Discours du ministre Goodale au sommet annuel de la région économique du Nord-Ouest du Pacifique
Discours
Saskatoon (Saskatchewan)
Le 24 juillet 2019
Merci, Monsieur le Président. Bonjour à tous.
Alors que nous sommes réunis aujourd’hui sur le territoire du traité numéro 6 et la patrie des Métis, je vous transmets les salutations et les vœux du gouvernement du Canada.
À ceux d’entre vous qui se sont déplacés de plus loin, BIENVENUE dans la belle ville de Saskatoon, située dans ma province d’origine, la Saskatchewan. Nous sommes ravis que vous soyez tous ici. Je voudrais sincèrement remercier la Région économique du Nord-Ouest du Pacifique, pour avoir choisi ce lieu pour votre sommet de 2019.
Vous avez probablement remarqué que les Saskatchewanais sont extrêmement fiers de leur province... et de toutes ses particularités locales.
Parmi les 10 administrations membres de la RENOP, la Saskatchewan est probablement la plus plate. Nous en sommes très fiers! Nous sommes aussi la province la plus facile à dessiner, mais la plus difficile à épeler.
Si vous ne l’avez pas encore constaté, vous trouverez que nous avons des maringouins de calibre « royal » en Saskatchewan.
Notre géographie est un peu complexe. La communauté de Southend est dans le Nord, mais le village de North Portal se trouve au sud de la province. La ville d’Eastend est située à l’ouest, tandis que West Bend se trouve à l’est.
Pour dérouter encore plus les visiteurs, les Saskatchewanais sont farouchement opposés au fléau de l’heure avancée. Nous ne changerons pas d’heure pour personne.
L’eau nous pose également un défi. Ici à Saskatoon, nous disposons de beaux ponts sur une grande rivière, mais dans notre capitale provinciale, Regina, il n’y a pas de rivière, et vous trouverez le plus long pont sur la plus courte étendue d’eau du monde occidental.
L’eau est l’un de nos biens les plus précieux, ainsi que la richesse de nos terres agricoles, de notre potasse, de notre uranium et de nos ressources énergétiques.
Et nos gens... les Saskatchewanais, sont très créatifs. Par exemple, nous avons inventé les biscuits des Girl guide, le guichet automatique, la bombe au cobalt pour le traitement du cancer, la technologie révolutionnaire du semoir pneumatique utilisée dans le domaine agricole, la culture du canola, qu’on appelle souvent la culture « cendrillon » en anglais, le seul centre canadien de rayonnement synchrotron et beaucoup d’autres choses.
J’espère également que vos hôtes de la Saskatchewan sont amicaux et accueillants. Nous nous targuons d’être de bons voisins, de partenaires d’affaires fiables, et des amis et des alliés de confiance.
C’est pourquoi la RENOP convient tellement bien à la Saskatchewan.
J’aime beaucoup votre énoncé de mission qui vise à accroître le bien-être économique et la qualité de vie de TOUS nos citoyens des deux côtés de la frontière dans l’ensemble de cette région. Cet énoncé tient compte du fait que nous sommes profondément intégrés, interreliés et interdépendants, et qu’il est logique de travailler ensemble de façon intelligente. Une politique économique qui est avantageuse pour les deux pays.
Ce même énoncé de mission — plutôt visionnaire lorsqu’il a été rédigé il y a 28 ans — reconnaît aussi le lien essentiel entre le succès économique et la protection de l’environnement naturel du 21e siècle. Au sein de nos diverses administrations, nous devons réaliser LES DEUX buts simultanément – la réussite environnementale et le succès économique. Nous devons réussir sur les deux fronts, sinon ce n’est pas une vraie réussite.
Les responsabilités de mon portefeuille au gouvernement du Canada pour la Sécurité publique et de la Protection civile vont plutôt de pair avec celles du département de la Sécurité intérieure. J’ai eu la chance d’avoir une étroite relation de travail avec tous mes homologues américains. D’abord, le secrétaire Jeh Johnson, puis le général John Kelly, la secrétaire intérimaire Elaine Duke, la secrétaire Kirstjen Nielsen et maintenant le secrétaire intérimaire Kevin McAleenan.
L’un de nos objectifs communs au cours des quatre dernières années a été d’« amincir » la frontière canado-américaine, afin de la rendre encore plus efficace et plus rapide en matière de commerce et de déplacements légitimes, mais toujours en toute sécurité pour protéger adéquatement les deux pays.
Il s’agit d’une frontière remarquable. S’étalant sur 9 000 kilomètres, elle compte plus de 120 points d’entrée terrestres et des points d’entrée maritimes et aériens.
Quotidiennement, près de 400 000 personnes traversent la frontière, en plus des 2,5 milliards de dollars en échanges bilatéraux. Et oui, quotidiennement.
Nous avons entre nous la frontière internationale non militarisée la plus longue, la plus ouverte et la plus réussie dans l’histoire du monde. Étant donné que les deux pays travaillent fort pour maintenir cette frontière (mince, mais sécuritaire), elle contribue de façon importante à notre vaste relation dynamique, prospère et mutuellement avantageuse.
Au cours des derniers mois, plusieurs événements ont renforcé cette relation davantage. Votre organisation a été impliquée activement à la promotion de ces progrès.
Tout d’abord, l’automne dernier, nous avons réussi à conclure les négociations sur un nouvel accord commercial pour remplacer l’ALENA.
Le processus de négociation s’est déroulé pendant un an et demi : une période remplie de turbulences et d’incertitudes. Sachant que l’Accord de 25 ans devait être mis à jour, le Canada s’est engagé dès le départ d’être patient, raisonnable et souple, mais ferme, déterminé et uni pour protéger ses intérêts et promouvoir ses valeurs. Nous avons fait exactement cela avec ce que nous appelons maintenant l’ACEUM, l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.
Entre autres, ce nouvel accord donne à près de 490 millions consommateur un accès privilégié au marché. Les mécanismes raisonnables de règlement des différends sont restés en place. Les industries culturelles sont adéquatement protégées. Les dispositions sur les différends investisseur État et le cliquet en matière d’énergie sont retirées. De nouvelles mesures progressistes sur l’environnement, les enjeux en matière du genre, les droits des Autochtones et le travail ont été incluses.
À un niveau plus technique, l’ACEUM comprend aussi des mesures douanières et de commerces qui simplifieront les expéditions transfrontalières, notamment des processus administratifs moins lourds et un guichet unique pour la transmission de documents commerciaux par voie électronique.
L’accord a été bien accueilli au Canada par un nombre sans précédent de dirigeants venant de plusieurs domaines, notamment la politique, les affaires, les syndicats, le sectoriel et le milieu universitaires. Nous l’avons donc signé, comme une étape vers la ratification et la mise en œuvre.
Toutefois, nous ne l’avons pas ratifié l’automne dernier, ce qui nous amène au deuxième grand sujet sur lequel des progrès critiques étaient à la fois nécessaires et urgents. Nous ne l’avons pas ratifié parce que les États-Unis avaient imposé des droits de douane extraordinaires, en vertu de l’article 232, sur l’acier et l’aluminium canadiens, soutenant que nos exportations vers les États-Unis constituaient une menace à la sécurité nationale américaine.
Je dois respectueusement dire que cette allégation était absurde. Ces tarifs étaient illégaux. Ils ont provoqué une énorme réaction négative auprès des Canadiens, et notre gouvernement a réagi en conséquence en intentant des poursuites judiciaires, en prenant des mesures de rétorsion équivalentes et en faisant des représentations politiques vigoureuses à tous les niveaux, dont les plus élevés.
Tout ce travail a porté ses fruits au printemps dernier grâce à une levée de droits de douane nette et complète, ce qui a rétabli l’accès régulier aux marchés pour l’acier et l’aluminium canadiens. Ensuite, les États-Unis ont très bien accueilli la décision de NE PAS poursuivre la mesure en vertu de l’article 232 à l’endroit des exportations canadiennes d’uranium aux États-Unis.
Maintenant que les tarifs sur l’acier et l’aluminium sont éliminés, nous sommes prêts à procéder à la ratification et à la mise en œuvre du nouvel ACEUM. Nos mesures législatives sont actuellement devant la Chambre des communes. Même si nous sommes en période préélectorale, nous sommes prêts à adopter la loi avant que le Parlement soit dissous.
Toutefois, cela dépend du Congrès américain qui doit également faire son travail. Des préoccupations ont été soulevées par certains à propos du chapitre sur le travail. Il convient cependant de noter que l’ACEUM contient le chapitre le plus solide sur le travail qui ait été vu dans tout accord commercial à ce jour – visant à relever les normes et les conditions de travail dans les trois pays, empêchant une course vers le bas en s’appuyant sur les principes et les droits internationaux du travail. Nous devons donc tous être vigilants pour veiller à ce que les trois partenaires mettent en œuvre l’accord tel qu’il a été promis.
Le Canada est d’avis que le temps est maintenant venu de faire fructifier tout le bon travail sur le nouvel ACEUM, et ce, cet été. Nous encourageons tous les homologues au Congrès américain à procéder à la ratification et à la mise en œuvre de l’accord.
Ce nouvel accord établit le cadre pour l’avenir du commerce annuel de plus de 900 milliards de dollars entre le Canada et les États-Unis. Le Canada est un marché plus important pour la marchandise des États-Unis que les pays de la Chine, le Japon et le Royaume-Uni mis ensemble. Les économies de 35 États américains dépendent directement du commerce avec le Canada, plus que toute autre nation. Bien entendu, les marchés les plus importants pour les Canadiens se trouvent aux États-Unis. Il est donc important de ne pas laisser en suspens ce nouvel accord.
Le troisième domaine de progrès transfrontalier entre nos deux pays que je veux souligner est l’élargissement des accords sur le précontrôle. Le premier ministre Trudeau et le président Trump ont signalé à maintes reprises qu’il s’agissait d’une priorité importante.
Depuis plus de 60 ans, les passagers aériens qui se dirigent vers les États-Unis ont la capacité de s’acquitter des exigences douanières et d’immigrations avant de quitter le Canada. Le service est actuellement disponible pour quelque 15 millions de passagers annuellement à huit grands aéroports canadiens : Vancouver, Calgary, Edmonton, Winnipeg, Toronto Pearson, Ottawa, Montréal et Halifax.
Le précontrôle est une pratique de sécurité saine. C’est avantageux pour les voyageurs, le tourisme et le commerce. Grâce au précontrôle, Toronto Pearson est devenu le quatrième plus important port d’entrée aérien aux États-Unis après seulement les aéroports JFK, Miami et Los Angeles. Nous voulons donc ajouter à un processus déjà excellent.
Un accord binational officiel visant à étendre le précontrôle à tous les modes de transport, pas seulement le transport aérien, et dans les deux directions, est maintenant sur le point d’être ratifié cet été. Les lois nécessaires ont été édictées des deux côtés de la frontière.
En ce qui concerne l’accroissement du nombre de sites de précontrôle au Canada et aux États-Unis, il faut désormais saisir les occasions d’affaires que cette nouvelle entente et cette nouvelle loi créent. Plusieurs le font maintenant, par exemple, les activités ferroviaires et de croisière sur la côte ouest.
Mais le principal avantage pourrait bien être tiré du précontrôle du fret. L’Agence des services frontaliers du Canada collabore maintenant avec leur homologue américain sur un projet pilote binational de précontrôle du fret ferroviaire pour traiter les wagons en direction du nord, à Rouses Point, dans l’État de New York. Notre expérience tirée de ce projet pilote aidera à planifier d’autres possibilités de précontrôle du fret.
Mon quatrième exemple de bons progrès à la frontière est la mise en œuvre d’un système d’échange automatique et entièrement réciproque de données sur les entrées et les sorties des personnes qui traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis dans les deux directions. Voici une autre priorité pour le premier ministre et le président.
Nous avons négocié l’entente et avons adopté les lois nécessaires. La mise en œuvre est en cours.
Les deux pays ont longtemps été méticuleux au sujet des règles et des procédures pour les personnes qui cherchent à ENTRER sur leur territoire. Par contre, il y a toujours eu une lacune importante en ce qui concerne ceux qui SORTENT du pays. Pour la plupart, il peut être surprenant de savoir que les renseignements sur les SORTIES n’ont jamais été systématiquement recueillis.
Nous nous efforçons de combler cette lacune sur le plan administratif en ce qui concerne les ressortissants étrangers, les résidents permanents et les citoyens américains. Il a toutefois fallu un pouvoir législatif supplémentaire pour rendre le système entièrement exhaustif afin de couvrir également les citoyens canadiens. La nouvelle loi est maintenant en place.
Nous avions deux objectifs généraux : être aussi discrets que possible et éviter les retards à la frontière.
Par conséquent, les données recueillies ne sont rien de plus que ceux figurant à la page 2 de votre passeport : nom, nationalité, sexe, date et lieu de naissance, ainsi que la date, l’heure et le point de départ. Rien d’autre. Il s’agit de renseignements de base que tous les voyageurs fournissent à l’agent frontalier du pays qu’il demande à ENTRER lorsqu’ils présentent leur passeport.
Maintenant, cet agent frontalier, qui enregistre l’ENTRÉE, retournera simplement les mêmes renseignements au pays d’où vient le voyageur, et ce pays aura un dossier de la SORTIE du voyageur, et ce, automatiquement et sans retard ou d’imposition.
Aux fins de sécurité, les deux pays auront une vue d’ensemble plus complète des personnes qui s’y trouvent en tout temps. Cette mesure mènera à de meilleures décisions et à une diminution des coûts liés à la gestion des frontières, aux questions de citoyenneté et d’immigration et aux programmes sociaux du niveau fédéral qui incluent une règle sur la résidence. Le système aidera également les organismes d’application de la loi à lutter contre les enlèvements d’enfants, les trafiquants de personnes, les voyageurs extrémistes et les contrebandiers.
Toutes ces questions étaient à mon ordre du jour le mois dernier lorsque j’ai eu ma première conversation en personne avec le secrétaire intérimaire McAleenan, en plus de préoccupations urgentes telles que :
- des renseignements exacts et à jour à la frontière au sujet du cannabis, surtout en ce qui concerne les personnes ayant une suspension de casier judiciaire;
- les plateformes de médias sociaux qui deviennent des refuges pour le terrorisme, l’extrémisme violent, la haine, l’exploitation sexuelle des enfants, la traite des personnes et la subversion de la démocratie;
- la lutte contre les voyageurs terroristes et toutes les mesures possibles pour les traduire en justice;
- le besoin de moderniser l’Entente sur les tiers pays sûrs qui a été conclue entre le Canada et les États‑Unis.
Les intérêts du Canada et des États-Unis en matière de sécurité nationale coïncident de bien des façons. Nous avons beaucoup à faire ensemble, tout en respectant pleinement notre souveraineté, nos lois et nos constitutions nationales.
Nos services de police et nos organismes de sécurité et du renseignement sur le terrain se comportent de façon professionnelle et sans heurt. Souvent méconnus, les États-Unis offrent de l’aide en matière de sécurité au Canada et vice-versa.
La cybersécurité est un domaine de plus en plus important qui nous tiendra tous les deux très occupés.
Nos vies sont dominées par la technologie numérique et nous sommes intensément interreliés. Cette réalité ouvre d’énormes nouvelles possibilités sur le plan économique et social, et ce, pour notre prospérité et notre qualité de vie. Toutefois, elle pose d’énormes nouveaux risques et nouvelles menaces. Une chaîne a la force de son maillon le plus faible.
Les systèmes d’infrastructures essentielles sont une préoccupation majeure, et bon nombre d’entre eux sont transfrontaliers, tels que les banques, les télécommunications, les transports et l’énergie.
Au Canada, nous avons réalisé des consultations majeures sur la meilleure façon de mettre à niveau les protections cybernétiques. Une nouvelle stratégie plus complète et proactive a été publiée. De nouveaux engagements budgétaires importants ont été pris. Nous avons amélioré notre capacité de nous protéger contre les cyberattaques et intervenir en cas d’incident, par exemple le pouvoir juridique de prendre des mesures actives dans les circonstances appropriées pour éliminer les menaces avant une attaque.
Nous travaillons également à élaborer une nouvelle loi visant à établir des normes obligatoires de rendement et de comportement pour les secteurs et les exploitants des infrastructures essentielles.
Mon ministère et le département de la Sécurité intérieure préparent un cadre stratégique et un plan d’action qui vise précisément la protection de l’infrastructure transfrontalière essentielle.
Mesdames et messieurs, il y a toujours de nombreuses autres choses à discuter sur la relation canado‑américaine :
- notre nouvelle installation d’examen des conteneurs à Tsawwassen;
- de nouvelles demandes d’outil d’identification par radiofréquence;
- de nombreuses nouvelles bornes d’inspection primaire aux aérogares;
- l’utilisation accrue de la biométrie;
- les possibilités d’utilisation commune de l’infrastructure transfrontalière;
- notre nouvel investissement de 31 millions de dollars pour l’acquisition de 24 chiens détecteurs et des équipes de maîtres-chiens supplémentaires afin de nous protéger contre les menaces graves telles que la peste porcine africaine.
Notre objectif est d’accroître le commerce et les déplacements en toute sécurité pour toutes nos populations respectives.
Au-delà du travail acharné des gouvernements et de leurs agences, les organisations comme la RENOP, qui rassemblent divers intervenants pour cerner les enjeux et trouver des solutions, sont un ingrédient essentiel de notre relation.
Je vous remercie du bon travail que vous avez accompli au cours des quelque 30 dernières années pour établir des liens entre le Canada et les États-Unis. Ces efforts nous aident à poursuivre nos progrès ensemble.
J’attends avec impatience les idées qui émaneront de ce sommet. Dans un premier temps, je serai ici pendant au moins une partie de la prochaine séance pour écouter les présentations sur des enjeux tels que la sécurité frontalière et la résilience aux catastrophes.
Je souhaite à la RENOP un succès et une efficacité continus.
Merci.
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