Réduire le risque de contracter la maladie de Lyme

RMTC

Volume 41-6, le 4 juin 2015 : Les maladies à transmission vectorielle au Canada

Revue

Examen des méthodes visant à prévenir et à réduire le risque de contracter la maladie de Lyme

Lindsay LR1*, Ogden NH2, Schofield SW3

Affiliations

1 Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Winnipeg (Manitoba)

2 Centre des maladies infectieuses d’origine alimentaire, environnementale et zoonotique, Agence de la santé publique du Canada, Saint-Hyacinthe (Québec)

3 Programme de lutte contre les maladies transmissibles, ministère de la Défense nationale, Ottawa (Ontario)

Correspondance

robbin.lindsay@phac-aspc.gc.ca

DOI

https://doi.org/10.14745/ccdr.v41i06a04f

Résumé

Contexte : Les cas de la maladie de Lyme et les zones de populations autonomes de tiques vectrices sont à la hausse au Canada. On s'attend à ce que cette tendance se maintienne. Les mesures de prévention à l'égard de la maladie de Lyme s'avéreront donc appropriées pour un nombre croissant de Canadiens.

Objectif : Présenter un résumé des méthodes visant à réduire le risque de morsures de tiques et prévenir la transmission une fois que la tique se nourrit.

Méthodologie : Une recherche documentaire a été menée pour déterminer les méthodes visant à réduire le risque de morsures de tiques et l'abondance de tiques vectrices, ainsi que le risque d'infection par l'agent pathogène de la maladie de Lyme, Borrelia burgdorferi (BB), en cas de morsure d'une tique vectrice.

Résultats : Les approches actuelles de réduction du risque de morsures de tiques ou la prévention des infections par BB une fois que le moustique a mordu, reposent en grande partie sur la personne touchée. Elles comprennent l'utilisation d'insectifuges topiques, l'utilisation de vêtements protecteurs, le fait d'éviter les zones à risque et de retirer les tiques rapidement (idéalement en moins d'un jour) après qu'elles se soient agrippées à la peau. Ces méthodes sont efficaces, mais limitées par leur observance par le sujet. D'autres approches, notamment la modification du terrain ou l'utilisation d'acaricides pour contrôler les tiques, semblent prometteuses dans d'autres pays, mais n'ont pas été largement adoptées au Canada.

Conclusion : La maladie de Lyme continuera de représenter une menace au Canada. En plus des interventions actuelles pour la prévention de piqûres de tiques et la maladie de Lyme, il existe un besoin de nouveaux outils pour aider à réduire le risque de contracter la maladie de Lyme au Canada.

Introduction

La maladie de Lyme est une grave maladie humaine causée par la bactérie Borrelia burgdorferi (BB). Elle est transmise par certaines espèces de tiques Ixodes : la tique à pattes noires de l'Ouest (Ixodes pacificus) dans certaines régions à l'ouest des Rocheuses, et la tique à pattes noires (Ixodes scapularis) dans certaines régions du Canada, à l'est des Rocheuses. Ces tiques sont infectées lorsqu'elles se nourrissent sur des animaux sauvages hôtes infectés par la bactérie BB, comme des rongeurs ou des oiseaux. Une infectées, elles peuvent transmettre la bactérie BB à d'autres animaux, y compris l'hommeNote de bas de page 1.

Le risque de contracter la maladie de Lyme au Canada est le plus élevé dans les endroits où les populations de tiques à pattes noires sont établies (p. ex. lorsque les populations sont autonomes d'une année à l'autre)Note de bas de page 2. La présence de tiques et le risque varient des deux côtés des Rocheuses. Les populations d'Ixodes pacificus sont largement établies dans le sud de la Colombie-Britannique. Elles ne semblent pas élargir leur portée géographique et ont habituellement un faible taux d'infection à la BB (< 5 %). Par conséquent, le risque est relativement modeste. En revanche, l'étendue géographique des populations établies de tiques I. scapularis (à l'est des Rocheuses) s'est récemment étendue au centre et à l'est du CanadaNote de bas de page 2Note de bas de page 3 et touche maintenant des zones à proximité des centres urbains ou dans les centres urbainsNote de bas de page 4Note de bas de page 5. En outre, la proportion de tiques I. scapularis infectées par la bactérie BB peut être élevée (> 15 %). L'effet combiné pour certaines régions touchées se solde par un plus grand nombre de tiques infectées se rapprochant des centres de population et entraînant un risque relativement plus élevé de contracter la maladie de Lyme dans le centre et l'est du Canada.

L'incidence annuelle des cas de la maladie de Lyme a nettement augmenté au Canada. Par exemple, en 2004, on recensait seulement 40 cas; toutefois, en 2012, 338 cas étaient signalésNote de bas de page 2. Étant donné que l'on s'attend à ce que la tendance à s'étendre du vecteur se maintienneNote de bas de page 2Note de bas de page 4, la nécessité d'interventions visant à prévenir les morsures de tiques et la maladie de Lyme devient de plus en plus pressante.

Malheureusement, il existe relativement peu de solutions de prévention de la maladie de Lyme disponibles pour les Canadiens. Il n'existe aucun vaccin pour les humains (cependant, il existe des traitements efficaces pour la maladie de Lyme); les acaricides pour lutter contre les tiques ne sont pas offerts ou utilisés largementNote de bas de page 6; l'expertise et l'infrastructure professionnelles de gestion des tiques sont limitées. Par conséquent, la prévention repose sur les mesures prises individuellement - habituellement par la prévention des piqûres ou par le retrait des tiques sur la peau avant la transmission de la BBNote de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11. L'objectif de cet examen est de résumer les méthodes que le public peut utiliser en vue de prévenir et de prendre en charge les morsures de tiques pour prévenir ou réduire le risque de contracter la maladie de Lyme. L'accent est mis sur des approches visant I. scapularis, mais les recommandations sont généralement applicables à I pacificus et aux autres espèces de tiques.

Méthodologie

Une recherche documentaire axée sur les mesures utilisées pour prévenir ou contrôler la présence des tiques et leurs morsures a été réalisée. Les bases de données de source ouverte (p. ex. PubMed et le United States Armed Forces Pest Management Board Literature Retrieval System (pas disponible en français) ont été consultées pour y trouver des publications pertinentes en utilisant les termes anglais de recherche correspondant au mot français : « tique » et « insectifuge »; « maladie de Lyme » et « prévention » ou « Ixodes scapularis » et « lutte ». Les études, les analyses documentaires ou rapports d'interventions ou de mesures qui se sont démontrées efficaces, qui ont été adoptées dans d'autres pays, et qui avaient une plausibilité biologique de réduire le risque ont été examinées. Les constatations ont été résumées dans un examen narratif et utilisées en vue d'élaborer les lignes directrices et les recommandations suivantes sur la prévention de la maladie de Lyme pour les Canadiens.

Résultats

Les rapports sur quatre méthodes de prévention ont été résumés : l'évitement des régions à risque; l'utilisation de vêtements protecteurs et la sensibilisation au retrait rapide des tiques; l'utilisation d'une barrière ou d'un insectifuge chimiques; et la réduction des populations de tiques dans l'environnement.

1. Prévention de la maladie par évitement des régions à risque

Une règle simple pour lutter contre la maladie de Lyme est : si vous n'êtes pas porteur de tiques, vous ne pouvez pas être malade. Jusqu'à tout récemment, du moins au Canada, cela pouvait se faire en évitant les quelques régions où la maladie de Lyme avait été signaléeNote de bas de page 12Note de bas de page 13. Cependant, en raison de la propagation de I. scapularis et de la maladie de Lyme, les tiques vectrices se trouvent dans de plus nombreuses régions, y compris plus près des centres à forte densité de population, dans ces centres, et même sur les propriétés résidentiellesNote de bas de page 3. Quoi qu'il en soit, l'évitement demeure une approche de réduction des risques qui a de bonnes chances de réussiteNote de bas de page 10.

Les tiques sont associées à certains habitatsNote de bas de page 14Note de bas de page 15 en particulier dans et autour des régions boisées (Figure 1) qui supportent des populations d'oiseaux, de rongeurs et de chevreuils qui sont les principaux hôtes de la tique à pattes noiresNote de bas de page 16. Dans ces régions, les tiques sont souvent trouvées dans les formations arbustives qui marquent la limite entre la forêt et les champs qui abritent des sentiers de randonnée ou des sentiers empruntés par les animauxNote de bas de page 16. En effet, elles peuvent proliférer dans de petits bosquets, y compris ceux que l'on peut retrouver dans les cours arrière résidentielles, mais sont rarement détectées dans les pelouses, en particulier celles qui sont gardées courtesNote de bas de page 17Note de bas de page 18Note de bas de page 19. Par conséquent, si les habitats boisés et à l'orée des forêts peuvent être évités, le risque de morsures de tiques est généralement très faibleNote de bas de page 20. À l'inverse, le fait de visiter de tels habitats accroît l'exposition et devrait provoquer la prise en compte du recours à d'autres mesures de protection, telles que des insectifuges (section 2 ci-dessous).

Figure 1 : Habitat abritant potentiellement des populations de tiques à pattes noires et où elles pourraient être rencontrées

Figure 1 : Habitat abritant potentiellement des populations de tiques à pattes noires et où elles pourraient être rencontrées

Description textuelle : Figure 1

Figure 1 : Habitat abritant potentiellement des populations de tiques à pattes noires et où elles pourraient être rencontrées

Cette figure est une image d'un secteur boisé contenant principalement des arbres feuillus et plusieurs broussailles.


Les tiques sont associées à des régions géographiques et le risque de morsures de tiques et de maladie de Lyme est le plus élevé dans les régions où des populations de tiques sont établies et autonomes. Les morsures de tiques et la maladie de Lyme peuvent cependant survenir dans une zone inconnue pour abriter des populations établies de tiques, soit parce que la surveillance en est encore à déterminer la population ou en raison du petit nombre de tiques « adventives » (populations établies de tiques propagées par les oiseaux migrateurs) présentesNote de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 13Note de bas de page 21. Par conséquent, le fait d'éviter les régions où il est connu que des populations de tiques sont établies réduira, mais n'éliminera pas complètement le risque.

Le risque de contracter la maladie de Lyme varie également selon le stade de développement de la tique et selon la saison. Les tiques au stade larvaire (stade le plus précoce) peuvent parfois mordre les gens, mais, puisqu'elles ne sont pas infectées par la BBNote de bas de page 22 elles ne représentent pas un risque de maladie de Lyme, même si elles peuvent parfois être infectées par d'autres agents pathogènes. Au Canada, le risque est plus élevé au printemps et en été (de mai à août) lorsque les nymphes (le stade juvénile des tiques qui se sont développées par un régime de larves avant l'âge adulte) sont activesNote de bas de page 23Note de bas de page 24. Le risque accru associé aux nymphes représente probablement leur abondance relativement plus élevée (comparativement aux adultes), de même que notre efficacité réduite à la trouver et à l'éliminer à ce stade de développement avant que la transmission ait lieuNote de bas de page 25. Il existe également des risques plus tôt au printemps ainsi qu'à l'automne lorsque les tiques adultes sont les plus activesNote de bas de page 26 et en théorie en hiver si les températures sont supérieures au point de congélation et qu'il n'y a pas de couvert neigeux sur le terrainNote de bas de page 16Note de bas de page 27. Utiliser des mesures de protection individuelle ou éviter les régions à risque au cours des périodes de l'année où les nymphes et les tiques adultes sont très actives réduira ou éliminera le risque d'expositionNote de bas de page 28.

2. Prévention de la maladie de Lyme par des vêtements appropriés et par le retrait des tiques

Les personnes qui travaillent à l'extérieur ou se livrent à des activités de plein air comme le golf, la chasse, le camping, la pêche et la randonnée pourraient ne pas être en mesure d'éviter les habitats des tiques, mais elles peuvent réduire leur risque de contracter la maladie de Lyme. Le fait de se vêtir adéquatement et de retirer la tique fixée dès que possible constitue des mesures de prévention.

Les tiques à pattes noires attendent généralement sur les feuilles mortes au sol, ou sur les arbrisseaux, qu'un hôte passe. À partir de ce support, elles s'agrippent à un hôte qui passe, puis cherchent à trouver un endroit où se nourrirNote de bas de page 16Note de bas de page 29. Le fait de porter des vêtements appropriés comme des chaussures fermées, une chemise longue enserrée dans le pantalon et des chaussettes relevées par-dessus le pantalon limite l'accès à la peau, et protège contre les morsuresNote de bas de page 30. En outre, le fait que la tique ne puisse pas pénétrer dans les vêtements la force à voyager plus longtemps à la surface des vêtements, ce qui accroît la probabilité qu'elle soit découverte avant qu'elle ne puisse mordre pour se nourrir. Le fait de porter des vêtements de couleur pâle favorise la découverte des tiquesNote de bas de page 31. Pour tuer les tiques restant sur les vêtements après utilisation, mettre les vêtements dans la sécheuse au cycle le plus chaud, puis les laver et les sécher de nouveauNote de bas de page 32.

Les tiques vectrices se nourrissent sur leurs hôtes humains pour une période allant jusqu'à sept joursNote de bas de page 16. Il a été bien établi chez les modèles animaux que la plupart des cas de transmission de la BB ne se produisaient pas avant une période d'un jour ou plus après que les tiques aient commencé à se nourrirNote de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 35. Par conséquent, le retrait des tiques dans un délai de 24 à 36 heures devrait prévenir l'infection par B. burgdorferi dans la plupart des cas. En effet, il a été démontré qu'une inspection quotidienne de la peau pour rechercher des tiques, et le bain ou la douche dans une période de quelques heures suivant les activités extérieures (ce qui augmente les probabilités de trouver des tiques), réduisent le risque de contracter la maladie de LymeNote de bas de page 36. Habituellement, une vérification de la présence de tiques devrait être effectuée en quittant une zone à risque, même s'il est prudent de vérifier la présence de tiques en mouvement sur les vêtements ou la peau alors que l'on se trouve dans la zone à risque.

Pour retirer une tique il est préférable d'utiliser des pinces à épiler avec des extrémités rigides et en angle placées près de la tête de la tique et aussi près de la peau que possible, et de tirer en effectuant un mouvement vers le hautNote de bas de page 34Note de bas de page 37Note de bas de page 38Note de bas de page 39 comme le montre la Figure 2. Après que la tique est retirée, la zone piquée doit être lavée avec du savon et de l'eau et traitée à l'aide d'un antiseptique.

Figure 2 : Diagramme illustrant la méthode privilégiée pour le retrait de la tique fixée sur la peau

Figure 2 : Diagramme illustrant la méthode privilégiée pour le retrait de la tique fixée sur la peau

Description textuelle : Figure 2

Figure 2 : Diagramme illustrant la méthode privilégiée pour le retrait de la tique fixée sur la peau

Cette figure est un diagramme démontrant la vue latérale et de face de la façon de retirer une tique avec une pince appliquée à l’angle droit du corps, refermée autour des mandibules de la tique aussi près de la peau que possible.


3. Prévention de la maladie de Lyme par des barrières chimiques

Les insectifuges topiques peuvent prévenir les piqûres d'un large éventail d'insectes vecteurs, y compris les tiquesNote de bas de page 40Note de bas de page 41. Au Canada, l'insectifuge le plus largement accessible est le N,N-diéthyl-m-toluamide (DEET). Il protège contre les morsures de tiques, son innocuité a été examinée par Santé Canada et il constitue un ingrédient actif privilégié pour une protection contre un éventail d'autres agents pathogènes transmis par les insectesNote de bas de page 40Note de bas de page 42Note de bas de page 43. En général, les produits qui contiennent de fortes concentrations de DEET (p. ex., de 20 à 30 %) procurent une protection de plus longue duréeNote de bas de page 44.

Ces produits à plus fortes concentrations sont homologués pour utilisation chez les adultes et les enfants âgés de plus de 12 ans. Chez les enfants âgés de 2 à 12 ans, on peut utiliser les produits qui contiennent jusqu'à 10 % de DEET, mais pas plus de trois fois par jour. Pour les enfants âgés de 6 à 24 mois, des concentrations de DEET allant jusqu'à 10 % peuvent être utilisées, mais qu'une seule fois par jourNote de bas de page 44Note de bas de page 45.

Depuis peu, les insectifuges contenant un ingrédient appelé icaridine, qui fournit des niveaux et des périodes de protection semblables au DEET, sont commercialisés au CanadaNote de bas de page 46. L'icaridine (aussi connue sous les noms Picaridine et KBR 3023), utilisée dans d'autres pays depuis un certain temps, est recommandée pour se protéger contre les piqûres de tiquesNote de bas de page 40Note de bas de page 43 et, contrairement au DEET, son utilisation à de fortes concentrations (p. ex., 20 %) n'est pas assujettie à des limites d'âge (http://publications.gc.ca/collections/collection-2011/sc-hc/H113-9-2011-10-fra.pdf). Par conséquent, si une protection pendant de plus longues périodes est nécessaire pour des enfants, l'icaridine pourrait constituer le meilleur insectifuge. Au moment de la rédaction du présent rapport, les produits contenant de l'icaridine n'étaient pas largement accessibles dans les commerces de détail au Canada. Toutefois, plusieurs entreprises prévoient commercialiser des produits (y compris ceux qui contiennent 20 % d'icaridine) à l'échelle du pays dans un proche avenir (c.-à-d. au printemps ou à l'été 2015). Pour tous les insectifuges topiques, il est important de lire et de suivre toutes les directives de l'étiquette.

D'autres insecticides tels que la perméthrine, lorsqu'elle est imprégnée dans les vêtements, agissent aussi comme une mesure de protection personnelle contre les piqûres de tiquesNote de bas de page 47Note de bas de page 48. Une récente étude par essai contrôlé randomisé (ECR) chez des personnes à risque élevé d'exposition à des tiques a démontré qu'elle offre une protection importante (> 90 %) par rapport aux sujets utilisant des mesures de protection conventionnels contre les morsures de tiquesNote de bas de page 49.

La perméthrine n'est actuellement pas offerte au grand public au Canada, mais il est recommandé que les Canadiens qui voyagent dans des régions des États-Unis et ailleurs (p. ex. en Europe) où la maladie est endémiqueNote de bas de page 40 appliquent de la perméthrine sur leurs vêtements ou utilisent des vêtements prétraités à la perméthrine. On peut se procurer ces produits dans certaines cliniques de santé-voyage ou dans des magasins de plein air lorsqu'on voyage aux États-UnisNote de bas de page 40.

Les produits qui contiennent la perméthrine ou d'autres ingrédients actifs qui ne sont pas spécialement approuvés pour le traitement des vêtements visant à prévenir les morsures de tiques ne doivent pas être utilisés à cet effet, car ils n'ont pas été conçus pour une telle utilisation. Ils peuvent être inefficaces et présenter un risque.

4. Prévention de la maladie par la réduction du nombre de tiques dans l'environnement

Les approches de gestion et d'aménagement du terrain ou d'application de pesticides ont démontré un certain succès dans la réduction des contacts entre les tiques et les humains aux États-Unis et peuvent jouer un rôle au Canada.

Des modifications simples comme l'émondage des arbres et des arbustes peuvent rendre une zone moins propice à accueillir des tiques. Des zones inhospitalières pour les tiques peuvent aussi être créées autour des cours et des aires de loisirs par l'intégration de structures paysagères (p. ex., une terrasse surélevée) et l'adoption de mesures de base (p. ex. la tonte des pelouses et le nettoyage des broussailles)Note de bas de page 50. Pour les personnes vivant dans des régions où les tiques sont présentes, des clôtures (de deux à trois mètres de hauteur) pour éloigner les chevreuils des propriétés réduisent le risque de contracter la maladie de LymeNote de bas de page 36.

L'application de pesticides sur la végétation dans les endroits où l'on trouve des tiques, comme c'est le cas dans les zones de transition entre les bosquets et les pelouses, peut considérablement réduire les populations de tiquesNote de bas de page 9Note de bas de page 51Note de bas de page 52. Cette approche n'a pas été largement adoptée au Canada, peut-être parce que la maladie de Lyme constitue un problème « nouveau » et que le marché n'a pas encore été développé. Cette situation pourrait aussi refléter une préoccupation à l'égard du coût et de l'innocuité des pesticidesNote de bas de page 53. À l'avenir, le public, les organisations et les municipalités devront trouver un juste équilibre entre l'utilisation des pesticides pour contrôler les tiques d'une part, et les coûts, les avantages et la législation actuelle et future liés à l'application des pesticides d'autre part.

Le traitement des cerfs (l'hôte principal de la tique adulte) et des rongeurs (le principal réservoir de l'agent pathogène qui transmet la maladie de Lyme) avec des acaricides pour tuer les tiques a démontré son efficacité par des études de démonstration de principeNote de bas de page 54Note de bas de page 55. Toutefois, il existe peu de données démontrant que l'abattage de cerfs est efficace pour réduire l'abondance des tiques, sauf dans les environnements particuliers comme c'est le cas des zones insulairesNote de bas de page 56.

Conclusion

Au cours des dernières années, la maladie de Lyme au Canada a évolué d'un problème inhabituel et circonscrit, à un enjeu émergent et en progression. De plus en plus, les populations de tiques et, par conséquent, le risque de contracter la maladie de Lyme empiètent sur les zones densément peuplées. Cette tendance devrait se poursuivre, et exposer la population canadienne à un risque accru d'exposition à des morsures de tiques et à la maladie de Lyme. Mise à part la modification du milieu afin de réduire les facteurs de risque environnementaux, les outils de prévention des piqûres et de l'infection à la BB, sont grandement limités aux approches prônant l'utilisation d'insectifuges et la vérification de la présence de tiques. Bien que des données probantes démontrent l'efficacité de ces interventions (bien que l'évaluation de la mesure de l'effet et de la qualité des preuves n'aient pas été soumises à des examens systématiques), leur efficacité est limitée par un faible taux d'observanceNote de bas de page 57Note de bas de page 58Note de bas de page 59. Des efforts visant à informer les Canadiens du risque de contracter la maladie de Lyme et visant à les encourager à se protéger contre les piqûres de moustiques et la maladie sont justifiés. Toutefois, de nouveaux outils et approches sont également nécessaires, en particulier lorsqu'ils viennent compléter les stratégies existantes. Cela peut comprendre des approches novatrices qui encouragent l'adoption de méthodes existantes et qui accroissent l'observance des méthodes de protection personnelles par le public; une adoption plus large de méthodes existantes et novatrices de contrôle des populations de tiques (ou de la BB chez les tiques et les animaux réservoirs); la mise au point et l'utilisation de vaccins efficaces pour les humains et acceptés par le public; et l'amélioration continue d'outils d'évaluation et de prévision des risques.

Summary of recommendations
Stratégie/Méthode Raison de l'utilisation Références choisies
Utiliser des insectifuges topiques approuvés - DEET ou icaridine - (suivre les directives de l'étiquette) et porter des vêtements imprégnés d'insectifuge (où cela est autorisé). Prévenir les piqûres de tiques; certains produits peuvent tuer les tiques. Note de bas de page 40Note de bas de page 42Note de bas de page 60
Vérifier la présence de tiques au moins une fois par jour et retirer les tiques découvertes. Retirer la tique avant que la transmission de l'agent pathogène de la maladie de Lyme se produise. Note de bas de page 38Note de bas de page 61
Éviter les habitats infestés de tiques. Prévenir l'exposition aux tiques. Note de bas de page 10Note de bas de page 62
Prendre un bain ou une douche dans les deux heures suivant le départ de l'habitat des tiques. Déloger les tiques et fournir une autre occasion de retirer les tiques fixées sur la peau. Note de bas de page 36
Porter des vêtements appropriés (p. ex. chemises longues et de couleur claire, chaussettes et pantalons longs). Limités ou retarder l'accès par les tiques aux sites de fixation sur la peau et améliorer la capacité à détecter (et à retirer) les tiques sur les vêtements. Note de bas de page 30
Modifier l'aménagement des terrains pour réduire le risque de morsures par les tiques : installer des clôtures (de plus de 2 mètres de hauteur), émonder les arbres et les arbustes des aires de jeu, créer des zones inhospitalières pour les tiques en bordure des aires de jeu. Réduire l'entrée des hôtes des tiques sur les propriétés et réduire le nombre de tiques dans les aires de jeu en compromettant leur survie. Note de bas de page 36Note de bas de page 50

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier le Comité consultatif de la lutte antiparasitaire du ministère de la Défense nationale pour avoir fourni une évaluation inédite sur l'efficacité de l'icaridine comme insectifuge contre les tiques (et les moustiques).

Conflit d’intérêts

Aucun

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