Infections associées aux soins de santé et résistance aux antimicrobiens dans les hôpitaux canadiens

RMTC

Volume 50-6, juin 2024 : Les vaccins anticancéreux

Surveillance

Infections associées aux soins de santé et résistance aux antimicrobiens dans les hôpitaux canadiens de soins de courte durée, 2018–2022

Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales1

Affiliation

1 Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, ON

Correspondance

cnisp-pcsin@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales. Infections associées aux soins de santé et résistance aux antimicrobiens dans les hôpitaux canadiens de soins de courte durée, 2018–2022. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2024;50(6):197–216. https://doi.org/10.14745/ccdr.v50i06a02f

Mots-clés : infections nosocomiales, infections associées à la communauté, résistance aux antimicrobiens, surveillance, infection à Clostridioides difficile, Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, Enterococcus résistant à la vancomycine, entérobactéries productrices de carbapénémases, Escherichia coli, Candida auris, Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales

Résumé

Contexte : Les infections associées aux soins de santé (IASS) et la résistance aux antimicrobiens (RAM) continuent de contribuer à une morbidité et une mortalité excessives parmi les Canadiens.

Objectif : Ce rapport décrit les caractéristiques épidémiologiques et de laboratoire ainsi que les tendances des IASS et de la RAM de 2018 à 2022 (Candida auris, 2012–2022) en utilisant les données de surveillance et de laboratoire soumises par les hôpitaux au Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales (PCSIN) et par les laboratoires provinciaux et territoriaux au Laboratoire national de microbiologie.

Méthodes : Données recueillies auprès de 88 hôpitaux sentinelles canadiens de soins de courte durée entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2022 pour les infections à Clostridioides difficile (ICD), les infections à entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC), les bactériémies à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et les bactériémies à Enterococcus résistant à la vancomycine (ERV). La surveillance de Candida auris (C. auris) a été initiée en 2019 par le Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales (PCSIN) et en 2017 (rétrospectivement jusqu'en 2012) par le Laboratoire national de microbiologie. L'analyse des tendances concernant le nombre de cas, les taux, les résultats, la caractérisation moléculaire et les profils de résistance aux antimicrobiens est présentée.

Résultats : De 2018 à 2022, une diminution des taux pour 10 000 jours-présence a été observée pour les ICD (diminution de 7 %; 5,42–5,02) et les bactériémies à SARM (diminution de 2,9 %; 1,04–1,01). Les taux de bactériémies à ERV ont augmenté de 5,9 % (0,34–0,36). Les taux d'infection d'EPC sont restés faibles, mais ont augmenté de 133 % (0,06–0,14). Quarante-trois isolats de C. auris ont été identifiés au Canada entre 2012 et 2022, la majorité provenant de l'Ouest et du Centre du Canada (98 %).

Conclusion : De 2018 à 2022, l'incidence des bactériémies à SARM et des ICD a diminué, tandis que l'incidence des bactériémies à ERV et des infections à EPC a augmenté dans les hôpitaux canadiens de soins de courte durée participant à un réseau sentinelle national (PCSIN). Peu d'isolats de C. auris ont été identifiés entre 2012 et 2022. La communication de données de surveillance normalisées pour guider l'application de pratiques de prévention et de contrôle des infections dans les hôpitaux de soins de courte durée est essentielle pour contribuer à réduire le fardeau des infections associées aux soins de santé (IASS) et de la RAM au Canada.

Introduction

Les infections associées aux soins de santé (IASS), également connues sous le nom d'infections nosocomiales, représentent l'un des événements indésirables les plus courants auxquels sont confrontés les patients dans les établissements de soins de courte durée à l'échelle mondiale Note de bas de page 1. Outre l'augmentation de la morbidité et de la mortalité, elles sont associées à des durées de séjour plus longues dans les hôpitaux et à des coûts de soins plus élevés. La prévalence des infections nosocomiales a été estimée à 3,2 % aux États-Unis, à 6,5 % en Europe et à 9,9 % en Australie, et elle est probablement deux fois plus élevée dans les pays en développement Note de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4. En Europe, la charge de morbidité cumulée de six IASS (infection urinaire, pneumonie, infection du site opératoire, infection à Clostridioides difficile [ICD], bactériémies et septicémie néonatale) est supérieure à la charge de morbidité de 32 autres maladies transmissibles combinées, y compris la grippe et la tuberculose Note de bas de page 5. Au Canada, une enquête de prévalence ponctuelle menée en 2017 a estimé que la prévalence des patients ayant subi au moins une IASS était de 7,9 % Note de bas de page 6. Il est important de noter qu'une grande partie des IASS sont évitables et que les données américaines montrent que les progrès en matière de soins, de prévention et de contrôle des infections peuvent faire baisser les taux d'IASS au fil du temps Note de bas de page 2.

Bon nombre des micro-organismes à l'origine d'IASS ont une propension à la résistance aux antimicrobiens (RAM), et les taux croissants de résistance menacent de saper les efforts visant à réduire les taux d'IASS Note de bas de page 5. L'infection par un organisme résistant est associée à un risque de décès accru de 84,4 % et, en 2019, la RAM bactérienne a été associée à environ cinq millions de décès dans le monde Note de bas de page 7Note de bas de page 8. Les coûts économiques mondiaux de la RAM sont également importants Note de bas de page 8. Les données canadiennes montrent que l'ICD est associée à une durée d'hospitalisation plus longue, à une mortalité toutes causes confondues plus élevée et à un surcoût moyen de 11 056 dollars par patient Note de bas de page 9. On prévoit que le taux de RAM devrait atteindre 40 % d'ici 2050. Dans cette situation, on prévoit que 13 700 Canadiens pourraient mourir chaque année d'infections résistantes et que l'impact annuel global sur le PIB du Canada s'élèverait à 21 milliards de dollars Note de bas de page 10. L'utilisation inappropriée d'antimicrobiens au cours de la récente pandémie de COVID-19 pourrait avoir contribué à une augmentation de la RAM Note de bas de page 11. En outre, l'émergence de pathogènes résistants tels que Candida auris (C. auris) a nécessité une surveillance accrue et des modifications des protocoles existants de prévention et de contrôle des infections Note de bas de page 12. Une action coordonnée de santé publique au niveau mondial, une surveillance, une meilleure gestion des antibiotiques, la prévention et le contrôle des infections et une meilleure sensibilisation du public sont essentielles pour identifier les schémas de résistance aux antimicrobiens et pour prévenir et contrôler les infections émergentes.

Au Canada, l'Agence de la santé publique du Canada recueille des données nationales sur diverses IASS et sur la RAM dans le cadre du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales (PCSIN). Créé en 1994, le PCSIN est le fruit d'une collaboration entre l'Agence de la santé publique du Canada, l'Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie Canada et des hôpitaux sentinelles de tout le pays. L'objectif du PCSIN est de faciliter et d'informer la prévention, le contrôle et la réduction des IASS et des organismes résistants aux antimicrobiens dans les hôpitaux de soins courte durée au Canada par le biais d'une surveillance active et de rapports.

Conformément aux éléments fondamentaux de l'Organisation mondiale de la Santé en matière de prévention et de contrôle des infections Note de bas de page 13, le PCSIN exerce une surveillance cohérente et normalisée afin d'estimer de manière fiable la charge des IASS, d'établir des taux de référence à des fins de comparaison nationale et internationale, d'identifier les facteurs de risque et d'évaluer et d'informer les interventions spécifiques visant à améliorer les résultats pour la santé des patients. Les données fournies par le PCSIN soutiennent directement les objectifs de collaboration décrits dans le Plan d'action pancanadien sur la résistance aux antimicrobiens Note de bas de page 14.

Dans ce rapport, nous décrivons les données de surveillance des IASS et de la RAM les plus récentes recueillies auprès des hôpitaux participant au PCSIN entre 2018 et 2022. De plus, nous fournissons un résumé des isolats de C. auris identifiés de 2012 à 2022 afin de décrire l'épidémiologie de ce pathogène au Canada.

Méthodes

Conception

Le PCSIN effectue une surveillance prospective et sentinelle des IASS (y compris des organismes résistants aux antimicrobiens) Note de bas de page 15.

Définitions de cas

Des définitions de cas normalisées pour les infections nosocomiales et les infections d'acquisition communautaire ont été utilisées. Voir l'appendice A pour les définitions complètes des cas.

Source de données

Entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2022, les hôpitaux participants ont soumis des données épidémiologiques et des isolats pour les cas répondant aux définitions de cas respectives pour les ICD, les bactériémies à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), les bactériémies à Enterococcus résistant à la vancomycine (ERV) et les infections à entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC). Les isolats de C. auris admissibles (infections ou colonisations) ont été identifiés par les laboratoires provinciaux et territoriaux et les laboratoires des hôpitaux participants entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2022, tandis que la surveillance des caractéristiques cliniques de C. auris par le PCSIN a débuté le 1er janvier 2019. En 2022, 88 hôpitaux dans 10 provinces et un territoire ont participé à la surveillance des IASS et sont décrits plus en détail dans le tableau 1 et la figure S1 de l'appendice B (supplément). La participation des hôpitaux a varié selon le projet de surveillance et l'année. En 2022, les admissions de patients saisies dans le cadre de la surveillance des IASS du PCSIN étaient réparties dans des hôpitaux classés comme petits (1 à 200 lits, n = 39 sites, 44 %), moyens (201 à 499 lits, n = 34 sites, 39 %) et grands (plus de 500 lits, n = 15 sites, 17 %) (tableau 1).

Tableau 1 : Résumé des hôpitaux participant au Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales, par région, 2022
Détails des hôpitaux participants OuestTableau 1 note de bas de page a CentreTableau 1 note de bas de page b EstTableau 1 note de bas de page c NordTableau 1 note de bas de page d Total

Nombre total d'hôpitaux

29 32 26 1 88
Type d'hôpital

AdultesTableau 1 note de bas de page e

12 21 16 0 49

Mixte

13 7 9 1 30

Pédiatrie

4 4 1 0 9
Taille de l'hôpital

Petit (1 à 200 lits)

11 7 20 1 39

Moyen (201 à 499 lits)

10 19 5 0 34

Grand (500 lits ou plus)

8 6 1 0 15
Admissions et congés

Nombre total de lits

10 031 11 772 3 258 25 25 086

Nombre total d'admissions

444 247 518 799 107 324 2 313 1 072 683

Nombre total de jours-présence

3 653 051 4 048 979 993 560 7 046 8 702 636

Les données épidémiologiques (démographiques, cliniques et de résultats) et les données de dénominateur (jours-présence et admissions de patients) ont été collectées et soumises par les hôpitaux participants par l'intermédiaire du Réseau canadien de renseignements sur la santé publique, soit une plateforme de données en ligne sécurisée.

Des groupes de travail composés d'experts en maladies infectieuses examinent chaque année les protocoles normalisés et les définitions de cas. Le personnel des hôpitaux participant au PCSIN a reçu une formation sur la transmission des données, selon les besoins. La qualité des données des projets de surveillance est évaluée périodiquement. Plus de détails sur la méthodologie ont été publiée précédemment Note de bas de page 16Note de bas de page 17.

Données de laboratoire

Tous les isolats de laboratoire liés aux patients (échantillons de selles pour les cas d'ICD) ont été envoyés au Laboratoire national de microbiologie de l'Agence de la santé publique du Canada pour une caractérisation moléculaire et des tests de sensibilité des antimicrobiens Les isolats de bactériémies à SARM, de bactériémies à ERV, d'infections à EPC, de C. auris (2019–2022) et d'ICD pédiatriques ont été soumis tout au long de l'année. Les isolats d'ICD adultes ont été soumis chaque année au cours d'une période ciblée de deux mois (du 1er mars au 30 avril).

Analyse statistique

Les taux d'IASS ont été calculés en divisant le nombre total de cas identifiés chez les patients admis dans les hôpitaux participant au PCSIN par le nombre total d'admissions de patients (multiplié par 1 000) ou de jours-présence (multiplié par 10 000). Les taux d'infection d'IASS sont rapportés au niveau national et par région comme indiqué dans le tableau 1. Les sites qui n'ont pas été en mesure de fournir des données sur les cas ont été exclus du calcul des taux et les données manquantes du dénominateur ont été estimées à l'aide des données rapportées l'année précédente, le cas échéant. Les données épidémiologiques et moléculaires manquantes ont été exclues de l'analyse. Le test de Mann-Kendall a été utilisé pour évaluer les tendances. Les tests de signification étaient bilatéraux et les différences étaient considérées comme significatives à ≤ 0,05.

Lorsqu'elle était disponible, la mortalité attribuable et la mortalité toutes causes confondues ont été rapportées pour les IASS. Le taux de mortalité attribuable a été défini comme le nombre de décès pour 100 cas d'IASS où l'infection a été la cause directe du décès ou a contribué au décès dans les 30 jours suivant la culture positive ou l'échantillon histopathologique, tel que déterminé par l'examen du médecin. Le taux de mortalité toutes causes confondues a été défini comme le nombre de décès pour 100 cas d'IASS 30 jours après une culture positive.

Résultats

Infection à Clostridioides difficile

Entre 2018 et 2022, les taux globaux d'ICD ont diminué de 7 % (5,42 à 5,02 infections pour 10 000 jours-présence). Toutefois, cette tendance n'était pas significative (p = 0,327) (tableau 2). Stratifiée par source d'infection, l'incidence d'ICD nosocomiales a montré une diminution non significative de 7,3 %, passant de 3,95 à 3,66 infections pour 10 000 jours-présence (= 0,327) (appendice B, tableau S1.1). Les taux d'ICD d'acquisition communautaire sont restés stables si l'on compare les taux de 2018 à 2022 pour 1 000 admissions de patients (appendice B, tableau S1.1).

Tableau 2 : Données sur les infections à Clostridioides difficile, Canada, 2018–2022Tableau 2 note de bas de page a
Données sur l'infection à C. difficile Année
2018 2019 2020 2021 2022
Nombre d'infections et taux d'incidence

Nombre de cas d'infection à C. difficile

3 850 3 600 3 654 3 643 3 846

Taux pour 1 000 admissions de patients

4,19 3,73 4,14 3,99 4,18

Taux pour 10 000 jours-présence

5,42 4,90 5,35 5,06 5,02

Nombre d'hôpitaux répondants

68 73 82 80 72

Taux de mortalité attribuable pour 100 cas (%)Tableau 2 note de bas de page b

1,3 2,3 2,7 2,4 1,1
Résistance aux antimicrobiensTableau 2 note de bas de page c n % n % n % n % n %

Clindamycine

307 48,7 221 38,9 62 17,1 67 12,4 94 23,6

Moxifloxacine

70 11,1 66 11,6 24 6,6 49 9 29 7,3

Rifampicine

10 1,6 6 1,1 3 0,8 9 1,7 4 1,0

Métronidazole

1 0,2 0 0 0 0 0 0 0 0

Nombre total d'isolats testésTableau 2 note de bas de page d

630 s.o. 568 s.o. 363 s.o. 542 s.o. 399 s.o.

Au niveau régional, les taux d'ICD nosocomiales ont diminué dans toutes les régions, à l'exception de l'Est où les taux ont augmenté de 11,7 % (= 0,33), mais ce résultat n'est pas significatif. Pour les ICD d'acquisition communautaire, les taux restent globalement les plus élevés dans la région Centre entre 2018 et 2022 (intervalle : 1,39–1,66), suivis de l'Ouest et de l'Est. La mortalité globale attribuable à l'ICD est restée faible et a fluctué (intervalle : 1,1–2,7 décès pour 100 cas) de 2018 à 2022 (p = 1,00) (appendice B, tableau S1.1).

De 2018 à 2022, 35,9 % (n = 897/2 501) des isolats d'ICD étaient résistants à un ou plusieurs antimicrobiens testés. La proportion d'isolats de C. difficile résistants à la moxifloxacine a diminué de 3,8 % entre 2018 (11,1 %, n = 70/630) et 2022 (7,3 %, n = 29/399) (tableau 2). Depuis 2018, la résistance à la moxifloxacine a diminué de manière non significative parmi les isolats ICD-AS (4,7 %, p = 0,142), tandis qu'une diminution moins importante et non significative a été observée parmi les ICD d'acquisition communautaire (1,0 %, p = 0,142) (appendice B, tableau S1.2). Tous les isolats de C. difficile testés étaient sensibles à la vancomycine et à la tigécycline. Entre 2018 et 2022, la prévalence du ribotype 027 associé à NAP1 a diminué pour de 4,8 %, passant de 8,4 % à 3,6 %, et de 1,2 %, passant de 3,2 % à 2,0 %, respectivement (appendice B, tableau S1.3).

Bactériémies à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline

Entre 2018 et 2022, les taux globaux bactériémies à SARM ont diminué de 2,9 % (1,04 à 1,01 infections pour 10 000 jours-présence), avec un pic observé en 2020 (1,16 infections pour 10 000 jours-présence) (tableau 3). Stratifié par type de cas, une augmentation constante et continue de 12 % (0,5 à 0,56 infections pour 10 000 jours-présence, p = 0,05) a été observée de 2018 à 2022 dans les taux d'infections du sang à SARM d'acquisition communautaire. Les taux de bactériémies dues aux SARM nosocomiaux sont restés stables au fil du temps (intervalle : 0,42–0,50 infections pour 10 000 jours-présence) (appendice B, tableau S2.1).

Tableau 3 : Données sur les bactériémies à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, Canada, 2018–2022
Données sur les infections du sang à SARM Année
2018 2019 2020 2021 2022
Nombre d'infections et taux d'incidence

Nombre de bactériémies à SARM

764 881 868 874 820

Taux pour 1 000 admissions de patients

0,77 0,85 0,88 0,86 0,83

Taux pour 10 000 jours-présence

1,04 1,14 1,16 1,13 1,01

Nombre d'hôpitaux répondants

62 69 81 80 78
Taux de mortalité, toutes causes confonduesTableau 3 note de bas de page a

Nombre de décès

144 144 152 165 162

Taux de mortalité, toutes causes confondues, pour 100 cas

18,8 16,3 17,5 18,9 19,8
Résistance aux antimicrobiensTableau 3 note de bas de page b n % n % n % n % n %
Ciprofloxacine 502 71,8 561 70,5 460 65,6 488 65,9 389 65,4
Clindamycine 287 41,1 297 37,3 234 33,4 221 29,8 147 24,7
Érythromycine 527 75,4 603 75,8 507 72,3 508 68,6 403 67,7
Gentamicine 28 4,0 35 4,4 22 3,1 36 4,9 20 3,4
Rifampicine 6 0,9 7 0,9 6 0,9 9 1,2 5 0,8
Triméthoprime/sulfaméthoxazole 12 1,7 15 1,9 16 2,3 32 4,3 35 5,9
Tétracycline 49 7,0 62 7,8 46 6,6 64 8,6 49 8,2
Tigécycline 0 0 0 0 1 0,1 6 0,8 5 0,8
Nombre total d'isolats testésTableau 3 note de bas de page cTableau 3 note de bas de page d 699 s.o. 796 s.o. 701 s.o. 741 s.o. 595 s.o.

En 2022, les taux de bactériémies à SARM nosocomial et à SARM d'acquisition communautaire étaient les plus élevés dans l'Ouest du Canada (0,48 et 0,71 infection pour 10 000 jours-présence, respectivement) (appendice B, tableau S2.1). Parmi les types d'hôpitaux, les taux de bactériémies à SARM d'acquisition communautaire et nosocomial sont généralement restés les plus élevés dans les hôpitaux pour adultes et les hôpitaux mixtes. Depuis 2019, les taux de bactériémies à SARM nosocomial stratifiés par taille d'hôpital étaient les plus élevés dans les hôpitaux de taille moyenne (201 à 499 lits) et de grande taille (plus de 500 lits), tandis que les taux de bactériémies à SARM d'acquisition communautaire étaient les plus élevés dans les hôpitaux de taille moyenne (appendice B, tableau S2.1). Le taux de mortalité, toutes causes confondues, est resté relativement stable entre 2018 et 2022 (intervalle : 16,3 %–19,8 %) (tableau 3). En 2022, la mortalité toutes causes confondues par 30 jours était plus élevée chez les patients atteints de SARM nosocomial (23,6 %) que chez ceux atteints de SARM d'acquisition communautaire (17,5 %) (p = 0,034).

La résistance à la clindamycine parmi les isolats de SARM a diminué de manière significative de 16,4 % entre 2018 (41,1 %, n = 287/699) et 2022 (24,7 %, n = 147/595) (p = 0,0143) (tableau 3). Depuis 2018, la proportion d'isolats de SARM résistants à l'érythromycine et à la ciprofloxacine a diminué, mais est restée élevée (67,7 %, n = 403/595 et 65,4 %, n = 389/595 en 2022, respectivement) par rapport aux autres antibiotiques testés. Tous les isolats de bactériémies à SARM soumis entre 2018 et 2022 étaient sensibles au linézolide, à la nitrofurantoïne et à la vancomycine.

En comparant les isolats de SARM nosocomial aux isolats de SARM d'acquisition communautaire, la résistance à la clindamycine était systématiquement plus élevée parmi les isolats de SARM nosocomial chaque année, de 2018 (50,0 %, n = 166/332 contre 33,0 %, n = 110/333) à 2022 (28,8 %, n = 68/236 contre 21,9 %, n = 74/334) (appendice B, tableau S2.2). Il n'y a pas eu d'autres différences notables dans les profils de résistance aux antibiotiques selon le type de cas de bactérie SARM.

Entre 2018 et 2022, la proportion des types de spa identifiés comme t002 (SARMC2) et le plus souvent associés au SARM nosocomial a continué à diminuer, passant de 25,3 % de tous les isolats de SARM nosocomial en 2018 à 6,4 % en 2022. La proportion de types de spa identifiés comme t008 (SARMC10) et le plus souvent associés à des infections à SARM d'acquisition communautaire a continué d'augmenter et représente la plus grande proportion d'isolats de SARM d'acquisition communautaire de 2018 (45,0 %) à 2022 (49,1 %) (appendice B, tableau S2.3).

Bactériémies à Enterococcus résistant à la vancomycine

De 2018 à 2022, les taux de bactériémies à ERV ont augmenté de 5,9 %, passant de 0,34 à 0,36 infection pour 10 000 jours-présence (tableau 4). Au niveau régional, les taux de bactériémies à ERV étaient les plus élevés dans l'Ouest et le Centre du Canada (0,52 et 0,31 infection par 10 000 jours-présence en 2022, respectivement), peu de bactériémies à ERV ayant été signalée dans l'Est du Canada (intervalle : 0–0,02 infection pour 10 000 jours-présence) (appendice B, tableau S3.1). Stratifiés par type d'hôpital, les taux de bactériémies à ERV sont restés les plus élevés dans les hôpitaux pour adultes de 2018 à 2022 (intervalle : 0,38–0,47 infection pour 10 000 jours-présence. De 2018 à 2022, les taux de bactériémies à ERV dans les hôpitaux pédiatriques étaient faibles (intervalle : 0–0,25 infection pour 10 000 jours-présence). En 2022, les taux de bactériémies à ERV étaient de 0,47 infection pour 10 000 jours-présence dans les grands hôpitaux (500 lits ou plus), de 0,32 infection pour 10 000 jours-présence dans les hôpitaux de taille moyenne (201 à 499 lits) et de 0,17 infection pour 10 000 jours-présence dans les petits hôpitaux (1 à 200 lits).

Tableau 4 : Données sur les bactériémies à Enterococcus faecium résistant à la vancomycine, 2018–2022
Données sur les bactériémies à ERV Année
2018 2019 2020 2021 2022
Données sur les infections du sang à Enterococcus résistant à la vancomycine

Nombre de bactériémies à ERV

242 241 224 251 302

Taux pour 1 000 admissions de patients

0,25 0,23 0,23 0,25 0,29

Taux pour 10 000 jours-présence

0,34 0,30 0,30 0,32 0,36

Nombre d'hôpitaux répondants

61 70 81 80 80
Résistance antimicrobienne des isolats d'Enterococcus faecium n % n % n % n % n %

Ampicilline

181 98,9 173 100 130 97,0 164 98,8 193 98,0

Chloramphénicol

5 2,7 30 17,3 28 20,9 52 31,3 32 16,2

Ciprofloxacine

183 100 173 100 131 97,8 164 98,8 196 99,5
DaptomycineTableau 4 note de bas de page a 11 6,0 7 4,0 4 3,0 4 2,4 4 2,0

Érythromycine

175 95,6 166 96,0 127 94,8 157 94,6 192 97,5

Résistance de haut niveau à la gentamicine

79 43,2 57 32,9 35 26,1 32 19,3 37 18,8

Levofloxacine

181 98,9 173 100 130 97,0 164 98,8 195 99,0

Linezolide

2 1,1 3 1,7 1 0,7 3 1,8 6 3,0

Nitrofurantoïne

54 29,5 66 38,2 54 40,3 129 77,7 138 70,1

Pénicilline

181 98,9 173 100 131 97,8 164 98,8 194 98,5

Quinupristine/dalfopristine

21 11,5 18 10,4 8 6,0 8 4,8 15 7,6

Rifampicine

163 89,1 160 92,5 114 85,1 153 92,2 182 92,4

Résistance de haut niveau à la streptomycine

62 33,9 42 24,3 29 21,6 48 28,9 48 24,4

Tétracycline

110 60,1 119 68,8 88 65,7 132 79,5 175 88,8

Tigécycline

1 0,5 0 0,0 0 0,0 0 0,0 1 0,5

Vancomycine

178 97,3 170 98,3 129 96,3 161 97,0 196 99,5
Nombre total d'isolats testésTableau 4 note de bas de page b 183 s.o. 173 s.o. 134 s.o. 166 s.o. 197 s.o.

Les bactériémies à ERV étaient majoritairement nosocomiales, puisque 90,1 % (n = 1 135/1 260) des bactériémies à ERV déclarées entre 2018 et 2022 ont été acquises dans un établissement de soins de santé. La mortalité toutes causes confondues est restée élevée (34 %) de 2018 à 2022. Les taux d'incidence par région, par type d'hôpital et par taille d'hôpital sont présentés dans le tableau S3.2 de l'appendice B.

Entre 2018 et 2022, la résistance de haut niveau à la gentamicine parmi les isolats de bactériémies à ERV (Enterococcus faecium) a diminué de 43,2 % à 18,8 % (p = 0,01) (tableau 4). La non-susceptibilité à la daptomycine, identifiée pour la première fois en 2016, est passée de 6,0 % (n = 11 isolats) en 2018 à 2,0 % (n = 4 isolats) en 2022 (p = 0,0143). Depuis 2018, la majorité (99,3 %) des isolats de bactériémies à ERV ont été identifiés comme Enterococcus faecium. Cependant, trois E. faecalis ont été identifiés en 2018 et un en 2020, en 2021 et en 2022 (appendice B, tableau S3.3). Parmi les isolats d'E. faecium, la proportion identifiée comme étant de type de séquence (ST)1478 était la plus élevée en 2018 (37,2 %, n = 67/180) et a diminué à 8,7 % (n = 17/196) en 2022 (p = 0,05) (appendice B, tableau S3.4). En outre, la proportion d'isolats ST17 a augmenté de manière significative entre 2018 (5,0 %, n = 9/180) et 2022 (46,9 %, n = 92/196) (p = 0,05) (appendice B, tableau S3.4).

Entérobactéries productrices de carbapénémases

De 2018 à 2022, les taux d'infections à EPC sont restés faibles, bien qu'il y ait eu une augmentation non significative de 133 % des taux au cours de cette période (0,06 à 0,14 infection pour 10 000 jours-présence, = 0,07) (tableau 5).

Tableau 5 : Données sur les entérobactéries productrices de carbapénémases, Canada, 2018–2022Tableau 5 note de bas de page aTableau 5 note de bas de page b

Données sur l'EPC
Année
2018 2019 2020 2021 2022
Nombre d'infections et taux d'incidence
Nombre d'infections à EPC 36 54 41 73 107

Taux d'infection pour 1 000 admissions de patients

0,05 0,06 0,05 0,08 0,11

Taux d'infection pour 10 000 jours-présence

0,06 0,08 0,06 0,11 0,14

Nombre d'hôpitaux répondants

50 60 72 73 77
Carbapénémases identifiées n % n % n % n % n %

KPC

115 52,3 131 45,3 98 40,0 142 47,4 143 51,4

NDM

55 25,0 104 32,1 80 32,7 80 26,3 60 21,6

OXA-48

30 13,6 46 14,1 48 19,6 47 15,5 64 23,0
ESMTableau 5 note de bas de page c 4 1,8 1 0,3 2 0,8 1 0,3 0 0,0

NDM/OXA-48

6 2,7 16 4,9 9 3,7 12 3,9 5 1,8

GES

1 0,5 1 0,3 0 0,0 1 0,3 0 0,0

IMP

3 1,4 1 0,3 1 0,4 1 0,3 2 0,7

NMC

2 0,9 4 1,2 7 2,9 15 4,9 2 0,7

VIM

2 0,9 3 0,9 0 0,0 1 0,3 2 0,7

Autre

2 0,9 2 0,6 0 0,0 2 0,7 0 0,0
Nombre total d'isolats testésTableau 5 note de bas de page d 220 s.o. 327 s.o. 245 s.o. 304 s.o. 278 s.o.

De 2018 à 2022, la majorité des infections à EPC (98,0 %) ont été identifiées dans le Centre (52,1 %, n = 162/311) et l'Ouest du Canada (46,0 %, n = 143/311), tandis que peu d'infections ont été identifiées dans l'Est (1,9 %, n = 6/311) (appendice B, tableau S4.1). De 2018 à 2022, les grands hôpitaux (plus de 500 lits) ont généralement signalé les taux les plus élevés d'infections à EPC (0,07–0,17 infections pour 10 000 jours-présence). La mortalité en trente jours, toutes causes confondues, était de 16,3 % (n = 46/282). Pendant cette période, 22,8 % (n = 68/298) des patients infectés par EPC ont déclaré d'avoir voyagé à l'étranger et parmi eux, 67,6 % (n = 46/68) ont reçu des soins médicaux à l'extérieur du Canada.

Les carbapénémases prédominantes identifiées au Canada étaient la Klebsiella pneumoniae productrice de, la métallo-β-lactamase de New Delhi et la carbapénémases de type oxacillinase-48 (OXA-48), représentant entre 86,0 % à 96,0 % des carbapénémases identifiées entre 2018 et 2022. Parmi les isolats soumis, Escherichia coli reste l'agent pathogène producteur de carbapénémases le plus fréquemment identifié entre 2018 et 2022 (intervalle : 23,0 %–34,1 %) (appendice B, tableau S4.2). De 2018 à 2022, les agents pathogènes producteurs de carbapénémases identifiés comme K. pneumoniae ont diminué de 7,0 %, tandis que le Citrobacter freundii a augmenté de 6,2 %. (appendice B, tableau S4.2). Parmi les cabapénémases prédominantes, de 2019 à 2022, la prévalence de la résistance au méropénem parmi les isolats de carbapénémases de K. pneumoniae a diminué de 13,3 %. Parmi les isolats de métallo-β-lactamase de New Delhi, la prévalence de la résistance à l'aztréonam a diminué de 13 %, tandis que la résistance à l'amikacine a augmenté de 10,8 %. Parmi les isolats OXA-48, les diminutions les plus importantes de la résistance ont été observées pour la ceftriaxone, la tobramycine et le triméthoprim/sulfaméthoxazole (26,6 %, 22,5 % et 22,3 %, respectivement) (appendice B, tableaux S4.3 à S4.5).

Candida auris

Au total, 43 isolats (colonisations et infections) ont été signalés au Laboratoire national de microbiologie entre 2012 et 2022, dont huit pour lesquels des questionnaires détaillés ont été remplis pour les patients du PCSIN. Vingt-et-un cas ont été recensés dans l'Ouest du Canada, vingt-et-un dans le Centre du pays et un dans l'Est. Environ un tiers des isolats étaient résistants à l'amphotéricine B (34,9 %, n = 15/43) et deux tiers étaient résistants au fluconazole (67,4 %, n = 29/43). Un tiers des isolats étaient multirésistants (résistants à deux classes d'antifongiques) (34,9 %, n = 15/43). Sur les treize patients ayant fourni des informations sur leurs voyages, quatre n'ont déclaré aucun voyage (31 %) et neuf ont déclaré d'avoir voyagé à l'étranger (69 %). Sur les neuf patients ayant déclaré avoir voyagé, huit avaient reçu des soins de santé à l'étranger (89 %). Sur les huit patients ayant voyagé, six avaient un statut connu d'organisme producteur de carbapénémases et trois étaient positifs.

Discussion

Les données de surveillance du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales ont montré qu'entre 2018 et 2022, les taux d'infection au Canada ont diminué pour les ICD et les bactériémies à SARM (7,0 % et 2,9 %, respectivement). Les taux ont augmenté pour les bactériémies à ERV et les infections à EPC (5,9 % et 133 % respectivement). Un total de 43 isolats de C. auris ont été identifiés entre 2012 et 2022.

Les tendances à la baisse des taux d'ICD observées dans le réseau du PCSIN sont semblables à celles rapportées au niveau mondial. Cependant, les taux ont été rapportés comme étant plus élevés en Amérique du Nord que dans d'autres régions Note de bas de page 18Note de bas de page 19. Les hôpitaux allemands ont enregistré une diminution d'environ 50 % des cas d'ICD entre 2015 et 2021 Note de bas de page 20. L'amélioration des pratiques de contrôle des infections, les mesures de gestion des antimicrobiens et l'amélioration des méthodes de surveillance et de détection peuvent avoir contribué à la baisse globale des taux d'ICD Note de bas de page 19. En outre, les patients présentant des symptômes légers ou modérés d'ICD d'acquisition communautaire pourraient ne pas avoir recours au système de soins de santé, ce qui pourrait entraîner une sous-estimation de la véritable charge d'ICD d'acquisition communautaire au fil du temps Note de bas de page 19.

Dans un échantillon représentatif d'hôpitaux de soins de courte durée canadiens, de 2018 à 2022, une diminution de 3,8 % de la résistance à la moxifloxacine dans les populations d'ICD nosocomiales et d'acquisition communautaire est concordante avec une diminution globale de la prévalence de RT027. En outre, la résistance à la moxifloxacine est restée plus faible (7,3 % en 2022) que les données de résistance pondérées et regroupées précédemment publiées pour l'Amérique du Nord (44,0 %) et l'Asie (33,0 %)Note de bas de page 21Note de bas de page 22. La baisse de la prévalence de RT027 entre 2018 et 2022 peut également avoir influencé la baisse des taux d'ICD dans les hôpitaux du PCSIN, car ce ribotype a été associé à une virulence accrue et à une résistance aux fluoroquinolones Note de bas de page 23. En outre, l'émergence du RT106 dans le monde entier, et plus particulièrement aux États-Unis, entraîne une plus grande résistance aux fluoroquinolones et des taux de récurrence plus élevés. L'émergence potentielle de ribotypes résistants justifie la poursuite de la surveillance, du contrôle et de l'investigationNote de bas de page 24Note de bas de page 25.

De 2018 à 2022, les taux de bactériémies à SARM ont diminué globalement de 2,9 % dans le réseau du PCSIN. Bien que pendant trois ans, de 2019 à 2021, les taux aient culminé entre 1,13 à 1,16 infection pour 10 000 jours-présence. Les bactériémies à SARM sont associées à une morbidité et une mortalité accrues, à une durée d'hospitalisation plus longue et à une augmentation des coûts des soins de santé chez les patients admis Note de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28Note de bas de page 29. La diminution de 16,4 % de la résistance à la clindamycine parmi les isolats de bactériémies à SARM entre 2018 et 2022 a probablement été associée à la diminution de la proportion de spa de type t002 (type épidémique SARMC2) identifiée parmi les isolats testés Note de bas de page 30. Les taux de bactériémies à SARM observés dans le réseau du PCSIN de 2018 à 2022 (intervalle : 0,42–0,50 infection pour 10 000 jours-présence) étaient inférieures à ceux rapportés dans les hôpitaux publics australiens (intervalle : 0,71–0,76 infection pour 10 000 jours-présence) Note de bas de page 31.

L'augmentation continue du taux de patients hospitalisés avec une bactérie à SARM d'acquisition communautaire observée dans les données du PCSIN de 2018 à 2022 suggère un réservoir croissant de SARM d'acquisition communautaire, à la fois au Canada et dans le monde Note de bas de page 32Note de bas de page 33. Toutefois, il est prometteur de constater que, au cours des trois dernières années, de 2020 à 2022, les taux de SARM d'acquisition communautaire ont diminué. Néanmoins, des stratégies visant à réduire ou à prévenir les infections à SARM dans la communauté restent nécessaires, en particulier dans les populations présentant un risque accru de contracter une infection à SARM d'acquisition communautaire, comme les enfants, les athlètes, les populations incarcérées, les personnes âgées présentant des comorbidités et les personnes qui s'injectent des drogues Note de bas de page 34Note de bas de page 35. L'augmentation de la consommation de drogues injectables peut indiquer l'émergence d'une population à risque pour le SARM d'acquisition communautaire et, à ce titre, le dépistage et l'éradication du portage de SARM peuvent être efficaces pour réduire le fardeau des bactériémies à SARM dans l'ensemble Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 36.

La résistance à la vancomycine liée à aux bactériémies à ERV s'est avérée être un facteur prédictif principal de mortalité et est associée à une charge hospitalière accrue Footnote 37Note de bas de page 38Note de bas de page 39. Le taux de bactériémies à ERV observé dans le réseau du PCSIN était le plus élevé en 2022 (0,36 infection pour 10 000 jours-présence). Le type de séquence ST17 a contribué à l'augmentation du nombre de bactériémies à ERV dans les hôpitaux participant au PCSIN en devenant le clone prédominant, dépassant le ST1478. Une augmentation du ST80 a également été observée dans les données du PCSIN, passant de 11,7 % en 2018 à 30,6 % en 2022. L'augmentation du ST80 observée au Canada correspond à ce qui a été observé en Suède au cours des trois dernières années, ce qui a donné lieu à des éclosions de type vanA et vanB Note de bas de page 40. Les tendances des bactériémies à ERV sont également influencées par le nombre de patients à haut risque admis à l'hôpital (e.g., greffes de moelle osseuse, greffes d'organes solides, patients cancéreux, etc.) Note de bas de page 41. Bien que l'on manque de données récentes sur les taux de bactériémies à l'ERV dans des administrations comparables, des tendances à la hausse ont été observées en Europe Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 44Note de bas de page 45, qui peuvent être associées, en partie, à l'introduction et à la propagation de nouveaux clones et à des lacunes dans les pratiques de prévention des infections Note de bas de page 44Note de bas de page 45Note de bas de page 46.

Les infections à entérobactéries productrices de carbapénémases représentent une menace importante pour la santé publique, car elles deviennent de plus en plus fréquentes dans les établissements de soins de santé à travers le monde Note de bas de page 47. L'infection active par l'EPC entraîne un taux de mortalité élevé, la bactérie étant résistante à de nombreux antibiotiques, ce qui limite les options thérapeutiques pour ces patients Note de bas de page 48Note de bas de page 49Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies ainsi que l'Organisation mondiale de la Santé ont classé l'EPC parmi les menaces les plus urgentes en matière de résistance aux antimicrobiens Note de bas de page 52Note de bas de page 53. Alors que le nombre d'infections à EPC a augmenté de 2018 à 2022 dans le réseau du PCSIN, l'incidence est restée faible Note de bas de page 54. Les données sur l'incidence des infections à EPC dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni, ont également montré une augmentation de l'incidence des infections à EPC Note de bas de page 54Note de bas de page 55. De même, le nombre d'isolats d'EPC identifiés par la surveillance en laboratoire et associés à des infections d'EPC a augmenté en Suisse entre 2013 et 2018 Note de bas de page 56. Plus récemment, un changement dans la source d'acquisition de l'EPC a été observé au sein du réseau du PCSIN. Auparavant, les infections par EPC étaient principalement associées aux voyages internationaux, mais elles ont récemment été contractées au pays (85,3 %) entre 2020 et 2022. Par conséquent, la mise en œuvre stricte de mesures de contrôle des infections, y compris le dépistage chez les patients ayant déjà été hospitalisés dans le pays ou à l'étranger, est utile pour réduire la transmission d'EPC dans les hôpitaux de soins de courte durée au Canada.

Candida auris est une levure émergente multirésistante qui peut provoquer des infections invasives et des éclosions associées aux soins de santé Note de bas de page 57. Il a été détecté dans de nombreux pays et continents, y compris au Canada, depuis sa première détection en 2009 Note de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 60Note de bas de page 61. Candida auris a été associé à des éclosions dans les établissements de santé de nombreux pays, y compris au Canada et aux États-Unis, bien que les éclosions au Canada aient été limitées à quelques cas jusqu'à présent Note de bas de page 57. La mortalité brute rapportée pour C. auris varie largement entre 15 et 60 %, mais elle est généralement similaire à celle d'autres espèces de Candida Note de bas de page 57Note de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 60Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 63. Bien qu'ils soient encore relativement rares au Canada, les États-Unis ont signalé plus de 2 000 cas cliniques et plus de 5 000 cas de dépistage en 2022 Note de bas de page 64. Une enquête évaluant la préparation au C. auris dans les hôpitaux du PCSIN en 2018 a constaté que la plupart des hôpitaux n'avaient pas encore mis en place de protocoles de laboratoire ou de politiques de prévention et de contrôle des infections pour détecter et contrôler le C. auris Note de bas de page 65. L'identification systématique de C. auris dans les laboratoires de microbiologie nécessite l'identification de Candida au niveau de l'espèce, ce qui n'est pas toujours le cas pour les isolats provenant de sites non stériles. Les options thérapeutiques sont limitées pour les patients, car un tiers des isolats de C. auris identifiés au Canada étaient résistants à plusieurs médicaments et une résistance supplémentaire peut se développer au cours du traitement antifongique Note de bas de page 66. Par conséquent, l'identification rapide, le dépistage de la colonisation chez les patients à risque et la mise en œuvre stricte de mesures de prévention et de contrôle des infections sont nécessaires pour réduire la transmission de C. auris dans les établissements de santé canadiens. Il est important de continuer à signaler la présence de C. auris au Canada pour évaluer et surveiller le risque lié à ce pathogène, ainsi que pour identifier les tendances épidémiologiques et microbiologiques Note de bas de page 66.

La pandémie de la COVID-19 a eu un effet variable sur les taux d'infection IASS au Canada et aux États-Unis Note de bas de page 67Note de bas de page 68. Lorsqu'on analyse les taux d'IASS avant et pendant la pandémie de la COVID-19, les données ont mis en évidence une augmentation immédiate des taux d'IASS à ICD, tandis que les taux de bactériémies à SARM, d'EPC et de bactériémies à ERV ont immédiatement diminué; toutefois, le statut de pandémie de la COVID-19 n'a pas été associé à des effets durables sur les tendances des taux mensuels de ces infections Note de bas de page 69. Les améliorations liées à la pandémie en matière d'hygiène des mains, de pratiques relatives aux équipements de protection individuelle, de nettoyage de l'environnement, de dépistage et de contrôle des infections peuvent avoir contribué à la baisse des taux observée au cours de la période considérée Note de bas de page 70.

Forces et limites

La principale force du PCSIN est la collecte de données épidémiologiques et de laboratoire normalisées et détaillées auprès de 88 hôpitaux sentinelles à travers le Canada, dans le but de fournir des tendances nationales en matière d'IASS et de RAM à des fins d'analyse comparative et d'informer les pratiques de prévention et de contrôle des infections en milieu hospitalier. Il est important de noter que les données de ce rapport incluent celles des premières années de la pandémie de COVID-19. Par conséquent, les taux d'IASS et de RAM en 2020 et 2021 peuvent être influencés par des changements dans les mesures nationales, régionales et municipales de prévention et de contrôle des infections en milieu hospitalier.

Les données épidémiologiques recueillies par le PCSIN se limitent aux informations disponibles dans les dossiers des patients. La rotation du personnel hospitalier peut affecter l'application cohérente des définitions du PCSIN lors de l'examen des dossiers médicaux; toutefois, ces données ont été recueillies par du personnel expérimenté et formé à la prévention et au contrôle des infections, qui reçoit une formation périodique sur les méthodes et les définitions du PCSIN. En outre, des évaluations de la qualité des données ont été réalisées afin de les maintenir et de les améliorer. Ces données peuvent être sujettes à un biais de sélection potentiel dû à l'exclusion des sites dont les données sont manquantes ou incomplètes tout au long de la période d'étude. Une des limites de la surveillance de C. auris est que des données épidémiologiques détaillées ne sont disponibles que pour les patients identifiés dans les hôpitaux participant au PCSIN. De 2018 à 2022, la couverture par le PCSIN des lits de soins de courte durée au Canada est passée de 32 % à 35 %, avec notamment une représentativité accrue des populations nordiques, communautaires, rurales et autochtones.

Prochaines étapes

Le recrutement d'hôpitaux de soins de courte durée ruraux et éloignés dans le réseau du PCSIN est un effort continu pour améliorer la qualité et la représentativité des données de surveillance des IASS au Canada. En outre, l'enquête améliorée sur les pratiques de dépistage des hôpitaux est menée chaque année pour mieux comprendre et contextualiser l'évolution des taux d'IASS dans le réseau du PCSIN. Ces dernières années, le PCSIN a mis en place une surveillance des pathogènes nouveaux et émergents, notamment le C. auris et la COVID-19. Des études sont en cours pour évaluer l'impact de la pandémie de la COVID-19 sur les taux d'IASS et la résistance aux antimicrobiens. Le PCSIN a récemment rendu publics les taux d'IASS et d'organismes résistants aux antibiotiques sous la forme d'un tableau de bord dans l'Infobase Santé du Canada Note de bas de page 71. Enfin, le PCSIN envisage également d'étudier la faisabilité de la collecte de données dans le secteur des soins de longue durée au Canada afin d'examiner l'état et la portée de la surveillance des IASS et des organismes résistants aux antibiotiques, pour mieux comprendre le fardeau des IASS au sein de cette population à risque. Afin d'améliorer la représentativité et la généralisation des taux de référence nationaux des IASS, le PCSIN a lancé un ensemble de données simplifié accessible par tous les hôpitaux de soins de courte durée du Canada pour collecter et visualiser les données annuelles sur les taux d'IASS.

Conclusion

Les résultats de la surveillance d'un réseau sentinelle national d'hôpitaux de soins de courte durée canadiens indiquent que les taux de bactériémies à SARM et d'ICD ont diminué entre 2018 et 2022, tandis que les taux de bactériémies à ERV et d'infections à EPC ont augmenté. Peu de cas de C. auris ont été détectés au Canada entre 2012 et 2022. Une surveillance cohérente et normalisée des données épidémiologiques et de laboratoire sur les IASS est essentielle pour fournir aux praticiens hospitaliers des taux de référence et informer les politiques de prévention et de contrôle des infections et de gestion des antimicrobiens afin de réduire le fardeau des IASS et l'impact de la résistance aux antimicrobiens dans les hôpitaux de soins de courte durée au Canada.

Déclaration des auteurs

Les hôpitaux du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales ont apporté leur expertise dans l'élaboration de protocoles ainsi que dans la collecte et la soumission de données épidémiologiques et d'isolats de laboratoire. Le Laboratoire national de microbiologie a effectué les analyses de laboratoire et a contribué à l'interprétation et à la révision de l'article. Des épidémiologistes de l'Agence de la santé publique du Canada ont été chargés de la conception, de l'analyse, de l'interprétation, de la rédaction et de la révision de l'article.

Intérêts concurrents

Aucun.

Remerciements

Nous remercions les médecins, les épidémiologistes, les spécialistes de la lutte contre les infections et le personnel de laboratoire de chaque hôpital participant pour leur contribution : Vancouver General Hospital (VGH), Vancouver, Colombie-Britannique (BC); Richmond General Hospital, Richmond, BC; UBC Hospital, Vancouver, BC; Lion's Gate, North Vancouver, BC; Powell River General Hospital, Powell River, BC; Sechelt Hospital (anciennement St. Mary's), Sechelt, BC; Squamish General Hospital, Squamish, BC; Victoria General Hospital, Victoria, BC; Royal Jubilee Hospital, Victoria, BC; Nanaimo Regional General Hospital, Nanaimo, BC; BC Women's Hospital, Vancouver, BC; BC Children's Hospital, Vancouver, BC; Kelowna General Hospital, Kelowna, BC; Penticton Regional Hospital, Penticton, BC; University Hospital of Northern BC, Prince George, BC; Peter Lougheed Centre, Calgary, Alberta (AB); Rockyview General Hospital, Calgary, AB; South Health Campus, Calgary, AB; Foothills Medical Centre, Calgary, AB; Alberta Children's Hospital, Calgary, AB; University of Alberta Hospital, Edmonton, AB; Stollery Children's Hospital, Edmonton, AB; Royal University Hospital, Saskatoon, Saskatchewan (SK); Regina General Hospital, Regina, SK; Pasqua Hospital, Regina, SK; Moose Jaw Hospital, SK; St. Paul's Hospital, Saskatoon, SK; Health Sciences Centre-Winnipeg, Winnipeg, Manitoba (MB); University of Manitoba Children's Hospital, Winnipeg, MB; Children's Hospital of Western Ontario, London, Ontario (ON); St. Michael's Hospital, Toronto, ON; Victoria Hospital, London, ON; University Hospital, London, ON; Toronto General Hospital, Toronto, ON; Toronto Western Hospital, Toronto, ON; Princess Margaret, Toronto, ON; Mount Sinai Hospital, Toronto, ON; Bridgepoint Active Healthcare, Toronto, ON; Sunnybrook Hospital, Toronto, ON; Kingston General Hospital, Kingston, ON; The Hospital for Sick Children, Toronto, ON; McMaster Children's Hospital, Hamilton, ON; St Joseph's Healthcare, Hamilton, ON; Jurvinski Hospital and Cancer Center, Hamilton, ON; Hamilton Health Sciences General Site, Hamilton, ON; The Ottawa Hospital Civic Campus, Ottawa, ON; The Ottawa Hospital General Campus, Ottawa, ON; University of Ottawa Heart Institute, Ottawa, ON; Children's Hospital of Eastern Ontario (CHEO), Ottawa, ON; North York General Hospital, Toronto, ON; Sudbury Regional Hospital, Sudbury, ON; SMBD - Hôpital général juif, Montréal, Québec (QC); Hôpital général de Lachine, Lachine, QC; Hôpital de Montréal pour enfants, Montréal, QC; Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Montréal, QC; Hôtel-Dieu de Québec, QC; Centre hospitalier de l'Université de Montréal, Montréal, QC; Hôpital général de Montréal, Montréal, QC; Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, Montréal, QC; Hôpital Royal Victoria, Montréal, QC; Institut neurologique de Montréal, Montréal, QC; The Moncton Hospital, Moncton, Nouveau-Brunswick (NB); Halifax Infirmary, Halifax, Nouvelle-Écosse (NS); Victoria General, Halifax, NS; Rehabilitation Centre, Halifax, NS; Veterans Memorial Building, Halifax, NS; Dartmouth General Hospital, Halifax, NS; IWK Health Centre, Halifax, NS; General Hospital & Miller Centre, St. John's, Terre-Neuve et Labrador (NL); Burin Peninsula Health Care Centre, Burin, NL; Carbonear General Hospital, Carbonear, NL; Dr. G.B. Cross Memorial Hospital, Clarenville, NL; Janeway Children's Hospital and Rehabilitation Centre, St. John's, NL; St. Clare's Mercy Hospital, St. John's, NL; Sir Thomas Roddick Hospital, Stephenville, NL; Western Memorial Regional Hospital, Corner Brook, NL; Central Newfoundland Regional Health Centre, Grand Falls-Windsor, NL; James Paton Memorial Hospital, Gander, NL; Dr. Jeon Kittiwake Health Centre, New-Wes-Valley, NL; Fogo Island Health Centre, Fogo, NL; Notre Dame Bay Memorial Health Centre, Twillingate, NL; Connaigre Peninsula Health Centre, Harbour Breton, NL; A.M. Guy Health Centre, Buchans, NL; Green Bay Health Centre, Springdale, NL; Baie Verte Peninsula Health Centre, Baie Verte, NL; Queen Elizabeth Hospital, Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard (PE); Prince County Hospital, Summerside, PE; Qikiqtani General Hospital, Nunavut.

Nous remercions le personnel de l'Agence de la santé publique du Canada au Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Ottawa, Ontario (J. Bartoszko, J. Cayen, D. Lee, C. Lybeck, C. McClellan, E. McGill, R. Mitchell, A. Neitzel, A-K. Nguyen, N. Papayiannakis, L. Pelude, A. Silva, Z. Suleman, O. Varsaneux, Z. L. Zhou) et le Laboratoire national de microbiologie, Winnipeg, Manitoba (S. Ahmed, A. Bangit, A. Bharat, T. Du, R. Edirmanasinghe, K. Fakharuddin, G. Golding, G. Grewal, R. Hizon, X. Li, L. Mataseje, M. McCracken, N. Lerminiaux, J. Tinsley).

Financement

Ce travail a été soutenu par l'Agence de la santé publique du Canada.

Appendice A : Définitions de cas de surveillance et critères d'admissibilité, 2022

Infection à Clostridioides difficile

Un épisode « primaire » d'infection à Clostridioides difficile (ICD) est défini soit comme le premier épisode d'ICD à vie vécu par le patient, soit comme un nouvel épisode d'ICD survenant plus de huit semaines après le diagnostic d'un épisode précédent chez le même patient.

Un patient est identifié comme souffrant d'une ICD si :

  • Le patient présente une diarrhée ou de la fièvre, des douleurs abdominales ou un iléus ET une confirmation en laboratoire d'un test de toxine positif ou d'une réaction en chaîne de la polymérase (PCR) positive pour C. difficile (sans preuve raisonnable d'une autre cause de diarrhée)

    OU

  • Le patient présente un diagnostic de pseudomembranes à la sigmoïdoscopie ou à la coloscopie (ou après colectomie) ou un diagnostic histologique/pathologique d'ICD

    OU

  • Un mégacôlon toxique est diagnostiqué chez le patient (uniquement chez les patients adultes)

La diarrhée est définie comme l'une des situations suivantes :

  • Plus de selles liquides/non formées au cours d'une période de 36 heures

    OU

  • Plus de selles liquides/non formées au cours d'une période de 24 heures, ce qui est nouveau ou inhabituel pour le patient (uniquement chez les patients adultes)

Exclusion :

  • Tous les patients âgés de moins d'un an
  • Tout patient pédiatrique (âgé d'un an à moins de 18 ans) chez qui une autre cause de diarrhée a été trouvée (i.e., rotavirus, norovirus, lavement ou médicament, etc.) est exclu, même si le résultat du test de diagnostic de C. difficile est positif

Classification des cas d'infection à Clostridioides difficile :

Une fois qu'un patient a été identifié avec une ICD, l'infection sera classée en fonction des critères suivants et du meilleur jugement clinique du professionnel de la santé ou de la prévention et du contrôle des infections.

Définition des cas d'ICD nosocomiale (contractés dans votre établissement) :

  • En rapport avec l'hospitalisation en cours :
    • Les symptômes de l'ICD se manifestent dans votre établissement de santé trois jours ou plus (ou 72 heures ou plus) après l'admission
  • En rapport avec une hospitalisation antérieure :
    • Malade hospitalisé : les symptômes d'ICD surviennent moins de trois jours après l'admission actuelle (ou moins de 72 heures) ET le patient a déjà été hospitalisé dans votre établissement de santé et a reçu un congé au cours des quatre semaines précédentes
    • Patient externe : le patient présente des symptômes d'ICD aux urgences ou en consultation externe ET le patient a déjà été hospitalisé dans votre établissement de santé et a reçu son congé de l'hôpital au cours des quatre semaines précédentes
  • Liées à une exposition antérieure à des soins de santé dans votre établissement :
    • Malade hospitalisé : les symptômes d'ICD surviennent moins de trois jours après l'admission actuelle (ou moins de 72 heures) ET le patient a déjà été exposé à des soins de santé dans votre établissement au cours des quatre semaines précédentes
    • Patient externe : le patient présente des symptômes d'ICD aux urgences ou dans un centre de soins ambulatoires ET le patient a déjà été exposé à des soins de santé dans votre établissement au cours des quatre semaines précédentes

Définition des cas d'ICD nosocomiale (contractés dans un autre établissement de soins de santé) :

  • En rapport avec une hospitalisation antérieure dans un autre établissement de soins de santé :
    • Malade hospitalisé : les symptômes d'ICD du patient surviennent moins de trois jours après l'admission actuelle (ou moins de 72 heures) ET le patient est connu pour avoir été précédemment hospitalisé dans un autre établissement de soins de santé et a reçu un congé/été transféré au cours des quatre semaines précédentes
    • Patient externe : le patient présente des symptômes d'ICD à vos urgences ou à votre centre externe ET le patient est connu pour avoir été précédemment hospitalisé dans un autre établissement de santé et avoir reçu un congé/été transféré au cours des quatre semaines précédentes
  • Liée à une exposition antérieure à des soins de santé dans un autre établissement de santé :
    • Malade hospitalisé : les symptômes d'ICD surviennent moins de trois jours après l'admission actuelle (ou moins de 72 heures) ET le patient est connu pour avoir déjà été exposé à des soins de santé dans un autre établissement de santé au cours des quatre semaines précédentes
    • Patient externe : le patient présente des symptômes d'ICD aux urgences ou dans un établissement de soins ambulatoires ET le patient est connu pour avoir déjà été exposé à des soins de santé dans un autre établissement de soins de santé au cours des quatre semaines précédentes

ICD nosocomiale, mais impossible de déterminer l'établissement concerné :

Le patient atteint d'une ICD répond aux deux définitions de « nosocomiale » (contractée dans votre établissement) et de « nosocomiale » (contractée dans un autre établissement de santé), mais vous n'êtes pas en mesure de déterminer l'établissement auquel le cas est principalement imputable.

Définition des cas d'IC d'acquisition communautaire :

  • Malade hospitalisé : les symptômes d'ICD surviennent moins de trois jours (ou moins de 72 heures) après l'admission, sans antécédents d'hospitalisation ou d'exposition à d'autres soins de santé au cours des 12 semaines précédentes
  • Patient externe : le patient présente des symptômes d'ICD à vos urgences ou à votre centre de soins ambulatoires, sans antécédents d'hospitalisation ou d'exposition à d'autres soins de santé au cours des 12 semaines précédentes

Définition d'un cas d'ICD indéterminé :

Le patient atteint d'une ICD ne répond à AUCUNE des définitions énumérées ci-dessus pour l'ICD nosocomiale ou d'acquisition communautaire. Les symptômes sont apparus plus de quatre semaines, mais moins de douze semaines après la sortie du patient d'un établissement de soins ou après toute autre exposition à des soins de santé.

Infection à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM)

Définition des cas des bactériémies à SARM :

  • Isolement de Staphylococcus aureus dans le sang

    ET

  • Le patient doit être admis à l'hôpital

    ET

  • Est une « infection à S. aureus nouvellement identifiée » dans un hôpital du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales (PCSIN) au moment de l'admission à l'hôpital ou identifiée au cours de l'hospitalisation

Critères d'inclusion des infections :

  • Staphylococcus aureus sensible à la méthicilline (SASM) ou bactériémie à SARM identifiée pour la première fois au cours de l'hospitalisation actuelle
  • SASM ou bactériémie à SARM qui ont déjà été identifiées sur votre site ou sur un autre site du PCSIN, mais qui sont de nouvelles infections

Critères pour déterminer une NOUVELLE bactériémie À SASM ou SARM :

  • Une fois que le patient a été identifié avec une bactériémie à SASM ou SARM, il sera classé comme nouveau SASM ou SARM s'il remplit les critères suivants : plus de 14 jours depuis une bactériémie à SASM ou SARM précédemment traitée et, de l'avis des médecins et praticiens chargés de la lutte contre les infections, il s'agit d'une nouvelle infection

Critères d'exclusion des infections :

  • Urgences, cliniques ou autres cas externes qui ne sont PAS admis à l'hôpital

Définition des cas nosocomiaux :

L'expression « nosocomiale » est définie comme un malade hospitalisé répondant aux critères suivants et conformément au meilleur jugement clinique du professionnel de la santé ou du praticien chargé de la prévention et du contrôle des infections :

  • Le patient se trouve au troisième jour civil de son hospitalisation ou au-delà (le premier jour civil est le jour de l'admission à l'hôpital)

    OU

  • A été hospitalisé dans votre établissement au cours des 7 derniers jours ou jusqu'à 90 jours selon la source de l'infection

    OU

  • A eu une exposition à des soins de santé dans votre établissement qui aurait pu entraîner cette bactériémie (en se basant sur le meilleur jugement clinique)

    OU

  • Tout patient atteint d'une bactériémie qui n'a pas été contractée dans votre établissement et dont on pense qu'elle est associée à une autre exposition à des soins de santé (e.g., un autre établissement de soins de courte durée, un établissement de soins de longue durée, un établissement de réadaptation, une clinique ou une exposition à un dispositif médical)

Définition des cas d'infections nosocomiales (nouveau-nés) :

  • Le nouveau-né se trouve au troisième jour civil de son hospitalisation ou au-delà (le premier jour civil est le jour de l'admission à l'hôpital)
  • La mère n'était PAS connue pour être porteuse de SARM au moment de l'admission et il n'y a pas de raison épidémiologique de suspecter que la mère ait été colonisée avant l'admission, même si le nouveau-né est âgé de moins de 48 heures
  • Dans le cas d'un nouveau-né transféré d'un autre établissement, une infection à SASM ou à SARM peut être classée comme nosocomiale, contractée dans votre établissement de soins courte durée si la présence de l'organisme n'était PAS connue et qu'il n'y a pas de raison épidémiologique de suspecter que l'acquisition a eu lieu avant le transfert

Définition des cas d'acquisition communautaire :

  • Pas d'exposition aux soins de santé qui aurait pu entraîner cette bactériémie (selon le meilleur jugement clinique) et ne répond pas aux critères d'une bactériémie associée aux soins de santé

Infection à Enterococcus résistant à la vancomycine (ERV)

Définition des cas de bactériémie à ERV :

  • Isolement d'Enterococcus faecalis ou faecium dans le sang

    ET

  • Concentration minimale inhibitrice (CMI) de la vancomycine d'au moins 8 µg/ml

    ET

  • Le patient doit être admis à l'hôpital

    ET

  • Il s'agit d'une bactérie à ERV « nouvellement » identifiée dans un établissement du PCSIN au moment de l'admission à l'hôpital ou identifiée au cours de l'hospitalisation

Une bactériémie à ERV nouvellement identifiée est définie comme un isolat sanguin positif à ERV plus de 14 jours après la fin du traitement d'une infection antérieure et considéré comme n'étant pas lié à l'infection antérieure, selon le meilleur jugement clinique des médecins et praticiens du contrôle des infections.

Critères d'exclusion :

  • Cas des services d'urgence, clinique ou d'autres cas externes qui ne sont pas admis à l'hôpital

Définition des cas nosocomiaux :

L'expression « nosocomiale » est définie comme un malade hospitalisé répondant aux critères suivants et conformément au meilleur jugement clinique du professionnel de la santé ou du praticien chargé de la prévention et du contrôle des infections :

  • Le patient se trouve au troisième jour civil de son hospitalisation ou au-delà (le premier jour civil est le jour de l'admission à l'hôpital)

    OU

  • A été hospitalisé dans votre établissement au cours des 7 derniers jours ou jusqu'à 90 jours selon la source de l'infection

    OU

  • A eu une exposition à des soins de santé dans votre établissement qui aurait pu entraîner cette bactériémie (en se basant sur le meilleur jugement clinique)

    OU

  • Tout patient atteint d'une bactériémie qui n'a pas été contractée dans votre établissement et dont on pense qu'elle est associée à une autre exposition à des soins de santé (e.g., un autre établissement de soins de courte durée, un établissement de soins de longue durée, un établissement de réadaptation, une clinique ou une exposition à un dispositif médical)

Infection à Entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC)

Admissibilité des cas :

  • Le patient est admis dans un hôpital du PCSIN ou se présente aux urgences d'un hôpital du PCSIN ou d'une clinique externe du PCSIN
  • Confirmation en laboratoire de la résistance aux carbapénèmes ou de la production de carbapénémases chez les Enterobacterales spp.

Après les tests moléculaires, seuls les isolats dont il est établi qu'ils contiennent une carbapénémases sont inclus dans la surveillance. Si plusieurs isolats sont soumis pour le même patient au cours de la même année de surveillance, seul l'isolat provenant du site le plus invasif est inclus dans les résultats épidémiologiques (e.g., les taux et les données sur les résultats). Cependant, les résultats des antibiogrammes représentent tous les isolats d'EPC (y compris les isolats cliniques et de dépistage provenant de patients hospitalisés et ambulatoires) soumis entre 2018 et 2022; les doublons (i.e., les isolats provenant d'un même patient où l'organisme et la carbapénémases étaient les mêmes) ont été exclus.

Candida auris

Patients admis dans un hôpital participant ou se présentant au service des urgences d'un hôpital ou à une clinique externe de l'hôpital avec une confirmation en laboratoire de C. auris à partir de n'importe quel échantillon.

Sont inclus dans ce projet de surveillance tous les échantillons cliniques ou de dépistage qui se sont révélés positifs pour C. auris, quelle que soit la méthode utilisée. Actuellement, C. auris peut être identifié par séquençage de l'ARNr, Vitek SM MALDI-TOF (avec la base de données cliniques v3.2 ou ultérieure ou la base de données RUO), ou Bruker MALDI-TOF (avec la base de données cliniques v6903 ou ultérieure ou la base de données RUO). Le projet comprend également des erreurs d'identification potentielles de C. auris ou l'absence d'identification, comme indiqué dans le tableau A1 ci-dessous.

Tableau A1 : Identification en laboratoire de Candida auris
Méthode d'identification Identification des isolats suspects

Vitek SM MALDI
Base de données cliniques antérieure à la version 3.2

C. haemulonii
Pas d’identification/faible discrimination
C. rugosa (pas de problème pour les versions 3.0 et ultérieures)
C. pulcherrima (pas de problème pour les versions 3.0 et ultérieures)

Bruker MALDI
Base de données cliniques antérieure à v6903

Pas d’identification

Vitek 2 version 8.01

C. haemulonii
C. duobushaemulonii
Pas d’identification/faible discrimination

Vitek 2 version antérieure à 8,01

C. haemulonii
C. duobushaemulonii
C. lusitaniae
C. famata
Pas d’identification/faible discrimination

API 20C AUX

Rhodotorula glutinis (absence de la couleur rouge caractéristique)
C. saké
Pas d’identification/faible discrimination

API Candida

C. famata

Système d’identification des levures BD Phoenix

C. haemulonii
C. catenulata
Pas d’identification

Appendice B

Des figures et des tableaux supplémentaires sont disponibles sur demande auprès de l'auteur : cnisp-pcsin@phac-aspc.gc.ca

  • Figure S1 : Nombre et proportion d'admissions de patients incluses dans le Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales, par type et taille d'hôpital, 2022
  • Tableau S1.1 : Cas et taux d'incidence des infections à Clostridioides difficile nosocomiales et d'acquisition communautaire selon la région, le type d'hôpital et la taille de l'hôpital, Canada, 2018–2022
  • Tableau S1.2 : Résistance aux antimicrobiens des isolats d'infections à Clostridioides difficile nosocomiales et d'acquisition communautaire, Canada, 2018–2022
  • Tableau S1.3 : Nombre et proportion des ribotypes communs des cas d'infection à Clostridioides difficile nosocomiales et d'acquisition communautaire, Canada, 2018–2022
  • Tableau S2.1 : Cas et taux d'incidence des infections du sang à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline nosocomiales et d'acquisition communautaire par région, type d'hôpital et taille de l'hôpital, 2018–2022
  • Tableau S2.2 : Résistance aux antimicrobiens des isolats d'infections du sang à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline nosocomiales et d'acquisition communautaire, Canada, 2018–2022
  • Tableau S2.3 : Nombre et proportion de certains types de spa identifiés de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (avec les types d'épidémies correspondants)
  • Tableau S3.1 : Taux d'incidence du nombre d'infections du sang à Enterococcus résistant à la vancomycine par région, type d'hôpital et taille de l'hôpital, 2018–2022
  • Tableau S3.2 : Nombre d'infections du sang à Enterococcus résistant à la vancomycine nosocomiales et taux d'incidence par région, type d'hôpital et taille de l'hôpital, 2018–2022
  • Tableau S3.3 : Nombre et proportion de types d'isolats identifiés d'infections du sang à Enterococcus résistant à la vancomycine, 2018–2022
  • Tableau S3.4 : Répartition des types de séquences sanguines d'Enterococcus faecium résistant à la vancomycine, 2018–2022
  • Tableau S4.1 : Nombre d'infections à entérobactéries productrices de carbapénémases et taux d'incidence par région, type d'hôpital et taille de l'hôpital, 2018–2022
  • Tableau S4.2 : Nombre et proportion des principaux pathogènes identifiés producteurs de carbapénémases
  • Tableau S4.3 : Analyses de sensibilité aux antimicrobiens pour la carbapénémases de Klebsiella pneumoniae, 2019–2022
  • Tableau S4.4 Analyse de sensibilité aux antimicrobiens pour la métallo-β-lactamase de New Delhi, 2019–2022
  • Tableau S4.5 : Analyses de sensibilité aux antimicrobiens pour OXA-48, oxacillinase-48, 2019–2022
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