Risques et solutions liés à la santé et au changement climatique

RMTC

Volume 45-5, le 2 mai 2019 : Changement climatique et maladies infectieuses : Les solutions

Éditorial

Les effets du changement climatique sur la santé : Découvrez les risques et faites partie de la solution

C Howard1,2, P Huston3

Affiliations

1 Ministère de la Santé et des Services sociaux, Territoires du Nord-Ouest

2 Canadian Association of Physicians for the Environment, Toronto, Ontario

3 Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, Ontario

Correspondance

courtghoward@gmail.com

Citation proposée

Howard C, Huston P. Les effets du changement climatique sur la santé : Découvrez les risques et faites partie des solutions. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2019;45(5):126–31. https://doi.org/10.14745/ccdr.v45i05a01f

Mots-clés : changement climatique, effets sur la santé, maladies transmissibles, résilience, adaptation, prévention, émissions, éco-anxiété, deuil écologique, maladies transmises par les moustiques, surveillance

Résumé

Le changement climatique représente une menace claire et immédiate pour la santé humaine. Les répercussions sur la santé sont déjà observables au Canada, qui se réchauffe environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Le Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, récemment publié par les Nations Unies, indique que si les pays maintiennent leurs efforts actuels en matière d’émissions, les émissions dépasseront les objectifs fixés dans l’Accord de Paris et le réchauffement climatique dépassera 2 °C mondialement. L’augmentation des risques pour la santé est une conséquence importante du réchauffement planétaire. Il est possible de prévenir et atténuer les effets des changements climatiques sur la santé, et l’identification et diffusion de ces stratégies constituent l’une des meilleures incitations à l’action. Cet éditorial présente un aperçu de certaines des initiatives mondiales et nationales en cours pour réduire les émissions et s’attaquer aux risques pour la santé du changement climatique en général, et met en lumière certaines des initiatives nationales en cours pour atténuer le risque accru de maladies infectieuses plus particulièrement au Canada.

Introduction

L’Organisation mondiale de la Santé a déclaré que « le changement climatique est le plus grand défi du 21e siècle, et menace tous les aspects de la société dans laquelle nous vivons. »Note de bas de page 1. Pour s’attaquer à ce défi, 175 pays ont ratifié l’Accord de Paris de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiquesNote de bas de page 2. Collectivement, ces pays ont convenu de limiter l’augmentation moyenne de la température mondiale bien en deçà de 2 °C, et de continuer les efforts pour limiter l’augmentation à 1,5 °C. Le Canada est un des signataires de l’Accord de Paris et s’est engagé à réduire les émissions de 30 % des niveaux de 2005 d’ici 2030. Malheureusement, les émissions du Canada en 2016 ont en fait augmenté par rapport à 1990Note de bas de page 3. Bien que certains pays aient réalisé de grands progrès (notamment le Royaume-Uni et la Chine), le Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions de 2018 indique que si tous les pays maintiennent leurs efforts actuels en matière d’émissions, les émissions dépasseront les objectifs fixés dans l’Accord de Paris et le réchauffement planétaire dépassera 2 °C dans le mondeNote de bas de page 4.

Pour répondre au besoin de réduire les émissions et bâtir la résilience du climat, le gouvernement du Canada, après de vastes consultations avec les provinces, les territoires et les peuples autochtones, a élaboré un plan national sur les changements climatiques. Le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques a été adopté par la plupart des premiers ministres canadiens en décembre 2016Note de bas de page 5. Le Cadre indique que les preuves sont claires : les activités humaines entraînent des changements sans précédent dans le climat de la Terre, qui créent des risques importants pour les communautés, la santé humaine, la sécurité, la croissance économique et l’environnement naturel. Il indique que les effets des changements climatiques sont déjà évidents, car on a déjà documenté l’érosion côtière, le dégel du pergélisol, l’arrivée de maladies antérieurement confinées à des climats plus chauds, les augmentations des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations, de même que des risques aux infrastructures essentielles et à la sécurité alimentaireNote de bas de page 5. Le plan pour remédier à cet état de choses au Canada s’articule autour de quatre piliers : tarification de la pollution par le carbone, mesures complémentaires pour réduire les émissions dans tous les secteurs, adaptation et résilience et technologies propres, innovation et emplois. Le Cadre comprend plus de 50 mesures et positions concrètes par lesquelles le Canada a l’intention de respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre auxquels il s’est engagé dans l’Accord de Paris. Par exemple, des systèmes de tarification de la pollution par le carbone et des points de référence ont été établis partout au Canada.

Bien que les rapports annuels sur ce Cadre pancanadien aient documenté d’importants progrèsNote de bas de page 6, il existe encore un écart entre la situation actuelle et celle que nous devons atteindre pour que le Canada réalise ses objectifs. Le récent Rapport sur les changements climatiques au Canada de 2019 produit par Environnement et Changement climatique Canada, indique que le Canada se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, et que l’Arctique canadien se réchauffe en moyenne trois fois plus vite que le reste de la planèteNote de bas de page 7. Par exemple, la région du delta du Mackenzie est déjà 3oC plus chaude que dans les années 1950Note de bas de page 8.

Les effets du changement climatique sur la santé

Le respect de nos engagements sur les émissions n’est pas qu’une chose théoriquement souhaitable. Nous devenons de plus en plus conscients que les changements climatiques mènent à de nouvelles menaces pour la santé. Au plan international, des efforts tels que le Compte à rebours sur la santé et le changement climatique de The Lancet indiquent clairement que certaines des plus importantes menaces à la santé à l’échelle mondiale incluent les effets néfastes liés à la chaleur sur la santé et la productivité au travail, l’aggravation des indicateurs de la sécurité alimentaire et l’intensification des répercussions des maladies transmissibles.

Au Canada, il existe de plus en plus de données probantes sur les menaces à la santé liées au climat. Avec la hausse des températures du nord, la sécurité alimentaire terrestre est menacée pour les populations autochtonesNote de bas de page 9Note de bas de page 10, la sécurité des déplacements sur la glace est réduite et la santé mentale est mise à rude épreuveNote de bas de page 11. Les risques à la santé liés au climat partout au Canada comprennent une augmentation des coups de chaleur et de décès attribuables au nombre accru et à la durée des vagues de chaleurNote de bas de page 12Note de bas de page 13, et les problèmes respiratoires causés par la pollution de l’air résultant des incendies de forêtNote de bas de page 14. On s’attend à ce que les incendies de forêt extrêmes continuent à augmenterNote de bas de page 7 entraînant des épisodes de pollution atmosphérique grave et des pressions accrues sur les établissements de santé et les prestataires de soins de santé (comme on l’a vu notamment lors de l’évacuation d’urgence de l’hôpital à Fort McMurray en 2016). Dans le même sens, on prévoit une augmentation des inondations, qui comportent leur propre risque de dommages à la propriété et de la perturbation personnelle et sociétale découlant de l’évacuation. Des symptômes d’anxiété et de trouble de stress post-traumatique ont été ressentis par des personnes affectées par des incendies, des inondations et des phénomènes météorologiques extrêmesNote de bas de page 15. De nouvelles expressions telles que l’éco-anxiété et le deuil écologique font maintenant leur entrée dans le vocabulaireNote de bas de page 16. Les risques de maladies transmissibles liées au changement climatique au Canada sont décrits dans le numéro d’avril 2019 du Relevé des maladies transmissibles au Canada et incluent une augmentation des maladies transmises par les tiques,Note de bas de page 17 les maladies endémiques et exotiques transmises par les moustiquesNote de bas de page 18Note de bas de page 19 de même que les maladies d’origine alimentaireNote de bas de page 20.

Il est démontré que la compréhension des répercussions des changements climatiques sur la santé est un des meilleurs moyens de motiver l’actionNote de bas de page 21, et les professionnels de la santé et les scientifiques sont parmi les messagers qui inspirent le plus confianceNote de bas de page 22. Dans cet éditorial, nous mettons en lumière certaines initiatives nationales et mondiales récentes pour remédier au changement climatique et à ses effets sur la santé en général, et nous soulignons ensuite le travail lié plus particulièrement aux initiatives visant à minimiser les risques de maladies infectieuses émergentes.

Initiatives mondiales

Le récent Compte à rebours sur la santé et le changement climatique de The Lancet indique que les professionnels de la santé et les systèmes de santé tiennent de plus en plus compte des effets du changement climatique sur la santé et y réagissentNote de bas de page 23. Et pour cause : une meilleure compréhension des répercussions du changement climatique sur la santé permet d’améliorer la préparation, d’accroître la résilience et l’adaptation, et d’accorder priorité aux interventions d’atténuation qui protègent et favorisent le bien-être de l’être humainNote de bas de page 23.

L’Organisation mondiale de la Santé travaille à un nouveau rapport intitulé Stratégie mondiale sur l’environnement, le changements climatiques et la santé Note de bas de page 24. L’ébauche de Stratégie mondiale préconise une approche intégrée de la santé publique et de la science environnementale pour accélérer les travaux sur la prévention primaire et promouvoir des politiques qui s’attaquent aux causes premières des menaces de l’environnement pour la santé. Il est prévu que l’Assemblée de la Santé mondiale approuvera cette nouvelle stratégie en mai 2019.

L’adaptation consiste à réduire les effets associés à un niveau donné de changement climatique. En octobre 2018, on a annoncé une nouvelle Commission mondiale sur l’adaptation dirigée par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, l’homme d’affaires américain Bill Gates et la directrice générale de la Banque mondiale, Kristalina GeorgievaNote de bas de page 25. Le rapport démontrera pourquoi l’adaptation aux risques climatiques est essentielle et décrira les actions nécessaires. La Commission présentera son rapport au Sommet sur le climat des Nations Unies en septembre 2019 à New York.

Mondialement, il existe un mouvement de jeunes qui appelle à l’action sur le changement climatique lancé par une activiste suédoise de 16 ans, Greta ThunbergNote de bas de page 26. Le 15 mars 2019, 1,5 million de jeunes et leurs supporteurs dans 123 pays ont manifesté partout dans le monde exigeant une réponse importante au changement climatique suivant une lettre ouverte aux dirigeants mondiaux qui déclarait : « Vous nous avez laissé tomber. »Note de bas de page 27. Rien qu’à Montréal, on a estimé la présence d’environ 150 000 manifestantsNote de bas de page 28.

Initiatives canadiennes

Les effets du changement climatique sur la santé au Canada ne sont pas sans avoir été remarqués par les professionnels des soins de santé. En février 2019, l’Association médicale canadienne, l’Association des infirmières et des infirmiers du Canada, l’Association canadienne de santé publique, l’Association canadienne des médecins pour l’environnement et le Réseau pour la santé publique urbain ont lancé un appel à l’action, définissant le changement climatique comme une urgence sanitaire. La Fédération des étudiants et étudiantes en médecine du Canada et la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine ont toutes deux demandé que la santé climatique commence à être intégrée à l’enseignement médical d’ici la fin de 2020, et qu’elle le soit davantage d’ici 2025Note de bas de page 30. Sans cet enseignement, les professionnels de la santé ne seront pas préparés aux problèmes de santé liés au climat qu’ils sont susceptibles de voir fréquemment dans leurs pratiques au cours des années à venir.

Le Canada est en voie d’éliminer l’énergie au charbon d’ici 2030, une politique qui devrait produire 1,3 milliard de dollars en bénéfices sanitaires et environnementaux attribuables à une meilleure qualité de l’airNote de bas de page 31. Le Canada a maintenant cofondé l’Alliance : Énergiser au-delà du charbon avec le Royaume-Uni dans le but de catalyser les efforts internationauxNote de bas de page 32 qui pourraient multiplier ces avantages pour la santé. Dans le même sens, le nouveau Guide alimentaire du Canada, avec son accent sur une diète riche en plantes, est susceptible d’entraîner une réduction des émissions de gaz à effet de serre résultant de la production et de la consommation d’aliments composés de viande. Tout cela correspond aux recommandations de la EAT-Lancet Commission qui en décrit les avantages sanitaires tant pour l’être humain que pour la planèteNote de bas de page 33Note de bas de page 34.

De grands changements sont également possibles au niveau communautaire. En ce qui concerne le transport durable, les médecins et les praticiens de la santé publique encouragent davantage une infrastructure de transport actif dans de multiples collectivités pour réduire les taux d’émissions et améliorer la santéNote de bas de page 35. L’engagement de Vancouver à devenir l’une des villes les plus durables au monde contient plusieurs éléments visant à augmenter les niveaux d’activités physique et diminuer la pollutionNote de bas de page 36. Faire sortir les gens des voitures alimentées par des combustibles fossiles et leur faire utiliser des modes de transport durables comme les bicyclettes et les autobus réduit non seulement les émissions, mais réduit également la pollution de l’air locale, améliore les niveaux d’activité et réduit les maladies.

S’attaquer aux risques accrus de maladies infectieuses

Dans ce numéro du Relevé des maladies transmissibles au Canada, vous lirez comment le gouvernement et les chercheurs universitaires du Canada ont trouvé des solutions pour remédier aux risques accrus de maladies transmissibles résultant du changement climatique. Un des principaux éléments s’est avéré être les stratégies de détection précoce et de prévention. Rees et coll. décrivent une nouvelle génération de stratégies de surveillance pour la prédiction et la détection précoce d’éclosions de maladies transmissibles liées au climat, nommément la modélisation des risques et la surveillance basée sur des événements qui utilisent des données Internet de source ouverte, lesquelles ont récemment été améliorées par des applications d’intelligence artificielle, comme l’apprentissage automatiqueNote de bas de page 37. Ogden et coll. soulignent que comme le réchauffement, la variabilité climatique et les événements météorologiques extrêmes entraînent une augmentation de la fréquence et de l’intensité des maladies transmises par les moustiques, la compréhension des schémas météorologiques connexes peut faciliter la découverte précoce du moment où une région devient à risque. Des informations opportunes sur une éclosion imminente peuvent permettre la mise en œuvre de mesure de contrôle des moustiques et de communication du risque — avant que l’éclosion ne se produiseNote de bas de page 38. Kotchi et coll. remarquent par ailleurs que les images de satellite peuvent fournir des données sur les indicateurs des déterminants environnementaux et climatiques qui influencent la présence et le développement des maladies transmises par les moustiques et les tiques. Ainsi, les données sur les changements de la température, de l’humidité, de la couverture végétale et bien plus encore peuvent servir à prédire des éclosions de maladies transmissibles. Des travaux sont désormais en cours pour augmenter la prévisibilité de cette technique en utilisant les données de multiples satellites et en appliquant des techniques novatrices d’apprentissage automatique pour traiter les mégadonnéesNote de bas de page 39. Germain et coll. décrivent un nouveau modèle de collaboration entre les experts scientifiques et les décideurs de politiques publiques de la province de Québec dans une structure organisationnelle « Un monde, une santé » qui offre une plateforme pour le partage des connaissances, l’établissement de consensus et le développement de stratégies d’adaptation pour remédier au risque accru de maladies zoonotiques associées au changement climatiqueNote de bas de page 40.

Discussions et conclusion

Un sondage mené par Ipsos-Reid en décembre 2018 a démontré que la majorité des Canadiens reconnaissent que le Canada a besoin de faire plus d’efforts pour s’attaquer au changement climatiqueNote de bas de page 41. Cependant la sensibilisation sur les effets du changement climatique sur la santé n’est pas encore aussi étendue. Il est important que tous les Canadiens sachent que le changement climatique affecte de plus en plus la santé de nombreuses manières. Les professionnels de la santé et de la santé publique jouent un rôle important pour sensibiliser davantage le public sur ces risques à la santé liés au changement climatique. Un message positif peut être diffusé : une meilleure compréhension des effets du changement climatique sur la santé permet une meilleure préparation, une meilleure résilience et une meilleure adaptation, et l’élaboration de stratégies qui protègent et favorisent la santé humaine. Il y a beaucoup de travaux en cours pour remédier aux effets du changement climatique sur la santé dans le contexte de l’adaptation. Ces travaux sont axés sur la préparation, la prévention et la résilience. Ils comprennent une toute nouvelle génération de stratégies permettant de détecter quand nous courons un risque accru de maladies infectieuses liées au climat.

Les professionnels de la santé et de la santé publique doivent être prêts à jouer un rôle actif dans la prévention, la détection précoce et l’atténuation des effets du changement climatique sur la santé. À cette fin, le contenu climat et santé doit être de plus en plus inclus dans les plans de cours et les cours de formation continue. Les effets nuisibles de la pollution de l’air et les effets traumatisants des phénomènes météorologiques extrêmes sont évidents et bien documentés. Par ailleurs, les effets du changement climatique sur les maladies transmissibles émergentes au Canada sont moins évidents et moins connus. Afin de ne pas rater l’apparition de maladies à transmission vectorielle induites par le changement climatique chez les personnes touchées, il faut de toute nécessité un indice élevé de suspicion et une confirmation en laboratoire. La compréhension et l’information opportune sur les nouvelles stratégies pour la détection précoce des risques et des éclosions de maladies émergentes susceptibles d’être induites par un changement climatique aideront les professionnels des soins de santé et de santé publique à se préparer et à réagir.

La connaissance des risques et le désir de faire partie des solutions sont des réactions saines au changement climatique. On fait beaucoup en ce moment et chaque professionnel des soins de santé peut faire beaucoup pour créer un avenir viable pour les générations actuelles et futures. Et cet effort en vaut la peine pour maintenir un état de préparation et de résilience individuelle, familiale et communautaire, pour contribuer à une chose plus grande que soi et aussi parce que le regard du monde est posé sur nous.

Déclaration des auteurs

Les deux auteurs ont élaboré la conception générale et la création de l’éditorial. PH a rédigé la première ébauche et CH et PH ont collaboré aux ébauches et aux révisions ultérieures.

Dre Courtney Howard est présidente de l’Association des médecins pour l’environnement Dre Patricia Huston est rédactrice en chef du Rapport canadien sur les maladies transmissibles au Canada et elle s’est récusée de toute décision rédactionnelle relative au présent manuscrit. Les décisions ont été prises par le rédacteur invité du numéro d’avril 2019, le Dr Nicholas Ogden.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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