ARCHIVÉ : Annexe C : Manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé : Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l'enfance – Dynamique traumagénique

 

Annexe C : Dynamique traumagénique de la violence sexuelle pendant l'enfance

Le Tableau 6 donne un aperçu des problèmes les plus courants auxquels font face les personnes ayant survécu à une agression sexuelle pendant l'enfance. Le Tableau s'inspire du concept de dynamique traumagénique de la violence sexuelle pendant l'enfance formulé par David Finkelhor et Angela Browne63. Cette dynamique décrit les répercussions que risquent d'avoir, sur les victimes, les comportements, les expériences et les événements associés aux mauvais traitements.

Tableau 6. - Dynamique traumagénique de la violence sexuelle pendant l'enfance
Caractéristique Dynamique Manifestations possibles

Inspiré de : Finklehor et Browne63 (avec l'autorisation de D. Finkelhor).

Sexualisation traumatisante
  • Le fait de récompenser la pratique de comportements sexuels risque d'accentuer la prégnance des questions sexuelles chez l'enfant.
  • Le fait de recevoir de l'attention et de l'affection en échange de faveurs sexuelles risque d'altérer la capacité d'une personne qui survit à la violence sexuelle de développer un sentiment d'amour et d'appartenance sain.
  • Les parties sexuelles de l'enfant risquent d'être fétichisées.
  • Les mauvais traitements risquent d'insulquer de fauses idées à propos de la sexualité (p. ex., identité sexuelle, orientation sexuelle, comportements sexuels et moralité sexuelle).
  • Un conditionnement risque d'associer les activités sexuelles à des émotions et des souvenirs désagréables, alimentant une aversion pour ces activités ou pour l'intimité.
  • Évitement de tout ce qui concerne la sexualité
  • Préoccupations à l'égard des questions sexuelles ou des comportements sexuels compulsifs
  • Activités sexuelles précoces
  • Comportements sexuels agressifs
  • Promiscuité
  • Prostitution (participation au commerce du sexe en taqnt que travailleur ou travailleuse du sexe ou en tant que client ou cliente)
  • Dysfonctions sexuelles (p. ex., absence de désir, peine à trouver l'excitation sexuelle, incapacité d'atteindre l'orgasme et évitement de l'intimité sexuelle)
Trahison
  • La violence sexuelle pendant l'enfance joue sur la vulnérabilité de l'enfant, brise l'anticipation de sollicitude et de protection de la part d'autrui et risque de nuire à la capacité de faire confiance.
  • L'autonomie et le bien-être de l'enfant sont laissés de côté, ce qui risque d'influencer son sentiment d'identité.
  • La honte et le sentiment de culpabilité s'enracinent, car l'enfant croit avoir fait quelque chose pour mériter ses sévices.
  • La perte de l'innocence ou de l'illusion d'une famille « parfaite » ou « normale » éveille un profond sentiment de deuil et risque de provoquer une dépression.
  • L'anxiété ou la peur extrême donne lieu à un sentiment de dépendance
  • Dépendance excessive ou tendance à s'accrocher
  • Vulnérabilité à l'exploitation et aux sévices subséquents
  • Défaut de juger correctement la bonne foi ou les motifs d'autrui, avec pour résultat une reprise des sévices et de l'exploitation et/ou une incapacité de protéger ses propres enfants contre les mauvais traitements
  • Comportements de retrait, isolement social et/ou évitement des relations intimes
  • Difficultés chroniques sur le plan des relations
  • Actes d'extériorisation (p. ex., comporte-ments agressifs, délinquance, prise de risques, etc.)
Stigmatisation
  • La victime encourt le blâme de l'agresseur ou de l'agresseuse et d'autres personnes, ce qui éveille un sentiment de honte ou de culpabilité.
  • L'enfant subit les pressions de l'agresseur ou de l'agresseuse pour garder le secret.
  • L'enfant victime se sent « marqué » ou « marquée », « anormal » ou « anormale », « vilain » ou « vilaine », ce qui risque de déformer le sentiment d'identité et de miner l'estime de soi.
  • Dysphorie ou dépression chronique
  • Stigmatisation, isolement social et marginalisation qui risquent de stimuler la consommation d'alcool ou d'autres drogues
  • Comportement criminel
  • Défaut de se soigner (p. ex., comportements risqués, piètre hygiène, pratiques sanitaires déficientes)
  • Automutilation ou actes autodestructeurs
Sentiment d'impuissance
  • L'invasion non désirée du corps ou de l'espace personnel risque de nuire à l'établissement et au maintien de saines limites et d'accentuer le risque de victimisation répétée.
  • Pour faire participer sa victime, l'agresseur ou l'agresseuse peut recourir à la violence, aux menaces, à la supercherie ou au chantage.
  • En cas de divulgation de mauvais traitements, la personne risque de cultiver un sentiment d'efficacité amoindri si son entourage ne la croit pas ou s'il ne réagit pas de manière appropriée.
  • Certaines victimes cultivent un besoin marqué de contrôle personnel et en viennent même, parfois, à s'identifier à l'agresseur ou l'agresseuse.
  • Hyperéveil (c. à-d., anxiété chronique, phobies, tendance à sursauter à rien, irritabilité, troubles du sommeil)
  • Intrusion (p. ex., flashbacks en état d'éveil ou sommeil troublé par des cauchemars traumatisants)
  • Diminution de la spontanéité (dissociation en vue de supporter un danger que l'on ne peut surmonter ou auquel on ne peut échapper) modification de la perception, des sens et de la perception du temps, avec pour possibles résultats l'évitement des rappels du trauma, l'engourdissement émotionnel, l'obtusion, le désintérêt et l'incapacité de se réjouir
  • Affections et maladies causées par le stress ; troubles chroniques et/ou troubles somatiques vagues

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