ARCHIVÉ - Au croisement des secteurs - expériences en action intersectorielle, en politique publique et en santé

 

8. Pleins feux sur l’avenir

Questions à régler

Bien que le présent document ne précise pas d’une manière concluante des modèles appropriés de classement des initiatives intersectorielles, il met en relief les avantages de l’utilisation des niveaux mondial, régional, national, sous-national et communautaire ou local de gouvernance, en guise de point de départ de la mise en œuvre d’une action intersectorielle. Il présente des descriptions générales d’approches, à titre de démarches progressives, ciblées, générales et intégrées qui offrent un moyen pratique de relever le défi lié à l’équité en matière de santé, d’aborder les déterminants sociaux de la santé et, le cas échéant, de transcender les barrières sectorielles afin de réaliser des gains en matière de santé.

Ce document a permis de dégager les questions suivantes :

Quels arguments à l’appui de l’action inter-sectorielle ont été les plus convaincants? Les discussions de cabinet se tiennent à huis clos dans de nombreux pays; ainsi, en général, le « fond de l’histoire » en ce qui concerne les arguments les plus convaincants n’est pas saisi dans les documents gouvernementaux qui font état des leçons tirées, dans les évaluations ou dans les ouvrages théoriques.

Quels leviers stratégiques se sont révélés les plus efficaces, efficients et équitables sur le plan de la promotion de l’équité en matière de santé? Lorsqu’il s’agit de traiter de problèmes liés à la politique publique, les leviers stratégiques sont habituellement évalués du point de vue de leur efficacité; par exemple, l’intervention fonctionnera-t-elle dans le contexte visé? Le critère d’efficience permet de déterminer si l’investissement de ressources offre un avantage conséquent : les avantages justifient-ils l’investissement ? Enfin, quelles sont les consé-quences de l’intervention sur l’équité, c.-à-d. la répartition équitable des déterminants sociaux? Le secteur de la santé peut hausser le critère d’équité en contribuant à l’élaboration et à la mise en œuvre de propositions de politiques destinées à d’autres secteurs.

Quel rôle les autres intervenants ont-ils joué? Comment le secteur de la santé peut-il raffiner son rôle en l’absence de la considération et de la sensibilisation de partenaires clés (p. ex. le public, les médias, les décideurs centraux, d’autres intervenants des milieux sociaux et les intervenants du secteur économique)? Une meilleure connaissance des secteurs qui n’ont pas participé au processus – et des raisons pour lesquelles ils n’y ont pas participé – peut contribuer à mettre au point les approches en vue d’une action intersectorielle efficace, en regard d’objectifs partagés.

Comment l’engagement a-t-il été maintenu au fil du temps? Certains documents de référence offrent des exemples, en mettant l’accent sur les dirigeants du secteur de la santé et d’autres milieux. Dans le cadre du développement d’organisations de la santé, il faudrait accorder la priorité aux types de leadership et aux autres contributions nécessaires aux initiatives mises en œuvre à l’intérieur des limites organisationnelles et de concert avec des secteurs clés.

Comment le secteur de la santé peut-il renforcer ses capacités en matière d’action intersectorielle? Si le secteur de la santé fait appel à d’autres milieux en vue de répartir équitablement les déterminants de la santé, il doit cibler, dans le cadre de ses initiatives internes axées sur l’équité d’accès, les services de santé qui relèvent directement de sa responsabilité. Cette exigence, conjuguée à la complexité et à interdépendance croissantes des secteurs et des problèmes sociaux, présente un défi considérable au secteur de la santé.

Le rôle du secteur de la santé n’est plus direct et rigide. Il doit pouvoir évoluer et s’adapter. Le secteur doit savoir quand il doit diriger et quand il doit suivre, et connaître le type de contribution à obtenir. De plus, il doit veiller à ce que les aspects sanitaires de dossiers complexes dirigés par d’autres secteurs soient définis et abordés. Il doit être sensibilisé au moment opportun, savoir distinguer les gains à court, à moyen et à long terme et être prêt à prendre des décisions concernant les stratégies et les points d’accès appropriés.

Quels outils, modèles ou ressources sont nécessaires pour appuyer l’action intersectorielle? L’élaboration d’une approche générale bien planifiée en matière d’action intersectorielle, qui offre des avantages liés à la santé, ainsi que des avantages socioéconomiques plus généraux, exige un soutien considérable. Une bonne partie des ouvrages consultés soulignaient les obstacles et les facteurs habilitants en matière d’action intersectorielle, et précisaient certains outils visant à appuyer ce type d’action. Il faut poursuivre les travaux engagés afin d’évaluer les besoins des divers intervenants et la compatibilité avec les outils et les ressources accessibles. La collaboration avec d’autres secteurs dévoilera peut-être une gamme d’outils existants qui pourraient servir d’exemples utiles, notamment des modèles intégrés de planification et d’évaluation.

Conclusion

Tout comme la notion de santé a évolué au cours des dernières décennies, le concept d’action intersectorielle en matière de santé semble se transformer. Les expériences analysées dans le présent document révèlent quelques initiatives verticales et horizontales fructueuses en termes de gains liés à la santé. Toutefois, compte tenu des répercussions des initiatives intersectorielles sur les ressources, il faut évaluer d’un point de vue critique le moment propice, le lieu et la méthode à adopter pour intervenir. Même si diverses approches ont été utilisées, à divers niveaux de gouvernance, il ne semble pas exister de modèle « universel ».

Nous observons un besoin émergent, à savoir une réorientation de l’action intersectorielle pour la santé à l’action intersectorielle axée sur des buts sociaux communs. L’équité, appuyée par la santé en guise d’indicateur important, offre un point de départ prometteur dans de nombreux contextes politiques. Cette réorientation exige un secteur de la santé qui établit un équilibre entre les déterminants à l’égard desquels il manœuvre les leviers stratégiques, et ceux qui relèvent d’autres secteurs.

Ce document offre un aperçu global des approches à l’égard de l’action intersectorielle aux échelles mondiale, sous-régionale, nationale, sous-nationale et communautaire. Au cours des dix années écoulées depuis la Conférence de 1997 sur l’action intersectorielle sur la santé de l’OMS, certains progrès ont été réalisés sur le plan de l’analyse du nouveau rôle du secteur de la santé, au sein d’un groupe de partenaires. De nouvelles formes de leadership, de compétences, d’information et de savoir sont mises en application dans le monde entier. De nouveaux systèmes de gouvernance sont examinés et mis à l’essai, du point de vue de la gestion de partenariats et de regroupements. Les intervenants ont accompli certains progrès dans le cadre du renforcement de la compréhension des conséquences des interventions sur la santé. Néanmoins, nous avons éprouvé de la difficulté à repérer des données probantes attestant l’efficacité de l’action intersectorielle en matière de santé.

De nombreuses questions restent à régler. Nous espérons qu’à l’approche du dixième anniversaire de la conférence de 1997 le présent document et les études de cas subséquentes permettront d’acquérir une connaissance plus approfondie des approches intersectorielles adaptées à des besoins contextuels précis.

Détails de la page

Date de modification :