Les tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus et de leurs agents pathogènes associés
Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 49-6, juin 2023 : Les hépatites aiguës chez les enfants au Canada
Date de publication : juin 2023
ISSN : 1719-3109
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Volume 49-6, juin 2023 : Les hépatites aiguës chez les enfants au Canada
Surveillance
Surveillance des tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus et de leurs agents pathogènes associés, Canada, 2020
Christy Wilson1, Salima Gasmi2, Annie-Claude Bourgeois1, Jacqueline Badcock3, Justin Carr4, Navdeep Chahil5, Heather Coatsworth6, Antonia Dibernardo6, Priya Goundar7, Patrick Leighton8, Min-Kuang Lee5, Muhammad Morshed5,9, Marion Ripoche10, Jade Savage11 au nom d’eTick, Hanan Smadi3, Christa Smolarchuk12, Karine Thivierge13,14, Jules Koffi2
Affiliations
1 Centre des maladies infectieuses d’origine alimentaire, environnementale et zoonotique, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON
2 Centre des maladies infectieuses d’origine alimentaire, environnementale et zoonotique, Agence de la santé publique du Canada, Saint-Hyacinthe, QC
3 Santé publique Nouveau-Brunswick, ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick, Fredericton, NB
4 Laboratoire vétérinaire provincial du Nouveau-Brunswick, ministère de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches, Fredericton, NB
5 BCCDC Public Health Laboratory, BC Centre for Disease Control, Vancouver, BC
6 Direction générale du Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Winnipeg, MB
7 Ministry of Health, Regina, SK
8 Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique (GREZOSP), faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal, Saint-Hyacinthe, QC
9 Department of Pathology and Laboratory Medicine, University of British Columbia, Vancouver, BC
10 Institut national de santé publique du Québec, Montréal, QC
11 Université Bishop’s, Sherbrooke, QC
12 Analytics and Performance Reporting Branch, Health Standards, Quality and Performance Division, Alberta Health, Edmonton, AB
13 Laboratoire de santé publique du Québec, Sainte-Anne-de-Bellevue, QC
14 Institut de parasitologie, Université McGill, Sainte-Anne-de-Bellevue, QC
Correspondance
Citation proposée
Wilson CH, Gasmi S, Bourgeois A-C, Badcock J, Carr J, Chahil N, Coatsworth H, Dibernardo A, Goundar P, Leighton PA, Lee M-K, Morshed MG, Ripoche M, Savage J au nom de eTick, Smadi HN, Smolarchuk C, Thivierge K, Koffi JK. Surveillance des tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus et de leurs agents pathogènes associés, Canada, 2020. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2023;49(6):320–31. https://doi.org/10.14745/ccdr.v49i06a06f
Mots-clés : Ixodes scapularis, Ixodes pacificus, surveillance, Borrelia, Anaplasma, Babesia, virus de Powassan
Résumé
Contexte : Les tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus sont les principaux vecteurs de l’agent pathogène de la maladie de Lyme et de plusieurs autres maladies transmises par les tiques au Canada. Les données de surveillance des tiques peuvent être utilisées pour déterminer les zones locales de risque de maladies transmises par les tiques et les interventions directes en santé publique. Le présent article vise à décrire les caractéristiques saisonnières et spatiales des principaux vecteurs de la maladie de Lyme au Canada, ainsi que les agents pathogènes transmis par les tiques, au moyen des données de surveillance passive et active de 2020.
Méthodes : Des données de surveillance passive et active ont été compilées de la Direction générale du Laboratoire national de microbiologie (Agence de la santé publique du Canada), des autorités provinciales et locales de santé publique et d’eTick (une plateforme en ligne basée sur l’image). Les analyses saisonnières et spatiales des tiques et de leurs agents pathogènes connexes sont présentées, y compris les estimations de la prévalence des infections.
Résultats : Dans le cadre de la surveillance passive, les données sur I. scapularis (n = 7 534) ont été présentées par toutes les provinces sauf le Manitoba et la Colombie-Britannique, tandis que les données sur I. pacificus (n = 718) ont été présentées uniquement par la Colombie-Britannique. Aucune donnée sur les tiques n’a été rapportée par les territoires. La répartition saisonnière des présentations pour I. scapularis étaient bimodales, mais unimodales pour I. pacificus. Quatre agents pathogènes transmis par les tiques ont été identifiés pour I. scapularis (Borrelia burgdorferi, Anaplasma phagocytophilum, Babesia microti et Borrelia miyamotoi) et un pour I. pacificus (B. miyamotoi). Pour la surveillance active, des données sur I. scapularis (n = 688) ont été recueillies en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Cinq agents pathogènes transmis par les tiques ont été identifiés : B. burgdorferi, A. phagocytophilum, B. microti, B. miyamotoi et le virus de Powassan.
Conclusion : Le présent article donne un aperçu de la répartition de I. scapularis et de I. pacificus et de leurs agents pathogènes humains associés, au Canada en 2020, ce qui peut aider à évaluer le risque d’exposition à des agents pathogènes transmis par les tiques dans différentes provinces.
Introduction
Les tiques Ixodes scapularis et Ixodes pacificus peuvent transmettre plusieurs agents pathogènes bactériens, viraux et protozoaires aux humainsNote de bas de page 1. L’aire de répartition géographique et la population de I. scapularis augmentent dans le centre-sud et dans l’est du CanadaNote de bas de page 2Note de bas de page 3, en raison des changements climatiques et environnementaux qui ont augmenté la qualité de l’habitat des tiques dans plus de régionsNote de bas de page 4Note de bas de page 5. Ces changements peuvent modifier davantage le comportement des tiques et prolonger leurs périodes d’activité, ce qui peut augmenter l’exposition aux maladies transmises par les tiquesNote de bas de page 1Note de bas de page 6. Afin de réduire le fardeau des maladies transmises par les tiques, l’expansion continue de la portée des tiques au Canada doit être assurée par une capacité accrue de prévention et de surveillance de ces maladies et une sensibilisation accrue à cet enjeuNote de bas de page 1. Les données de surveillance des tiques éclairent le risque environnemental de la maladie de Lyme (ML), qui peut guider les autorités de santé publique dans le ciblage des efforts de prévention et de contrôle, et peut soutenir les diagnostics de la maladie de Lyme par les professionnels de la santéNote de bas de page 7.
L’agent causal de la ML, Borrelia burgdorferi, est transmis par I. scapularis dans le centre et l’est du Canada et par I. pacificus en Colombie-Britannique. Entre 2009 et 2020, l’incidence signalée de la ML chez les personnes a été multipliée par plus de 10 (passant de 144 à 1 615 cas)Note de bas de page 8. D’autres cas de maladies transmises par les tiques, transmis par I. scapularis ou I. pacificus, sont en en cours d’émergence au Canada, y compris l’anaplasmoseNote de bas de page 9, la babésioseNote de bas de page 10, la fièvre récurrente à tiques duresNote de bas de page 11 et la maladie à virus de PowassanNote de bas de page 12.
Depuis les années 1990, la surveillance passive des tiques sert à déterminer les populations de tiques I. scapularis et I. pacificus et la présence d’agents pathogènes transmis par les tiquesNote de bas de page 13Note de bas de page 14. La surveillance active des tiques a commencé dans les années 2000 afin de détecter les zones où les populations de tiques établies peuvent devenir endémiques (zones à risque pour la ML)Note de bas de page 15. Les efforts visant à résumer chaque année la surveillance passive et active des tiques au niveau national ont commencé en 2019Note de bas de page 16, fournissant une base de référence pour le risque à déterminer qui, au fil du temps, facilitera la détermination des tendances actuelles et permettra la projection des tendances à venir.
Le présent rapport de surveillance a pour objectif de résumer les caractéristiques géographiques et saisonnières des principaux vecteurs de la ML au Canada, I. scapularis et I. pacificus, recueillies par surveillance passive et active en 2020. Le présent article résumera également la prévalence et la répartition spatiale de leurs agents pathogènes humains associés.
Méthode
Sources de données
Ce rapport utilise deux types de données de surveillance provenant de dix fournisseurs différents. Les données sur la surveillance passive des tiques ont été fournies par la Direction générale du Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada (l’Agence), le « British Columbia Centre for Disease Control (BCCDC) », Santé Alberta, le ministère de la Santé de la Saskatchewan et eTick. Les données de surveillance active des tiques ont été fournies par le Bureau de santé du district de Thunder Bay, la santé publique de Kingston, de Frontenac et de Lennox et Addington, le Laboratoire de santé publique du Québec, le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick et le Laboratoire vétérinaire provincial du Nouveau-Brunswick.
Surveillance passive des tiques
La surveillance passive des tiques est la soumission volontaire par le public de tiques (ou de leurs images) à des cliniques médicales ou vétérinaires, à des autorités régionales de santé publique ou à d’autres institutions (e.g. un laboratoire universitaire) pour l’identification des espèces et les analyses en laboratoireNote de bas de page 13. Cette analyse a été limitée aux tiques I. scapularis et I. pacificus collectées au Canada en 2020, même si plusieurs autres espèces de tiques ont également été identifiées. Les tiques pourraient être soumises à n’importe quel moment de l’année. Les analyses portant sur une localité d’acquisition à l’extérieur du Canada, avec l’historique de voyage du soumissionnaire dans une autre province ou à l’intérieur du Canada, mais qui ne pouvaient être géocodés, ont été exclues. Les tiques ont été soumises individuellement (une seule soumission) ou en groupes de deux ou plus (soumission multiple). Les provinces où cinq tiques ou moins ont été présentées aux fins d’identification des espèces et les analyses en laboratoire ont été exclues de l’étude afin d’éviter une mauvaise interprétation des résultats. Aucune tique n’a été soumise provenant des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut ou du Yukon, car il n’existe aucun programme de surveillance passive pour I. scapularis et I. pacificus.
Depuis 2009, les programmes régionaux de surveillance passive des tiques ont été progressivement abandonnés dans plusieurs administrations (e.g. la Nouvelle-Écosse, le Sud-Ouest du Québec et l’Est de l’Ontario) en fonction de la capacité des laboratoires et à mesure que les populations de I. scapularis sont établies. Toutefois, les tiques (ou leurs images) acquises dans ces administrations pourraient être présentées directement par le public au LNM ou à eTick.
La plateforme eTick est un système de surveillance passive Web validé par la science communautaire pour l’identification des tiquesNote de bas de page 17. Les personnes soumettent sur la plateforme en ligne des images de tiques qu’elles ont collectées, qui sont ensuite examinées par du personnel qualifié aux fins d’identification des espèces. Le système a commencé en 2017 au Québec et cinq provinces supplémentaires se sont ajoutées en 2020 (Saskatchewan, Ontario, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse). Tout comme les sources provinciales de données sur la surveillance des tiques, eTick recueille des renseignements sur l’emplacement de l’acquisition, la date de la collecte, l’historique des déplacements des soumissionnaires, l’hôte des tiques, les espèces de tiques et les stades des tiques. Toutes les tiques sur le site eTick ont été classées comme étant des soumissions uniques, car les utilisateurs doivent télécharger des images de chaque tique individuellement.
Les tiques acquises et soumises en Saskatchewan, en Ontario, au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard ont été analysées pour détecter la présence de A. phagocytophilum, B. burgdorferi, B. miyamotoi et B. microti au LNM ou à l’University of Saskatchewan au moyen des méthodes décrites précédemmentNote de bas de page 16Note de bas de page 18. Les tiques ont été analysées au BCCDC seulement pour détecter B. burgdorferi et B. miyamotoiNote de bas de page 14. Les résultats des analyses de laboratoire pour les tiques de Santé Alberta n’étaient pas disponibles. Les échantillons de tiques dont les images ont été soumises sur eTick n’étaient pas systématiquement analysés pour détecter les agents pathogènes transmis par les tiques, mais ils pouvaient être transmis à un laboratoire à cette fin à la demande des autorités locales de santé publique.
Surveillance active des tiques
Dans le cadre de la surveillance active, les tiques sont recueillies dans l’environnement à l’aide de l’échantillonnage par traînée ou en capturant les mammifères hôtes qui sont ensuite examinés afin de détecter les tiques. Cette analyse a utilisé les tiques I. scapularis collectées au cours de l’échantillonnage par filet traînant de sept sites en Ontario, de 24 sites au Québec et de 14 sites au Nouveau-Brunswick. L’échantillonnage par trainée a lieu à la fin du printemps, à l’été (de mai à juillet) ainsi qu’à l’automne (de septembre à novembre) et certains sites ont été visités au cours des deux périodes.
Toutes les tiques ont été analysées au LNM pour détecter A. phagocytophilum, B. microti, B. burgdorferi, B. miyamotoi et le virus de Powassan. Les tiques ont été recueillies et analysées à l’aide des méthodes décrites précédemmentNote de bas de page 16Note de bas de page 18Note de bas de page 19.
Analyse
Caractéristiques des tiques
Pour la surveillance passive, des statistiques descriptives ont été calculées pour le type de soumission (basé sur l’échantillon ou l’image), les espèces de tiques, la province d’acquisition, le stade (larve, nymphe, femelle adulte ou mâle adulte), le niveau d’engorgement (non nourri ou engorgé), l’hôte (humain, chien, chat ou autre) et le mois de collecte. Lorsque la date de collecte n’était pas disponible, la date de réception de l’échantillon a été utilisée pour déterminer le mois de la collecte. Pour la surveillance active, des statistiques descriptives ont été calculées pour la province de collecte et le stade (larve, nymphe, femelle adulte ou mâle adulte). Toutes les données ont été nettoyées et analysées dans le logiciel R (version 4.0.2).
Les tiques acquises au Canada dans le cadre de la surveillance passive ont été cartographiées à l’aide de QGIS (version 3.8.1) en fonction de leur lieu d’acquisition, à l’exception des tiques de l’Alberta qui ont été cartographiées au centroïde de la région de tri d’acheminement (RTA) (les trois premiers caractères du code postal) de l’acquisition. Les tiques de soumissionnaires ayant un historique de voyage au cours des 14 jours précédents dans la même province que la localité d’acquisition ont été géocodées en fonction de la localité de l’exposition au cours du voyage. Les tiques des soumissionnaires avec plusieurs lieux de voyage répertoriés n’ont pas été cartographiés. Dans le cadre de la surveillance active, l’emplacement de l’échantillonnage par traînée de tique a été géocodé et cartographié.
Prévalence de l’infection
Pour tenir compte des analyses groupées des tiques de certaines administrations pour la surveillance passive, l’estimation du maximum de vraisemblance (EMV) de la prévalence a été calculé dans Excel (version 16.0) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % à l’aide du module complémentaire PooledInfRate (version 4.0)Note de bas de page 20Note de bas de page 21. Cela permet d’estimer la probabilité d’infection provenant d’une seule tique dans la population à l’aide des résultats de l’analyse des échantillons regroupés (i.e. un groupe d’une ou plusieurs tiques soumises et analysées ensemble). La prévalence de la co-infection a été calculée parmi les soumissions uniques uniquement pour déterminer les co-infections réelles; c’est-à-dire, deux agents pathogènes ou plus dans une seule tique. Lorsque les tiques n’ont pas été testées en groupe, la prévalence était le nombre de tiques positives divisé par le nombre de tiques analysées.
Résultats
Caractéristiques de la surveillance passive des tiques
En 2020, un total de 8 252 tiques ont été soumises provenant de neuf provinces (tableau 1, figure 1). Les tiques du Manitoba ont été exclues parce que cinq tiques ou moins ont été soumises. Aucune tique n’a été soumise provenant des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut ou du Yukon. La majorité (71,49 %) des tiques étaient des soumissions d’échantillon (n = 5 899) et les autres étaient des soumissions d’image (n = 2 353). Les tiques de l’Ontario et du Québec représentaient 77,24 % de toutes les tiques soumises. La majorité (96,80 %) des tiques étaient des soumissions uniques, mais il y avait 109 soumissions multiples (intervalle : 2–6 tiques par soumission; médiane : 2).
Province |
Espèces de tiques (nombre de tiques) |
Type de surveillance (nombre de tiques)Note de bas de page a |
Type de soumission (nombre de soumissions)Note de bas de page b |
||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Ixodes pacificus | Ixodes scapularis | Total | Basée sur un échantillon | Basée sur l’image | Soumissions uniques | Soumissions multiples | |
Colombie-Britannique | 718 | 0 | 718 | 718 | s.o. | 670 | 22 |
Alberta | 0 | 81 | 81 | 81 | s.o. | 81 | 0 |
Saskatchewan | 0 | 12 | 12 | 7 | 5 | 12 | 0 |
Ontario | 0 | 5 139 | 5 139 | 3 713 | 1 426 | 4 964 | 68 |
Québec | 0 | 1 235 | 1 235 | 809 | 426 | 1 208 | 12 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 0 | 14 | 14 | 4 | 10 | 14 | 0 |
Nouveau-Brunswick | 0 | 646 | 646 | 516 | 130 | 634 | 6 |
Nouvelle-Écosse | 0 | 392 | 392 | 36 | 356 | 392 | 0 |
Île-du-Prince-Édouard | 0 | 15 | 15 | 15 | s.o. | 13 | 1 |
Total | 718 | 7 534 | 8 252 | 5 899 | 2 353 | 7 988 | 109 |
Le stade des tiques, le niveau d’engorgement et l’hôte étaient disponibles pour 100 % des tiques I. pacificus. Le stade des tiques, le niveau d’engorgement et l’hôte étaient disponibles pour 89,66 %, 67,60 % et 99,92 % des tiques I. scapularis, respectivement. La majorité des tiques soumises étaient des tiques femelles adultes (I. pacificus : 97,21 %; I. scapularis : 92,36 %) (tableau 2). Les mâles adultes, les nymphes et les larves étaient soumises moins fréquemment. Dans l’ensemble, 8,91 % des tiques I. pacificus et 41,76 % des tiques I. scapularis étaient engorgées. Les humains étaient les hôtes les plus communs pour les tiques I. pacificus et les tiques I. scapularis (90,39 % et 82,98 %, respectivement), suivis des chiens (8,91 % et 13,34 %, respectivement).
Caractéristiques |
Espèces de tiques | |||
---|---|---|---|---|
Ixodes pacificus | Ixodes scapularis | |||
n | % | n | % | |
Stade | ||||
Larve | 0 | 0 | 9 | 0.13 |
Nymphe | 1 | 0.14 | 284 | 4.20 |
Femelle adulte | 698 | 97,21 | 6 239 | 92,36 |
Mâle adulte | 19 | 2,65 | 223 | 3,30 |
Total | 718 | 100 | 6 755 | 100 |
Niveau d’engorgement | ||||
Engorgée | 64 | 8,91 | 2 127 | 41,76 |
Non nourri | 654 | 91,09 | 2 966 | 58,24 |
Total | 718 | 100 | 5 093 | 100 |
Hôte | ||||
Humain | 649 | 90,39 | 6 247 | 82,98 |
Chien | 64 | 8,91 | 1 004 | 13,34 |
Chat | 3 | 0,42 | 132 | 1,75 |
AutreNote de bas de page b | 2 | 0,28 | 145 | 1,93 |
Total | 718 | 100 | 7 528 | 100 |
Le mois d’acquisition et de stade des tiques était disponible pour 100 % de I. pacificus et 89,66 % de I. scapularis (figure 2). Le nombre de tiques adultes I. scapularis présentées ont atteint un sommet en mai et en octobre jusqu’en novembre, tandis que le nombre de tiques adultes I. pacificus soumises a atteint un sommet seulement en mai. Seulement 0,14 % des tiques I. pacificus soumises étaient des nymphes, alors que 4,20 % des tiques I. scapularis soumises étaient des nymphes, avec un sommet en juin. Des larves de I. scapularis (0,13 %) ont été soumises de juin à septembre; aucune larve de I. pacificus n’a été soumise.
Figure 2 : Le nombre de tiques Ixodes pacificus et Ixodes scapularis soumises par surveillance passive des tiques, par mois et par stade des tiques, Canada, 2020Note de bas de page a
Figure 2 - Équivalent textuel
Mois |
Stade | ||
---|---|---|---|
Adulte | Nymphe | Larve | |
Janv. | 22 | 0 | 0 |
Févr. | 61 | 0 | 0 |
Mars | 90 | 0 | 0 |
Avril | 103 | 0 | 0 |
Mai | 204 | 0 | 0 |
Juin | 131 | 0 | 0 |
Juil. | 38 | 0 | 0 |
Août | 3 | 1 | 0 |
Sept. | 1 | 0 | 0 |
Oct. | 17 | 0 | 0 |
Nov. | 21 | 0 | 0 |
Déc. | 26 | 0 | 0 |
Mois |
Stade | ||
---|---|---|---|
Adulte | Larve | Nymphe | |
Janv. | 35 | 0 | 1 |
Févr. | 2 | 0 | 0 |
Mars | 195 | 0 | 1 |
Avril | 775 | 0 | 0 |
Mai | 1 753 | 0 | 43 |
Juin | 957 | 1 | 104 |
Juil. | 221 | 0 | 55 |
Août | 38 | 4 | 42 |
Sept. | 63 | 4 | 19 |
Oct. | 1 166 | 0 | 16 |
Nov. | 1 147 | 0 | 3 |
Déc. | 110 | 0 | 0 |
Prévalence de l’infection dans le cadre de la surveillance passive
Des données sur les analyses en laboratoire étaient disponibles pour 98,27 % des tiques I. pacificus et de 98,20 % à 98,40 % des tiques I. scapularis provenant de soumissions basées sur l’échantillon, en fonction de l’agent pathogène. L’agent pathogène le plus répandu était B. burgdorferi, détecté dans 17,19 % des tiques I. scapularis (IC à 95 % : de 16,17–18,26) (tableau 3). On a estimé que les autres agents pathogènes transmis par les tiques (A. phagocytophilum, B. microti et B. miyamotoi) et les co-infections présentaient un taux de prévalence inférieur à 1 %. Parmi les tiques I. pacificus, seul B. miyamotoi a été détecté (0,14 %, IC à 95 % : 0,01–0,68).
Agent pathogène |
Prévalence de l’infection | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Ixodes pacificus | Ixodes scapularis | ||||||
Agent unique | Estimation du maximum de vraisemblance | ||||||
% | IC à 95 % | % | IC à 95 % | ||||
Anaplasma phagocytophilum | s.o. | s.o. | 0,87 | 0,64–1,15 | |||
Babesia microti | s.o. | s.o. | 0,02 | 0–0,09 | |||
Borrelia burgdorferi | 0 | 0–0,54 | 17,19 | 16,17–18,26 | |||
Borrelia miyamotoi | 0,14 | 0,01–0,68 | 0,49 | 0,33–0,71 | |||
Agent unique total | 0,14 | 0,01–0,68 | 18,21 | 17,16–19,29 | |||
Co‑infection | Taux de co-infection | ||||||
% | Nombre de tiques co-infectées/nombre de tiques testées | % | Nombre de tiques co-infectées/nombre de tiques testées | ||||
Anaplasma phagocytophilum + Babesia microti |
s.o. | s.o. | 0 | 0/4 874 | |||
Anaplasma phagocytophilum + Borrelia burgdorferi |
s.o. | s.o. | 0,12 | 6/4 874 | |||
Anaplasma phagocytophilum + Borrelia miyamotoi |
s.o. | s.o. | 0,02 | 1/4 874 | |||
Babesia microti + Borrelia burgdorferi |
s.o. | s.o. | 0 | 0/4 882 | |||
Babesia microti + Borrelia miyamotoi |
s.o. | s.o. | 0 | 0/4 883 | |||
Borrelia burgdorferi + Borrelia miyamotoi |
0 | 0/705 | 0,14 | 7/4 882 | |||
Total co‑infecté | 0 | 0/705 | 0,29 | 14/4 883 | |||
La prévalence de B. burgdorferi était plus élevée dans les soumissions multiples des tiques I. scapularis (32,31 %, IC à 95 % : 25,27–40,34) comparativement aux soumissions uniques (16,71 %, IC à 95 % : 15,69–17,78). La prévalence de l’infection n’a pas varié de façon importante selon le type de soumission pour tout autre agent pathogène. Les tiques I. scapularis soumis pour des hôtes humains n’avaient pas de prévalence d’infection significativement différente de celle des tiques I. scapularis soumises pour des hôtes non humains.
Des agents pathogènes transmis par des tiques ont été trouvés en grande partie dans le Sud et l’Est de l’Ontario, le Sud du Québec et le Sud du Nouveau-Brunswick (figure 3, figure 4 et tableau 4). Des tiques I. scapularis infectées par B. burgdorferi ont été trouvées dans six provinces : Saskatchewan, Ontario, Québec, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse. Les trois quarts des soumissions de tiques I. scapularis infectées par B. burgdorferi se trouvaient dans des zones à risque de la ML précédemment identifiées (74,88 %; 644/860). Les zones à risque de la maladie de Lyme sont des localités où il existe des données probantes de reproduction de populations d’espèces connues de vecteurs de tiques (en particulier I. scapularis et I. pacificus) et de la transmission probable de B. burgdorferiNote de bas de page 22 La plupart des soumissions multiples provenaient des zones à risque de la ML (76,15 %; 83/109), dont 51,81 % des tiques ont été infectées par B. burgdorferi (43/83).
Province |
Prévalence de l’infection Estimation du maximum de vraisemblance |
|||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Anaplasma phagocytophilum | Babesia microti | Borrelia burgdorferi | Borrelia miyamotoi | |||||
% | IC à 95 % | % | IC à 95 % | % | IC à 95 % | % | IC à 95 % | |
Ixodes pacificus | ||||||||
Colombie-Britannique | s.o. | s.o. | s.o. | s.o. | 0 | 0–0,54 | 0,14 | 0,01–0,68 |
Ixodes scapularis | ||||||||
Alberta | s.o. | s.o. | s.o. | s.o. | s.o. | s.o. | s.o. | s.o. |
Saskatchewan | 14,29 | 0,85–51,51 | 0 | 0–35,43 | 42,86 | 12,96–77,51 | 0 | 0–35,43 |
Ontario | 0,73 | 0,49–1,04 | 0,03 | 0–0,13 | 17,78 | 16,56–19,04 | 0,46 | 0,28–0,72 |
Québec | 1,24 | 0,63–2,19 | 0 | 0–0,47 | 19,50 | 16,87–22,35 | 0,62 | 0,23–1,36 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 0 | 0–48,99 | 0 | 0–48,99 | 25,00 | 1,52–73,74 | 0 | 0–48,99 |
Nouveau-Brunswick | 1,17 | 0,48–2,40 | 0 | 0–0,74 | 8,97 | 6,72–11,68 | 0,58 | 0,15–1,57 |
Nouvelle-Écosse | 0 | 0–9,64 | 0 | 0–9,64 | 25,00 | 13,03–40,81 | 0 | 0–9,64 |
Île-du-Prince-Édouard | 0 | 0–20,15 | 0 | 0–20,15 | 0 | 0–20,15 | 0 | 0–20,15 |
Total | 0,87 | 0,45–1,15 | 0,02 | 0–0,09 | 17,19 | 16,17–18,26 | 0,49 | 0,33–0,71 |
Anaplasma phagocytophilum a été détecté dans les tiques I. scapularis (0,87 %) dans quatre provinces : Saskatchewan, Ontario, Québec et Nouveau-Brunswick (figure 4, tableau 4). Borrelia miyamotoi a été détectée en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Babesia microti a été détectée seulement en Ontario. Des co-infections ont été détectées en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick.
Caractéristiques des tiques de la surveillance active
En 2020, les tiques I. scapularis (n = 688) ont été collectées en surveillance active : Nouveau-Brunswick (n = 445), Ontario (n = 128) et Québec (n = 115). Des tiques mâles (n = 264/688; 38,37 %) et femelles adultes (n = 214/688; 31,10 %) ont été collectées le plus souvent, suivies des nymphes (n = 209/688; 30,38 %) et des larves (1/688; 0,15 %).
Prévalence de l’infection dans le cadre de la surveillance active
Les résultats des tests de laboratoire étaient disponibles pour 99,27 % des tiques I. scapularis. L’agent pathogène le plus répandu était B. burgdorferi (29,28 %), présent en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick (tableau 5). Anaplasma phagocytophilum (4,54 %) a été trouvé dans des tiques en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Les autres agents pathogènes ont été détectés dans moins de 0,5 % des tiques I. scapularis : trois tiques positives à B. miyamotoi et une tique positive à B. microti ont été détectées au Nouveau-Brunswick et une tique positive au virus de Powassan (lignée des tiques des cerfs) a été détectée au Québec. Les emplacements où I. scapularis a été collecté dans le cadre d’une surveillance active sont illustrés à la figure 5.
Province |
Prévalence de l’infection | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Anaplasma phagocytophilum | Babesia microti | Borrelia burgdorferi | Borrelia miyamotoi | Virus de Powassan | ||||||
Proportion de tiques positives | % | Proportion de tiques positives | % | Proportion de tiques positives | % | Proportion de tiques positives | % | Proportion de tiques positives | % | |
Ontario | 2/128 | 1,56 | 0/128 | 0 | 53/128 | 41,41 | 0/128 | 0 | 0/128 | 0 |
Québec | 0/110 | 0 | 0/110 | 0 | 40/110 | 36,36 | 0/110 | 0 | 1/110 | 0,91 |
Nouveau-Brunswick | 29/445 | 6,52 | 1/445 | 0,22 | 107/445 | 24,04 | 3/445 | 0,67 | 0/445 | 0 |
Total | 31/683 | 4,54 | 1/683 | 0,15 | 200/683 | 29,28 | 3/683 | 0,44 | 1/683 | 0,15 |
Discussion
En 2020, les tiques I. scapularis et I. pacificus ont été soumises dans le cadre de la surveillance passive dans neuf provinces. Seule la tique I. pacificus a été soumise en Colombie-Britannique. La majorité des tiques étaient des femelles adultes et provenaient d’hôtes humains. Parmi les tiques qui ont été testées, 18,21 % des tiques I. scapularis et 0,14 % des tiques I. pacificus ont été infectées par au moins un agent pathogène transmis par les tiques, principalement B. burgdorferi. Dans le cadre d’une surveillance active, cinq agents pathogènes transmis par les tiques (A. phagocytophilum, B. burgdorferi, B. miyamotoi, B. microti et virus de Powassan) ont été détectés parmi les tiques I. scapularis collectées en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick.
Dans le cadre de la surveillance passive, 5 899 tiques étaient des soumissions basées sur des échantillons, une diminution de 44 % par rapport aux 10 549 tiques soumises en 2019Note de bas de page 16, qui pourrait être due, en partie, aux impacts de la pandémie de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). À compter du printemps 2020, les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 ont affecté la surveillance passive traditionnelle, car les unités de santé, les cliniques médicales et les cliniques vétérinaires étaient limitées dans leur capacité à accepter des échantillons de tiques à certains endroits (e.g. le Bureau de santé du district de Simcoe Muskoka)Note de bas de page 23. La diminution du nombre de soumissions pourrait également être attribuable aux changements apportés aux programmes de soumission basés sur les échantillons et à l’accent accru mis sur les programmes de soumission basés sur l’image dans la plupart des juridictions. La surveillance active a également été touchée par les restrictions de la pandémie, car les activités en personne comme la surveillance sur le terrain étaient limitées (e.g. Institut national de santé publique du Québec)Note de bas de page 24. Les données du Réseau sentinelle canadien de surveillance de la maladie de Lyme, qui ont été incluses dans le rapport de 2019Note de bas de page 16, n’étaient pas disponibles en 2020, car les activités du Réseau ont été suspendues (communication personnelle, C. Guillot, 2022).
Dans le cadre de la surveillance passive, des tiques étaient soumises chaque mois, mais les soumissions suivaient des modèles propres aux espèces influencés par l’emplacement et la température. Malgré le fait que moins de tiques ont été soumises dans le cadre de la surveillance passive qu’en 2019Note de bas de page 16, les mêmes pics bimodaux des adultes de tiques I. scapularis qui ont été observés historiquement dans le centre et l’est du CanadaNote de bas de page 13Note de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 28 ont été observés en 2020. Pour les tiques I. pacificus, on a observé un pic au printemps, comme on l’a vu précédemment en Colombie-BritanniqueNote de bas de page 14Note de bas de page 16 et dans l’ouest des États-UnisNote de bas de page 28. Même si le risque d’exposition aux tiques est présent toute l’année, l’exposition à des agents pathogènes transmis par les tiques dépend de la prévalence de l’infection et du temps d’attachement.
La proportion de tiques soumises provenant de chiens ou de chats est passée de 8,9 % en 2019 à 15,1 % en 2020Note de bas de page 16. Cette augmentation est probablement attribuable à l’inclusion de données d’eTick : alors que les programmes de surveillance passive basés sur les échantillons dans certaines localités (e.g. les unités de santé, les municipalités) sont limités aux tiques provenant d’hôtes humains seulement, la surveillance passive basée sur l’image n’a pas de restriction de ce genre, ce qui entraîne une plus grande proportion de tiques provenant d’hôtes animaux lorsque les données d’eTick ont été incluses dans ce rapport.
Comparativement à 2019Note de bas de page 16, les estimations de prévalence de l’infection propres à la province et à l’agent pathogène étaient semblables, mais la répartition géographique était plus limitée dans certains cas (e.g. les tiques I. scapularis avec A. phagocytophilum étaient limitées aux régions les plus au sud du Nouveau-Brunswick comparativement à 2019). Plusieurs facteurs influent sur les estimations de la prévalence de l’infection d’une année à l’autre ou entre les provinces, y compris la variation annuelle de la température, l’effort de surveillance, le caractère approprié de l’habitat, la présence de populations de vecteurs et de réservoirs et des interactions entre les humains, les tiques et l’environnement. En raison de la petite taille des échantillons testés (n = < 10), les estimations de la prévalence de l’infection en Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador devraient être interprétées avec prudence.
Les tiques I. pacificus (présentes en Colombie-Britannique) ont historiquement de faibles taux d’infection à B. burgdorferiNote de bas de page 14Note de bas de page 16, tandis que la prévalence de l’infection à B. burgdorferi chez les tiques I. scapularis observée dans le centre et l’est du Canada est habituellement plus élevéeNote de bas de page 18Note de bas de page 25Note de bas de page 29; les deux tendances ont continué à être observées en 2020. Jacob et al.Note de bas de page 30 signalent une prévalence plus élevée de l’infection chez les animaux de compagnie de plusieurs agents pathogènes transmis par les tiques par rapport à nos estimations. Toutefois, les cliniques vétérinaires participantes à cette étude étaient réparties dans les régions présentant un risque plus élevé ou émergent de maladies transmises par les tiques, ce qui conduisait probablement à une surestimation de la prévalence de l’infection au niveau provincial. L’étude d’un an s’est également terminée au printemps 2020, ne tenant donc pas compte des effets des restrictions de la pandémie sur l’exposition aux tiques pour le reste de l’année 2020.
La majorité des tiques I. scapularis infectées par B. burgdorferi étaient probablement localisées dans les zones à risque de la MLNote de bas de page 8Note de bas de page 22. Les autres tiques I. scapularis infectées par B. burgdorferi peuvent être des tiques adventives transportées par des oiseaux migrateurs ou des mammifèresNote de bas de page 15 ou collectées dans des régions présentant un risque émergent de la ML. Les provinces examinent régulièrement les zones à risque de la ML en fonction de nouvelles données de surveillance selon la définition de cas de 2016Note de bas de page 22.
Malgré les possibilités limitées de surveillance active sur le terrain en raison des restrictions liées à la pandémie de COVID-19, plus de 600 tiques I. scapularis ont été collectées dans l’échantillonnage par trainée de 45 sites en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Cinq agents pathogènes transmis par les tiques ont été détectés, dont la prévalence varie de 0,15 % à 29,28 %. Il s’agit de la première détection du virus de Powassan (lignée des tiques des cerfs) dans la surveillance active au QuébecNote de bas de page 24, qui a déjà été détecté dans un petit nombre de tiques Ixodes spp. au Manitoba, en Ontario et au Nouveau-BrunswickNote de bas de page 12Note de bas de page 31.
En plus de l’infection à agent unique par B. burgdorferi et les quatre autres agents pathogènes transmis par les tiques, trois types distincts de co-infections ont été identifiés. La surveillance au-delà de la ML pour d’autres maladies transmises par les tiques est justifiée afin de surveiller l’émergence et la propagation de ces agents pathogènes, surtout que l’habitat convenable pour les tiques Ixodes spp. devrait augmenter en raison des changements climatiques et environnementaux Note de bas de page 1Note de bas de page 32Note de bas de page 33.
Des co-infections ont été signalées à divers degrés dans les tiques détectées au CanadaNote de bas de page 16Note de bas de page 18 et aux États-UnisNote de bas de page 34. Les humains qui sont co-infectés peuvent présenter un plus grand nombre de symptômes et une plus longue durée de ceux-ci que les infections à un seul agent pathogèneNote de bas de page 35Note de bas de page 36. De nombreux facteurs influencent le risque de co-infection, y compris le temps d’attachement, mais la prévention des piqûres de tiques peut aider à prévenir la transmission de toutes les maladies transmises par les tiques.
Forces et faiblesses
Cet article présente un aperçu de la prévalence de l’infection et des estimations de l’aire de répartition pour les principaux vecteurs de la ML au Canada. Même si les programmes de surveillance passive traditionnels ont été interrompus ou limités à des hôtes particuliers dans certaines régions, l’intégration des données d’eTick permet une couverture géographique élargie et une meilleure représentation de ces hôtes dans ce résumé. La combinaison de la surveillance passive et active permet également aux forces et aux faiblesses des systèmes de se compléter mutuellement. Par exemple, même si la surveillance active est limitée dans le temps et l’espace géographique, les programmes de surveillance passive recueillent des données sur de grandes régions tout au long de l’année.
Cette étude comporte plusieurs limites. En raison des priorités concurrentes en matière de santé publique, les programmes de surveillance passive et l’effort de surveillance active varient d’un bout à l’autre du Canada. Comme il a été mentionné précédemment, les restrictions liées à la pandémie de la COVID-19 ont eu un impact sur les services de santé publique et la surveillance en 2020, ce qui a entraîné un moins grand nombre de soumissions basées sur l’échantillon pour la surveillance passive et la surveillance active qui étaient moins représentatives géographiquement par rapport à l’année précédenteNote de bas de page 16. Les changements dans les programmes de surveillance passive des tiques (e.g. les limites sur l’hôte des tiques ou l’emplacement de l’acquisition des tiques; interruption des programmes régionaux ou provinciaux) ont également limité le nombre de soumissions. Même si les plateformes numériques comme eTick offrent une identification rapide des tiques, les échantillons de tiques ne sont pas systématiquement demandés pour les tests d’agents pathogènes transmis par les tiques à partir des plateformes d’identification par imagerieNote de bas de page 17. Le biais de rappel dans la déclaration de la localisation de l’acquisition et de l’historique des déplacements dans la surveillance passive pourrait créer de l’incertitude quant à l’emplacement exact où les tiques ont été trouvées. Enfin, il y a probablement d’autres programmes de surveillance active effectués en 2020 qui ne sont pas inclus dans le présent résumé si les tiques n’ont pas été envoyées pour des tests d’agents pathogènes au LNM. De plus, le nombre de larves incluses dans la surveillance active est sous-estimé, puisque notre ensemble de données ne comprend que les tiques envoyées pour les tests, pour lesquels les larves sont rarement envoyées. Ces sous-estimations du nombre de tiques peuvent affecter la précision de la prévalence des infections de divers agents pathogènes.
Conclusion
Les tiques I. scapularis et I. pacificus ont été détectées partout au Canada dans le cadre des surveillance passive et active, dont certaines ont été infectées par B. burgdorferi, l’agent pathogène de la ML, mais aussi par des agents pathogènes émergents transmis par les tiques. Les professionnels de la santé et le public doivent être conscients du risque d’exposition à des tiques infectées en dehors des zonesà risque de la ML connues, même si le risque est faible dans ces zones. L’identification de nouveaux agents pathogènes transmis par les tiques dans plusieurs administrations dans le cadre de la surveillance active peut aider les autorités de santé publique à mettre à jour leurs stratégies de prévention, car certaines de ces maladies émergentes transmises par les tiques, comme la maladie à virus de Powassan, peuvent avoir des modes de transmission de l’infection qui diffèrent de la ML. À mesure que le changement climatique modifie l’habitat et la saisonnalité des vecteurs de tiques, une surveillance continue peut aider à identifier rapidement de nouvelles zones à risque de la ML et d’autres maladies émergentes transmises par les tiques et orienter les interventions de santé publique vers ces zones à risque.
Déclaration des auteurs
- C. W. — Analyse formelle, visualisation, rédaction originale, rédaction et révision
- S. G., A. B., J. K. — Conceptualisation, supervision, rédaction et révision
- J. B., J. C., N. C., H. C., A. D., P. G., M. L., P. L., M. M., M. R., J. S., H. S., C. S., K. T. — Rédaction et révision
Intérêts concurrents
Aucun.
Remerciements
Nous remercions tous ceux et celles qui ont participé à la collecte et à l’analyse des tiques aux niveaux régional, provincial et national, y compris le Bureau de santé du district de Thunder Bay; Santé publique de Kingston, Frontenac et Lennox et Addington, et les membres du public qui ont soumis des tiques. Nous remercions M. Stefopulos (ASPC) pour son aide dans la création de la figure 3. En plus du co-auteur J. Savage, la composition de l’équipe chargée de la collecte et du traitement des données d’eTick comprenait plusieurs étudiants ainsi que les personnes suivantes : C. Jardine (Department of Pathobiology, University of Guelph, Guelph, Ontario [ON]; K. Clow (Department of Population Medicine, University of Guelph, Guelph, ON); M. Kulkarni (École d’épidémiologie et de santé publique, Université d’Ottawa, Ottawa, ON); J. Nocera (Faculty of Forestry and Environmental Management, University of New Brunswick, Fredericton, Nouveau-Brunswick [NB]); S. Heard (Department of Biology, University of New Brunswick, Fredericton, NB); E. Jenkins, M Voordouw (Department of Veterinary Microbiology, University of Saskatchewan, Saskatoon, Saskatchewan); D. Shutler, K. Hillier (Department of Biology, Acadia University, Wolfville, Nouvelle-Écosse); J. Bowden (Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Centre de foresterie de l’Atlantique, Corner Brook, Terre-Neuve-et-Labrador); P. Chuard, J. Bouffard (Département de biologie et de biochimie, Université Bishop’s, Sherbrooke, Québec).
Financement
Cette étude a été soutenue par l’Agence de la santé publique du Canada. La surveillance passive en Colombie-Britannique a été appuyée par le « BC Centre for Disease Control Foundation ». La surveillance passive en Saskatchewan est partiellement financée par le gouvernement de la Saskatchewan. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) appuie la surveillance passive et active du Québec.
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