Maladies à transmission vectorielle et changement climatique
Publié par : L’Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 42-10 : Maladies à transmission vectorielle, changements climatiques et milieux urbains
Date de publication : 6 octobre 2016
ISSN : 1719-3109
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Volume 42-10, le 6 octobre 2016 : Maladies à transmission vectorielle, changements climatiques et milieux urbains
Compte-rendu
Maladies à transmission vectorielle, changement climatique et conception urbaine
Ogden NH1*
Affiliation
1 Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Saint-Hyacinthe (Québec)
Correspondance
Citation proposée
Ogden NH. Maladies à transmission vectorielle, changement climatique et conception urbaine. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2016;42:225-6. https://doi.org/10.14745/ccdr.v42i10a04f
Contexte
Depuis que la communauté scientifique et la communauté de santé publique ont commencé à étudier les effets des changements climatiques sur la santé, le risque des maladies à transmission vectorielle (MTV) est au premier plan des discussions, et ce, en raison de la sensibilité des moustiques, des tiques et des maladies qu'ils transmettent, au climat et aux changements climatiquesNote de bas de page 1.
Objectif
Examiner les risques pour le Canada que présentent l'émergence et la réémergence des maladies transmises par les tiques et les moustiques, et émettre l'hypothèse que la planification et la conception urbaines et suburbaines pourraient moduler ces risques.
Narratif
Les moustiques et les tiques sont sensibles au climat, car a) leur taux de mortalité dépend de la température et de l'humidité; b) les taux de développement d'une étape du cycle de vie à la suivante (et donc la longueur de leur cycle de vie et leur abondance) dépendent de la température; c) leur taux de reproduction dépend du climat; et d) l'activité de recherche d'hôte des vecteurs varie en fonction de la température et de l'humidité. Pour les maladies transmises par les moustiques, l'incubation extrinsèque (ou le temps nécessaire pour qu'un virus passe de l'intestin d'un moustique à ses glandes salivaires) dépend de la température. Si le climat est trop froid, la période d'incubation extrinsèque est plus longue que le temps de survie moyen d'un moustique, si bien que la transmission virale ne se produit pas. Toutefois, les différentes MTV réagiront différemment aux changements à long terme des diagrammes de températures et de précipitations, ainsi qu'à la variabilité accrue du climat et aux événements météorologiques extrêmes qui sont attendus dans le cadre des changements climatiques.
De nouveaux agents pathogènes transmis par les moustiques et les tiques pourraient émerger et se propager au Canada étant donné que les changements climatiques rendent une plus grande partie du pays favorable aux vecteurs et aux agents pathogènes. Toutefois, ils peuvent suivre différents schémas selon le vecteur. Les maladies transmises par les moustiques peuvent réagir à un climat variable et à des événements météorologiques extrêmes en produisant des épidémies, mais les maladies transmises par les tiques ne peuvent pas réagir de cette façon en raison des différences importantes au niveau de leur cycle de vieNote de bas de page 2. Cela se reflète dans les profils épidémiologiques du virus du Nil occidental, qui sont caractérisés par une propagation géographique initiale rapide puis par une endémicité et un déclin de l'activité avec toutefois des épidémies lorsque les diagrammes de précipitations et de température favorisent une forte abondance du vecteur. Toutefois, l'émergence de la maladie de Lyme est caractérisée par une propagation géographique lente suivie par des niveaux relativement constants de risque année après année. Les évaluations du risque fondées sur des modèles pour l'émergence de la maladie de Lyme au Canada laissent entendre un risque futur généralisé sur le plan géographique et, à ce jour, elles sont cohérentes avec la surveillance récente. Les évaluations du risque pour les maladies transmises par des moustiques plus tropicaux tels que le virus Zika et le virus Chikungunya laissent entendre que le risque augmentera mais sera probablement limité à des zones restreintes du sud du Canada.
Le risque réel que posent les tendances actuelles des MTV pour le public canadien peut être modulé par la planification urbaine et suburbaine. Les fortes précipitations sont plus susceptibles de faire augmenter la reproduction des moustiques dans les zones suburbaines, tandis que les sécheresses donnent lieu à la formation de bassins d'eau stagnante dans les drains et les égouts, les transformant en lieux de reproduction des moustiques Note de bas de page 3. L'aménagement des espaces suburbains déterminera l'étendue des contacts entre les résidents et les vecteurs. Le verdissement des espaces urbains pour réduire les îlots de chaleur, accompagné des campagnes axées sur la marche et le vélo, pourraient augmenter nos contacts avec les moustiques et les tiques. Les jardins suburbains hébergent peu des especes d'oiseaux et de moustiques, mais ceux qui y viennent sont souvent des hôtes et vecteurs efficaces de transmission du virus du Nil occidental, augmentant ainsi le risque d'infection à cette maladie.
Conclusion
Il est probable que les changements climatiques favorisent l'émergence et la ré-émergence des MTV au CanadaNote de bas de page 4. Toutefois, la mesure dans laquelle le public canadien risquera de contracter ces maladies sera déterminée, au moins en partie, par la façon dont nous concevons, construisons et gérons les milieux urbains et suburbains.
Conflit d’intérêts
Aucun.
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