Tendances des conséquences de la COVID-19 selon le statut vaccinal au Canada
Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Numéro : RMTC : Volume 50-1/2, janvier/février 2024 : Virus Respiratoire Syncytial (VRS)
Date de publication : janvier/février 2024
ISSN : 1719-3109
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Volume 50-1/2, janvier/février 2024 : Virus Respiratoire Syncytial (VRS)
Surveillance
Tendances des conséquences de la COVID-19 selon le statut vaccinal au Canada, décembre 2020 à janvier 2022
Demy Dam1, Sharifa Merali1, Michelle Chen1, Cameron Coulby1, Brigitte Ho Mi Fane2, Felix Bang1, Jordan Robson1, Samara David1
Affiliations
1 Centre des infections émergentes et respiratoires et de la préparation aux pandémies, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON
2 Centre de surveillance de l'immunisation, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON
Correspondance
Citation proposée
Dam D, Merali S, Chen M, Coulby C, Ho Mi Fane B, Bang F, Robson J, David S. Tendances des conséquences de la COVID-19 selon le statut vaccinal au Canada, décembre 2020 à janvier 2022. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2024;50(1/2):46–55. https://doi.org/10.14745/ccdr.v50i12a05f
Mots-clés : COVID-19, vaccination, conséquences graves, surveillance, santé publique
Résumé
Contexte : La pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) au Canada a évolué rapidement. Depuis la fin de 2020, les vaccins contre la COVID-19 ont été utilisés pour offrir une protection contre les conséquences graves en présence de variants préoccupants en circulation.
Objectif : Ce rapport de surveillance fournit une analyse descriptive rétrospective des tendances nationales des cas de COVID-19 et des conséquences graves selon le statut vaccinal, mettant en contexte les tendances par rapport aux données démographiques des cas et aux variants préoccupants en circulation, de décembre 2020 à janvier 2022.
Méthodes : Les données de surveillance des cas et de la couverture vaccinale ont été obtenues à partir de l'Ensemble national de données sur les cas de COVID-19 et du Système canadien de surveillance de la couverture vaccinale contre la COVID-19 pour 12 des 13 provinces et territoires. Des analyses descriptives ont été réalisées pour décrire les tendances au fil du temps chez les personnes âgées de 12 ans et plus en fonction des conséquences de la COVID-19, du statut vaccinal et des données démographiques. Les taux d'incidence normalisés et répartis par âge et les ratios de taux d'incidence ont été calculés pour les cas, les hospitalisations et les décès.
Résultats : De la mi-2021 à la fin 2021, les taux d'incidence des cas et des conséquences graves étaient systématiquement les plus bas chez ceux ayant complété une série primaire et les plus élevés chez ceux qui étaient non-vaccinés. Les personnes non vaccinées étaient beaucoup plus susceptibles d'être hospitalisées ou de mourir que celles ayant complété une série primaire pendant toutes les périodes de variant. Les taux de conséquences graves par âge étaient systématiquement les plus élevés chez les personnes âgées de 80 ans et plus, quel que soit le statut vaccinal.
Conclusion : La vaccination reste l'une des interventions de santé publique les plus importantes, en particulier chez les personnes âgées, afin de les protéger contre les conséquences graves de la COVID-19 à mesure que la pandémie évolue. Le suivi régulier des conséquences de la COVID-19 en fonction du statut vaccinal peut permettre d'identifier les changements dans l'épidémiologie de la COVID-19 et d'orienter les actions et les politiques de santé publique.
Introduction
La pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a été l'une des crises de santé publique les plus importantes du siècle dernier, entraînant une augmentation de la morbidité et de la mortalité, ainsi que des perturbations sociales et économiques au Canada et dans le monde entier Note de bas de page 1Note de bas de page 2. Avant que les vaccins aient été initialement autorisés au Canada le 9 décembre 2020, des mesures de santé publique vastes et rigoureuses ont été largement utilisées pour ralentir la transmission du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) et atténuer ses effets sur la santé et la société Note de bas de page 1Note de bas de page 3.
De décembre 2020 à janvier 2022, la pandémie de COVID-19 a évolué rapidement au Canada. Les variants du virus SRAS-CoV-2 de type sauvage, notamment les variants Alpha, Bêta, Gamma, Delta et Omicron, sont apparus et ont eu des impacts différents sur les conséquences de la COVID-19 Note de bas de page 3. Au Canada, la santé publique est une responsabilité provinciale et territoriale et les mesures de santé publique (e.g., les restrictions de voyage, la fermeture de lieux de travail ou d'enseignement et les mesures de protection individuelle, telles que le port du masque et la distanciation physique) Note de bas de page 3, les stratégies de dépistage et les politiques vaccinales varient d'une province et d'un territoire à l'autre (ci-après dénommés « les administrations »). Les tests de confirmation de COVID-19 sont devenus largement disponibles dans toutes les administrations Note de bas de page 4. Les campagnes canadiennes de vaccination contre la COVID-19 ont débuté le 14 décembre 2020, priorisant initialement les populations vulnérables et à risque Note de bas de page 3Note de bas de page 5. Entre mars et novembre 2021, les administrations ont élargi l'admissibilité à la vaccination des adultes plus âgés aux enfants de plus de cinq ans, à la suite de changements dans la disponibilité des vaccins et des recommandations du Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) Note de bas de page 5Note de bas de page 6. De septembre à décembre 2021, le CCNI a recommandé une dose de rappel d'un vaccin contre la COVID-19 à ARNm autorisé pour les populations clés afin de remédier à la diminution de l'immunité et à l'efficacité sous-optimale de la série primaire de vaccins Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9. Au 1er janvier 2022, 88 % des personnes âgées de 12 ans ou plus avaient reçu une série de primaire de vaccins contre la COVID-19, et 19 % avaient reçu une série de primaire avec une dose additionnelle Note de bas de page 10.
Ce rapport présente une analyse rétrospective et descriptive des tendances nationales des conséquences de la COVID-19 selon le statut vaccinal chez les personnes âgées de 12 ans et plus, contextualisées par les caractéristiques démographiques des variants et des cas, de décembre 2020 à janvier 2022.
Méthodes
Source de données
Les données proviennent de l'Ensemble national de données sur les cas de COVID-19, un système de surveillance basé sur les cas, qui recueille des données sur les caractéristiques démographiques, l'état et les conséquences cliniques, les facteurs de risque, la vaccination et les lignées de variants des cas de COVID-19 au Canada. Les administrations communiquent les données sur les cas électroniquement à l'Agence de la santé publique du Canada (l'Agence) à des fréquences variables. Les données sont ensuite mappées et stockées dans une base de données Postgres (PostgreSQL) gérée par l'Agence (Metabase).
Les données sur les estimations de la couverture vaccinale ont été obtenues auprès des registres d'immunisation provinciaux et territoriaux par l'intermédiaire du Système canadien de surveillance de la couverture vaccinale contre la COVID-19 (SCSCVC). Le nombre de personnes vaccinées a été agrégé par administration, par semaine, par groupe d'âge (12 à 17, 18 à 39, 40 à 59, 60 à 79 et 80 ans et plus) et par statut vaccinal. Les estimations annuelles de la population ont été tirées de Statistique Canada et complétées par les gouvernements des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon. La population non vaccinée a été calculée en soustrayant le nombre de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin contre la COVID-19 de l'estimation de la population. Pour les semaines où les estimations de la population étaient inférieures à la population ayant reçu au moins une dose, cette dernière a été utilisée comme estimation de la population pour chaque administration.
Cette analyse couvre la période allant du 14 décembre 2020, début de la campagne de vaccination canadienne contre la COVID-19, au 1er janvier 2022. Au 1er janvier 2022, la plupart des administrations avaient réduit la portée de leurs stratégies de dépistage pour donner la priorité aux personnes présentant un risque plus élevé de subir des conséquences graves. Pour les analyses des taux d'incidence, la période du 19 juin 2021 au 1er janvier 2022 a été utilisée en raison de la disponibilité des données de la couverture vaccinale. Les données ont été extraites le 28 avril 2023 de l'Ensemble national de données sur les cas de COVID-19 et le 23 avril 2023 du SCSCVC.
Définitions
Cette analyse inclut les cas de COVID-19 qui répondent à la définition nationale de cas confirmé Note de bas de page 11. Les statuts vaccinaux (définis dans le tableau 1) ont été attribués sur la base des renseignements relatifs au nombre de doses reçues, à l'intervalle entre la vaccination et la date de l'épisode, ainsi qu'au produit vaccinal, conformément à l'autorisation de Santé Canada Note de bas de page 4. Les statuts vaccinaux ont été dérivés des définitions de la couverture vaccinale et incluent le temps nécessaire à l'acquisition de l'immunité Note de bas de page 12.
Critères d'inclusion | Définition |
---|---|
Non vacciné | Cas pour lesquels aucune dose de vaccin n'a été enregistrée à la date de l'épisode. |
Pas encore protégé | Les cas dont la date d'épisode se situe moins de 21 jours après leur première dose de vaccin, conformément aux recommandations du CCNI concernant l'intervalle entre les doses Note de bas de page 2. |
Partiellement vacciné | Ne s'applique qu'aux séries de vaccins à deux doses. Cas dont la date d'épisode se situe 21 jours ou plus après la réception de la première dose de vaccin ou moins de 14 jours après la réception de la deuxième dose d'un vaccin autorisé par Santé Canada. |
Série primaire complétée | Cas dont la date d'épisode se situe 14 jours ou plus après la réception d'une deuxième dose d'une série de deux doses, 14 jours ou plus après la réception d'une dose d'un vaccin à une dose, ou 0 à moins de 14 jours après la réception d'une première dose additionnelle (e.g., troisième dose ou dose de rappel) d'un vaccin contre la COVID-19 autorisé par Santé Canada. |
Série primaire complétée avec une dose additionnelleTableau 1 note de bas de page a | Cas dont la date d'épisode se situe 14 jours ou plus après la réception d'une dose additionnelle d'un vaccin autorisé par Santé Canada, après avoir complété une série primaire. Les personnes ayant reçu une dose additionnelle avant le 28 septembre 2021 (e.g., dans le cadre d'une série primaire de trois doses ou à des fins de voyage) ont été classées dans la catégorie de série primaire complétée. |
Statut inconnu |
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Analyse des données
Des statistiques descriptives ont été calculées pour étudier les caractéristiques démographiques et cliniques des cas de COVID-19 en fonction du statut vaccinal. Pour visualiser l'évolution de la couverture vaccinale au Canada, la proportion de la population ayant complété une série primaire a été présentée au fil du temps par groupe d'âge et un délai de 14 jours a été appliqué aux nombres de la couverture pour tenir compte du temps nécessaire à l'acquisition de l'immunité Note de bas de page 12Note de bas de page 15.
Afin de contextualiser les changements de gravité et de transmissibilité dus aux variants en circulation, six périodes de variants ont été définies : type sauvage, émergence des variants préoccupants mixtes, prédominance des variants préoccupants mixtes, émergence du variant Delta, prédominance du variant Delta et émergence du variant Omicron au Canada. Le début et la fin d'une période de prédominance d'un variant ont lieu au premier et au dernier moment où le variant en question a représenté 75 % des cas séquencés, des hospitalisations, des admissions en unités de soins intensifs et des décès. Lorsque les dates de prédominance des cas, des hospitalisations, des admissions en unités de soins intensifs ou des décès étaient différentes, la date de début la plus tardive a été utilisée pour saisir la date limite le plus spécifique pour tous les indicateurs. Les périodes d'émergence ont été définies comme le jour suivant la fin d'une période de prédominance jusqu'à ce que le variant suivant atteigne la prédominance. La période des variants préoccupants mixtes comprend les variants Alpha, Bêta et Gamma, étant donné qu'aucun variant préoccupant ne représentait plus de 75 % des cas séquencés.
Les taux d'incidence ont été calculés en utilisant les données de la couverture vaccinale comme dénominateurs. Les données de dénominateur n'étaient pas disponibles au cours de cette période d'analyse pour les cas ayant complété une série primaire et reçu une dose additionnelle; ces cas ont été regroupés avec ceux ayant complété une série primaire pour le calcul des taux d'incidence. Les estimations de population ont été utilisées pour calculer les fractions de population par groupe d'âge, afin de calculer les taux d'incidence hebdomadaires normalisés par âge pour les cas, les hospitalisations et les décès. Pour comparer les tendances entre les périodes de variants, la moyenne des taux d'incidence hebdomadaire et les rapports de taux d'incidence de ces moyennes ont été calculés par statut vaccinal pour chaque période de variants, de manière similaire aux méthodologies publiées précédemment à partir des données de surveillance de la COVID-19 Note de bas de page 16Note de bas de page 17. Les données des cas ont été nettoyées à l'aide de SQL dans Metabase et ont été analysées à l'aide du logiciel statistique R version 4.0.4.
Qualité des données, données manquantes et délais de déclaration
Les données sur la vaccination étaient disponibles pour 12 des 13 administrations (toutes sauf le Québec), représentant 78 % de la population canadienne Note de bas de page 18. Les cas âgés de moins de 12 ans ont été exclus, car ils n'étaient pas admissibles à la vaccination avant le 19 novembre 2021 Note de bas de page 6. Les cas pour lesquels il manquait des renseignements sur le statut vaccinal ou l'âge ont été exclus. Les cas classés dans les catégories « pas encore protégé », « série primaire complétée et deux doses additionnelles » et « statut inconnu » ont été exclus. La couverture vaccinale a été systématiquement déclarée par les administrations à partir du 5 juin 2021. Ainsi, les taux d'incidence ont été calculés pour les cas dont les dates d'épisode se situaient à partir du 19 juin 2021 (en tenant compte des deux semaines nécessaires à l'acquisition de l'immunité) Note de bas de page 19.
Résultats
La couverture vaccinale a progressivement augmenté au Canada à partir de décembre 2020, à mesure que l'admissibilité à la vaccination s'élargissait, la proportion de personnes âgées de 12 ans et plus ayant complété une série primaire atteignant plus de 80 % à la fin de 2021 (figure 1). De la fin de 2020 à la mi-2021, les personnes non vaccinées représentaient la plus grande proportion de cas. Toutefois, cette proportion a diminué à mesure que davantage de cas provenaient de personnes vaccinées à la fin de 2021, correspondant à l'augmentation progressive de la couverture vaccinale. Une augmentation plus importante de la proportion de cas vaccinés a été observée en décembre 2021, à la suite de l'émergence du variant Omicron Note de bas de page 20.
Du 14 décembre 2020 au 1er janvier 2022, un total de 1 194 694 cas de COVID-19 avec des données complètes sur la vaccination au niveau du cas (73,6 % de tous les cas) âgés de plus de 12 ans ont été déclarés à l'Agence (tableau 2). La majorité de ces cas étaient non-vaccinés, et la proportion la plus faible de cas se trouvait chez les personnes ayant complété une série primaire et reçu une dose additionnelle. La proportion de cas était plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Les cas non vaccinés étaient généralement plus jeunes que les cas vaccinés. Les proportions les plus élevées de cas hospitalisés et de décès ont été observées chez les personnes non vaccinées, suivies par celles qui avaient complété une série primaire.
Caractéristiques démographiques ou conséquences | Non vacciné (n = 748 456) |
Partiellement vacciné (n = 57 995) |
Série primaire complétée (n = 370 574) |
Série primaire complétée et une dose additionnelle (n = 17 669) |
GlobalTableau 2 note de bas de page a (n = 1 194 694) |
---|---|---|---|---|---|
Femme | 364 036 (48,8 %) | 30 460 (52,6 %) | 198 372 (53,7 %) | 11 232 (63,7 %) | 604 100 (50,7 %) |
Homme | 382 161 (51,2 %) | 27 457 (47,4 %) | 170 969 (46,3 %) | 6 390 (36,3 %) | 586 977 (49,3 %) |
12 à 17 ans | 66 535 (8,9 %) | 2 824 (4,9 %) | 22 598 (6,1 %) | 36 (0,2 %) | 91 993 (7,7 %) |
18 à 39 ans | 366 261 (48,9 %) | 23 340 (40,2 %) | 178 406 (48,1 %) | 5 142 (29,1 %) | 573 149 (48,0 %) |
40 à 59 ans | 217 499 (29,1 %) | 16 262 (28,0 %) | 117 101 (31,6 %) | 6 139 (34,7 %) | 357 001 (29,9 %) |
60 à 79 ans | 80 988 (10,8 %) | 11 895 (20,5 %) | 43 190 (11,7 %) | 4 752 (26,9 %) | 140 825 (11,8 %) |
80 ans et plus | 17 173 (2,3 %) | 3 674 (6,3 %) | 9 279 (2,5 %) | 1 600 (9,1 %) | 31 726 (2,7 %) |
Cas hospitalisés | 42 708 (80,9 %) | 3 592 (6,8 %) | 6 116 (11,6 %) | 394 (0,7 %) | 52 810 (100,0 %) |
Cas décédés | 8 309 (78,3 %) | 767 (7,2 %) | 1 450 (13,7 %) | 84 (0,8 %) | 10 610 (100 %) |
|
Au cours de la période d'émergence du variant Delta, les taux d'incidence normalisés selon l'âge pour toutes les conséquences de la COVID-19 sont restés faibles pour tous les statuts vaccinaux (figure 2 et tableau 3). Au cours de la période de prédominance du variant Delta, les taux d'incidence des cas ont augmenté en août; les conséquences graves ont atteint un sommet à la mi-septembre et sont restées élevées jusqu'à la mi-décembre. L'augmentation était plus prononcée parmi les cas non vaccinés. Les taux d'incidence des cas, des hospitalisations et des décès étaient systématiquement les plus élevés chez les personnes non vaccinées et les plus bas chez celles ayant complété une série primaire entre la mi-2021 et la fin de 2021. Cependant, à la mi-décembre 2021, le nombre total de cas et de conséquences graves a rapidement augmenté, et le taux d'incidence des cas parmi les personnes ayant complété une série primaire a dépassé celui des personnes non vaccinées.
Période de variant (plage de dates) |
Cas et conséquences graves | Moyenne des taux d'incidence hebdomadaires (pour 100 000 habitants) | Rapport des taux d'incidence hebdomadaire moyen Non vacciné/série primaire complétée |
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---|---|---|---|---|---|
Non vacciné | Partiellement vacciné | Série primaire complétée | |||
Émergence du variant Delta (31 mai 2021Tableau 3 note de bas de page a au 24 juillet 2021) |
Cas | 21,4 | 6,7 | 3,1 | 6,8 |
Hospitalisations | 2,8 | 0,5 | 0,2 | 11,4 | |
Décès | 0,5 | 0,08 | 0,03 | 17,5 | |
Prédominance du variant Delta (25 juillet 2021 au 5 décembre 2021) |
Cas | 152,6 | 57,3 | 24,7 | 6,2 |
Hospitalisations | 18,4 | 4,0 | 0,8 | 21,0 | |
Décès | 3,6 | 0,7 | 0,2 | 15,4 | |
Émergence du variant Omicron (6 décembre 2021 au 1er janvier 2022) |
Cas | 396,5 | 166,7 | 430,2 | 0,9 |
Hospitalisations | 23,2 | 6,1 | 3,3 | 7,1 | |
Décès | 6,0 | 1,4 | 0,5 | 11,3 | |
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Les rapports des taux d'incidence pour les cas, les hospitalisations et les décès des personnes non vaccinées par rapport à ceux ayant complété une série primaire sont restés élevés pendant la majeure partie de l'année (figure 2). Au cours de la période d'émergence du variant Delta, les personnes non vaccinées étaient respectivement 11,4 et 17,5 fois plus susceptibles d'être hospitalisées ou de mourir à cause de la COVID-19 que les personnes ayant complété une série primaire (tableau 3). Pendant la période de prédominance du variant Delta, le rapport des taux d'incidence des personnes non vaccinées par rapport à celles ayant complété une série primaire a augmenté pour les hospitalisations et diminué pour les décès, par rapport à la période d'émergence du variant Delta. Au cours de la période d'émergence du variant Omicron, on a observé une diminution du rapport des taux d'incidence pour les cas, les hospitalisations et les décès, par rapport à la période de prédominance de Delta, quoique le rapport des taux d'incidence pour les cas ait connu une diminution plus prononcée. Après l'apparition du variant Omicron à la mi-novembre, le rapport des taux d'incidence hebdomadaires a diminué à mesure que davantage de personnes vaccinées sont devenues infectées (figure 3).
Les taux de conséquences graves par âge étaient systématiquement les plus élevés chez les personnes âgées de 80 ans et plus, suivies par les personnes âgées de 60 à 79 ans, pour tous les statuts vaccinaux (figure 3). Les taux d'incidence des cas étaient les plus élevés chez les personnes âgées de 18 à 39 ans, suivies par celles âgées de 40 à 59 ans, de la mi-2021 à la fin août 2021. Le taux d'incidence des cas dans ces deux groupes d'âge a diminué après l'augmentation de la couverture vaccinale jusqu'à la période d'émergence du variant Omicron.
Discussion
Résumé des principaux résultats
Du 14 décembre 2020 au 1er janvier 2022, un total de 1 194 694 cas de COVID-19 chez les personnes de plus de 12 ans et ayant des données de vaccination complètes ont été déclarés à l'Agence. De la mi-2021 à la fin 2021, les taux d'incidence des cas, des hospitalisations et des décès étaient systématiquement les plus élevés chez les personnes non vaccinées et les plus faibles chez les personnes ayant complété une série primaire. En décembre 2021, après l'apparition du variant Omicron, le taux d'incidence des cas parmi les personnes ayant complété une série primaire a dépassé celui des personnes non vaccinées; toutefois, les taux de conséquences graves sont restés moins élevés parmi les personnes ayant complété une série primaire.
Principaux résultats et comparaison
Couverture vaccinale et incidence des cas
La couverture vaccinale a progressivement augmenté au Canada à mesure que l'admissibilité s'est élargie, avec des variations selon les groupes d'âge Note de bas de page 3Note de bas de page 12. Comme au Royaume-Uni, l'incidence des cas en 2021 a toujours été la plus élevée chez les personnes non vaccinées, les groupes d'âge les plus jeunes présentant les taux d'incidence les plus élevés Note de bas de page 17Note de bas de page 21. À partir du printemps 2021, on a observé une augmentation du nombre de cas chez les personnes vaccinées, ce qui concorde avec les études montrant que, bien que l'achèvement d'une série primaire de vaccins soit très efficace pour prévenir l'infection contre le virus de type sauvage et le variant Alpha, il est un peu moins efficace contre les variants Bêta, Gamma et Delta Note de bas de page 22.
Conséquences graves
Les analyses du rapport des taux d'incidence ont montré que les personnes non vaccinées étaient beaucoup plus susceptibles d'être hospitalisées et de mourir de la COVID-19 que celles ayant complété une série primaire pendant les périodes d'émergence du variant Delta, de prédominance du variant Delta et d'émergence du variant Omicron. Bien que les rapports des taux d'incidence d'hospitalisation et de décès aient diminué pendant la période d'émergence du variant Omicron, des effets protecteurs contre les conséquences graves ont encore été observés chez les personnes ayant complété une série primaire. Ces tendances sont similaires à celles observées aux États-Unis au cours de la même période Note de bas de page 17. Les taux d'incidence des conséquences graves étaient les plus élevés chez les personnes âgées de 80 ans et plus, en accord avec les études montrant que l'âge avancé augmentait le risque de décès dû à la COVID-19 Note de bas de page 16Note de bas de page 23. Chez les personnes âgées de 80 ans et plus, les conséquences graves étaient les plus faibles chez celles ayant complété une série primaire, suivies par celles qui avaient été partiellement vaccinées, ce qui est cohérent avec les études montrant qu'une série primaire protégeait fortement contre les conséquences graves des variants Alpha, Bêta, Gamma, Delta et Omicron Note de bas de page 16Note de bas de page 17Note de bas de page 21, et qu'une vaccination partielle était également efficace pour prévenir les hospitalisations et les décès Note de bas de page 15Note de bas de page 24.
Diminution de l'immunité pendant la période du variant Delta
Lors de la prédominance du variant Delta, qui est plus grave et transmissible Note de bas de page 25, on a observé une augmentation de l'incidence des cas parmi les personnes ayant complété une série primaire, semblable aux tendances observées dans d'autres pays Note de bas de page 17Note de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28. Cette évolution pourrait être due à une diminution potentielle de l'immunité induite par la vaccination contre l'infection symptomatique Note de bas de page 29Note de bas de page 30, à un délai plus long depuis la vaccination Note de bas de page 26Note de bas de page 27 et à une efficacité réduite des vaccins disponibles pour prévenir l'infection contre le variant Delta Note de bas de page 22. Bien que les rapports des taux d'incidence des cas aient diminué pendant la période de prédominance du Delta, les rapports des taux d'incidence des hospitalisations et des décès sont restés élevés, suggérant qu'une série primaire protégeait toujours contre les conséquences graves, conformément à la littérature Note de bas de page 17Note de bas de page 26. Les taux d'incidence répartis par âge des hospitalisations et des décès au cours de l'automne 2021 étaient nettement plus élevés chez les personnes âgées de 80 ans et plus, quel que soit le statut vaccinal. Ce groupe d'âge a été vacciné en priorité et a complété leur série primaire plus tôt dans l'année, ce qui suscite encore plus d'inquiétudes quant à la diminution de l'immunité Note de bas de page 26. La surveillance systématique des conséquences graves signalées après la vaccination a contribué à l'élaboration des recommandations du CCNI concernant les doses de rappel, qui a recommandé des doses de rappel plus tôt pour les personnes présentant un risque plus élevé de maladie grave Note de bas de page 8.
Émergence du variant Omicron
L'introduction du variant immunoévasif Omicron Note de bas de page 20 à la mi-novembre 2021 a été suivie d'une recrudescence des cas et des conséquences graves, correspondant au moment où plus de 85 % de la population âgée de plus de 12 ans avait complété une série primaire. Bien qu'il y ait eu une augmentation substantielle de l'incidence des cas parmi les personnes ayant complété une série primaire, l'augmentation de l'incidence des hospitalisations et des décès a été proportionnellement plus faible que celle des cas. De plus, même si l'incidence des cas a augmenté à la suite de cette résurgence, les conséquences graves sont restées les plus faibles chez les personnes vaccinées. Les séries primaires de vaccins ont conféré une bonne protection contre les conséquences graves du variant Omicron, malgré une protection réduite contre l'infection Note de bas de page 17Note de bas de page 22. Des études ont montré qu'une dose de rappel offrait une protection additionnelle contre l'infection et les conséquences graves avec le variant Omicron Note de bas de page 23Note de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33.
Forces et faiblesses
Parmi les 13 administrations canadiennes, 12 et 13 ont régulièrement communiqué à l'Agence des données sur la vaccination au niveau des cas et des données sur la couverture vaccinale, respectivement. La participation et la collaboration étroites entre le gouvernement du Canada et les administrations, ainsi que l'utilisation répandue des tests communautaires, ont permis de suivre les tendances nationales hautement représentatives des conséquences de la COVID-19 signalées après la vaccination au cours de cette période. Ainsi, les différences d'impacts de la vaccination sur les conséquences de la COVID-19 en fonction des caractéristiques démographiques et des variants du SRAS-CoV-2 ont été saisies de façon efficace au fur et à mesure que les vaccins devenaient plus largement disponibles et administrés au Canada.
Les calendriers de déploiement des vaccins et l'adoption de ceux-ci, les stratégies de dépistage, les mesures de santé publique et l'émergence des variants préoccupants différaient d'une administration à l'autre et au sein des administrations; les tendances nationales doivent donc être interprétées avec prudence. Les données de dénominateur n'étaient pas disponibles avant juin 2021, car les données relatives à la couverture vaccinale n'ont pas été déclarées de manière systématique par les administrations, ce qui a empêché l'analyse des tendances plus stables des taux d'incidence au cours de cette période. Les tests de santé publique dans de nombreuses administrations ont été priorisés pour les personnes à haut risque et aux professionnels de la santé au cours de cette période, ce qui peut avoir introduit un biais dans les tendances descriptives antérieures. De plus, la distribution de tests antigéniques rapides à la population pourrait entraîner une sous-estimation des cas confirmés par PCR à la fin de l'année 2021. Le chevauchement des périodes de variants avec les variants préoccupants en circulation pourrait avoir introduit un biais dans les résultats. La période d'analyse se termine peu après l'apparition du variant Omicron et ne permet pas d'appréhender pleinement la diminution de l'immunité induite par le vaccin. Les analyses n'ont pas pu tenir compte de la réinfection et de l'immunité naturelle ou hybride, car ces données n'étaient pas disponibles. Cette analyse n'inclut pas les cas des personnes de moins de 12 ans, car elles n'étaient pas admissibles à la vaccination pendant la majeure partie de la période d'analyse. Les données démographiques se limitaient à l'âge et au sexe, car les données sur la race, l'ethnie et le statut socio-économique n'étaient pas disponibles. Enfin, les cas exclus de l'analyse en raison de données manquantes ou inconnues (e.g., le statut vaccinal) peuvent différer de ceux qui ont été inclus en raison de caractéristiques pour lesquelles les données n'étaient pas disponibles (l'état de santé).
Conclusion
Au Canada, les hospitalisations et les décès dus à la COVID-19 étaient les plus nombreux dans les groupes d'âge les plus élevés; toutefois, la vaccination a permis de réduire l'incidence des conséquences graves de manière notable dans tous les groupes d'âge. Le suivi régulier des conséquences de la COVID-19 en fonction du statut vaccinal est un pilier important de l'épidémiologie et de la surveillance de la COVID-19 au Canada, afin de comprendre les répercussions des vaccins dans l'ensemble du pays. Il a permis d'informer les Canadiens sur la situation épidémiologique de la COVID-19 au Canada et de fournir des données probantes à l'appui des politiques, des directives et des recommandations sur la vaccination et les interventions de santé publique du CCNI, du Bureau de l'administrateur en chef de la santé publique de l'Agence et des administrations. Bien que la situation de la COVID-19 soit en constante évolution, la vaccination reste l'une des interventions de santé publique les plus importantes pour protéger contre les conséquences graves de la COVID-19.
Déclaration des auteurs
- D. D. — Conceptualisation, méthodologie, logiciel, analyse formelle, rédaction–ébauche originale, rédaction–révision et édition, visualisation
- S. M. — Conceptualisation, supervision, méthodologie, rédaction–ébauche originale, rédaction–révision et édition
- M. C. — Conceptualisation, méthodologie, logiciel, rédaction–révision et édition
- C. C. — Conceptualisation, méthodologie, rédaction–révision et édition
- B. H. M. F. — Rédaction–révision et édition
- F. B. — Rédaction–révision et édition
- J. R. — Rédaction–révision et édition
- S. D. — Conceptualisation, supervision, rédaction–révision et édition
Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier les partenaires de surveillance provinciaux et territoriaux, l'équipe de Couverture vaccinale et systèmes d'information, notamment Cindy Hong, Sophia Roubos, Ahash Jeevakanthan et Donalyne-Joy Baysac; Steven Buckrell, ancien membre de l'équipe Épidémiologie et surveillance de la COVID-19; l'équipe d'Intégration des données; ainsi que l'équipe d'Épidémiologie et surveillance de la COVID-19 de l'Agence de la santé publique du Canada.
Financement
Ces travaux ont été soutenus par l'Agence de la santé publique du Canada dans le cadre de son mandat principal.
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