moins deux jours et au plus quatre semaines qui survient dans un délai de quatre semaines à compter de l'événement traumatisant.
  8. Perturbation qui ne résulte ni des effets physiologiques directs de la consommation d'alcool ou d'autres drogues (p. ex., une drogue utilisée par les toxicomanes ou un médicament), ni d'un état pathologique général, qui ne s'explique pas plus exactement par un trouble psychotique bref et qui ne découle pas simplement de l'exacerbation d'un trouble préexistant de l'Axe I ou de l'Axe II.

Syndrome de stress post-traumatique

Repris et traduit de : The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e éd. text. rev.9 p. 467-468 (avec l'autorisation de l'American Psychiatric Association).

  1. La personne est exposée à un événement traumatisant qui réunit les deux conditions suivantes :
    1. La personne est victime d'au moins un événement qui cause ou risque de causer la mort ou des blessures graves ou qui menace son intégrité physique ou celle d'autrui, affronte un tel événement ou en est témoin.
    2. Réagissant à l'événement, la personne éprouve une peur intense, un état de détresse ou un sentiment d'horreur. Remarque : Chez l'enfant, cette réaction peut se manifester par un comportement agité ou aberrant.
  2. L'événement traumatisant se revit continuellement de l'une ou plusieurs des façons suivantes :
    1. souvenirs stressants et récurrents de l'événement, ponctués notamment d'images, de pensées ou de perceptions (chez le jeune enfant ou la jeune enfant, possibilité de jeux répétitifs à travers lesquels s'expriment certains thèmes ou certaines facettes du trauma) ;
    2. rêves stressants et récurrents à propos de l'événement (chez le jeune enfant ou la jeune enfant, possibilité de cauchemars ne refermant aucun élément reconnaissable) ;
    3. comportements ou sentiments semblables à ceux qui accompagneraient une reprise de l'événement, y compris l'impression de revivre l'expérience, des illusions, des hallucinations et des épisodes de flashbacks dissociatifs, notamment au réveil ou en état d'ébriété (chez le jeune enfant ou la jeune enfant, possibilité de répétition d'éléments propres au trauma) ;
    4. détresse psychologique profonde provoquée par l'exposition à des signaux internes ou externes qui symbolisent une facette de l'événement traumatisant ou qui s'y apparentent ;
    5. réactivité physiologique provoquée par l'exposition à des signaux internes ou externes qui symbolisent une facette de l'événement traumatisant ou qui s'y apparentent.
  3. Évitement persistant des stimuli associés au trauma et engourdissement de la sensibilité générale (absente avant le trauma), reconnaissables à au moins trois des éléments suivants :
    1. efforts en vue d'éviter les pensées, les sentiments ou les conversations ayant trait au trauma ;
    2. efforts en vue d'éviter les activités, les lieux ou les personnes qui éveillent des souvenirs du trauma ;
    3. incapacité de se remémorer un élément important du trauma ;
    4. désintérêt marqué pour des activités importantes ou recul notable de l'intérêt porté à ces activités ;
    5. sentiment de marginalisation ou de désintérêt par rapport à autrui ;
    6. réduction de l'éventail de l'affect (p. ex., incapacité d'éprouver des sentiments amoureux) ;
    7. raccourcissement de l'horizon futur (p. ex., impression de ne jamais pouvoir faire carrière, se marier, avoir des enfants ou avoir une vie de durée normale).
  4. Symptômes persistants d'hyperéveil (absents avant le trauma), reconnaissables à au moins deux des éléments suivants :
    1. difficulté à s'endormir ou à maintenir le sommeil ;
    2. irritabilité ou débordements de colère ;
    3. difficulté à se concentrer ;
    4. hyper-vigilance ;
    5. réaction exagérée de sursaut.
  5. Perturbation d'une durée de plus d'un mois (selon des symptômes qui correspondent aux critères énoncés en B, C et D).
  6. Perturbation qui, du point de vue clinique, donne lieu à un stress ou des troubles significatifs sur le plan social ou professionnel ou dans une autre sphère importante de la vie.

    À préciser : Syndrome aigu si les symptômes se manifestent pendant moins de trois mois
    Syndrome chronique si les symptômes se manifestent pendant trois mois ou plus

    À préciser : Apparition retardée si les symptômes apparaissent au moins six mois après l'événement stressant

Troubles de stress extrême non spécifiés ailleurs

Judith Herman81 a remis en doute la possibilité qu'un diagnostic de syndrome de stress post- traumatique7,8,9 puisse cerner tout l'éventail des réactions humaines aux traumas. À l'instar de certains de ses collèguesp. ex.,173, Herman avance qu'il serait plus juste de concevoir ces réactions comme les éléments d'un spectre dont les extrémités correspondraient, d'une part, à une réaction au stress aigu qui se règle d'elle-même sans traitement et, d'autre part, à ce que la chercheuse qualifierait de « syndrome de stress post-traumatique complexe ». Selon cette vision, le syndrome de stress post-traumatique « simple » ou « classique » occuperait un point du spectre situé quelque part entre les deux extrémités81p.119

Au moment même où était conçu le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e éd.8 (désigné par l'acronyme DSM-IV ), un essai pratique a eu lieu pour évaluer la pertinence d'inclure le concept de syndrome de stress post-traumatique complexe également nommé troubles de stress extrême non spécifiés ailleurs en tant que diagnostic distinct du syndrome de stress post- traumatique. À la lumière des résultats de l'essai pratique et d'autres études plus récentes, d'aucuns ont cru que la légitimité du diagnostic de troubles de stress extrême non spécifiés ailleurs avait été démontrée174. Cependant, il n'a pas été inscrit comme tel dans le DSM-IV, qui aborde plutôt les catégories de symptômes afférentes à la rubrique « caractéristiques associées et descriptives du syndrome de stress post-traumatique »171.

La dernière version du DSM-IV-TR évoque la possibilité que la constellation de symptômes suivants soient associés au syndrome de stress post-traumatique ces symptômes étant généralement observés là où l'agent stressant met en cause un trauma interpersonnel (p. ex., violence physique ou sexuelle pendant l'enfance ou violence conjugale) :

  • altération de la modulation de l'affect ;
  • comportement autodestructeur ou impulsif ;
  • symptômes de dissociation ;
  • plaintes somatiques ;
  • sentiments d'inefficacité ;
  • honte, atterrement ou désespoir ;
  • sentiment d'être marqué ou marquée pour la vie ;
  • reniement de convictions soutenues par le passé ;
  • hostilité ;
  • comportements de retrait social ;
  • sentiment constant d'être menacé ou menacée ;
  • altération des relations interpersonnelles ;
  • modification des traits de personnalité antérieurs de la personne9p.465.

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