Facteurs de risque cliniques pour la tuberculose multirésistante en Ontario, Canada, 2010 à 2016

RMTC

Volume 46–4, le 2 avril 2020 : Virus respiratoire syncytial (VRS)

Étude épidémiologique

Facteurs de risque associés à la tuberculose pharmacorésistante dans un centre de référence situé à Toronto (Ontario) au Canada : 2010 à 2016

Takashi Hirama1,2,3,4, Natasha Sabur 2, Peter Derkach2, Jane McNamee2, Howard Song2, Theodore Marras1,3, Sarah Brode1,2,3

Affiliations

1 Division de pneumologie, Département de médecine, Université de Toronto, Toronto, ON

2 Département de pneumologie, Centre de santé West Park, Toronto, ON

3 Division de pneumologie, Département de médecine, Hôpital Toronto Western, Toronto, ON

4 Département de chirurgie thoracique, Institut du développement, du vieillissement et du cancer, Université Tohoku, Sendai, Miyagi, Japon

Correspondance

thirama@icloud.com

Citation proposée

Hirama T, Sabur NF, Derkach P, McNamee J, Song H, Marras TK, Brode SK. Facteurs de risque associés à la tuberculose pharmacorésistante dans un centre de référence situé à Toronto (Ontario) au Canada : 2010 à 2016. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2020;46(4):95–103. https://doi.org/10.14745/ccdr.v46i04a05f

Mots-clés : tuberculose, Mycobacterium tuberculosis, épreuve de sensibilité aux médicaments, résistant à l’isoniazide, multirésistant

Résumé

Contexte : La tuberculose (TB) pharmacorésistante représente une menace majeure pour la santé publique dans le monde. Cependant, aucune étude ne s’est intéressée aux facteurs de risque associés à la pharmacorésistance en Ontario, une province où les immigrants présentent un profil caractéristique. Nous avons évalué les facteurs de risque démographiques et cliniques associés à la TB pharmacorésistante chez les patients traités au Centre de santé West Park situé à Toronto, en Ontario (Canada).

Méthodes : Tous les patients chez qui l’on a diagnostiqué la TB et qui ont été traités au Centre de santé West Park entre janvier 2010 et décembre 2016 ont été pris en compte dans cette étude de cohorte rétrospective. Les caractéristiques des patients atteints d’une TB monorésistante à l’isoniazide (R-INH) et d’une TB multirésistante (MR) ont été comparées à celles des patients atteints d’une TB pharmacosensible à l’aide d’une régression logistique bivariée et multivariée.

Résultats : Les facteurs de risque associés à la TB R-INH étaient l’appartenance à un groupe d’âge plus jeune (moins de 35 ans), l’existence d’antécédents de traitement de la TB, l’absence de diabète et la naissance dans un pays situé ailleurs qu’en Asie du Sud-Est, mais seuls les deux derniers facteurs étaient significatifs dans l’analyse multivariée. En revanche, nous avons constaté que l’appartenance à une génération plus jeune (moins de 65 ans), la naissance dans la région européenne, l’arrivée récente au Canada (moins de 120 mois), l’existence d’antécédents de traitement et l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) étaient associés à la TB-MR et que, parmi ces facteurs, l’appartenance à un groupe d’âge plus jeune (moins de 35 ans), l’immigration plus récente (moins de 24 mois), l’existence d’antécédents de traitement et l’infection par le VIH étaient significatifs dans l’analyse multivariée.

Conclusion : Ces résultats pourraient être utiles aux cliniciens de la province spécialisés dans la tuberculose, car ils contribuent à éclairer l’antibiothérapie empirique qu’ils prescrivent dans l’attente des résultats de l’épreuve de sensibilité phénotypique aux médicaments, et à faciliter la prise d’une décision quant à la nécessité de demander ou non une épreuve moléculaire rapide de sensibilité aux médicaments.

Introduction

La tuberculose (TB) pharmacorésistante représente une menace majeure pour la santé publique dans le monde. Les deux formes de TB pharmacorésistante les plus courantes et les plus importantes sur le plan clinique sont la TB monorésistante à l’isoniazide (R-INH) (résistante à l’INH) et la TB multirésistante (MR) (résistante à au moins l’INH et la rifampicine, RMP)Note de bas de page 1Note de bas de page 2. La pharmacorésistance est déterminée à l’aide de méthodes génotypiques ou d’une épreuve de sensibilité phénotypique aux médicaments (ESM) par culture cellulaire, cette dernière étant considérée comme la norme par excellenceNote de bas de page 3. La détermination de la pharmacorésistance est essentielle pour éclairer le choix de médicaments antimycobactériens adaptés et pour prévenir tout accroissement de la pharmacorésistance. Cependant, il peut s’écouler plusieurs semaines avant que l’ESM phénotypique ne livre ses résultats, et tous les milieux cliniques n’effectuent pas systématiquement d’ESM moléculaire rapide. C’est pourquoi les cliniciens préfèrent généralement engager un traitement empirique contre la TB avant que les résultats de l’ESM phénotypique ne soient disponibles. Ils peuvent également, en fonction des facteurs de risque du patient en matière de pharmacorésistance, élargir le traitement empirique initial ou demander une ESM moléculaire rapide.

Peu d’études ont décrit les facteurs de risque associés à la pharmacorésistance au Canada. En Colombie-Britannique, de 1990 à 2001, l’âge, la naissance à l’étranger, l’origine ethnique, l’existence d’antécédents de traitement, la réalisation du diagnostic en dehors du Canada et certaines régions du pays de naissance étaient des facteurs associés à la pharmacorésistanceNote de bas de page 4. En Alberta, de 1982 à 2011, l’âge (moins de 65 ans), l’existence d’antécédents de traitement, l’arrivée au Canada entre 2002 et 2011 et l’émigration récente en provenance des Philippines et du Vietnam étaient des facteurs de risque associés à la TB-MR chez les personnes nées à l’étrangerNote de bas de page 5. Selon une étude de surveillance nationale, entre 1997 et 2008, l’âge, la naissance à l’étranger, l’existence d’antécédents de traitement et certaines régions épidémiologiques de naissance définies par l’Organisation mondiale de la santé étaient des facteurs associés à la pharmacorésistance à l’échelle nationaleNote de bas de page 1. Cependant, aucune étude ne s’est intéressée aux facteurs de risque associés à la pharmacorésistance en Ontario, une province où les immigrants présentent un profil caractéristiqueNote de bas de page 6 et où le fardeau imputable aux cas de TB pharmacorésistante est le plus lourd au CanadaNote de bas de page 7Note de bas de page 8. Il convient également de recueillir un plus grand nombre de données contemporaines, car les facteurs de risque peuvent varier à mesure que les tendances d’immigration changent et que les taux de TB pharmacorésistante, notamment la TB-MR, évoluent dans le monde entier.

Cette étude avait pour objectif principal d’évaluer les facteurs de risque démographiques et cliniques potentiellement associés à la TB pharmacorésistante chez les patients traités au Centre de santé West Park (CSWP) et de comparer les facteurs de risque associés à la TB R-INH à ceux associés à la TB-MR. Par ailleurs, les patients tuberculeux participant à l’étude ont été évalués conformément aux dernières lignes directrices de l’American Thoracic Society, de l’Infectious Diseases Society of America et des Centers for Disease Control and Prevention (ATS/IDSA/CDC)Note de bas de page 3. Celles-ci recommandent que des analyses moléculaires rapides visant à déterminer la résistance à la RMP avec ou sans la résistance à l’INH soient menées chez les sous-groupes de patients suivants : 1) patients ayant des antécédents de traitement; 2) patients nés ou ayant vécu pendant un an ou plus dans un pays dont l’incidence de TB est égale ou supérieure à 20 cas pour 100 000 personnes ou dont la prévalence de la MR primaire est égale ou supérieure à 2 %; 3) patients entrés en contact avec une personne atteinte de TB-MR; et 4) patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Méthodes

Situé à Toronto, en Ontario, le CSWP est un centre de référence pour la prise en charge de la TB pharmacorésistante, et traite la majorité des cas de TB-MR de la province (84 % entre 2000 et 2011)Note de bas de page 9. Tous les patients chez qui on a diagnostiqué la TB et qui ont été traités au CSWP entre janvier 2010 et décembre 2016 ont été pris en compte dans cette étude de cohorte rétrospective. L’examen des dossiers médicaux a permis de répertorier les patients à inclure dans l’étude ainsi qu’à extraire leurs caractéristiques démographiques et cliniques. Le protocole d’étude a été validé par le Comité conjoint d’éthique de la recherche Bridgepoint/West Park. Au regard du caractère rétrospectif de l’étude, l’obligation d’obtenir le consentement éclairé des patients a été levée.

Au cours de la période d’étude, toutes les épreuves de sensibilité aux médicaments ont été systématiquement effectuées au Laboratoire de tuberculose et de mycobactériologie de Santé publique Ontario (Toronto, Ontario). L’ESM a été réalisée selon les normes d’essai et les méthodes recommandées (le cas échéant) par le Clinical Laboratory Standards Institute, à l’aide d’un bouillon radiométrique [BACTEC 460; Becton, Dickinson et Co., Franklin Lakes, New Jersey, États-Unis (É.-U.)] jusqu’au 1er octobre 2010, et un bouillon non radiométrique (MGIT 960; Becton, Dickinson et Co.) par la suiteNote de bas de page 10Note de bas de page 11. La première culture du complexe Mycobacterium tuberculosis isolé auprès d’un patient a été systématiquement soumise à une épreuve de sensibilité aux quatre médicaments de première intention : INH, RMP, éthambutol et pyrazinamide. Les isolats capables de résister à l’INH à 0,1 mg/l étaient considérés comme « résistants » dans le cadre de cette étude, mais ont également été évalués à 0,4 mg/l et soumis à des essais associés à la moxifloxacine. Tout isolat qui s’est révélé résistant à la RMP ou à l’un des deux médicaments de première intention a été soumis à une ESM aux médicaments de deuxième intention. L’épreuve de sensibilité aux médicaments de deuxième intention énumérés ci-après a été réalisée au cours de la période d’étude : rifabutine, amikacine, streptomycine, kanamycine, capréomycine, ofloxacine, éthionamide et acide para-aminosalicylique. L’ESM relative à la clofazimine a été effectuée jusqu’au 1er octobre 2010, et l’ESM relative à la moxifloxacine a commencé le 1er octobre 2010.

Les caractéristiques des patients atteints d’une TB R-INH et d’une TB-MR ont été comparées avec celles des patients atteints d’une TB pharmacosensible (PS) (c’est-à-dire sensible aux quatre médicaments de première intention), à l’aide de modèles de régression logistique bivariée et multivariée. Les analyses statistiques ont été réalisées avec GraphPad Prism 6.0 (GraphPad Software; La Jolla, Californie, É.-U.), StatPlus:macLE (AnalystSoft; Walnut, Californie, É.-U.) et Jamovi (version 0.9 récupérée depuis https://www.jamovi.org). Dans les analyses bivariées, de nombreuses caractéristiques démographiques (âge, sexe, région du pays de naissance et temps écoulé depuis l’arrivée au Canada) et cliniques (facteurs de risque connus associés à la TB, localisation de la tuberculose et résultats microbiologiques) ont été analysées en vue de préciser leur éventuelle association avec la TB pharmacorésistante, un lien qui devra être étudié de manière plus approfondie. Les variables dont la valeur de p est inférieure à 0,05 dans l’analyse bivariée, et les variables a priori considérées comme importantes sur le plan clinique (âge, sexe, région du pays de naissance, temps passé depuis l’arrivée au Canada et existence d’antécédents de traitement de la TB) ont été sélectionnées en vue de leur inclusion dans les modèles multivariés. Les modèles multivariés étaient limités aux patients nés à l’étranger de manière à ce que l’association entre le temps passé au Canada et la pharmacorésistance puisse être étudiée avec précision. Les patients ont également été répartis en groupes légèrement différents par l’ESM (pharmacosensibles, pharmacorésistance non multirésistante et MR/résistance à la RMP) pour évaluer les dernières recommandations des organismes ATS/IDSA/CDC concernant la réalisation d’une ESM moléculaire rapide relative à la rifampicineNote de bas de page 3.

Résultats

Entre 2010 et 2016, 485 patients atteints d’une TB active ont été traités au CSWP, soit 11,1 % des 4 384 personnes traitées au total en OntarioNote de bas de page 12. Parmi les patients du CSWP, les résultats de l’ESM étaient disponibles pour 82,9 % d’entre eux (n = 402/485) (tableau 1). Pour les 83 autres patients (17,1 %), l’ESM phénotypique n’a pas pu être effectué en Ontario (en raison de l’absence de confirmation de culture ou d’un diagnostic établi en dehors de l’Ontario). Ces patients ont donc dû être exclus des prochaines analyses des facteurs de risque. Les souches tuberculeuses sensibles aux quatre médicaments de première intention représentaient 76,1 % (n = 306/402), les souches R-INH représentaient 10,9 % (n = 44/402) et les souches résistantes à l’INH, à la RMP et à d’autres médicaments (MR) représentaient 11,4 % (n = 46/402). Seuls quatre patients présentaient une monorésistance à des médicaments autres que l’INH (un à la RMP et trois à la PZA), deux présentaient une polyrésistance aux médicaments de première intention (mais pas de MR), et six patients ont été exclus des analyses de facteurs de risque. La TB ultrarésistante (MR caractérisée par une résistance supplémentaire à une fluoroquinolone et une préparation injectable de deuxième intention) était également rare, avec 1 % (n = 4/402).

Tableau 1 : Résultats de l’épreuve de sensibilité phénotypique aux médicaments chez les patients participants à l’étude
Sensibilité aux médicaments n/N %
Épreuve de sensibilité aux médicaments de première intention (n = 402 avec ESM disponible)
Sensibilité aux quatre médicaments de première intention 306/402 76,1
Monorésistance à l’INH 44/402 10,9
Monorésistance à la RMP 1/402 0,2
Monorésistance à l’EMB 0/402 0,0
Monorésistance à la PZA 3/402 0,7
Polyrésistance aux médicaments de première intention 2/402 0,5
Multirésistance (INH et RMP) 46/402 11,4
Ultrarésistance 4/402 1,0
Toute résistance à l’INH 92/402 22,9
Toute résistance à la RMP 47/402 11,7
Toute résistance à l’EMB 21/402 5,2
Toute résistance à la PZA 24/402 6,0
Épreuve de sensibilité aux médicaments de deuxième intention (n = 46 avec TB-MR)
Toute résistance à l’EMB 20/46 43,5
Toute résistance à la PZA 20/46 43,5
Toute résistance à la RFB 41/46 89,1
Toute résistance à l’AMK 3/45 6,7
Toute résistance à la SM 29/46 63,0
Toute résistance à la KM 6/41 14,6
Toute résistance à la CM 6/46 13,0
Toute résistance à la MFX 5/41 12,2
Toute résistance à l’OFX 8/46 17,4
Toute résistance à l’ETA 13/46 28,3
Toute résistance au PAS 5/46 10,9
Toute résistance au LZD 0/41 0,0
Toute résistance à la CLO 0/5 0,0

Les patients tuberculeux ont été répartis en trois groupes en fonction des résultats de l’ESM : TB-PS (n = 306), R-INH (n = 44) et MR (n = 46). Leurs caractéristiques démographiques sont présentées au tableau 2 et leurs caractéristiques cliniques au tableau 3. Par rapport aux patients atteints d’une TB-PS (tableau 2), dans les analyses non rajustées, les patients atteints d’une TB R-INH étaient beaucoup plus jeunes (rapport de cotes [RC] pour les personnes de moins de 35 ans = 2,58, IC de 95 % allant de 1,06 à 6,30), pour un âge de référence supérieur à 65 ans, et moins susceptibles d’être nés en Asie du Sud-Est (RC de 0,157, IC de 95 % allant de 0,03 à 0,91). Les patients atteints d’une TB R-INH (tableau 3) étaient également plus susceptibles de présenter des antécédents de traitement (RC de 2,39, IC de 95 % allant de 1,01 à 5,68), et moins susceptibles de souffrir de diabète (RC de 0,26, IC de 95 % allant de 0,08 à 0,87) dans les analyses non rajustées. Par rapport aux patients atteints d’une TB-PS, dans les analyses non rajustées, les patients atteints d’une TB-MR (tableau 2) étaient considérablement plus jeunes (moins de 35 ans, RC de 15,2, IC de 95 % allant de 3,49 à 66,1), plus susceptibles d’être nés en Europe (RC de 15,6, IC de 95 % allant de 1,66 à 146,4) et affichaient une durée beaucoup plus courte entre leur arrivée au Canada et le diagnostic de la TB. Ces patients (tableau 3) étaient plus susceptibles de présenter des antécédents de traitement (RC de 5,74, IC de 95 % allant de 2,77 à 11,9), plus susceptibles d’être infectés par le VIH (RC de 4,76, IC de 95 % allant de 1,29 à 17,5), plus susceptibles de n’être touchés que par une TB pulmonaire, et moins susceptibles d’être atteints d’une TB pulmonaire et extrapulmonaire.

Tableau 2 : Caractéristiques démographiques des patients tuberculeux participant à l’étude
Caractéristiques démographiques Tous les patients tuberculeux TB-PS TB R-INH TB R-INH ou TB-PS TB-MR TB-MR ou TB-PS
(n = 485) % (n = 306) % (n = 44) % RC (IC de 95 %) Valeur de p (n = 46) % RC (IC de 95 %) Valeur de p
Âge, en années
Moins de 35 ans 146 30,1 79 25,8 17 38,6 2,58 (1,06 à 6,30) 0,037 25 54,3 15,1 (3,49 à 66,11) 0,01
35 à 65 ans 212 43,7 131 42,8 19 43,2 1,74 (0,73 à 4,14) 0,210 19 41,3 6,96 (1,58 à 30,6) < 0,001
Plus de 65 ans 127 26,2 96 31,4 8 18,2 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O 2 4,3 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O
Genre
Sexe, femme 215 44,3 120 39,2 24 54,5 1,86 (0,99 à 3,51) 0,056 24 52,2 1,69 (0,91 à 3,15) 0,098
Pays de naissance
Né à l’étranger 450 92,8 280 91,5 40 90,9 0,93 (0,31 à 2,80) 0,895 45 97,8 4,18 (0,56 à 31,53) 0,166
Né au Canada 35 7,2 26 8,5 4 9,1 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O 1 2,2 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O
Région du pays de naissance définie par l’OMS
Région africaine 43 8,9 27 8,8 3 6,8 0,72 (0,15 à 3,54) 0,688 2 4,3 1,92 (0,16 à 22,5) 0,602
Région des AmériquesNote b de Tableau 2 27 5,6 18 5,9 3 6,8 1,08 (0,22 à 5,44) 0,923 0 0,0 S/O référenceNote a de Tableau 2 S/O
Région de la Méditerranée orientale 49 10,1 29 9,5 5 11,4 1,12 (0,27 à 4,62) 0,875 2 4,3 1,79 (0,15 à 20,9) 0,641
Région européenne 21 4,3 10 3,3 0 0,0 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O 6 13,0 15,6 (1,66 à 146,4) 0,016
Région de l’Asie du Sud-Est 124 25,6 83 27,1 2 4,5 0,157 (0,03 à 0,91) 0,038 14 30,4 4,38 (0,55 à 34,9) 0,163
Région du Pacifique occidental 186 38,4 113 36,9 27 61,4 1,55 (0,50 à 4,82) 0,446 21 45,7 4,83 (0,62 à 37,5) 0,132
Canada 35 7,2 26 8,5 4 9,1 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O 1 2,2 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O
Nombre de mois passés entre l’arrivée et le diagnostic de TBNote c de Tableau 2
Moins de 24 mois 93 19,2 45 14,7 6 13,6 1,13 (0,42 à 3,01) 0,813 18 39,1 7,60 (3,09 à 18,6) < 0,001
24 à 120 mois 141 29,0 80 26,1 16 36,4 1,69 (0,82 à 3,50) 0,157 19 41,3 4,51 (1,89 à 10,7) < 0,001
Plus de 120 mois 213 43,9 152 49,7 18 40,9 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O 8 17,4 1,0 référenceNote a de Tableau 2 S/O
Tableau 3 : Caractéristiques cliniques des patients tuberculeux participant à l’étude
Caractéristiques cliniques Tous les patients tuberculeux TB-PS TB R-INH TB R-INH ou TB-PS TB-MR TB-MR ou TB-PS
(n = 485) % (n = 306) % (n = 44) % RC (IC de 95 %) Valeur de p (n = 46) % RC (IC de 95 %) Valeur de p
Facteur de risque associé à la TB
Existence d’antécédents de traitement de la TB 70 14,4 26 8,5 8 18,2 2,39 (1,01 à 5,68) 0,048 16 34,8 5,74 (2,77 à 11,89) < 0,001
Antécédents de contacts avec une personne atteinte de TB 102 21,0 64 20,9 7 15,9 0,72 (0,31 à 1,6) 0,442 9 19,6 0,92 (0,42 à 2,00) 0,833
Antécédents de contacts avec une personne atteinte ou soupçonnée d’être atteinte de TB pharmacorésistante 4 0,8 1 0,3 1 2,3 7,09 (0,44 à 115,5) 0,169 1 2,2 6,77 (0,41 à 111,2) 0,179
Voyage vers une région où l’incidence est élevée 165 34,0 105 34,3 13 29,5 0,80 (0,40 à 1,60) 0,532 14 30,4 0,84 (0,42 à 1,63) 0,604
Séjour dans un camp de réfugiés 26 5,4 19 6,2 0 0,0 S/O S/O S/O 2 4,3 0,65 (0,14 à 2,87) 0,57
Sans-abri ou incarcéré 44 9,1 33 10,8 3 6,8 0,61 (0,18 à 2,96) 0,422 2 4,3 0,37 (0,08 à 1,62) 0,19
Consommation de drogues illicites 31 6,4 22 7,2 6 13,6 2,04 (0,78 à 5,35) 0,148 1 2,2 0,28 (0,03 à 2,18) 0,287
Consommation régulière d’alcool 172 35,5 117 38,2 13 29,5 0,68 (0,34 à 1,35) 0,267 17 37,0 0,95 (0,49 à 1,79) 0,868
Consommation de tabac (actuelle ou antérieure) 145 29,9 98 32,0 15 34,1 1,10 (0,56 à 2,14) 0,784 16 34,8 1,13 (0,58 à 2,17) 0,71
Malignité active 21 4,3 12 3,9 1 2,3 0,57 (0,07 à 4,50) 0,593 3 6,5 1,71 (0,46 à 6,30) 0,421
Traitement immunosuppresseur 14 2,9 9 2,9 1 2,3 0,77 (0,95 à 6,21) 0,804 2 4,3 1,5 (0,031 à 7,17) 0,611
Diabète 85 17,5 67 21,9 3 6,8 0,26 (0,08 à 0,87) 0,029 8 17,4 0,75 (0,33 à 1,68) 0,488
Infection au VIH 10 2,1 6 2,0 0 0,0 S/O S/O S/O 3 6,5 4,76 (1,29 à 17,5) 0,019
Répartition des TB
TB pulmonaire uniquement 280 57,7 176 57,5 28 63,6 1,29 (0,67 à 2,49) 0,442 34 73,9 2,09 (1,04 à 4,19) 0,038
TB pulmonaire et extrapulmonaire 103 21,2 75 24,5 11 25,0 1,02 (0,49 à 2,13) 0,944 5 10,9 0,37 (0,14 à 0,98) 0,047
TB extrapulmonaire uniquement 102 21,0 55 18,0 5 11,4 0,59 (0,22 à 1,55) 0,282 7 15,2 0,82 (0,34 à 1,92) 0,648
Caverne détectée par radiographie thoracique 98 20,2 72 23,5 9 20,5 0,84 (0,38 à 1,82) 0,651 9 19,6 0,79 (0,36 à 1,71) 0,552
Analyse des bacilles acidorésistants
Frottis positif aux bacilles acidorésistants dans le crachat 191 39,4 155 50,7 25 56,8 1,60 (0,80 à 3,20) 0,179 17 37,0 0,57 (0,29 à 1,08) 0,089

Dans l’analyse multivariée limitée aux patients nés à l’étranger (tableau 4), les patients atteints de TB R-INH étaient moins susceptibles d’être originaires de l’Asie du Sud-Est que les patients atteints de TB-PS (RC de 0,10, IC de 95 % allant de 0,01 à 0,73). Ils étaient également moins susceptibles d’être diabétiques (RC de 0,18, IC de 95 % allant de 0,04 à 0,81). Les facteurs de risque associés à la TB-MR dans l’analyse multivariée limitée aux patients nés à l’étranger étaient l’appartenance à un groupe d’âge plus jeune (moins de 35 ans) (RC de 8,11, IC de 95 % allant de 1,43 à 45,7), l’établissement d’un diagnostic de TB moins de 24 mois après l’arrivée au Canada (RC de 4,11, IC de 95 % allant de 1,21 à 13,9), l’existence d’antécédents de traitement de la TB (RC de 3,78, IC de 95 % allant de 1,58 à 9,05) et l’infection par le VIH (RC de 10,95, IC de 95 % allant de 1,90 à 62,9).

Tableau 4 : Facteurs de risque associés à la tuberculose monorésistante à l’isoniazide et à la tuberculose multirésistante chez les patients nés à l’étranger traités au Centre de santé West Park
Facteurs de risque TB R-INH ou TB-PS TB-MR ou TB-PS
RC (IC de 95 %) Valeur de p RC (IC de 95 %) Valeur de p
Âge, en années
Moins de 35 ans 1,69 (0,54 à 5,26) 0,365 8,11 (1,43 à 45,7) 0,018
35 à 65 ans 1,16 (0,44 à 3,06) 0,76 4,84 (0,94 à 24,7) 0,058
Plus de 65 ans 1,0 référenceNote a de Tableau 4 S/O 1,0 référenceNote a de Tableau 4 S/O
Genre
Sexe, femme 1,36 (0,65 à 2,88) 0,408 1,57 (0,71 à 3,47) 0,265
Région du pays de naissance définie par l’OMS
Région africaine 0,46 (0,08 à 2,64) 0,384 0,45 (0,05 à 3,86) 0,468
Région des Amériques 1,0 référenceNote a de Tableau 4 S/O S/O S/O S/O
Région de la Méditerranée orientaleNote b de Tableau 4 0,90 (0,17 à 4,81) 0,909 1,0 référenceNote a de Tableau 4 S/O
Région européenne S/O S/O S/O 4,29 (0,54 à 33,7) 0,166
Région de l’Asie du Sud-Est 0,10 (0,01 à 0,73) 0,023 1,31 (0,25 à 6,95) 0,744
Région du Pacifique occidental 1,50 (0,38 à 5,83) 0,558 1,97 (0,38 à 10,2) 0,415
Nombre médian de mois passés entre l’arrivée et le diagnostic de TBNote c de Tableau 4
Moins de 24 mois 1,10 (0,34 à 3,52) 0,861 4,11 (1,21 à 13,9) 0,023
24 à 120 mois 1,26 (0,53 à 3,00) 0,588 2,48 (0,83 à 7,35) 0,101
Plus de 120 mois 1,0 référenceNote a de Tableau 4 S/O 1,0 référenceNote a de Tableau 4 S/O
Facteur de risque associé à la TB
Existence d’antécédents de traitement de la TB 2,21 (0,73 à 6,15) 0,163 3,78 (1,58 à 9,05) 0,003
Diabète 0,18 (0,04 à 0,81) 0,026 S/O S/O S/O
Infection au VIH S/O S/O S/O 10,95 (1,90 à 62,9) 0,007
Répartition des TB
TB pulmonaire uniquement S/O S/O S/O 2,76 (0,92 à 8,19) 0,067
TB pulmonaire et extrapulmonaire S/O S/O S/O 0,70 (0,17 à 2,77) 0,617

Dans notre évaluation des recommandations présentées en 2017 par les organismes ATS/IDSA/CDC concernant la réalisation d’une ESM moléculaire rapide relative à la rifampicine, nous avons constaté que les patients qui présentaient une multirésistance ou une résistance à la RMP étaient largement plus susceptibles d’avoir des antécédents de traitement de la TB (RC de 5,39, IC de 95 % allant de 2,57 à 11,3) et d’être infectés par le VIH (RC de 4,26, IC de 95 % allant de 1,06 à 17,0) que les patients atteints de TB-PS dans l’analyse multivariée (tableau 5).

Tableau 5 : Critères recommandés par l’ATS dans ses lignes directrices 2017 concernant la réalisation d’une épreuve de sensibilité moléculaire rapide relative à la rifampicineNote a de Tableau 5
Critères Tous les patients tuberculeuxNote b de Tableau 5 TB-PS TB non MR/pharmacorésistante à la RMP TB-MR/R à la RMP TB-MR/R à la RMP ou TB-PS TB-MR/R à la RMP ou TB non MR/pharmacorésistante à la RMP
(n = 485) % (n = 306) % (n = 49) % (n = 47) % RC (IC de 95 %) Valeur de p RC (IC de 95 %) Valeur de p
Existence d’antécédents de traitement de la TB 70 14,4 26 8,5 9 18,4 16 34,0 5,39 (2,57 à 11,3) < 0,001 2,21 (0,83 à 5,90) 0,112
Naissance ou résidence pendant moins d’un an dans un pays à risque élevé 428 88,2 264 86,3 43 87,8 45 95,7 2,72 (0,62 à 11,2) 0,184 3,02 (0,56 à 16,2) 0,197
Contact avec une personne atteinte de TB-MR 4 0,8 1 0,3 2 4,1 1 2,1 9,04 (0,54 à 148,7) 0,123 0,46 (0,03 à 5,60) 0,548
Infection au VIH 10 2,1 6 2,0 0 0,0 4 8,5 4,26 (1,06 à 17,0) 0,04 S/O S/O S/O

Discussion

Nous avons recensé sept facteurs de risque associés à la pharmacorésistance chez les patients tuberculeux traités dans notre établissement de Toronto, en Ontario. Pour ce qui est de la TB R-INH, nous avons constaté que l’appartenance à un groupe d’âge jeune (moins de 35 ans), l’existence d’antécédents de traitement de la TB, l’absence de diabète et la naissance dans un pays situé ailleurs qu’en Asie du Sud-Est constituaient des facteurs de risque dans l’analyse bivariée (non rajustée), mais que seuls les deux derniers facteurs étaient déterminants dans l’analyse multivariée. L’existence d’antécédents de traitement de la TB avait déjà été signalée comme étant un facteur de risque associé à la TB R-INH, même après ajustement des variables confusionnellesNote de bas de page 13. C’est avec une certaine surprise que nous avons mis en évidence un lien significatif entre le diabète et la TB R-INH dans notre analyse bivariée et multivariée, le premier semblant jouer un rôle « protecteur » contre la dernière. La plupart des études précédentes n’ont pas pris en compte le diabète dans l’évaluation des facteurs de risque associés à la pharmacorésistance, et une étude menée en Colombie-Britannique n’a établi aucune corrélation entre ces deux variablesNote de bas de page 4. Par ailleurs, certains rapports, notamment une méta-analyse récente, ont fait état d’une corrélation positive entre le diabète et la TB-MRNote de bas de page 14. Étant donné qu’aucune étude n’a démontré de corrélation négative entre la TB R-INH et le diabète, et que ce constat ne repose sur aucune explication biologique plausible, nous croyons que cette corrélation pourrait être fausse. Bien que nous ayons tenu compte de l’âge dans notre modèle multivarié, il se peut que ce facteur ait induit une confusion résiduelle, car la TB R-INH était plus courante chez les patients plus jeunes, chez qui la prévalence du diabète est généralement moins élevée. Il se peut également que cette corrélation ait été découverte par hasard, et qu’elle soit liée à des comparaisons multiples; elle mérite de faire l’objet d’études complémentaires. Il est intéressant de noter que la naissance à l’étranger (RC de 0,93, IC de 95 % allant de 0,31 à 2,80) n’était pas associée à la TB R-INH dans la population étudiée. Même si d’autres études nord-américaines ont constaté que la naissance à l’étranger était un facteur de risque associé à la TB R-INH ou la TB monorésistanteNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 13, seule une de ces études a été soumise à un ajustement des variables confusionnelles et aucune corrélation n’a été établieNote de bas de page 13.

Nous avons mis en évidence, dans la population étudiée, plusieurs facteurs de risque associés à la TB-MR qui avaient déjà été décrits en Amérique du Nord, notamment l’appartenance à une génération plus jeune, l’existence d’antécédents de traitementNote de bas de page 5, l’arrivée plus récente au CanadaNote de bas de page 1 et l’infection au VIH. L’infection au VIH prête à controverse; une méta-analyse a montré que la plupart des études nord-américaines faisaient état d’une corrélation. Aucune corrélation significative avec la TB-MR n’a cependant été démontrée après avoir pris en compte les études réalisées dans toutes les régions du monde; une corrélation avec la TB-MR primaire a toutefois été observéeNote de bas de page 15. Dans l’analyse bivariée, nous avons également constaté que les patients atteints d’une TB pulmonaire uniquement étaient plus susceptibles de présenter une TB-MR, contrairement aux patients atteints d’une TB pulmonaire et extrapulmonaire. Il est possible que la répartition des TB ait été faussée par la date à laquelle leur diagnostic a été réalisé, car les patients atteints d’une TB-MR étaient plus susceptibles d’être arrivés récemment au Canada et, par conséquent, leur maladie pouvait se trouver à un stade moins avancé. En effet, la proportion globale de l’affection pulmonaire (pulmonaire et pulmonaire et extrapulmonaire) était similaire entre les catégories de l’ESM (82,0 % (n = 251/306) pour la TB-PS; 88,6 % (n = 39/44) pour la TB R-INH; 84,8 % (n = 39/46) pour la TB-MR).

Concernant les régions de naissance, aucune corrélation significative n’est ressortie de l’analyse multivariée, mais la naissance en Europe (RC de 15,6 %, IC de 95 % allant de 1,66 à 146,4) était un facteur de risque associé à la TB-MR dans l’analyse bivariée, et l’absence de signification dans l’analyse multivariée de notre étude pourrait s’expliquer par le faible nombre de cas analysés.

Vu le nombre croissant d’immigrants au Canada (5,5 millions en 2000 à 7,9 millions en 2017)Note de bas de page 16Note de bas de page 17 et l’épidémie de TB pharmacorésistante qui sévit dans le monde, la prévalence de la TB pharmacorésistante pourrait bien s’accroître au CanadaNote de bas de page 8. L’une des nombreuses difficultés que pose la TB pharmacorésistante dans les pays où le fardeau de la morbidité est faible est l’intervalle entre le moment où la TB est diagnostiquée et le moment où les résultats de l’ESM par culture cellulaire sont connus, ce qui risque d’allonger le temps avant de pouvoir commencer un traitement adapté, d’accroître la morbidité et d’entretenir l’infectiosité. Cependant, dans ces régions, les analyses moléculaires universelles rapides ne sont pas nécessairement rentables et peuvent générer un nombre élevé de faux positifsNote de bas de page 18. C’est pourquoi les analyses ciblées, fondées sur les facteurs de risque, sont plus souvent utilisées. Les dernières lignes directrices des organismes ATS/IDSA/CDC relativement au diagnostic de la TBNote de bas de page 3 recommandent que des analyses moléculaires rapides visant à déterminer la résistance à la RMP avec ou sans résistance à l’INH soient menées chez les sous-groupes de patients suivants : 1) patients ayant des antécédents de traitement; 2) patients nés ou ayant vécu pendant au moins un an dans un pays dont l’incidence de la TB est égale ou supérieure à 20 cas pour 100 000 personnes, ou dont la prévalence de la MR primaire est égale ou supérieure à 2 %; 3) patients entrés en contact avec une personne atteinte de TB-MR; et 4) patients infectés par le VIH. Nos résultats confirment la nécessité de mettre en œuvre ces lignes directrices en Ontario auprès des sous-groupes de patients (sous-groupes no 1 et 4).

Bien que nous n’ayons pas observé de corrélation significative entre la résistance à la RMP et les antécédents de contact avec une personne atteinte de TB-MR (sous-groupe de patients n3), le RC était élevé et nos chiffres étaient bas, et il semble logique que ces patients puissent présenter des risques et qu’ils fassent, de ce fait, l’objet d’analyses. Nos données soulèvent néanmoins des questions sur les avantages et les coûts potentiels liés à la réalisation d’analyses « ciblées » chez les patients du sous-groupe no 2, dans une région comme la nôtre (Toronto, Ontario) où la majorité des patients tuberculeux sont des immigrants. Ce critère pourrait éventuellement être modifié, en Ontario et dans les régions similaires, de manière à ce que seuls les patients originaires d’un pays à risque élevé, jeunes ou ayant récemment immigré soient soumis à des analyses. Il pourrait également être envisagé de procéder à des analyses ciblées auprès des patients originaires de pays associés à un risque très élevé (région européenne).

Points forts et limites

Vu notre statut de centre de référence pour la prise en charge des cas de TB pharmacorésistante et complexe en Ontario, il n’est guère étonnant que la proportion de cas pharmacorésistants (10,9 % de TB R-INH et 11,4 % de TB-MR) que nous traitons ait été supérieure aux taux provinciaux (8,5 % et 1,4 %)Note de bas de page 7 et nationaux (6,2 % et 1,2 %)Note de bas de page 18 en 2016. La présence, dans notre centre, d’une population de cas pharmacorésistants supérieure à la moyenne était l’occasion d’étudier en détail les caractéristiques des patients; notre étude s’est toutefois fondée sur un nombre de cas pharmacorésistants relativement faible. De plus, il se peut que nous n’ayons pas été en mesure de déceler de corrélation significative entre certains facteurs de risque réels et la TB pharmacorésistante. Il pourrait en outre y avoir un biais de sélection dans la population de notre étude, car les cas de TB-PS associés à une maladie moins grave ou à des comorbidités limitées étaient peut-être moins susceptibles d’être orientés vers notre centre spécialisé. Une autre limite possible de notre étude est qu’elle est représentative des patients de la région de Toronto (qui regroupe la majorité des cas de TB de la province; 76 % en 2016)Note de bas de page 19, et peut ne pas refléter les caractéristiques des patients des autres villes de l’Ontario, sans doute moins susceptibles d’être orientés vers notre établissement. Par ailleurs, nous ne disposions pas de renseignements précis sur tous les pays où une personne a résidé avant de venir au Canada. Enfin, nous avons analysé de nombreuses caractéristiques chez les patients pour établir leurs liens avec la TB pharmacorésistante, et il se peut que les corrélations que nous avons observées soient fausses en raison de comparaisons multiples.

Conclusion

Nous avons résumé les facteurs de risque associés à la TB R-INH et à la TB-MR chez les patients pris en charge dans notre établissement de Toronto (Ontario). Ces résultats pourraient être utiles aux cliniciens de la province spécialisés dans la tuberculose, car ils contribuent à éclairer l’antibiothérapie empirique initiale qu’ils prescrivent dans l’attente des résultats de l’ESM phénotypique, et à faciliter la prise d’une décision quant à la nécessité de demander ou non une ESM moléculaire rapide. Ces résultats pourraient également servir d’orientation aux décideurs politiques et au personnel de laboratoire concernant l’application ciblée de l’ESM moléculaire dans la province.

Déclaration des auteurs

  • T. H. — Collecte de données, analyse statistique, rédaction de la version initiale, révision, édition
  • N. S., P. D., J. M. et H. S. — Collecte de données
  • T. M. et S. B. — Collecte de données, analyse statistique, rédaction de la version initiale, révision, édition

Conflit d’intérêts

Aucun.

Financement

Ces travaux ont été financés en partie par la Fondation médicale Kurozumi, le Laboratoire Tokyo-Hokenkai Byotai-Seiri et la Fondation Takeda pour la science. Cette étude n’a bénéficié d’aucun autre financement externe.

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