Augmentation du risque de maladies microbiennes d'origine alimentaire en raison du changement climatique
Publié par : L’Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 45-4 : Changement climatique et maladies infectieuses : Les défis
Date de publication : 4 avril 2019
ISSN : 1719-3109
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Volume 45-4, le 4 avril 2019 : Changement climatique et maladies infectieuses : Les défis
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Quelles seront les répercussions des changements climatiques sur les maladies microbiennes d’origine alimentaire au Canada?
BA Smith1, A Fazil1
Affiliation
1 Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Guelph (Ontario)
Correspondance
Citation proposée
Smith BA, Fazil A. Quelles seront les répercussions des changements climatiques sur les maladies microbiennes d’origine alimentaire au Canada? Relevé des maladies transmissibles au Canada 2019;45(4):119–25. https://doi.org/10.14745/ccdr.v45i04a05f
Mots-clés : Canada, changements climatiques, maladies d’origine alimentaire, salubrité des aliments
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Résumé
Les maladies d’origine alimentaire sont très préoccupantes au Canada et elles constituent une menace importante pour la santé publique, liée aux changements climatiques. On sait que les variables climatiques, comme les régimes de température et de précipitations, les phénomènes météorologiques extrêmes et le réchauffement et l’acidification des océans, ont des effets importants, complexes et interreliés sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les maladies d’origine alimentaire sont causées par toute une gamme de bactéries, de champignons, de parasites et de virus, et la prévalence de ces maladies est affectée par les changements climatiques, dû à la fluctuation de l’abondance, de la croissance, de l’étendue et de la survie de nombreux agents pathogènes ainsi qu’une modification des comportements humains et des facteurs de transmission, comme les vecteurs fauniques. À mesure que les changements climatiques se poursuivent ou s’accentuent, ils auront une incidence négative accrue sur la salubrité des aliments au Canada, allant de l’alourdissement du fardeau de la santé publique à l’émergence de risques absents jusqu’à présent dans notre chaîne alimentaire. Les cliniciens et les praticiens de la santé publique doivent connaître les risques existants et émergents pour y réagir en conséquence.
Introduction
Bien des changements climatiques observés récemment sont sans précédent au cours des dernières décennies, voire des millénairesNote de bas de page 1Note de bas de page 2. Les changements que devraient subir les variables climatiques au Canada, ce qui comprend les mesures de la température et des précipitations, sont bien connusNote de bas de page 3. On s’attend notamment à voir une augmentation des précipitations et des valeurs moyennes des températures de l’air et de l’eau partout au pays et à observer des variations régionales et saisonnièresNote de bas de page 4. Les conséquences des changements climatiques sont déjà évidentes au CanadaNote de bas de page 2, et d’autres effets importants et variés sont attendus dans de nombreux domaines, dont la prévalence des maladies d’origine alimentaire. Dernièrement, l’Organisation mondiale de la Santé a publié un rapport estimant la charge des maladies d’origine alimentaire imputable à 31 agents (bactéries, virus, parasites, toxines et produits chimiques). Selon le rapport, ces agents avaient causé 600 millions de maladies d’origine alimentaire et 420 000 décès en 2010 à l’échelle mondialeNote de bas de page 5. Au Canada seulement, on estime à quatre millions le nombre de cas de maladies microbiennes d’origine alimentaire par année, pour la période de 2000 à 2010Note de bas de page 6. Voilà pourquoi une augmentation des cas de maladies d’origine alimentaire causées par les changements climatiques exacerberait les préoccupations déjà importantes en matière de santé publique au Canada.
On estime que les défis liés à la salubrité des aliments, à la sécurité alimentaire et au système alimentaire posent les plus grandes menaces à l’échelle mondiale pour la santé humaine, du fait de leur lien avec les changements climatiquesNote de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12. Les chercheurs s’attendaient à un lien entre les maladies d’origine alimentaire et les changements climatiques en raison de la sensibilité aux variables climatiques et météorologiques des agents pathogènes responsables de nombreuses maladies d’origine alimentaireNote de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 16Note de bas de page 17Note de bas de page 18Note de bas de page 19Note de bas de page 20Note de bas de page 21. Malgré leur importance évidente, les questions relatives à la salubrité des aliments ont reçu peu d’attention dans les articles sur le lien entre le climat et la santé, comparativement à d’autres indicateurs de la santéNote de bas de page 12. L’article qui suit résume la façon dont les changements climatiques accroîtront le risque de maladies microbiennes d’origine alimentaire et propose des mesures à prendre pour résoudre ce problème.
Effet des changements climatiques sur les maladies d’origine alimentaire
Les variables climatiques qui ont la plus grande incidence sur les maladies d’origine alimentaire sont la hausse des températures de l’air et de l’eau et l’augmentation des précipitationsNote de bas de page 13Note de bas de page 14. Ces variables ont une incidence sur les maladies d’origine alimentaire de trois manières : l’abondance, la croissance, l’étendue et la survie des agents pathogènes dans les cultures, le bétail et l’environnementNote de bas de page 22; les facteurs d’exposition des humains, comme les pratiques culinaires, la manipulation des aliments et les préférences alimentaires qui subissent l’influence d’une plus longue période de températures chaudes; et les facteurs de transmission, comme les vecteurs fauniques, qui transfèrent les agents pathogènes aux aliments.
Des études provenant de régions qui ont des caractéristiques climatiques et saisonnières semblables à celles du Canada ont établi un lien entre les tendances saisonnières et la contamination et les maladies d’origine alimentaireNote de bas de page 13Note de bas de page 14. Ces études ont rapporté l’existence d’une forte corrélation entre la hausse des températures de l’air et de l’eau et une saison estivale transformée et prolongée pour les infections causées par les espèces de vibrions autres que celle causant le choléra. Cette sensibilité au climat était si grande qu’il a été proposé d’utiliser les espèces de vibrions autres que celle causant le choléra en tant qu’indicateurs des changements climatiques dans les systèmes marinsNote de bas de page 23. De la même manière, une analyse chronologique a révélé que les taux de maladies entériques variaient selon les saisons au Canada et qu’il existait une forte corrélation entre la température de l’air ambiant et les infections causées par les espèces de Campylobacter, l’Escherichia coli pathogène et les espèces de SalmonellaNote de bas de page 24. Ces résultats ressemblent généralement à ceux présentés dans d’autres paysNote de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 16Note de bas de page 17Note de bas de page 25Note de bas de page 26.
La croissance, la survie, l’abondance et l’étendue des agents pathogènes subiront l’effet des changements climatiques dans l’ensemble de la chaîne alimentaire. La croissance et la survie des agents pathogènes sont intimement liées aux facteurs climatiques (souvent la température ambiante)Note de bas de page 14. Par exemple, la survie de l’E. coli dépend de la température, de l’humidité et des interactions avec la communauté microbienneNote de bas de page 27, avec une plus grande croissance à des températures plus élevées, dans les limitesNote de bas de page 28. Le bétail qui ressent du stress à des températures plus élevées peut excréter de plus grandes quantités d’agents pathogènes entériquesNote de bas de page 29Note de bas de page 30, ce qui influe sur la prévalence des pathogènes dans les cultures, l’environnement et les produits agricoles. Les agents pathogènes peuvent s’étendre et s’établir dans de nouvelles régions du Canada à mesure que les conditions climatiques deviennent favorables à leur croissance. Les précipitations peuvent déplacer les agents pathogènes dans l’environnement et contaminer les sources de nourriture, comme les cultures et les installations à bétail.
Les facteurs d’exposition des humains sont aussi liés aux changements climatiques. À mesure que la saison estivale est plus longue, on s’attend à une augmentation du nombre de cas de manipulation inadéquate d’aliments menant à une contamination croisée ou à une cuisson insuffisante. Cette hausse de la manipulation inadéquate des aliments par les consommateurs s’explique en partie par les différences entre les méthodes de préparation à la cuisson (p. ex. la cuisson au barbecue, couramment utilisée durant l’été) ou diverses habitudes de consommation (p. ex. pique-niques)Note de bas de page 18Note de bas de page 31Note de bas de page 32. Le taux de contamination des produits carnés par des espèces de Salmonella au Canada est le même lors de la saison estivale que durant le reste de l’année (données non publiées, BA Smith, Laboratoire national de microbiologie, Guelph, Ontario), mais les cas de salmonellose affligeant les humains augmentent durant cette période de l’année dans certaines régionsNote de bas de page 24Note de bas de page 31. Cette observation semble indiquer que les facteurs d’exposition des humains font augmenter les taux de salmonelloseNote de bas de page 31, lesquels dépendent du climat. Les préférences alimentaires se transformeront probablement en raison de la plus grande disponibilité des aliments. Par exemple, une saison de croissance estivale plus longue peut accroître la consommation de fruits et légumes frais, un facteur qui est également lié aux maladies d’origine alimentaireNote de bas de page 33Note de bas de page 34.
Enfin, les changements climatiques peuvent avoir des répercussions indirectes sur les maladies d’origine alimentaire par une augmentation de l’activité, de l’étendue et des taux de reproduction des vecteurs fauniquesNote de bas de page 35. Les vecteurs fauniques peuvent transmettre des agents pathogènes aux aliments de différentes façons. La présence de rongeurs et d’insectes, comme les coléoptères, les mouches, et les blattes dans les fermes est associée à une augmentation de la contamination des troupeaux de poulets de chair par les espèces de CampylobacterNote de bas de page 36. Les produits agricoles comme la laitue ou les fraises sont habituellement cultivés dans des champs ou des zones rurales où peuvent s’introduire des animaux sauvages comme des chevreuils, qui sont connus pour être des porteurs d’agents pathogènes humainsNote de bas de page 37Note de bas de page 38. Les espèces de vibrions peuvent être transmises aux huîtres dans les milieux marins par des vecteurs liés au phytoplancton, au zooplancton et aux copépodesNote de bas de page 39. L’incidence des changements climatiques sur chacun de ces vecteurs peut entraîner une transformation de la contamination et des maladies d’origine alimentaire.
Maladies d’origine alimentaire actuelles et émergentes
L’identification des agents responsables permet d’établir que les cinq bactéries causant plus de 90 % des maladies d’origine alimentaire au Canada sont les norovirus, le Clostridium perfringens, les espèces de Campylobacter, les espèces de Salmonella et le Bacillus cereus (Tableau 1)Note de bas de page 6. On sait que les variables climatiques ont un effet sur quatre de ces agents pathogènes. Étant donné les changements climatiques prévus au Canada, on s’attend à un alourdissement de la charge globale de ces agents pathogènes et d’autres agents. D’autres agents pathogènes classés plus bas au CanadaNote de bas de page 6, pour lesquels on connaît l’existence d’un lien entre le climat et les maladies d’origine alimentaire, sont aussi inclus dans le tableau 1. Des généralisations sont évidentes (p. ex. une hausse des événements extrêmes, des précipitations et de la température augmente l’incidence de nombreuses maladies d’origine alimentaire), mais la répercussion précise des changements climatiques est propre aux agents pathogènes et aux produits. On a établi un lien entre l’incidence des espèces de vibrions, d’une part, et les températures de l’air et de l’eau et les habitudes de consommation, d’autre partNote de bas de page 40Note de bas de page 41; on s’attend à ce que le classement relatif des espèces de vibrions augmente avec les changements climatiques.
Agent pathogène | SymptômesNote de bas de page 42 | Cas actuels par 100 000 personnesNote de bas de page 6 | Influence du climat sur l’occurrenceNote de bas de page 20Note de bas de page 43 |
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Norovirus | Les symptômes comprennent des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des crampes abdominales, une fièvre légère, des frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires et de la fatigue | 3 223,79 | Les phénomènes météorologiques extrêmes (comme les précipitations abondantes et les inondations) et une diminution de la température de l’air |
Clostridium perfringens | Les symptômes comprennent de la diarrhée, de la douleur et des crampes, des gonflements de l’estomac, des ballonnements, des nausées, une perte de poids, une perte d’appétit, des douleurs musculaires et de la fatigue. Dans de rares cas, il y a grave déshydratation, hospitalisation et décès | 544,50 | Incertaine |
Espèces de Campylobacter | Les symptômes comprennent de la fièvre, des nausées, des vomissements, des douleurs à l’estomac et de la diarrhée. Dans de rares cas, une hospitalisation est nécessaire et il y a des effets à long terme sur la santé, voire un décès | 447,23 | Des modifications au moment et à la durée des saisons et une augmentation des températures de l’air, des précipitations et des inondations |
Espèces de Salmonella, non typhoïdiques | Les symptômes comprennent des frissons, de la fièvre, des nausées, de la diarrhée, des vomissements, des crampes abdominales et des maux de tête. Dans de rares cas, une hospitalisation est nécessaire et il y a des effets à long terme sur la santé, voire un décès | 269,26 | Des modifications au moment et à la durée des saisons, des phénomènes météorologiques extrêmes, et une hausse des températures de l’air |
Bacillus cereus | Les symptômes comprennent de la diarrhée ou des vomissements Dans de rares cas, une hospitalisation est nécessaire et il y a des effets à long terme sur la santé, voire un décès |
111,60 | Des modifications au moment et à la durée des saisons et des sécheresses |
Escherichia coli producteur de vérotoxine non-O157 | Les symptômes comprennent de la diarrhée. Dans de rares cas, une hospitalisation est nécessaire et il y a des effets à long terme sur la santé, voire un décès | 63,15 | Des modifications au moment et à la durée des saisons, des phénomènes météorologiques extrêmes, et une hausse des températures de l’air |
Escherichia coli producteur de vérotoxine O157 | Les symptômes comprennent de la diarrhée. Dans de rares cas, une hospitalisation est nécessaire et il y a des effets à long terme sur la santé, voire un décès | 39,47 | Des modifications au moment et à la durée des saisons, des phénomènes météorologiques extrêmes, et une hausse des températures de l’air |
Toxoplasma gondii | Les symptômes comprennent une maladie légère à modérée avec de la fièvre. Dans de rares cas, il y a inflammation du cerveau et infection d’autres organes, et anomalies congénitales | 28,10 | Des phénomènes météorologiques extrêmes, et une hausse des températures del’air et des précipitationsNote de bas de page 44 |
Vibrio parahaemolyticus | Les symptômes comprennent de la diarrhée, des crampes abdominales, des nausées, des vomissements, de la fièvre et des maux de tête. Dans de rares cas, il y a maladie du foie | 5,53 | Des phénomènes météorologiques extrêmes et une augmentation des températures de l’air et de la température de la surface de la mer |
Listeria monocytogenes | Les symptômes comprennent de la fièvre, des nausées, des crampes, de la diarrhée, des vomissements, des maux de tête, de la constipation et des douleurs musculaires. Dans les cas graves, il y a des raideurs à la nuque, de la confusion, des maux de tête, des pertes d’équilibre, des fausses couches, des mortinaissances, des accouchements prématurés, des méningites et des décès | 0,55 | Des phénomènes météorologiques extrêmes, et une hausse des températures de l’air et des précipitations |
Vibrio vulnificus | Les symptômes comprennent de la diarrhée, des crampes abdominales, des nausées, des vomissements, de la fièvre et des maux de tête. Dans de rares cas, il y a maladie du foie | Moins de 0,01 | Des phénomènes météorologiques extrêmes et une augmentation des températures de l’air et de la température de la surface de la mer |
Autres problèmes relatifs aux maladies d’origine alimentaire
Il existe d’autres infections d’origine alimentaire moins fréquentes qui pourraient se manifester davantage avec les changements climatiques et alourdir le fardeau de la santé personnelle et de la santé publique. Les mycotoxines, produites par des champignons sur des cultures comme le maïs et les céréales, prolifèrent quand la température de l’air, l’humidité et les précipitations augmententNote de bas de page 45. La hausse du stress induit par la température ou la modification des conditions d’hébergement du bétail en raison des changements climatiques peuvent aussi accroître l’usage d’antimicrobiens chez les animaux destinés à l’alimentation, ce qui risque de faire augmenter les cas de maladies d’origine alimentaire résistantes aux antimicrobiens chez les êtres humainsNote de bas de page 46. Étant donné que les changements climatiques constituent un problème mondial et que le Canada importe un grand pourcentage de ses aliments, surtout durant les mois d’hiver, on s’attend à des répercussions sur la contamination des aliments importés par des agents pathogènes provenant de l’étranger.
Réaction clinique et de la santé publique
Les systèmes médicaux et de santé publique et la population doivent se préparer à la hausse attendue du taux de maladies causées par des agents pathogènes connus et à l’émergence de maladies provoquées par des agents pathogènes exotiques ou moins bien connus. Les cliniciens doivent se tenir au courant des tendances des maladies d’origine alimentaire pour mieux comprendre, reconnaître, diagnostiquer et traiter ces cas tout en tenant compte des tendances à la résistance aux antimicrobiens. La santé publique doit se préparer pour un plus grand nombre d’épidémies. Il faudra accroître la capacité des laboratoires pour déceler la hausse des nouvelles infections persistantes. Il faudra sensibiliser davantage la population à cette tendance liée au climat et à l’importance de bonnes pratiques visant la salubrité des aliments. Et comme toujours, il faudra renforcer nos systèmes de surveillance pour suivre les tendances changeantes et mieux comprendre le profil variable des maladies et la distribution des réservoirs animaux.
Discussion
Les changements climatiques augmenteront les risques posés par les maladies d’origine alimentaire existantes et nouvelles, surtout en raison de l’accroissement des phénomènes extrêmes, de la hausse des températures de l’air et de l’eau et de la modification de la fréquence et de l’intensité des précipitations. Il est toutefois important de noter que ces tendances relatives aux maladies d’origine alimentaire et aux changements climatiques font appel à des systèmes complexes et à de nombreux facteurs en interactionNote de bas de page 47.
La répercussion des changements climatiques sur les maladies d’origine alimentaire n’est pas une relation linéaire puisqu’elle dépend de facteurs de risque modifiables. Les efforts déployés pour réduire au minimum l’incidence et la répercussion des maladies d’origine alimentaire liées au climat devraient être concentrés sur ces facteurs modifiables par des interventions dans les exploitations agricoles (comme la lutte antivectorielle), d’actions de la part des transformateurs (comme de meilleures procédures de nettoyage) ainsi que de mesures visant à modifier les comportements humains pour favoriser la salubrité des aliments. D’autres facteurs auront aussi une répercussion sur l’incidence des maladies d’origine alimentaire, comme une population vieillissante et de plus en plus diversifiée et les changements relatifs aux aliments importés; bon nombre de ces facteurs sont sensibles aux changements climatiques, mais ils ne sont pas souvent pris en compte de façon explicite dans les recherches sur les changements climatiques et la salubrité des aliments.
Futures orientations
Des recherches interdisciplinaires menées à l’aide de divers outils méthodologiques pourraient produire des renseignements et prévoir les modes de transmission des maladies dans des conditions climatiques précisesNote de bas de page 48. La modélisation mathématique en est un exemple prometteur, puisqu’elle peut servir à mieux comprendre les interactions complexes entre le climat et les infections et qu’elle permet de valider diverses mesures d’adaptation ou d’atténuation pour contrer les répercussions négatives des changements climatiques sur la salubrité des aliments. Les études de modélisation appliquent un ensemble d’hypothèses logiques pour prévoir, avec un certain degré inévitable d’incertitude, comment les risques peuvent se développer dans l’avenir. Un cadre de modélisation des risques propre au Canada a été élaboréNote de bas de page 49. Il offre une plate-forme structurée pour examiner de façon constructive et transparente l’état des connaissances relatives aux répercussions des changements climatiques sur la salubrité des aliments. Le cadre a servi à prévoir les répercussions possibles des changements climatiques sur la santé publique, en lien avec la présence de mycotoxines dans le blé, de protozoaires dans l’eau potable et de Vibrio parahaemolyticus dans les huîtres, afin de mieux comprendre la gamme des conséquences des changements climatiques sur la salubrité des aliments et de l’eauNote de bas de page 49.
Conclusion
La prévalence des maladies d’origine alimentaire devrait augmenter avec les changements climatiques. Ce constat est attribuable à la hausse attendue des agents pathogènes causant déjà fréquemment des maladies d’origine alimentaire et des nouveaux agents pathogènes, y compris ceux qui produisent des mycotoxines et d’autres agents pathogènes rares découverts dans certains aliments importés. Le traitement des maladies d’origine alimentaire sera difficile en raison des tendances relatives à la résistance aux antimicrobiens. L’effet des changements climatiques sur les maladies d’origine alimentaire n’est toutefois pas linéaire en raison d’un certain nombre de facteurs de risque modifiables, et l’attention des cliniciens et des responsables de la sécurité publique doit se tourner vers ces facteurs. D’autres recherches, dont celles qui font appel à la modélisation mathématique, peuvent cerner de nouvelles approches de prévention, de détection précoce et d’atténuation.
Déclaration des auteurs
- BAS – Conception, analyse et interprétation des données, rédaction et édition
- AF – Conception, rédaction et édition
Conflit d’intérêts
Aucun.
Financement
Ce travail a été réalisé grâce au soutien de l’Agence de la santé publique du Canada.
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