Les infections entériques en Colombie-Britannique

RMTC

Volume 42-2, le 4 février 2016 : Mises à jour sur les infections transmissibles sexuellement

Surveillance

Les infections entériques sont-elles transmises sexuellement en Colombie-Britannique?

Narayan S1*, Galanis E2, Groupe C-B IETS3

Affiliations

1 Université Simon Fraser, Burnaby (Colombie-Britannique)

2 Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, Vancouver (Colombie-Britannique)

3 Membres du Groupe de la Colombie-Britannique sur les infections entériques transmises sexuellement : Forsting S4, Hoang L2, Jeyes J5, Nowakowski C6, Ritson M4, Stone J7, Tone G8

4 Vancouver Coastal Health Authority, Vancouver (Colombie-Britannique)

5 Interior Health Authority, Kelowna (Colombie-Britannique)

6 Vancouver Island Health Authority, Victoria (Colombie-Britannique)

7 Fraser Health Authority, Surrey (Colombie-Britannique)

8 First Nations Health Authority, Prince George (Colombie-Britannique)

Correspondance

sanaraya@sfu.ca

Citation proposée

Narayan S, Galanis E, Groupe de la Colombie-Britannique sur les infections entériques transmises sexuellement. Les infections entériques sont-elles transmises sexuellement en Colombie-Britannique? Relevé des maladies transmissibles au Canada 2016;42-2:27-33. https://doi.org/10.14745/ccdr.v42i02a01f

Résumé

Contexte : Parfois, les infections entériques peuvent se transmettre sexuellement, en particulier chez les personnes ayant des relations sexuelles orales et anales. Bien que des éclosions d'infections entériques aient été signalées chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH) en Colombie-Britannique, l'épidémiologie des infections entériques transmises sexuellement n'a jamais été évaluée.

Objectif : Décrire l'épidémiologie des infections entériques en Colombie-Britannique afin de déterminer si une transmission sexuelle peut se produire.

Méthodologie : Une analyse descriptive de tous les cas signalés de shigellose, d'amibiase et de giardiase en Colombie-Britannique de 2003 à 2012 a été effectuée.

Résultats : Pour la shigellose et l'amibiase, il y avait un rapport élevé hommes-femmes et un rapport d'infection élevé chez les hommes âgés de 20 à 59 ans, par rapport à tous les autres groupes d'âge et de sexe. En outre, pour la shigellose, les hommes adultes étaient plus susceptibles de contracter la maladie localement que les femmes (RR : 1,9; IC : 1,7 à 2,4).

Conclusion : L'analyse laisse entendre que la transmission sexuelle des infections entériques, en particulier la shigellose et l'amibiase, peut avoir lieu chez les HARSAH en Colombie-Britannique. D'autres études sont suggérées.

Introduction

Les entéropathogènes se transmettent le plus souvent en consommant des aliments ou de l'eau contaminés Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3. Cependant, certains entéropathogènes peuvent aussi se transmettre par des pratiques sexuelles avec un contact fécal-oral, tel qu'une relation sexuelle orale-anale, orale-génitale et anale-génitale Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6. Même si ces infections entériques transmises sexuellement peuvent se produire chez des personnes hétérosexuelles ayant des relations sexuelles anales non protégées, elles sont plus courantes chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH) que chez toute autre population adulte Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9.

Les pathogènes qui se transmettent sexuellement incluent l'Entamoeba histolytica, le parasite lamblia, la Shigella Note de bas de page 3Note de bas de page 5Note de bas de page 7Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12 la Salmonella Note de bas de page 13 et la campylobactérie Note de bas de page 14. Cependant, l'Entamoeba histolytica, le parasite lamblia et la Shigella sont le plus souvent des infections entériques transmissibles sexuellement Note de bas de page 8Note de bas de page 15Note de bas de page 16. L'ingestion accidentelle de petites quantités de matières fécales contenant seulement 10 à 100 organismes de la bactérie Shigella, de l'Entamoeba histolytica ou de kystes de parasite lamblia durant des relations sexuelles orales-anales pourrait fournir une dose suffisante pour entraîner une infection. Cette faible dose infectieuse explique également la tendance de ces trois pathogènes à se propager facilement d'une personne à une autre Note de bas de page 7Note de bas de page 17Note de bas de page 18.

La période d'incubation pour la shigellose est courte, de un à deux jours. Elle se caractérise par de la diarrhée (qui peut être sanglante et contenir du pus), de la fièvre et de ténesmes, et est souvent une infection spontanément résolutive Note de bas de page 12. Bien que 90 % des infections à l'Entamoeba histolytica soient asymptomatiques, de la fièvre, de la diarrhée et des crampes abdominales peuvent se produire deux à quatre semaines après l'exposition aux parasites. L'infection disparaît avec un traitement en deux semaines Note de bas de page 12. La giardiase est généralement asymptomatique chez les humains, mais peut provoquer une faible fièvre, des diarrhées fétides, des crampes abdominales et des ballonnements, une à deux semaines après l'exposition. Les symptômes durent habituellement une à trois semaines et les personnes ayant un système immunitaire sain se débarrassent normalement de l'infection toutes seules. Un traitement peut s'avérer nécessaire pour les patients immunovulnérables Note de bas de page 12Note de bas de page 19.

La shigellose, l'amibiase et la giardiase sont des maladies transmissibles à déclaration obligatoire en Colombie-Britannique. Même si d'anciens rapports ont souligné des éclosions de shigellose parmi la population des HARSAH en Colombie-Britannique Note de bas de page 20Note de bas de page 21Note de bas de page 22 l'épidémiologie des infections entériques transmissibles sexuellement, notamment la shigellose, n'a jamais été évaluée en Colombie-Britannique et n'est donc pas bien comprise. L'objectif de cette étude consistait à décrire l'épidémiologie de ces trois infections en Colombie-Britannique afin de déterminer si une transmission sexuelle peut se produire et de définir la population et les régions présentant un risque d'infection entérale transmissible sexuellement.

Méthodologie

Une analyse descriptive rétrospective des cas de shigellose, d'amibiase et de giardiase déclarés en Colombie-Britannique a été réalisée de 2003 à 2012. Tous les cas ont été confirmés en laboratoire et identifiés à partir du Système d'information sur la santé publique intégré (SISP-i). Les renseignements sur l'exposition, notamment l'activité sexuelle et les antécédents de voyage ont été examinés pour tous les cas. Des renseignements de voyage ont été obtenus à partir du Primary Access Regional Information System (PARIS) pour les cas de la Vancouver Coastal Health Authority et à partir du SISP-i pour les autorités sanitaires restantes. Les renseignements de voyage ont été classés dans la catégorie « voyage international » (si le voyage à l'étranger a été signalé dans les quatre jours suivants l'apparition des symptômes) ou « local » (si la personne ne partait pas en voyage, ou voyageait au Canada, en Colombie-Britannique ou dans l'autorité sanitaire de résidence) Note de bas de page 23. Les renseignements sur l'exposition étaient disponibles uniquement pour la shigellose et l'amibiase, car les cas de giardiase ne font pas l'objet d'un suivi régulier par les autorités de santé publique en Colombie-Britannique. Les renseignements sur les éclosions ont été obtenus à partir du module des sommaires d'éclosions du Réseau canadien de renseignements sur la santé publique, de rapports d'enquête sur les éclosions du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique et de discussions avec des experts.

Les analyses statistiques comprenaient le nombre de cas et les taux d'incidence par année, situation géographique, sexe et groupes d'âge. Les estimations démographiques pour le calcul des taux d'incidence ont été obtenues auprès de BC Stats (en anglais seulement). Les cas ont été regroupés dans l'un des quatre groupes d'âge. Le groupe d'âge des 20 à 59 ans représentait la population sexuellement active, car elle semblait comprendre un nombre excédentaire de cas d'hommes adultes dans l'analyse préliminaire.

Les données ont été analysées à l'aide des logiciels Microsoft Excel® 2007 et OpenEpi (version 2.3.1). Les tests du chi carré ont été utilisés pour comparer les proportions de cas de shigellose associés au voyage international par rapport aux cas locaux. Une valeur p < 0,05 était considérée comme significative. Le risque relatif avec des intervalles de confiance à 95 % a été calculé afin de comparer le risque de shigellose dans ces deux groupes.

Résultats

Dans l'ensemble, Vancouver Coastal Health Authority a déclaré un taux d'incidence moyen annuel le plus élevé pour les trois infections, suivi par Fraser Health Authority, Island Health Authority, Interior Health Authority et Northern Health Authority (Tableau 1). Un rapport hommes-femmes plus important a été observé pour les trois infections dans toutes les autorités sanitaires; toutefois, la majorité des cas de shigellose et d'amibiase a été déclarée chez les personnes de 20 à 59 ans (5,9 et 11,2 pour 100 000 habitants) et pour la giardiase, chez les enfants de 0 à 9 ans (26,9 pour 100 000 habitants).

Le taux d'incidence moyen annuel pour la shigellose était de 4,6 pour 100 000 habitants (Tableau 1). Le taux d'incidence annuel a fluctué et a atteint un taux maximum en 2003, 2005 et 2007. On a observé le déclin des taux passant de 6,3 en 2007 à 3,8 pour 100 000 habitants en 2012 (données non présentées). Globalement, les taux étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes (rapport hommes-femmes de 1,5:1) avec le taux d'incidence le plus élevé chez les hommes de 20 à 59 ans (7,3 pour 100 000 habitants) (Figure 1). Les régions de prestation de services de santé de Vancouver ont déclaré le taux moyen annuel le plus élevé à 11,2 pour 100 000 habitants (Figure 2).

Tableau 1 : Caractéristiques et taux d'incidence pour 100 000 habitants pour les cas déclarés de giardiase, d'amibiase et de shigellose en Colombie-Britannique de 2003 à 2012
Caractéristiques Giardiase (Taux d'incidence
[nombre])
Amibiase
(Taux d'incidence [nombre])
Shigellose
(Taux d'incidence [nombre])
Taux d'incidence moyen annuel provincial 15,2 (6 593) 7,7 (3 359) 4,6 (1 986)
SexeTableau 1 - Note 1
Femme 12,1 (2 648) 4,2 (928) 3,7 (806)
Homme 18,3 (3 933) 11,2 (2 422) 5,5 (1 176)
Hommes : Femmes 1,5:1 2,6:1 1,5:1
Groupe d'âge (hommes + femmes)
0 à 9 ans 26,9 (1 184) 4,1 (159) 4,8 (200)
10 à 19 ans 10,0 (534) 3,9 (189) 2,5 (131)
20 à 59 ans 16,6 (4 177) 11,2 (2 542) 5,9 (1 393)
60 ans et plus 7,9 (698) 6,1 (469) 3,2 (262)
Autorité sanitaire
Fraser Health Authority 16,4 (2 496) 7,8 (1 199) 4,6 (705)
Interior Health Authority 10,7 (757) 1,2 (89) 1,8 (127)
Northern Health Authority 9,8 (279) 0,2 (5) 1,2 (34)
Vancouver Coastal Health Authority 20,4 (2 225) 16,2 (1 768) 8,2 (894)
Island Health Authority 11,4 (836) 4,0 (298) 3,1 (226)
Groupe d'âge des 20 à 59 ans*
Femme 12,6 (1 592) 5,6 (630) 4,6 (541)
Homme 20,6 (2 578) 16,7 (1 905) 7,3 (848)
Rapport hommes-femmes 1,6:1 3,0:1 1,6:1

Figure 1 : Répartition des cas de shigellose par catégorie d'âge et par sexe pour la Colombie-Britannique de 2003 à 2012

Figure 1 : Répartition des cas de shigellose par catégorie d'âge et par sexe pour la Colombie-Britannique de 2003 à 2012

Description textuelle : Figure 1

Figure 1 : Répartition des cas de shigellose par catégorie d'âge et par sexe pour la Colombie-Britannique de 2003 à 2012

Groupe d'âge Nombre de cas féminins Nombre de cas masculins Taux de femmes (%) Taux d'hommes (%)
0 à 9 ans 92 117 4,33 5,16
10 à 19 ans 65 70 2,52 2,54
20 à 59 ans 580 906 4,60 7,25
60 ans et plus 126 156 2,70 3,82
Grand total 863 1 249 14,15 18,77

Figure 2 : Taux d'incidence moyen annuel de shigellose par région de prestation de services de santé en Colombie-Britannique

Figure 2 : Taux d'incidence moyen annuel de shigellose par région de prestation de services de santé en Colombie-Britannique

Description textuelle : Figure 2

Figure 2 : Taux d'incidence moyen annuel de shigellose par région de prestation de services de santé en Colombie-Britannique

Cette figure est une cartographie de la Colombie-Britannique qui démontre le taux d'incidence annuel moyen de la shigellose par région de prestation de services de santé entre 2003 et 2012. Cette figure indique que les taux les plus élevés sont à Vancouver et les environs. Dans les régions au sud et au nord de la Colombie-Britannique, les taux annuels se situent entre 0,5 et 2,4. Quant à Vancouver et les environs, les taux annuels se situent entre 3,0 et 11,2 et les taux pour l'Île de Vancouver se situent entre 2,2 et 3,6.


Quatre éclosions de shigellose ont été signalées entre 2003 et 2012. Les deux premières éclosions ont été provoquées par la Shigella sonnei en 2007 et ont eu lieu dans la région de prestation de services de santé de Vancouver et les régions sanitaires Fraser. La première éclosion a eu lieu au début de 2007 et a touché les HARSAH, et la deuxième éclosion provoquée par une souche différente de Shigella sonnei a eu lieu à la fin de 2007 et a touché les sans-abri Note de bas de page 22. Une troisième éclosion de Shigella sonnei associée à un restaurant local a eu lieu en 2010 dans la région de prestation de services de santé de l'Okanagan Note de bas de page 20. La dernière éclosion, provoquée par la Shigella flexneri, a eu lieu entre 2008 et 2012 et a touché les HARSAH dans la région de prestation de services de santé de Vancouver Note de bas de page 20.

La souche Shigella sonnei (56,4 %) était la souche la plus souvent signalée en Colombie-Britannique entre 2003 et 2012, suivie par les souches Shigella flexneri (35,7 %), Shigella boydii (5,1 %) et Shigella dysenteriae (2,8 %). Les analyses ont révélé un changement de souche Shigella dominante : entre 2003 et 2008, la souche Shigella sonnei était l'espèce infectieuse prévalente (65 %) en Colombie-Britannique et entre 2009 et 2012, la souche Shigella flexneri était l'espèce infectieuse prévalente (52,1 %).

Les renseignements sur les expositions limitées ont été consignés. Au total, 58 % des cas de shigellose, 15,1 % des cas de giardiase et 8,3 % des cas d'amibiase contenaient des renseignements sur l'exposition dans le SISP-i. Parmi eux, moins de 1 % mentionnait une activité sexuelle en tant qu'exposition. Entre 2008 et 2012, 928 cas de shigellose ont été déclarés aux PARIS et au SISP-i, 654 (70,5 %) d'entre eux comportaient des renseignements de voyage et 461 cas (70,4 %) ont été déclarés dans la catégorie « voyage international ». Globalement, les hommes étaient plus à risque de contracter la shigellose localement par rapport aux femmes (RR : 1,6; IC : 1,4 à 1,8). Dans le groupe d'âge des 20 à 59 ans, les hommes avaient un plus grand risque de contracter la shigellose localement par rapport aux femmes (RR : 1,9; IC : 1,7 à 2,4).

Le taux d'incidence moyen annuel pour l'amibiase en Colombie-Britannique était de 7,7 pour 100 000 habitants (Tableau 1). Les taux étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes dans tous les groupes d'âge (rapport hommes-femmes de 2,6:1) avec le taux d'incidence le plus élevé chez les hommes de 20 à 59 ans (16,7 pour 100 000 habitants). Vancouver Coastal Health Authority a signalé le taux le plus élevé (16,2 pour 100 000 habitants). Aucune éclosion n'a été déclarée pendant l'étude.

Le taux d'incidence moyen annuel pour la giardiase en Colombie-Britannique était de 15,2 pour 100 000 habitants (Tableau 1). Vancouver Coastal Health Authority a signalé le taux d'incidence moyen annuel le plus élevé (20,4 pour 100 000 habitants). Le taux d'incidence était plus élevé chez les hommes que chez les femmes dans tous les groupes d'âge (rapport hommes : femmes de 1,5:1), avec le taux d'incidence le plus élevé observé chez les enfants de sexe masculin âgés de 0 à 9 ans (28,9 pour 100 000 habitants) (données non présentées). Aucune éclosion n'a été déclarée pendant l'étude.

Discussion

Les résultats de cette étude révèlent des taux plus élevés des trois infections dans la région Vancouver Coastal Health Authority, avec un rapport hommes-femmes plus élevé. Cependant, le taux d'incidence était le plus élevé chez les hommes adultes pour la shigellose et l'amibiase et chez les enfants (0 à 9 ans) pour la giardiase. Les taux plus élevés chez les adultes (pour la shigellose et l'amibiase) peuvent être dus en partie à une transmission sexuelle.

Pour la shigellose et l'amibiase, il y avait un rapport élevé hommes-femmes et un taux d'infection plus élevé chez les hommes âgés de 20 à 59 ans, par rapport à tous les autres groupes d'âge et de sexe. De plus, pour la shigellose, les hommes adultes étaient significativement plus susceptibles que les femmes de contracter la shigellose localement et un nombre inquiétant de cas de shigellose chez les hommes adultes a été observé dans la région de prestation de services de santé de Vancouver (données non présentées). En outre, deux des quatre éclosions de shigellose déclarées en Colombie-Britannique concernaient les HARSAH. Dans ces deux éclosions, aucun autre facteur de risque commun tel que l'alimentation, les restaurants ou le voyage n'a été observé et l'on pense que les pratiques sexuelles (sexe oral-anal) étaient le mode de transmission. Cela est contraire à la giardiase qui concernait les hommes plus que les femmes dans tous les groupes d'âge avec le taux le plus élevé signalé chez les enfants de sexe masculin âgés de 0 à 9 ans et qui indique une transmission sexuelle moins probable.

Au Canada, d'autres éclosions de shigellose dans lesquelles la transmission sexuelle était la cause ont été déclarées. Entre 1999 et 2001, une éclosion de S. sonnei et de S. flexneri a touché les HARSAH au Québec Note de bas de page 24Note de bas de page 25 et en juillet 2014, un groupe de cas de shigellose a été déclaré chez les HARSAH à Toronto. De nombreux pays développés signalent des éclosions de shigellose touchant les HARSAH Note de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28Note de bas de page 29Note de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33. Chez les HARSAH, la shigellose est surtout une infection transmise sexuellement Note de bas de page 15 et le plus grand risque de transmission est associé aux pratiques sexuelles ayant un contact oral-anal direct Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 15Note de bas de page 25Note de bas de page 27Note de bas de page 31. De plus, le fait d'avoir plusieurs partenaires sexuels pourrait être la raison de la vaste dissémination de la Shigella chez les HARSAH Note de bas de page 34. On a aussi déterminé que l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine était également un facteur de risque important pour la shigellose chez les HARSAH Note de bas de page 7Note de bas de page 15Note de bas de page 27.

L'analyse a démontré un changement de l'espèce infectieuse de Shigella dominante (Shigella sonnei à Shigella flexneri) vers l'année 2009. Wilmer et al. Note de bas de page 20 ont signalé des trouvailles semblables dans une étude dans laquelle la Shigella flexneri est devenue la souche circulante dominante chez les HARSAH dans le centre de la ville de Vancouver après 2008. D'autres personnes ont également signalé un changement d'espèce Shigella dominante chez la même population de HARSAH Note de bas de page 27Note de bas de page 35Note de bas de page 36. Ces changements peuvent refléter un certain degré d'immunité collective à une espèce de Shigella donnée Note de bas de page 7.

Cette étude a également révélé que les hommes adultes étaient plus susceptibles que les femmes adultes de contracter la shigellose localement (RR = 1,9). Une constatation semblable a été signalée dans une éclosion de shigellose au Pays de Galle, où la shigellose contractée localement était prédominante chez les hommes ayant signalé une activité HARSAH la semaine précédant la maladie Note de bas de page 33. Un plus grand risque de voyage chez les femmes est un indicateur de contraction de la shigellose par des facteurs de risque considérés comme étant plus courants durant les voyages, notamment les aliments et l'eau contaminés.

L'incidence moyenne annuelle la plus élevée pour l'amibiase a été signalée chez les hommes adultes (16,7 pour 100 000 habitants). Les raisons ne sont pas claires. Il y a avait très peu de renseignements relatifs à l'exposition sexuelle sur l'amibiase. L'Entamoeba histolytica se transmet généralement d'une personne à une autre Note de bas de page 10 ou par de l'eau contaminée Note de bas de page 12. Étant donné que la plupart des habitants de la Colombie-Britannique ont accès à de l'eau potable Note de bas de page 37 à l'exception du voyage dans des pays endémiques, la transmission sexuelle semble probable pour ce groupe d'âge et de sexe. La transmission sexuelle de l'E. histolytica a été signalée chez les HARSAH avec des pratiques sexuelles orales-anales considérées comme étant le mode de transmission Note de bas de page 16Note de bas de page 38Note de bas de page 39.

Le taux de giardiase était plus élevé pour les hommes dans tous les groupes d'âge, et les enfants de sexe masculin âgés de 0 à 9 ans avaient le taux le plus élevé. Cette constatation est semblable aux observations signalées par d'autres pays développés Note de bas de page 40Note de bas de page 41Note de bas de page 42Note de bas de page 43 où la giardiase infectait le plus souvent de petits enfants dans les garderies et la transmission était associée à une mauvaise hygiène des mains. Avec un schéma semblable de giardiase en Colombie-Britannique, la transmission sexuelle de la Giardia semble moins probable, ou peut avoir lieu à de faibles taux, ou est submergée par d'autres voies de transmission telles que le contact avec de l'eau contaminée, le voyage vers des pays endémiques et la transmission dans des garderies Note de bas de page 40.

Bien que cette étude ait démontré une incidence plus importante de certaines infections entériques chez les hommes de 20 à 59 ans, tous les nombres inquiétants de maladies chez tous les hommes adultes ne peut pas être attribué à la transmission sexuelle et toutes les transmissions sexuelles ne seront pas observables en nombre inquiétant chez les hommes adultes. La combinaison de l'âge adulte et du sexe masculin utilisée pour déterminer une population vulnérable n'est pas un indicateur propre à la transmission sexuelle. D'autres facteurs (tels que l'eau contaminée, l'exposition au travail et récréative en plein-air) peuvent aussi être à l'origine de la plus grande incidence observée dans ce groupe. En outre, les adultes hétérosexuels sont également à risque d'infection entérale transmissible sexuellement par contact oral-anal. Des renseignements manquants sur l'exposition en raison du manque d'entrevues des cas, une évaluation incomplète des facteurs de risque sexuels ou des saisies de données incomplètes nuisent encore plus à l'attribution des cas à une voie de transmission précise.

Malgré la littérature croissante sur le risque des infections entérales transmissibles sexuellement, des lignes directrices sur la prévention et des renseignements pédagogiques pour les populations vulnérables ne sont pas disponibles à grande échelle. Les lignes directrices de santé publique à ce sujet ne semblent pas être disponibles au Canada. Des telles lignes directrices pourraient contribuer à l'enquête nécessaire en matière de santé publique pour mieux évaluer le risque d'infections entérales transmissibles sexuellement et les modes de transmission, le besoin de recherche de contacts et de messages de sensibilisation recommandés pour des cas, les populations vulnérables et la population générale. Les conclusions de cette étude ont mené à un examen des formulaires de suivi des cas entériques provinciaux dans le but de mieux recueillir les renseignements relatifs aux pratiques sexuelles qui augmentent le risque d'infection entérale transmissible sexuellement.

Un diagnostic et un traitement en temps opportun des infections entériques réduiront la durée de la maladie et permettront d'interrompre sa transmission Note de bas de page 4Note de bas de page 29. Actuellement, les Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement recommandent aux fournisseurs de soins de santé d'effectuer un dépistage d'entéropathogènes si les clients signalent des activités sexuelles anorectales ou présentent des symptômes compatibles Note de bas de page 4. En outre, les fournisseurs de soins de santé doivent donner des conseils sur les relations sexuelles sécuritaires en fonction d'une évaluation personnalisée des risques de santé en matière de sexualité Note de bas de page 29. Actuellement, d'importants efforts visant à sensibiliser les populations vulnérables ont été signalés durant les éclosions d'infections entérales transmises sexuellement Note de bas de page 27Note de bas de page 44. Cependant, pour améliorer la sensibilisation sur les infections entérales transmises sexuellement chez les populations vulnérables, les messages de promotion de la santé en matière de sexualité doivent avoir lieu de façon plus sécuritaire et doivent contenir des renseignements sur les infections entérales transmises sexuellement, des conseils pour éviter le contact oral-anal non protégé (surtout si le partenaire est malade), l'hygiène des mains à la suite d'un contact sexuel, et doivent demander un avis médical pour la gastroentérite Note de bas de page 15Note de bas de page 31.

Conclusion

Cette étude laisse entendre que la transmission sexuelle des infections entériques, en particulier la shigellose et l'amibiase, peut avoir lieu chez les HARSAH à Vancouver (Colombie-Britannique). Cette conclusion est appuyée par des données sur les éclosions et un historique des expositions (activité sexuelle, voyage) limitées des cas. Pour réduire l'incidence des infections entérales transmises sexuellement, les interventions de santé publique doivent aller plus loin que la salubrité des aliments et les pratiques d'hygiène des mains. Une surveillance continue, en particulier de l'historique d'exposition des cas, peut également contribuer à guider les interventions de santé publique afin de réduire les infections entérales transmises sexuellement.

Remerciements

Les auteurs remercient les autorités sanitaires régionales et les agents d'hygiène du milieu engagés dans la collecte de données de surveillance et les suivis des cas, et les laboratoires de la Colombie-Britannique engagés dans le diagnostic des cas inclus dans l'article. Nous aimerions également remercier Marsha Taylor, Michael Otterstatter, Sophie Li et surtout Dr Pablo Nepomnaschy pour leur orientation et leurs commentaires précieux durant ce projet.

Conflit d’intérêts

Aucun.

Financement

Aucun.

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