Syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants

RMTC

Volume 47-11, novembre 2021 : Syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants

Communication rapide

Revue rapide du syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants : ce que nous savons un an plus tard

Megan Striha1, Rojiemiahd Edjoc1, Natalie Bresee2, Nicole Atchessi1, Lisa Waddell3, Terri-Lyn Bennett4, Emily Thompson1, Maryem El Jaouhari1, Samuel Bonti-Ankomah1

Affiliations

1 Direction générale de la sécurité sanitaire et des opérations régionales, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON

2 Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, Ottawa, ON

3 Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Winnipeg, MB

4 Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON

Correspondance

rojiemiahd.edjoc@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Striha M, Edjoc R, Bresee N, Atchessi N, Waddell L, Bennett T-L, Thompson E, El Jaouhari M, Bonti-Ankomah S. Revue rapide du syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants : ce que nous savons un an plus tard. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2021;47(11):517–24. https://doi.org/10.14745/ccdr.v47i11a04f

Mots-clés : syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants, syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique, COVID-19, MIS-C, SIMP, SIMP-TS

Résumé

Contexte : Le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants (MIS-C) associé à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est une affection émergente qui a été identifiée pour la première fois en pédiatrie au début de la pandémie de COVID-19. Cette affection est également connue sous le nom de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique ayant un lien temporel au syndrome respiratoire aigu sévère à coronavirus 2 (SIMP-TS ou SIMP), et de multiples définitions ont été établies pour cette affection qui présente des caractéristiques communes avec la maladie de Kawasaki et le syndrome de choc toxique.

Méthodes : Une revue a été menée pour déterminer la littérature décrivant l’épidémiologie du MIS-C, publiée jusqu’au 9 mars 2021. Une base de données établie à l’Agence de la santé publique du Canada avec la littérature sur la COVID-19 a été consultée pour obtenir des articles faisant référence à MIS-C, SIMP ou la maladie de Kawasaki en relation avec la COVID-19.

Résultats : Au total, 195 articles sur 988 ont été inclus dans la revue. L’âge médian des patients atteints du MIS-C se situait entre sept et dix ans, bien que des enfants de tous âges (et des adultes) puissent être touchés. Le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants touche de manière disproportionnée les garçons (58 % des patients), et les enfants noirs et hispaniques semblent présenter un risque élevé de développer le MIS-C. Environ 62 % des patients atteints du MIS-C ont dû être admis dans une unité de soins intensifs, un patient sur cinq nécessitant une ventilation mécanique. Entre 0 et 2 % des patients atteints du MIS-C sont décédés, selon la population et les interventions disponibles.

Conclusion : Le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants peut toucher des enfants de tous âges. Une proportion importante de patients a nécessité une admission à l’unité de soins intensifs et une ventilation mécanique et 0 à 2 % des cas ont été fatals. Il est nécessaire de disposer de plus de données sur le rôle de la race, de l’ethnicité et des comorbidités dans le développement du MIS-C.

Introduction

Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la Santé a déclaré une pandémie du syndrome respiratoire aigu sévère à coronavirus 2 (SRAS-CoV-2). Peu de temps après, en avril 2020, le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants (MIS-C) associé au virus SRAS-CoV-2 a été identifié au Royaume-UniNote de bas de page 1. Le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants est une maladie gravequi se caractérise par un dérèglement immunitaire avec une atteinte multisystémique et des symptômes graves nécessitant généralement une hospitalisation. On pense que le syndrome apparaît chez les enfants deux à six semaines après l’infection par le SRAS-CoV-2Note de bas de page 2.

Ce syndrome est également connu sous le nom de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique ayant un lien temporel au SRAS-CoV-2 (SIMP-TS ou SIMP). De multiples définitions ont été établies pour cette affection, notamment par l’Organisation mondiale de la SantéNote de bas de page 3, les Centers for Disease Control and Prevention des États-UnisNote de bas de page 4, le Royal College of Paediatrics and Child Health du Royaume-UniNote de bas de page 5 et la Société canadienne de pédiatrieNote de bas de page 6Note de bas de page 7. Les définitions, qui sont similaires, mais non identiques, figurent à l’appendice A.

Il n’existe pas de test diagnostique définitif pour le MIS-C, et celui-ci est considéré comme un syndrome clinique distinct, mais similaire à la maladie de Kawasaki (syndrome complet, incomplet, atypique ou de choc), au syndrome de choc toxique et au syndrome d’activation macrophagiqueNote de bas de page 8.

Situation actuelle

Plus d’un an s’est écoulé depuis que le MIS-C est apparu pour la première fois au cours de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et un grand nombre de données sont désormais disponibles. Cette revue a pour but de synthétiser ce qui est actuellement connu et ce qui n’est pas encore clair sur les caractéristiques épidémiologiques de cette maladie émergente.

Méthodes

Une base de données gérée par l’Agence de la santé publique du Canada est alimentée quotidiennement par de nouvelles publications sur la COVID-19 et comprend les études publiées depuis le début de la pandémie jusqu’au 9 mars 2021 dans PubMed, Scopus, BioRxiv, MedRxiv, ArXiv, SSRN et Research Square. Les articles ont été recoupés avec les centres d’information COVID-19 gérés par Lancet, BMJ, Elsevier et Wiley. Ces études sur la COVID-19 ont été rassemblées dans une base de données Excel et ont fait l’objet d’une recherche pour retrouver la littérature portant sur MIS-C.

Les articles (n = 998) ont été examinés pour leur pertinence et ont été inclus si des descriptions épidémiologiques de MIS-C, PIMS, PIMS-TS ou de la maladie de Kawasaki liées à la COVID-19 étaient présentes. Les articles (n = 803) ont été exclus s’ils n’étaient pas disponibles en anglais ou en français, s’ils étaient hors sujet, s’il s’agissait d’un article de synthèse ou s’ils ne contenaient pas de données épidémiologiques provenant de patients atteints du MIS-C. Au total, 195 articles ont été jugés pertinents et inclus dans cette revue (figure 1). Plusieurs articles pourraient potentiellement porter sur les mêmes cas, et donc le double comptage est une limite de cette revue.


Figure 1 : Arbre d’exclusion des articles

Figure 1

Description textuelle : Figure 1

998 articles ont été inclus dans cette revue et 803 ont été exclus sur la base d’un ensemble de critères établis auparavant. Au total, 195 articles ont été inclus dans l’examen complet des articles.


Résultats

Un total de 195 articles ont été inclus dans cette revue. La grande majorité des articles étaient des cohortes (prospectives n = 15, rétrospectives n = 70 ou ambi-directionnelles n = 4) et des rapports de cas (n = 101), une minorité étant des cas-témoins (n = 3) ou des expériences naturelles (n = 2).

La plupart des articles provenaient des États-Unis (n = 78) et du Royaume-Uni (n = 23), avec un plus petit nombre d’articles provenant d’Inde (n = 18) et de pays européens (France n = 12, Italie n = 10, Espagne n = 7). Il y avait beaucoup moins d’études provenant d’Afrique (Afrique du Sud n = 2, Algérie n = 1, Nigeria n = 1, Égypte n = 1) et d’Asie (Corée du Sud n = 2, Japon n = 1, Indonésie n = 1).

Les rapports de cas ont été résumés ensemble (articles = 101, cas de MIS-C = 207), car des informations individuelles sur les patients étaient souvent disponibles. Les articles sur les cohortes, les cas-témoins et les expériences naturelles ont également été résumés ensemble et sont désignés comme cohortes dans la section des résultats (articles = 94, cas MIS-C = 4 630). Les résumés des articles sont disponibles dans la documentation supplémentaire.

Âge et sexe

Dans les articles de la cohorte, 50 articles sur 72 (70 %) ont indiqué que l’âge médian des patients atteints du MIS-C se situait entre 7 et 10 ans (figure 2). En outre, l’âge médian des 184 patients rapportés dans les rapports de cas était de 8,8 ans, allant d’un mois à 20 ans (23 cas ne comportaient pas de données individuelles sur l’âge). Cependant, le MIS-C a été rapporté dans tous les groupes d’âge pédiatriques, avec de larges fourchettes dans de nombreux articles (figure 3).

Figure 2 : Âge médian des cas de syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants présentés dans les articles de la cohorte (n = 72)

Figure 2

Description textuelle : Figure 2

Cette figure montre la distribution de l’âge médian en années dans les articles de la cohorte des 7 à 10 ans.


Figure 3 : Âge des patients atteints du syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants, rapporté dans des articles de cas (n = 101, cas de MIS-C = 185)

Figure 3

Description textuelle : Figure 3

Cette figure montre l’âge des patients atteints du MIS-C rapporté dans les articles de rapport de cas indiquant une large fourchette d’âges.


Plus de cas de MIS-C masculins que féminins ont été observés dans cette revue. Les articles de cohorte qui font état du sexe donnent une moyenne générale de 58 % de garçons, 64 sur 89 (72 %) rapportant plus de cas de MIS-C masculins que féminins. De plus, il y avait 115 garçons sur les 197 patients indiqués dans les rapports de cas, soit un total de 58 % de garçons (10 cas ne comportaient pas de données sur le sexe).

Race, ethnicité et comorbidités

La répartition de la race, de l’ethnicité et des comorbidités dans les cas de MIS-C est moins claire que celle de l’âge et du sexe. Cela s’explique en partie par la diversité de la population générale des zones géographiques représentées dans les articles et en partie par des problèmes de collecte incomplète des données. En outre, on sait que la race et l’origine ethnique influent sur la probabilité d’être infecté par la COVID-19 au départNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13 et pourraient également affecter la probabilité de développer le MIS-C par la suite (figure 4). Il s’agit d’une relation complexe, que peu d’articles ont cherché à démêler.

Figure 4 : RelationFigure 4 footnote a entre la population générale, et les cas de COVID-19 et les cas de MIS-C

Figure 4

Description textuelle : Figure 4

Il existe des preuves que les groupes de minorités raciales et ethniques sont affectés de manière disproportionnée par la COVID-19 (flèche 1). L’effet de la race et de l’ethnicité sur la flèche 2 est moins clair.


Aux États-Unis, les US Centers for Disease Control and Prevention affirment que, par rapport aux Blancs, les Noirs ont 1,1 fois plus de chances d’être infectés et 2,8 fois plus de chances d’être hospitalisés avec la COVID-19, tandis que les Hispaniques ont 2,0 fois plus de chances d’être infectés et 3,0 fois plus de chances d’être hospitalisés avec la COVID-19Note de bas de page 10. De nombreux facteurs ont été déterminés comme causes de ces disparités. Les minorités raciales et ethniques sont confrontées à plusieurs problèmes, notamment la discrimination, l’accès aux soins de santé et l’inégalité des revenus. Les personnes noires et hispaniques sont également plus susceptibles de vivre dans des logements surpeuplés et d’être des travailleurs de première ligne, ce qui entraîne un risque plus élevé d’infections par la COVID-19Note de bas de page 11. Ces disparités et la charge élevée de cas de COVID-19 qui en résulte peuvent expliquer en partie ou en totalité les taux disproportionnés de MIS-C parfois rapportés parmi les populations noires et hispaniques.

Trois articles décrivant de grandes cohortes ont examiné de plus près la relation entre la race, l’ethnicité et les cas de MIS-C (tableau 1). Dans l’ensemble, un article a trouvé une incidence disproportionnée de MIS-C chez les enfants noirs et hispaniques par rapport aux enfants blancs (rapport des taux d’incidence de 3,15 et 1,70 respectivement)Note de bas de page 14. Si la race et l’origine ethnique ne jouent aucun rôle dans le développement du MIS-C après COVID-19 (flèche 2 de la figure 4), on peut s’attendre à ce qu’un nombre proportionnel d’enfants de toutes races et origines ethniques développent un MIS-C après COVID-19. Trois études suggèrent que ce n’est pas le cas, et que les enfants noirs sont surreprésentés parmi les cas de MIS-C par rapport à ceux hospitalisés pour la COVID-19Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 16. À l’inverse, les enfants hispaniques sont sous-représentés parmi les cas de MIS-C par rapport à ceux hospitalisés pour la COVID-19Note de bas de page 14Note de bas de page 15. Il existe également des preuves que les enfants blancs sont sous-représentés parmi les cas de MIS-C par rapport à ceux hospitalisés pour la COVID-19Note de bas de page 15Note de bas de page 16.

Tableau 1 : Comparaison de la composition raciale et ethnique de la population générale, des cas hospitalisés de maladie à coronavirus 2019 et du syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants

Composition raciale et ethnique
Composition (%)
Lee et al. (14) (É.-U.)Tableau 1 footnote a
(n = 182)
Feldstein et al. (15) (É.-U.)Tableau 1 footnote b
(n = 421)
Swann et al. (16) (R.-U.)
(n = 651)
Enfants noirs Pourcentage d'enfants noirs dans la population pédiatrique générale 22,2 % s.o. s.o.
Pourcentage d'enfants noirs parmi les cas de COVID-19 pédiatriques hospitalisés 19,9 % 21,5 % 7,4 %
Pourcentage d'enfants noirs parmi les cas de MIS-C 34,4 % 32,3 % 17,3 %
Enfants hispaniques Pourcentage d'enfants hispaniques dans la population pédiatrique générale 35,6 % s.o. s.o.
Pourcentage d'enfants hispaniques parmi les cas pédiatriques hospitalisés de COVID-19 40,0 % 45,4 % s.o.
Pourcentage d'enfants hispaniques parmi les cas de MIS-C 29,8 % 35,8 % s.o.
Enfants blancs Pourcentage d'enfants blancs dans la population pédiatrique générale 26,1 % s.o. s.o.
Pourcentage d'enfants blancs parmi les cas pédiatriques hospitalisés de COVID-19 13,8 % 18,4 % 51,2 %
Pourcentage d'enfants blancs parmi les cas de MIS-C 12,8 % 11,7 % 30,8 %

Les comorbidités les plus fréquemment rapportées dans les articles d’enfants atteints de MIS-C étaient l’asthme et l’obésité. Cependant, un article a constaté que les patients MIS-C étaient plus susceptibles de ne pas avoir de comorbidités que les patients COVID-19 aigusNote de bas de page 15, tandis qu’un second a constaté que les patients MIS-C sont légèrement plus susceptibles d’être obèses que ceux de la population généraleNote de bas de page 17. Dans l’ensemble, les données sur les comorbidités chez les patients MIS-C sont relativement peu développées.

Résultats

Une grande partie des patients MIS-C (généralement plus de la moitié) ont été admis dans une unité de soins intensifs ou une unité de soins intensifs pédiatriques. Dans les articles où l’admission en unit de soins intensifs ou en unité de soins intensifs pédiatriques n’était pas requise dans le cadre de la conception de l’étude, 56 articles de cohorte ont rapporté que 62 % des patients ont été admis en unité de soins intensifs (figure 5), tandis que 80 rapports de cas ont indiqué que 78 % des patients ont été admis en unité de soins intensifs.

Figure 5 : Pourcentage de cas de syndrome inflammatoire multisystémique chez les patients pédiatriques admis en unité de soins intensifs ou en unité de soins intensifs pédiatriques dans les articles de cohorte où l’admission en unité de soins intensifs ou en unité de soins intensifs pédiatriques n’était pas requise par le plan d’étude (n = 56)

Figure 5

Description textuelle : Figure 5

Cette figure montre que dans les articles où l’admission en unité de soins intensifs ou en unité de soins intensifs pédiatrique n’était pas requise, 62 % des patients ont été admis en unité de soins intensifs, tandis que 78 % l’ont été dans les articles de rapports de cas.


En outre, environ un patient atteint du MIS-C sur cinq a dû être intubé. Dans les articles où l’admission en unité de soins intensifs n’était pas requise dans le cadre de la conception de l’étude, 45 articles de cohorte ont rapporté que 22 % des patients étaient intubés (figure 6). En outre, dans 14 études de cohorte qui ont nécessité une admission en unité de soins intensifs ou en unité de soins intensifs pédiatriques, 32 % des patients ont été intubés. Enfin, 76 rapports de cas ont indiqué que 34 % des patients ont dû être intubés.

Figure 6 : Pourcentage de cas de syndrome inflammatoire multisystémique chez les patients pédiatriques qui ont été intubés dans les articles de cohorte dont le plan d’étude ne prévoyait pas d’admission en unité de soins intensifs ou en unité de soins intensifs pédiatriques (n = 45)

Figure 6

Description textuelle : Figure 6

Cette figure montre que seul un patient sur cinq a dû être intubé (22 %).


En général, environ 2 % des patients MIS-C sont décédés. Dans les 72 articles de cohortes qui ont fait état des résultats, 2,0 % de tous les patients sont décédés (n = 78/3 977 cas), bien que 48 des 72 articles n’aient signalé aucun décès. Dans 88 études de cas, 6,4 % de tous les patients sont décédés. Les rapports de cas ont tendance à mettre en évidence des cas uniques ou plus graves, ce qui peut expliquer pourquoi le taux de mortalité global dans ces articles était beaucoup plus élevé que dans les articles de la cohorte.

Discussion

Les caractéristiques épidémiologiques des patients atteints de MIS-C sont de plus en plus nombreuses. Il est clair que le MIS-C touche des enfants de tous âges, l’âge médian se situant entre 7 et 10 ans dans 70 % des articles. Il semble qu’il y ait proportionnellement moins de cas rapportés chez les enfants et les jeunes adultes de 16 ans et plus par rapport aux taux d’infection par la COVID-19 dans ces groupes, mais cela peut être attribuable au fait que de nombreux articles sont basés sur le travail dans des hôpitaux pédiatriques. Par rapport aux taux de cas de COVID-19, les adolescents plus âgés et les jeunes adultes aux États-Unis sont plus susceptibles d’être infectés (ou testés et identifiés comme cas) que les enfants, contrairement à ce qui a été rapporté jusqu’à présent sur les taux de MIS-CNote de bas de page 18.

La surreprésentation des hommes dans les cas de MIS-C ne se retrouve pas dans les taux de COVID-19 chez les enfants. Aux États-Unis, les enfants de sexe masculin et féminin sont touchés par la COVID-19 de manière à peu près égale, avec des taux légèrement plus élevés chez les fillesNote de bas de page 18. Toutefois, la légère surreprésentation des enfants de sexe masculin est également observée dans la maladie de Kawasaki, une affection étroitement liée qui dispose d’un corpus de preuves plus élaboré. Il semblerait que la surreprésentation masculine soit attribuable à des facteurs génétiques dans la maladie de KawasakiNote de bas de page 19, ce qui pourrait être exploré plus avant pour déterminer si c’est également le cas pour le MIS-C.

En ce qui concerne la race et l’origine ethnique, il est bien établi que les groupes raciaux et ethniques minoritaires sont touchés de manière disproportionnée par les cas de COVID-19 en raison de facteurs sociodémographiques et d’autres facteurs connexesNote de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13. Certains éléments indiquent que les enfants noirs et hispaniques sont également touchés de manière disproportionnée par le MIS-C. Les données probantes présentées ici ne proviennent que de deux études américaines et d’une étude britannique, et d’autres études sont nécessaires pour vérifier ces observations.

Certaines études sur la maladie de Kawasaki indiquent que des facteurs génétiques pourraient jouer un rôle, certains groupes asiatiques étant surreprésentés parmi les cas de KawasakiNote de bas de page 20. L’exploration de mécanismes similaires dans le MIS-C permettrait d’en savoir plus.

En outre, les comorbidités ont été signalées de manière incohérente et sont liées à d’autres facteurs épidémiologiques, tels que la race et l’origine ethnique. La manière dont l’obésité, l’asthme et les autres comorbidités contribuent au développement du MIS-C est donc moins claire.

Enfin, il est clair que le MIS-C est un syndrome qui provoque des symptômes graves qui nécessitent une hospitalisation et souvent l’admission dans une unité de soins intensifs ou une unité de soins intensifs pédiatriques. L’accès à des soins adéquats, y compris l’intubation dans les cas graves, est essentiel dans le traitement du MIS-C.

Conclusion

Le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants peut toucher des enfants de tous âges, l’âge médian le plus souvent rapporté se situant entre 7 et 10 ans. Les garçons étaient plus souvent touchés (58 % des cas). De nombreux patients, souvent plus de la moitié, ont été admis en unité de soins intensifs ou en unité de soins intensifs pédiatriques, un cinquième d’entre eux ayant dû être intubés. Entre 0 et 2 % des patients MIS-C sont décédés, selon le contexte et le traitement disponible. Il est nécessaire de disposer de plus de données sur le rôle de la race, de l’ethnie et des comorbidités dans le développement du MIS-C. Les futures pistes d’étude comprennent des rapports de surveillance ciblant l’incidence, ainsi que des études sur les séquelles.

Déclaration des auteurs

  • M. S. — Méthodologie, enquête, rédaction-projet original
  • R. E. — Conceptualisation, rédaction-révision et édition, supervision
  • N. B. — Rédaction-révision et édition
  • L. W. — Rédaction-révision et édition
  • T.-L. B. — Rédaction-révision et édition
  • E. T. — Rédaction-révision et édition
  • M. E. J. — Rédaction-révision et édition
  • S. B.-A. — Rédaction-révision et édition

Intérêts concurrents

Aucun.

Remerciements

Nous tenons à remercier le Groupe des sciences émergentes de nous avoir permis de collaborer avec lui sur cette question importante.

Financement

Aucun.

Documents supplémentaires

Résumé des données probantes concernant le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants (n = 195)

Appendice A : Définitions du syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants

La définition du syndrome inflammatoire multisystémique (MIS-C) publiée par l’Organisation mondiale de la SantéNote de bas de page 3 stipule ce qui suit :

  • Enfants et adolescents de 0 à 19 ans présentant une fièvre depuis plus de trois jours

ET

  • Deux des éléments suivants :
    • Éruption cutanée ou conjonctivite bilatérale non purulente ou signes d’inflammation muco-cutanée (bouche, mains ou pieds)
    • Hypotension ou choc
    • Caractéristiques de dysfonctionnement myocardique, de péricardite, de valvulite ou d’anomalies des artères coronaires (y compris résultats d’ECHO ou taux élevé de Troponine/NT-proBNP)
    • Preuve de coagulopathie (par PT, PTT, D-Dimères élevés)
    • Problèmes gastro-intestinaux aigus (diarrhée, vomissements ou douleurs abdominales)

ET

  • Augmentation des marqueurs d’inflammation tels que la vitesse de sédimentation (VS), la (CRP) ou la procalcitonine

ET

  • Pas d’autre cause microbienne évidente d’inflammation, y compris septicémie bactérienne, syndromes de choc staphylococcique ou streptococcique

ET

  • Preuve de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) (réaction en chaîne par polymérase à transcription inverse (RT-PCR), test d’antigène ou sérologie positive), ou contact probable avec des patients atteints de COVID-19

La définition de cas du MIS-C publiée par les Centers for Disease Control des États-UnisNote de bas de page 4 stipule ce qui suit :

  • Individu âgé de moins de 21 ans présentant de la fièvre (supérieure à 38,0 °C pendant une durée supérieure ou égale à 24 heures, ou déclaration d’une fièvre subjective d’une durée supérieure ou égale à 24 heures), des signes d’inflammation en laboratoire et des signes de maladie cliniquement grave nécessitant une hospitalisation, avec une atteinte multisystémique (plus de deux organes) (cardiaque, rénale, respiratoire, hématologique, gastro-intestinale, dermatologique ou neurologique)

ET

  • Aucun autre diagnostic plausible

ET

  • Positif pour une infection actuelle ou récente par le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2) par RT-PCR, sérologie ou test antigénique; ou exposition à un cas suspecté ou confirmé de COVID-19 dans les quatre semaines précédant l’apparition des symptômes

La définition du syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (SIMP) publiée par le Royal College of Paediatrics and Child Health (RCPCH) du Royaume-UniNote de bas de page 5 stipule ce qui suit :

  • Un enfant présentant une fièvre persistante, une inflammation (neutrophilie, CRP élevée et lymphopénie) et des signes de dysfonctionnement d’un ou plusieurs organes (choc, trouble cardiaque, respiratoire, rénal, gastro-intestinal ou neurologique) avec des caractéristiques supplémentaires. Il peut s’agir d’enfants répondant aux critères complets ou partiels de la maladie de Kawasaki

ET

  • Exclusion de toute autre cause microbienne, y compris une septicémie bactérienne, des syndromes de choc staphylococciques ou streptococciques, des infections associées à la myocardite telles que les entérovirus (l’attente des résultats de ces examens ne doit pas retarder la consultation d’un expert)

ET

  • Le test PCR du SRAS-CoV-2 peut être positif ou négatif

La définition du SIMP publiée par la Société canadienne de pédiatrieNote de bas de page 6Note de bas de page 7 stipule ce qui suit :

  • Fièvre persistante (supérieure à 38,0 °C pendant trois jours ou plus) et marqueurs inflammatoires élevés (CRP, VS ou ferritine)

ET l’un des deux éléments suivants :

  • Caractéristiques de la maladie de Kawasaki (complète ou incomplète)
  • Syndrome du choc toxique (typique ou atypique)

ET

  • Aucune autre étiologie pour expliquer la présentation clinique

ET

  • Il n’est pas nécessaire que les patients aient un statut SRAS-CoV-2 positif pour être pris en considération
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