Sommaire : Obésité au Canada

Sommaire

Le rapport fait état des nouvelles analyses sur la prévalence, les déterminants et les conséquences de l’obésité au Canada. Les trois premiers chapitres décrivent la prévalence de l’obésité chez les adultes, les enfants et les jeunes, ainsi que les Autochtones, en combinant les estimations nouvelles et anciennes. Une nouvelle analyse des déterminants de l’obésité effectuée à l’aide d’une mesure innovatrice du risque suit, ainsi que des effets de la modification des déterminants et une nouvelle estimation des coûts de l’obésité sur les plans de la santé et de l’économie. Dans le dernier chapitre, on résume les principales leçons tirées de la littérature internationale spécialisée portant sur la prévention et la prise en charge de l’obésité.

Prévalence

Plus d’un adulte canadien sur quatre (les estimations varient de 24,3 % à 25,4 %) est obèse, selon les données de la taille et du poids mesurés recueillies de 2007 à 2009. Parmi les enfants et les jeunes âgés de 6 à 17 ans, 8,6 % sont obèses. Généralement, les mesures réelles de la taille et du poids des sujets aboutissent à des estimations de la prévalence de l’obésité qui sont supérieures à celles qui s’appuient sur des données autodéclarées.

Entre 1981 et 2007-2009, l’obésité mesurée a grosso modo doublé chez les hommes et les femmes appartenant à la plupart des groupes d’âge des catégories adultes et jeunes. Non seulement la prévalence de l’obésité a-t-elle augmenté avec le temps, mais elle est en train de s’aggraver pendant que les niveaux de condition physique déclinent. Ainsi, depuis la fin des années 1970, les augmentations de la prévalence de l’obésité ont été proportionnellement plus marquées dans les catégories de poids les plus lourds. La recherche semble indiquer une tendance vers une adiposité accrue et une diminution de la bonne forme physique chez les enfants, les jeunes et les adultes.

L’obésité varie considérablement en fonction de la géographie. La prévalence de l’obésité varie de 3,4 % à 34,3 % entre les différents pays membres de l’Organisation pour le développement et la coopération économiques (OCDE). De nouvelles analyses montrent que la variation de l’obésité autodéclarée d’une région sanitaire à l’autre du pays est tout aussi marquée, allant de 5,3 % à 35,9 %.

Comme dans les études précédentes, les nouvelles analyses abordées dans le présent rapport montrent aussi que l’obésité autodéclarée demeure plus prévalente chez les peuples autochtones qu’au sein de la population adulte canadienne non autochtone : ainsi, l’obésité est manifeste dans une proportion de 25,7 % chez les adultes autochtones vivant hors réserve, et de 17,4 % chez les adultes non autochtones vivant au Canada (selon des données fournies par les sujets eux-mêmes dans l’ESCC de 2007-2008). Si on se fonde sur les données de 2002-2003, on note généralement dans les groupes appartenant aux Premières nations vivant dans les réserves une prévalence de l’obésité plus élevée, plus du tiers (36,0 %) des sujets étant obèses. L’obésité autodéclarée chez les adultes est semblable chez les Inuits, les membres des Premières nations vivant hors réserve et les Métis (23,9 %, 26,1 % et 26,4 % respectivement), tandis que l’obésité chez les enfants passe de 16,9 % chez les Métis à 20,0 % chez les membres des Premières nations vivant à l’extérieur des réserves, et à 25,6 % chez les Inuits. La prévalence de l’obésité chez les peuples autochtones du Canada peut être estimée à partir de plusieurs sources, mais aucune d’entre elles prise isolément ne procure une image complète de la situation des membres des Premières nations vivant dans les réserves et hors réserve, des Inuits et des Métis.

Déterminants

Les recherches ont permis de distinguer un certain nombre de déterminants associés à l’obésité, à savoir l’activité physique, l’alimentation, le statut socio-économique, l’ethnicité, l’immigration et les facteurs environnementaux. Dans une approche axée sur la santé des populations et visant à comprendre l’obésité, on examine aussi bien les facteurs rapprochés ou plus immédiats déterminant l’obésité, comme l’alimentation et l’activité physique, que les facteurs plus éloignés, comme les caractéristiques propres à la collectivité et au statut socio-économique. Toutefois, les schémas en cause sont complexes, et les déterminants sont interreliés. De plus, certains facteurs, tels que le revenu et le niveau d’études, ont tendance à donner lieu à des corrélations différentes chez l’homme et chez la femme.

Étant donné que les facteurs de risque sont souvent regroupés, les analyses sont présentées de manière à tenir compte de plusieurs déterminants sociaux sur la santé et sur les comportements ayant trait à la santé. Ces analyses, dans lesquelles les observations sont exprimées en termes de fraction étiologique du risque (FER) et de nombre de personnes à risque au sein de la population (« PIN »), permettent de saisir la proportion et le nombre de cas d’embonpoint et d’obésité susceptibles d’être associés à ces déterminants du point de vue de la population.

Par exemple, selon cette démarche, la sédentarité est apparue comme le facteur le plus étroitement associé à l’obésité au niveau de la population aussi bien chez les hommes que chez les femmes, après avoir pris en considération l’âge et d’autres déterminants sanitaires, comportementaux et sociaux. Également, les facteurs éloignés ou indirects, comme le revenu, le fait de vivre en milieu rural ou en situation minoritaire, continuent à être associés à l’obésité, même après avoir pris en considération des comportements plus directement liés à la santé, comme la sédentarité, la consommation de fruits et légumes et la consommation d’alcool.

Ces recherches, même si elles sont théoriques, peuvent aider à déterminer les décisions prises par les responsables de l’élaboration des politiques, les responsables de la santé et les prestataires de soins de santé du Canada désireux de prévenir l’obésité et d’intervenir dans son traitement. Cependant, comme ces analyses s’appuient sur des données transversales et sur un certain nombre d’hypothèses, elles ne peuvent servir à tirer de conclusions sur les causes de l’obésité. Notre compréhension collective des déterminants de l’obésité continuera à évoluer en même temps que sera surveillée et évaluée l’efficacité des politiques, des programmes et des interventions.

Maladie et fardeau financier

L’obésité est une préoccupation sanitaire de taille au sein de la population. L’obésité accroît le risque de contracter certaines maladies chroniques, comme le diabète de type 2, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et certaines formes de cancer. Elle est aussi associée à une stigmatisation sociale et à une réduction du bien-être psychologique. Certains de ces problèmes de santé peuvent se manifester dès l’enfance. Les données dont nous disposons actuellement indiquent que les personnes gravement obèses ont un risque plus élevé de mortalité premature que celles dont le poids est normal ou que celles atteintes simplement d’embonpoint. Il est cependant difficile d’établir avec exactitude le nombre de décès attribuable à l’obésité; car l’obésité se présente souvent accompagnée d’autres facteurs de risque, comme la sédentarité ou les maladies chroniques.

On estime que l’obésité a coûté à l’économie canadienne environ 4,6 milliards de dollars en 2008, soit 735 millions de dollars de plus ou environ 19 % de plus que les 3,9 milliards de dollars qu’elle avait coûtés en 2000. Il s’agit là d’une estimation prudente, car elle ne tient compte que des coûts liés aux huit maladies chroniques le plus souvent associées à l’obésité. Une autre étude s’appuyant sur une méthode analogue et tenant compte de 18 maladies chroniques en arrive à des coûts encore plus élevés, qui atteignent les 7,1 milliards de dollars.

Approches pour s’attaquer au problème de l’obésité

Un survol de la littérature spécialisée nationale et internationale permet de constater que les stratégies visant à s’attaquer au problème de l’obésité et à supprimer les environnements obésogènes peuvent être classées en trois catégories :

  1. Les interventions au niveau des services de santé et les interventions cliniques qui visent les individus;
  2. Les interventions ciblant la collectivité et cherchant à influer directement sur les comportements des individus et des groupes;
  3. Les politiques publiques qui visent les grands déterminants sociaux ou environnementaux.

Tout comme la lutte contre le tabagisme, la prévention efficace de l’obésité peut exiger une approche multidisciplinaire et à long terme, comportant des interventions qui agissent à des niveaux multiples et de façons complémentaires.

Relativement peu d’interventions en matière de prévention et de prise en charge de l’obésité au sein de la population, notamment les approches qui visent les politiques publiques ciblant les grands facteurs environnementaux, ont été évaluées systématiquement quant à leur efficacité et à leur rapport coût-efficacité. L’élaboration et la mise en œuvre d’interventions efficaces exigeront une surveillance étroite et assidue afin de reconnaître les approches qui fonctionnent dans différents cadres et auprès de différentes populations, ainsi qu’une analyse économique, afin de comprendre leur efficacité économique potentielle.

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