Le Canada et l’Antarctique

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L’Antarctique

L’Antarctique, le continent le plus au sud de la Terre, est un lieu d’extrêmes. Plus de 99 % de sa masse terrestre est recouverte de glace, d’une épaisseur pouvant atteindre 4 km à l’intérieur des terres et s’étendant sur la mer sous forme de plateaux de glace le long de la côte. L’Antarctique connaît certaines des conditions météorologiques les plus extrêmes au monde, avec des températures moyennes allant de -10 °C à -60 °C, et un intérieur aride où les vents violents sont la norme. Dans ces conditions, les écosystèmes sont rares, mais certaines créatures parviennent à y survivre. Le plus grand animal terrestre originaire de l’Antarctique est le minuscule collembole nivicole, également appelé puce des neiges. Une douzaine d’entre eux tiendraient sur un seul de vos ongles.

La grande région de l’Antarctique englobe également l’océan Austral et les îles situées au sud du 60e parallèle. Contrairement au continent antarctique, les milieux marins de cette zone comptent parmi les eaux les plus productives du monde sur le plan biologique. Grâce à ses forts courants et à la remontée d’eaux profondes et froides, l’océan Austral regorge de nutriments et abrite une grande abondance de vie, des algues microscopiques au krill, en passant par les poissons, les phoques, les baleines, les oiseaux de mer, et bien d’autres.

L’Antarctique ne compte aucune population humaine autochtone. Les premiers explorateurs ont navigué dans la région dans les années 1700, mais le continent lui-même n’a pas été aperçu ou exploré avant les années 1800. Dans les siècles qui ont suivi, les hommes ont continué à se rendre en Antarctique pour explorer, étudier et documenter l’environnement polaire, ainsi que pour participer à l’industrie de la chasse à la baleine et au phoque.

En 1957-1958, l’Année géophysique internationale, un important effort de recherche international coordonné a démontré les avantages de la coopération scientifique internationale en Antarctique. Il a débouché sur l’élaboration du Traité sur l’Antarctique, signé en 1959 par 12 pays. Le Traité établit et fait appliquer un ensemble d’obligations communes aux nations opérant dans la région. Surtout, le Traité consacre l’Antarctique à la paix et à la science, et limite les activités militaires et industrielles. Depuis sa signature initiale, le Traité sur l’Antarctique est devenu le Système du Traité sur l’Antarctique et comprend des accords connexes, le Protocole au Traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement, la Convention pour la protection des phoques de l’Antarctique et la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique. Plus de 50 pays sont actuellement parties au Système du Traité sur l’Antarctique

Pourquoi l’Antarctique est important

Si l’Antarctique, et plus particulièrement le continent antarctique, est l’un des endroits les plus reculés de la planète, les conditions environnementales de cette région influencent les systèmes océaniques et climatiques du monde entier. En particulier, le courant circumpolaire antarctique est le principal moyen d’échange d’eau et de chaleur entre les bassins océaniques, et l’océan Austral est un puits majeur du dioxyde de carbone émis par les activités humaines. Il est important de comprendre ces influences et ces changements dans le temps pour prévoir les tendances climatiques mondiales. De plus, les courants océaniques transportent les nutriments de l’océan Austral vers les écosystèmes marins du monde entier, alimentant ainsi la productivité biologique mondiale – et soutenant donc les pêches. Au-dessus de l’Antarctique, dans la stratosphère, les émissions de substances appauvrissant la couche d’ozone causées par l’homme ont entraîné la formation du trou d’ozone, un phénomène relevé pour la première fois par des mesures sur le terrain en Antarctique. Grâce au Protocole de Montréal et à ses amendements, le trou d’ozone est en train de se résorber, mais il continue d’influencer le climat de l’hémisphère Sud.

Les changements climatiques mondiaux entraînent une transformation rapide des environnements de l’Antarctique et de l’océan Austral. La péninsule antarctique est l’une des régions du globe qui se réchauffent le plus rapidement. Les nappes glaciaires de l’Antarctique perdent de la masse au profit de l’océan à un rythme accéléré, ce qui a des répercussions sur le niveau de la mer et la vie marine au niveau mondial, ainsi que sur la résilience des collectivités et des infrastructures côtières. Seules la recherche et la modélisation peuvent permettre de comprendre ces changements. En étudiant et en comprenant les changements qui se produisent en Antarctique, les chercheurs acquièrent de nouvelles connaissances utiles pour toutes les régions du monde.

Pour le Canada, la recherche dans l’Antarctique fournit également de précieuses informations comparatives pertinentes pour l’Arctique étant donné le froid extrême et les environnements éloignés des deux régions, par exemple :

L’Antarctique offre également une plateforme éloignée et écologiquement extrême pour les activités suivantes :

Des recherches sont également menées—notamment par le groupe d’experts en sciences humaines et sociales du Comité scientifique pour les recherches antarctiques—sur l’histoire et l’archéologie de l’exploration et de l’industrie en Antarctique, telles que la chasse à la baleine et la pêche, ainsi que sur les relations internationales en Antarctique.

Recherches du Canada en Antarctique

La recherche scientifique a toujours été, et demeure, la principale source d’activité et de collaboration sur le continent antarctique. Si le Système du Traité sur l’Antarctique s’est considérablement développé depuis sa signature initiale en 1959 et son entrée en vigueur en 1961, les pays qui sont devenus par la suite des membres consultatifs à part entière du Traité ont dû faire la preuve de contributions significatives et durables à la recherche en Antarctique.

Les Canadiens participent à la recherche en Antarctique depuis plus d’un siècle, ce que reflète la carte de l’Antarctique : plus de 100 noms de lieux du continent ont un lien avec le Canada. Les chercheurs canadiens spécialistes de l’Antarctique proviennent de 20 universités canadiennes différentes et six organismes du gouvernement fédéral. Le Canada étant un État de l’Arctique doté de capacités solides et croissantes en matière de recherche sur le climat froid, les chercheurs canadiens disposent des connaissances et des outils nécessaires pour apporter des contributions substantielles à la science polaire, dans l’Arctique comme dans l’Antarctique. La contribution du Canada aux publications scientifiques de référence sur l’Antarctique a augmenté au cours des deux dernières décennies (figure 1) et se monte généralement à plusieurs dizaines d’articles par an rédigés ou corédigés par un Canadien.

Canadian Antarctic research

Figure 1 : Contributions canadiennes à la recherche en Antarctique (1997 à 2018)

Thèmes de recherche

Principalement en partenariat avec les programmes nationaux de l’Antarctique d’autres pays, des Canadiens mènent des modélisations et des recherches de terrain dans un large éventail de disciplines, notamment les sciences de la vie, les sciences physiques, les sciences de la Terre et les sciences humaines et sociales. Des Canadiens ont également mis au point des technologies adaptées aux climats froids qui facilitent et soutiennent la science en Antarctique, et des entreprises canadiennes sont depuis longtemps des fournisseurs de logistique pour la recherche en Antarctique.

Des chercheurs canadiens font partie des groupes suivants du Comité scientifique pour les recherches antarctiques et y contribuent :

Cliquez sur les liens suivants pour découvrir les récentes contributions canadiennes à la recherche en Antarctique et une liste de publications sous chaque thème de recherche.

Financement des recherches du Canada en Antarctique

La compréhension de la gamme vaste et diversifiée d’environnements et de processus de l’Antarctique est un défi international qui nécessite d’importantes ressources financières, logistiques et humaines. Bien que le Canada ne possède pas de station de recherche en Antarctique, il finance les efforts de recherche canadiens en Antarctique par une stratégie ascendante, axée sur les chercheurs. Les chercheurs canadiens en Antarctique demandent un financement au moyen des appels existants auprès des conseils subventionnaires canadiens concernés.

Notamment, le soutien total à la recherche en Antarctique par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) a constamment augmenté au cours de la dernière décennie (voir la figure 2). Le CRSNG a accordé 55 subventions et bourses pour la recherche en Antarctique de 2008 à 2017, pour un total de 6,69 millions de dollars. L’Agence spatiale canadienne a également contribué de manière significative à la recherche en Antarctique et à son financement.

La plupart des chercheurs canadiens en Antarctique collaborent avec des partenaires internationaux pour mener leurs recherches, en particulier si des travaux sur le terrain et l’accès aux infrastructures de recherche en Antarctique sont nécessaires. Les chercheurs canadiens collaborent le plus souvent avec des chercheurs basés aux États-Unis et s’associent aussi régulièrement à des équipes de recherche du Royaume-Uni, de l’Australie, de l’Allemagne et de la France, entre autres.

La description longue suit

Figure 2: Dépenses du CRSNG pour la recherche en Antarctique, par année (2008 à 2017)

L’information donnée sur cette figure a été fournie par le CRSNG et provient d’une recherche par mot-clé effectuée par le CRSNG dans sa Base de données sur les subventions et bourses. La Base de données sur les subventions et bourses est une source d’information accessible au public qui se trouve dans le site Web du CRSNG. Pour l’analyse, le CRSNG a examiné les titres des projets et les sommaires des demandes à l’aide des mots-clés propres à l’Antarctique décrits par Gray et Hughes (2016).

Inclus : « antarct », « southern ocean », « ross sea », « amundsen sea », « weddell sea »

Exclus : « candida », « except antarctica », « not antarctica ».

L’analyse a permis de vérifier que les projets signalés concernaient directement la région. Dans les cas où les chercheurs appuyés par le CRSNG ont effectivement effectué des voyages en Antarctique, mais n’avaient pas mentionné la région de façon précise dans leur titre ou dans le sommaire de leur demande pour une bourse ou subvention en particulier, ces travaux n’ont pas été inclus dans l’information présentée. L’analyse ne comprenait pas de consultation sur les recherches publiées par les chercheurs financés par le CRSNG.

Mandat de Savoir polaire Canada ayant trait à l’Antarctique

Savoir polaire Canada (POLAIRE) est le principal organisme fédéral au Canada chargé de renforcer le leadership canadien en matière de sciences et de technologies polaires. Son mandat pour l’Antarctique est établi dans la loi habilitante de POLAIRE, la Loi sur la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique. POLAIRE participe avec d’autres ministères du gouvernement du Canada à l’annuelle Réunion consultative du Traité de l’Antarctique et à la réunion du Comité pour la protection de l’environnement (CPE). En tant que partie non consultative, le Canada peut participer aux discussions sur la gouvernance de l’Antarctique, mais ne peut pas voter sur les décisions.

POLAIRE travaille avec d’autres ministères pour renforcer le soutien à la recherche canadienne en Antarctique. Ces efforts comprennent des occasions de créer des partenariats avec les programmes polaires nationaux d’autres pays pour faciliter l’accès du Canada à la logistique et aux infrastructures de recherche existantes en Antarctique. En 2016, POLAIRE a accueilli l’atelier sur la recherche antarctique canadienne à Ottawa afin de collaborer avec la communauté de recherche antarctique canadienne et d’explorer les possibilités de renforcer les activités de recherche canadiennes dans la région. Le rapport sur l’atelier sur la recherche antarctique canadienne (anglais) décrit les intérêts de recherche canadiens actuels en Antarctique et les scénarios de financement potentiels pour de futurs programmes antarctiques.

Le Comité scientifique pour les recherches antarctiques (CSRA)

POLAIRE est l’organisme qui représente le Canada au sein du Scientific Committee on Antarctic Research (CSRA) (anglais), qui initie, élabore et coordonne les travaux de recherches scientifiques internationales dans l’Antarctique et l’océan Austral et qui fournit des conseils scientifiques à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. POLAIRE nomme des représentants du Canada pour siéger à des groupes et comités scientifiques permanents du CSRA.

Pour en savoir plus, veuillez consulter les pages Web suivantes :

Le Council of Managers of National Antarctic Programs (COMNAP)

Le Canada (par l’intermédiaire de POLAIRE) agit aussi à titre d’observateur du Council of Managers of National Antarctic Programs (COMNAP) (anglais), qui sert de forum international pour l’élaboration de pratiques visant à accroître l’efficacité des activités dans l’Antarctique dans le respect de l’environnement et qui facilite l’échange d’information connexe et l’établissement de partenariats internationaux.

En tant qu’exploitant de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique (SCREA) à Cambridge Bay, au Nunavut, POLAIRE collabore également auprès de la communauté du (COMNAP) à des possibilités d’échange de connaissances avec d’autres stations de recherche polaires. Si l’exploitation d’infrastructures de recherche dans l’Arctique et l’Antarctique présente de nombreux défis similaires, elle offre également aux pays des occasions de mieux coordonner et de mieux exploiter les infrastructures de recherche polaire afin de faire progresser les objectifs scientifiques.

Comité canadien de recherches antarctiques (CCRA)

Le Comité canadien de recherches antarctiques (CCRA) fournit des conseils et des orientations à POLAIRE sur des questions relatives à l’Antarctique, y compris les possibilités de renforcer les activités de recherche antarctique canadienne. De plus, il agit à titre de comité national du Canada sous l’égide du Comité scientifique sur les recherches antarctiques. POLAIRE consulte le Comité lui-même et d’autres parties intéressées avant de nommer les membres du Comité canadien de recherches antarctiques afin de s’assurer que les candidats représentent toute l’étendue de la participation canadienne en Antarctique.

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