Rapport, Comité multidisciplinaire sur les victimes février 2024

Résumé

Les membres du Comité ont délibéré sur un large éventail de questions touchant les victimes. En résumé, tous ont convenu qu’il est important d’adopter une approche axée sur les victimes lors d’interactions avec les victimes et les survivants d’actes criminels – allant des produits de communication à la sensibilisation et aux services qui leur sont offerts. Compte tenu de la diversité ethnoculturelle du Canada, il est essentiel de tenir compte des besoins de ces diverses communautés et d’assurer l’accessibilité à l’information et aux services.

Les membres du Comité ont discuté de moyens d’éliminer ou de réduire au minimum les obstacles pour les victimes qui cherchent à exercer leurs droits en vertu de la Charte canadienne des droits des victimes (CCDV). Sont ressorties de ces discussions des suggestions pratiques visant à améliorer l’expérience des victimes pour l’ensemble des services.

Les principaux thèmes ressortis comprenaient les suivants :

  1. Participation et sensibilisation des victimes
    • Il est essentiel d’établir un contact personnel avec les victimes, et des ressources imprimées et virtuelles peuvent être utiles. En fait, les relations établies avec les agents des services aux victimes (ASV) sont essentielles pour soutenir les victimes. Ces ressources, dont le Portail des victimes et le Rapport d’étape du plan correctionnel, devraient être examinées plus en profondeur pour s’assurer qu’elles répondent aux besoins des victimes et qu’elles sont facilement accessibles (il faut éviter d’employer du jargon et des termes techniques). Il faut utiliser un langage clair et simple, qui tient compte des traumatismes et est empreint de compassion, lorsque des changements sont apportés.
  2. Lois, politiques et processus gouvernementaux  
    • Les membres du Comité ont discuté des cadres législatifs et stratégiques entourant l’information que le Service correctionnel du Canada (SCC) communique aux victimes. Ils ont également discuté de l’incidence que peuvent avoir le moment de la communication ainsi que la quantité et la qualité de l’information sur la planification de la sécurité des victimes. Bien que l’apport de changements aux politiques puisse aider, il a été noté que, dans sa forme actuelle, la législation crée un obstacle à la communication de renseignements additionnels. Le SCC a expliqué qu’il s’emploie, dans le cadre actuel, à accroître la participation des victimes dans le cas de transfèrements afin de saisir leurs préoccupations plus tôt dans le processus. On souhaite que le SCC communique davantage de renseignements et qu’il applique plus souvent le critère de l’intérêt public (en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels), selon le cas, pour communiquer plus de renseignements.
    • Les membres du Comité souhaitent que davantage de renseignements soient communiqués avant les audiences afin que les victimes puissent mieux préparer leur déclaration de la victime et mieux comprendre le processus. Les membres du Comité ont souligné que la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) devrait s’assurer de prêter une attention particulière à la participation aux audiences et à l’organisation de celles-ci et éviter/limiter les reports dans la mesure du possible. Les membres du Comité ont noté qu’il est important de continuer de solliciter les commentaires des victimes avant de prendre des dispositions pour la tenue d’audiences et d’obtenir de l’information des victimes concernant les soutiens qui leur sont utiles. Ils ont recommandé que les communications tiennent compte des traumatismes et qu’elles soient opportunes et rédigées en langage clair et simple.
  3. Obtention d’un meilleur équilibre
    • Il y a une perception selon laquelle on accorde plus de poids aux droits des délinquants qu’au droit à l’information des victimes lorsque l’on communique de l’information aux victimes. Cela comprend le moment où l’information peut être communiquée aux victimes à des points de décision clés.
    • Les membres du Comité ont pensé qu’il serait utile d’envisager les meilleures façons de servir les victimes tout au long du processus, d’examiner les possibilités d’améliorer la communication de l’information et de communiquer de plus amples renseignements, tels que le Rapport d’étape du plan correctionnel, et de solliciter la participation des victimes plus tôt, conformément à la Directive ministérielle publiée le 20 juillet 2023. Les victimes siégeant au Comité ont indiqué que l’information qui leur est communiquée les aide à planifier leur sécurité et qu’il leur est extrêmement utile qu’on leur explique mieux les peines, les différents niveaux de sécurité et le processus décisionnel du SCC. Dans les cas où des renseignements ne peuvent pas être communiqués, il est impératif d’en expliquer la raison.

Contexte

Le 29 mai 2023, le SCC a transféré un détenu notoire d’un établissement à sécurité maximale vers un établissement à sécurité moyenne. Afin de s’assurer que la loi et les politiques avaient été respectées, la commissaire du SCC a ordonné la tenue d’un examen des décisions visant la réévaluation de la cote de sécurité et le transfèrement du délinquant. Le 20 juillet 2023, le Comité d’examen a fourni son rapport final au SCC.

Le Comité a recommandé que « la commissaire mette sur pied, dès que possible, un comité de travail multidisciplinaire ». Le SCC a accepté cette recommandation et rendra compte des progrès au ministre comme il est indiqué dans la Directive ministérielle publiée à l’intention du SCC le 20 juillet 2023.

Plusieurs domaines d’intérêt ont été proposés à des fins d’examen et de suivi par le nouveau comité, à savoir :

Lorsque le SCC a constitué le Comité multidisciplinaire sur les victimes, il a décidé d’étendre ce qui précède à tous les aspects du programme des services aux victimes, y compris aux audiences de la CLCC, afin de recueillir tous les commentaires pertinents dans le cadre de cet exercice.

But et objectifs

Ce comité provisoire s’est appuyé sur son mandat (voir l’annexe A) pour orienter ses travaux. Un ordre du jour couvrant des thèmes clés a été établi pour chacune des réunions et distribué aux membres (voir l’annexe B). Ce dernier était accompagné de documents de référence.

À partir du 17 novembre 2023, le Comité a tenu des réunions hebdomadaires d’une durée maximale de 1,5 heure chacune. Compte tenu des emplacements géographiques des membres, les réunions ont eu lieu virtuellement sur MS Teams.

Voici les objectifs énoncés dans le mandat du Comité :

Les membres du Comité ont été invités à présenter des observations, à fournir des commentaires et à poser des questions librement. Les représentants gouvernementaux participants étaient chargés de soutenir le Comité, présenter de l’information et répondre à toute question touchant leurs domaines d’expertise respectifs.

Composition

Puisque les victimes sont une responsabilité partagée au sein du gouvernement du Canada, le Comité était composé de représentants occupant un poste équivalent à celui de directeur général des ministères et organismes fédéraux suivants :

La commissaire adjointe, Communications et engagement, du SCC a présidé le Comité.

Le Comité comptait 11 membres, dont 4 étaient des victimes/survivants d’actes criminels, 1 possédait une expertise dans le domaine des services correctionnels, et 2 étaient des criminologues (1 possédant une expertise dans le domaine des services correctionnels/services communautaires). Parmi les victimes/survivants d’actes criminels, deux étaient membres d’un comité consultatif régional sur les victimes (CCRV) du SCC et de la CLCC. Le SCC a fourni au Comité tous les services de secrétariat.

De plus, l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels a siégé au Comité à titre de conseiller spécial et a participé à toutes les réunions.

Sommaire des discussions

Les représentants du gouvernement fédéral ont préparé et donné les présentations sur les domaines d’intérêt du Comité d’examen prévues à l’ordre du jour dans le cadre de chacune des réunions tenues pendant 6 semaines. Les membres du Comité étaient ensuite invités à poser des questions, à fournir des commentaires et à formuler librement des préoccupations ou des recommandations. Les discussions et les commentaires qui en sont ressortis sont résumés ci-dessous.

Définition de victime

Dans le cadre de leurs activités, le SCC et la CLCC appliquent la définition de victime au sens de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (LSCMLC). La Charte canadienne des droits des victimes présente toutefois une définition de victime qui diffère de celle dans la LSCMLC.

La discussion portait surtout sur le fait qu’il existe différentes définitions de « victime » dans l’ensemble des administrations et des ordres de gouvernement du Canada, ce qui crée de la confusion et des incohérences dans les services aux victimes et les attentes de celles-ci. Les membres du Comité estiment que des produits de communication plus conviviaux pourraient constituer un puissant outil pour s’assurer que les victimes savent à quoi elles peuvent s’attendre ou ce qu’elles peuvent recevoir du SCC et de la CLCC.

Rétroaction :

Participation des victimes

Les ASV du SCC et les agents régionaux des communications de la CLCC offrent des services de vive voix (par téléphone), par écrit ou par le biais du Portail des victimes sur le Web. Dans les limites prévues par la loi, les victimes ont l’occasion de décider des renseignements qu’elles veulent recevoir, du moment où elles reçoivent ces renseignements et de leur mode de communication. Les organismes estiment qu’il s’agit d’une approche tenant compte des traumatismes que de permettre aux victimes et aux survivants d’actes criminels de faire un tel choix.

Rétroaction :

Communications

Tous les ministères et organismes ont créé des produits d’information (livrets, guides, fiches d’information, etc.), qui sont accessibles en format numérique et papier et sont communiqués le plus possible aux victimes et aux survivants d’actes criminels, ainsi qu’aux organismes d’aide aux victimes et aux réseaux de soutien des victimes. Canada.ca est le site Web central du gouvernement du Canada sur lequel on tente de fournir de l’information à différentes étapes du système de justice pénale, afin de faciliter la navigation pour les victimes. Ce site Web continue d’évoluer, tout comme les stratégies de communication visant les victimes, qui sont souvent un segment difficile à joindre de la population générale. Comme certaines communautés et personnes n’ont peut-être pas accès à un ordinateur ou ont peut-être un faible niveau de littératie numérique, les produits sont accessibles en format papier.

On accorde de plus en plus d’importance à l’utilisation du langage clair et simple pour expliquer les choses, de sorte qu’elles soient plus faciles à comprendre pour tous les lecteurs, y compris ceux ayant des incapacités ou un faible niveau d’alphabétisation. Tous les produits sont conçus conformément aux normes d’accessibilité. Des fiches d’information sont également disponibles dans plusieurs langues autres que l’anglais et le français. Le SCC a souligné qu’il est en train de créer un livret pour mieux décrire les niveaux de sécurité des établissements, lequel sera accessible aux victimes.

Rétroaction :

Rapport d’étape du plan correctionnel

En vertu de la LSCMLC, les victimes ont le droit de demander à recevoir des mises à jour sur les programmes visant à répondre aux besoins et à contribuer à la réinsertion sociale des délinquants auxquels le délinquant participe ou a participé. Le SCC peut, à la demande de la victime (étant donné que ce ne sont pas toutes les victimes qui souhaitent recevoir ce niveau de détail), lui fournir un Rapport d’étape du plan correctionnel (REPC). Le REPC est fourni chaque année ou tous les 2 ans, selon le niveau d’activité par rapport à l’étape où en est rendu le délinquant dans sa peine. Le SCC offre également aux victimes un guide en langage clair et simple pour les aider à comprendre le REPC, lequel est disponible en ligne et en format papier (Rapport d'étape du plan correctionnel : guide à l'intention des victimes : PS84-49/2021E-PDF - Publications du gouvernement du Canada - Canada.ca).

Rétroaction :

Services aux victimes

Le SCC et la CLCC offrent un service d’information en conformité avec la LSCMLC. Les deux organismes orientent les victimes vers des services communautaires offerts par d’autres ordres de gouvernement, dont les coordonnées se trouvent sur le site Web de Justice Canada [Répertoire des services aux victimes (justice.gc.ca)]. Le SCC offre un numéro sans frais qui fait maintenant partie du répertoire des services du 211 à l’échelle du pays. Le SCC et la CLCC font de la sensibilisation partout au pays auprès d’autres organismes d’aide aux victimes et acteurs du système de justice pénale qui agissent à titre d’agents d’orientation pour les services fédéraux d’aide aux victimes.

Rétroaction :

Portail des victimes

Le SCC gère le Portail des victimes, un portail sur le Web qui sert à envoyer de l’information aux victimes et à recevoir de l’information des victimes. Environ un tiers des victimes inscrites utilisent le portail, où elles ont accès à un dépôt numérique de tous les renseignements qu’elles ont reçus au sujet du délinquant qui leur a causé du tort. Elles peuvent également présenter des déclarations de la victime par le biais du Portail.

Rétroaction :

Préoccupations des victimes en lien avec la gestion des cas

Conformément aux politiques du SCC, les préoccupations concernant la sécurité des victimes sont prises en compte dans la prise de décisions et la formulation de recommandations à la CLCC. Les évaluations du risque portent sur le risque que présente le détenu pour la sécurité du public, y compris celle des victimes, ainsi que sur les facteurs suivants (sans toutefois s’y limiter) :

Rétroaction :

Décisions de transfèrement

Le 29 mai 2023, un délinquant notoire sous responsabilité fédérale a été transféré d’un établissement à sécurité maximale vers un établissement à sécurité moyenne. En juillet 2023, l’ancien ministre de la Sécurité publique a donné une directive ministérielle à l’intention du SCC, dans le but de s’assurer qu’une approche tenant compte des traumatismes et de la sensibilité des victimes est intégrée au processus décisionnel en ce qui concerne les transfèrements et les cotes de sécurité. Dans la Directive ministérielle, le ministre demande au SCC :

Il a été noté que le SCC a toujours pris en considération les préoccupations des victimes dans le cadre des décisions de transfèrement, consultant tous les renseignements au dossier, y compris les déclarations de la victime des tribunaux et les déclarations de la victime présentées au SCC. Le SCC a expliqué qu’il sollicitera la participation des victimes plus tôt lorsqu’un transfèrement volontaire est appuyé, afin de déterminer toute considération liée aux victimes en plus de l’information qui figure déjà au dossier.

Rétroaction :

Audiences

Avant la pandémie de COVID-19, les victimes assistaient aux audiences de la CLCC principalement en personne. En réponse à la pandémie, la CLCC a rapidement mis en place une nouvelle technologie pour permettre aux victimes de participer virtuellement aux audiences. Au cours des dernières années, la CLCC a fait d’importants investissements afin d’améliorer la qualité audio et vidéo pour assurer la participation des victimes aux audiences virtuelles. Le taux de réussite actuel (c'est-à-dire. aucune interruption ou déconnexion attribuable à la capacité ou aux limites du système) des audiences par WebEx est de 93 %.

La CLCC déploie des efforts importants pour satisfaire les préférences des victimes en vue de leur participation aux audiences afin qu’elles soient capables d’y participer. Depuis novembre 2022, la CLCC demande aux victimes la méthode de participation aux audiences qu’elles préfèrent et satisfait ces préférences dans la mesure du possible. Selon les données recueillies par la CLCC en 2022 et en 2023, la plupart des victimes ont indiqué qu’elles préféraient participer aux audiences virtuellement plutôt qu’en personne, car cela leur donne un plus grand sentiment de sécurité, leur permet de mieux voir le délinquant et réduit le fardeau en ce qui concerne les déplacements, les congés, le temps passé loin de leur famille, etc. De plus, le Fonds d’aide aux victimes du ministère de la Justice, qui accorde une aide financière aux victimes qui souhaitent assister aux audiences, a accordé une telle aide dans le cas d’audiences virtuelles.

La CLCC continuera d’appliquer une approche harmonisée pour soutenir les victimes, notamment en ce qui a trait aux questions liées aux caméras allumées/éteintes et à l’assignation des sièges, afin de déterminer dans quels cas les victimes peuvent faire un choix. La CLCC continuera de s’assurer d’informer les victimes, lors d’appels préparatoires à l’audience, qu’elles peuvent choisir, entre autres, leur siège ou d’allumer ou d’éteindre leur caméra, afin qu’elles puissent connaître leurs options. La Commission souhaite s’assurer que les victimes savent qu’elles ont des choix et que les audiences peuvent être organisées en conséquence.

La rétroaction est répartie par sous-thèmes ci-après.

Planification, report et annulation des audiences

Audiences virtuelles

Organisation des audiences

Un commentaire a été formulé au sujet de l’organisation des audiences et du fait qu’il faudrait éviter que le délinquant tourne le dos à l’auditoire. Cela a été soulevé comme un problème dans la région du Pacifique, surtout lors d’audiences en personne. Il a été noté qu’il est important que les victimes puissent voir le visage et les réactions du délinquant.

Présence aux audiences

Un membre du Comité a indiqué qu’il serait utile d’informer les victimes de toute autre personne qui pourrait être présente, auquel la CLCC a indiqué être le cas dans la pratique. Les victimes n’ont pas besoin de connaître le nom de ces personnes, mais le fait d’avoir une idée générale du nombre de personnes soutenant le délinquant, d’étudiants, de représentants des médias, etc. permettrait d’éviter les mauvaises surprises. Par exemple, si une victime lit la déclaration et qu’il y a des étudiants dans la salle, elle pourrait ne pas être aussi à l’aise. Toute information pertinente devrait être communiquée le plus tôt possible.

Solutions de rechange aux audiences

Conditions spéciales

Examens

Bien que les délais relatifs aux audiences soient prescrits par la loi, il a été noté qu’un délai de deux ans est trop court pour la tenue d’une audience et qu’un délai de cinq ans serait mieux. Lorsqu’un examen ou une audience vient d’avoir lieu et que la victime doit tout de suite se préparer au prochain examen ou à la prochaine audience, cela peut amplifier les traumatismes. En cas de crime violent et prémédité, il serait utile d’envisager d’accorder plus de temps entre les audiences. Il a été noté que des modifications législatives pourraient se pencher sur ceci.

Plaintes des victimes

Chaque victime qui est d’avis que l’un de ses droits garantis par la CCDV a été enfreint ou refusé par une institution fédérale a le droit de déposer une plainte conformément au mécanisme de dépôt de plainte de cet organisme. Le SCC gère ce mécanisme par le biais de politiques.

Rétroaction :

Le BOFVAC souhaite que les plaintes soient gérées avec plus de compassion. Bien que tous les organismes soient tenus d’avoir un processus en place, le langage employé ne tient pas compte des traumatismes. Il faut examiner les processus et déterminer comment, à l’échelle du gouvernement fédéral, nous pouvons adopter une approche plus réceptive et centrée sur l’aspect humain. Cela signifie qu’il faut chercher à connaître et à comprendre les préoccupations d’une victime et travailler avec elle pour remédier à la situation. La terminologie utilisée, comme les termes « fondée » et « non fondée », n’est pas extraordinaire. Il semble que la CCDV soit utilisée pour limiter les plaintes jugées admissibles plutôt que pour répondre à la plainte et déterminer ce que l’organisme aurait peut-être pu faire mieux.

Sensibilisation aux services aux victimes du SCC et de la CLCC

Les victimes ne reçoivent pas automatiquement des renseignements sur le délinquant qui leur a causé du tort. Si un délinquant purgeant une peine de 2 ans ou plus leur a causé du tort, les victimes sont invitées à s’inscrire auprès du SCC ou de la CLCC pour recevoir des renseignements ou accéder aux services offerts. Le processus d’inscription permet au SCC ou à la CLCC de confirmer que la personne satisfait à la définition d’une victime, ce qui est exigé par la loi avant de pouvoir communiquer des renseignements protégés concernant le délinquant. Ce processus tient compte des traumatismes, puisqu’il permet à la victime de préciser les renseignements qu’elle souhaite recevoir, ainsi que le moment et le mode de communication de l’information.

Toutefois, il demeure difficile de joindre les victimes. Le SCC ne sait pas automatiquement qui sont les victimes et n’a pas leurs coordonnées et/ou leur consentement pour communiquer avec elles de façon proactive. Le projet de loi S12, qui a reçu la sanction royale le 26 octobre 2023, exigera que les tribunaux communiquent le nom et les coordonnées de toute victime qui souhaite recevoir de l’information en vertu de la LSCMLC, ce qui aidera à combler cette lacune.

Rétroaction :

Recommandations

Il convient de noter que les recommandations formulées dans le présent rapport sont celles des membres externes du Comité et de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels. Les représentants gouvernementaux sont assujettis au Code de valeurs et d’éthique du secteur public et doivent demeurer neutres.

Participation et sensibilisation des victimes

  1. Améliorer la convivialité du Portail des victimes. Envisager de mettre sur pied un groupe de discussion chargé d’examiner l’expérience utilisateur et les améliorations à apporter.
  2. Favoriser la sensibilisation à l’information et aux services offerts par le SCC et la CLCC, s’assurer que le matériel est facile à trouver et à lire et que les ressources sont regroupées dans un seul endroit, et mobiliser des groupes de victimes existants pour examiner tout le matériel de communication disponible dans le but d’y apporter des améliorations.
    • Cela comprend notamment d’envisager la possibilité d’apporter des changements au Rapport d’étape du plan correctionnel, y compris à la section « Prochaines étapes », afin que les victimes soient au courant des jalons importants possibles, comme une réévaluation de la cote de sécurité ou un transfèrement.
    • Les niveaux de sécurité « maximale, moyenne et minimale » ne sont pas bien compris par les victimes. Si ces termes ne peuvent être changés, il serait utile et plus rassurant que le SCC explique mieux les différences entre les niveaux de sécurité, par exemple, « un établissement de sécurité moyenne est semblable à un établissement de sécurité maximale; il est doté d’un périmètre hautement sécurisé, comme des clôtures, et permet plus de déplacements au sein du périmètre ».
  3. Envisager d’offrir plus de services aux victimes de façon proactive. Un point d’accès simple et facile devrait être offert à toutes les victimes. Les centres d’appui aux enfants constituent réellement un guichet unique. Les membres du Comité recommandent que ce modèle soit envisagé pour tous les services aux victimes, ce qui permettrait à une victime d’effectuer un seul appel téléphonique et d’avoir un seul organisme comme point de contact qui la guiderait à travers les différents services.
  4. Veiller à ce que les agents des services aux victimes du SCC et les agents régionaux des communications de la CLCC sachent à quel point leur relation avec les victimes et leur rôle sont importants. Fournir d’autres conseils et directives pour améliorer leur service. Sensibiliser davantage tout le personnel chargé de la gestion de cas de délinquants à l’importance d’adopter une approche tenant compte des traumatismes et de veiller à ce que les préoccupations des victimes soient examinées avant qu’elles ne deviennent un problème.
  5. Envisager de lancer un projet pilote visant à améliorer la compréhension et les connaissances au sujet des pavillons de ressourcement (et de ceux visés à l’article 81). Cela pourrait comprendre la participation des victimes dans le processus que les délinquants entreprennent dans les pavillons de ressourcement, et le rôle que jouent les victimes dans leur parcours de guérison.
  6. Envisager la possibilité qu’un ASV puisse continuer de se charger du dossier d’une victime, dans la mesure du possible, même si le délinquant est transféré vers une autre région. Les relations avec les ASV, qui sont souvent développées au fil des ans, améliorent grandement certains aspects de la sécurité psychologique d’une victime et de la continuité des services.

Lois, politiques et processus gouvernementaux

  1. Envisager la possibilité d’établir une seule définition de victime à l’échelle nationale, et ce, pour tous les ordres de gouvernement œuvrant au sein du système de justice pénale. Dans l’intervalle, la définition de victime dans la LSCMLC n’est pas exactement la même que celle dans la CCDV, ce qui devrait être clarifié, sinon corrigé. Les personnes qui travaillent dans ce domaine doivent comprendre que la sécurité ne concerne pas seulement la sécurité physique, mais également la sécurité psychologique et émotionnelle.
  2. La LSCMLC devrait être modifiée pour que la balance penche du côté des victimes, notamment en recommandant clairement que l’on détermine les renseignements qui sont pertinents et importants pour les victimes afin d’en faciliter l’accès. Il s’agirait notamment de communiquer un préavis aux victimes pour tous les transfèrements, ainsi que plus de renseignements au sujet de la cote de sécurité du délinquant.
  3. Sécurité publique Canada devrait dresser une liste de toutes les initiatives et tous les projets positifs entrepris par Sécurité publique, le SCC et la CLCC au cours des derniers mois qui ont été présentés au Comité. Il serait ensuite utile de cerner les lacunes et de déterminer la meilleure façon de les combler (politiques, formation, processus). Il serait également utile d’informer les victimes de ces lacunes et des manières dont on pourrait les consulter ou les mobiliser à l’avenir.

De plus, les membres externes du Comité ont demandé à la CLCC d'envisager de fournir davantage de renseignements avant les audiences afin que les victimes puissent mieux préparer leur déclaration de la victime. Ils ont également noté que la CLCC pourrait fournir une meilleure explication du processus d’audience et envisager de limiter les reports d’audience. Le Comité a demandé à la CLCC de continuer à solliciter les commentaires des victimes sur les modalités des d’audiences et de rechercher des moyens d’améliorer la communication avec les victimes en utilisant un langage clair, simple, opportun et tenant compte des traumatismes.

Conclusion

Comme prochaine étape, le SCC met la dernière main aux révisions à la Directive du commissaire 784 – Engagement des victimes. En 2023, une version révisée a été distribuée, aux fins de consultation, aux intervenants auprès des victimes, dont le BOFVAC, le Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes et les comités consultatifs régionaux sur les victimes du SCC et de la CLCC. La version révisée devrait être finalisée et promulguée d’ici juin 2024.

La Directive du commissaire 786 – Plaintes des victimes fait actuellement l’objet d’un examen. Une version révisée devrait être distribuée aux fins de consultation en 2024.

Nous avons l’occasion de nous assurer que les recommandations formulées dans le présent rapport sont prises en considération lorsque ces politiques seront finalisées, selon le cas.

Le BOFVAC a également présenté un document officiel au Comité permanent de la sécurité publique et nationale (SECU), qui a été distribué au Comité aux fins d’examen. Le document intitulé « Présentation au Comité permanent de la sécurité publique et nationale sur les droits des victimes d’actes criminels, reclassement et transfèrement des délinquants fédéraux » est accessible en ligne.

Les ministères et organismes pertinents examineront tous les documents, y compris le présent rapport, et détermineront les façons de les mettre en œuvre. En plus des travaux réalisés par ce comité, le SCC et la CLCC mobilisent régulièrement et continuellement les victimes et les survivants d’actes criminels par l’entremise des comités consultatifs régionaux sur les victimes du SCC et de la CLCC, ce qui offre la possibilité d’assurer la mobilisation continue des victimes dans le cadre de toute nouvelle initiative.

Pour conclure, nous tenons à remercier tous les membres du Comité de leur participation à cet exercice fort utile, ainsi que de leur temps, de leurs connaissances et de leurs points de vue. Les discussions se sont avérées fructueuses et productives et serviront à améliorer les services aux victimes.

Annexe A – Mandat

Contexte

Le 29 mai 2023, le Service correctionnel du Canada (SCC) a transféré un détenu notoire d’un établissement à sécurité maximale vers un établissement à sécurité moyenne. Afin de s’assurer que la loi et les politiques avaient été respectées, la commissaire du SCC a ordonné la tenue d’un examen des décisions visant la réévaluation de la cote de sécurité et le transfèrement du délinquant. Le 20 juillet 2023, le comité d’examen a fourni son rapport final au SCC.

Le comité a recommandé que « la commissaire mette sur pied, dès que possible, un comité de travail multidisciplinaire ». Le SCC a accepté la recommandation et rendra compte des progrès au ministre comme indiqué dans la Directive ministérielle émise à l’intention du SCC le 20 juillet 2023.

Plusieurs domaines d’intérêt ont été proposés à des fins d’examen et de suivi par le nouveau comité, à savoir :

Considérations

Le Comité prendra en considération la Charte canadienne des droits des victimes ainsi que la Déclaration canadienne des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité, la Loi sur la protection des renseignements personnels et la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. De plus, le Comité tiendra compte des rôles de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels et du commissaire à la protection de la vie privée du Canada, et sollicitera leurs points de vue en tant que conseillers spéciaux.

But

Le Comité de travail multidisciplinaire formulera des recommandations au Service correctionnel du Canada afin d’améliorer les politiques et les pratiques ayant trait à l’engagement des victimes et à la notification aux victimes. Le cas échéant, des recommandations pourraient aussi être fournies à d’autres ministères ou organismes pour qu’ils les examinent si elles relèvent de leur compétence.

Objectifs

Membres

Membres ministériels

La commissaire adjointe, Communications et engagement, du SCC présidera le comité multidisciplinaire.

Puisque les services aux victimes sont une responsabilité partagée au sein du gouvernement du Canada, le comité sera composé à la fois de représentants du SCC et de représentants d’autres ministères et organismes fédéraux, occupant un poste de directeur ou de niveau supérieur, dont :

Membres du public

Des membres du public ayant une expérience vécue et/ou professionnelle :

Conseillers spéciaux

Ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels

Fonctions des membres

Échéancier

Le Comité sera formé pour une durée déterminée. Le SCC bénéficie de la mobilisation continue des victimes dans le cadre des comités consultatifs régionaux conjoints pour les victimes d’actes criminels (CCRV) de la CLCC et du SCC, qui sont composés de victimes d’actes criminels offrant des conseils aux deux organismes. 

L’échéancier sera de 3mois, une fois le comité mis sur pied. Compte tenu de la diversité géographique des membres, les réunions auront lieu virtuellement sur MS Teams.

Langues officielles

Les réunions du Comité seront bilingues. Tous les documents seront fournis dans les deux langues officielles.

Soutien administratif

Le SCC fournira tout le soutien administratif au Comité, notamment la préparation des ordres du jour et des sommaires des discussions. Le SCC fournira les ressources pour rédiger un rapport final que les membres du Comité examineront à des fins d’approbation. 

Les membres du Comité pourraient être invités à assister à des réunions pour présenter leurs conclusions à la haute direction du SCC et à répondre à des questions d’éclaircissement sur le rapport.

Annexe B – Calendrier des réunions

Semaine Date  Theme Détails Documents connexes
1 20 novembre 2023
  • Aperçu du Programme national de services aux victimes du SCC
  • Tour de table – présentation 
  • Examen du mandat
  • Présentation du Programme national de services aux victimes du SCC
  • Présentation – Programme national de services aux victimes du SCC
  • Mandat
2 24 novembre 2023
  • Informations communiquées aux victimes
  • Ce que nous offrons en vertu de l'article 26 de la ​LSCMLC
  • Examen du calendrier des réunions
  • Présentation des Services aux victimes
  • Lecture préalable : Outils utilisés par les Services aux victimes
  • Calendrier
3 1er décembre 2023
  • Fonctionnement de la cote de sécurité et transfèrement 
  • Présentation sur les transfèrements (son fonctionnement y compris les notifications aux victimes) avant et après la DM. 
  • Présentation du secteur OPC du SCC
4 8 décembre 2023
  • Définition de « victime » et considérations relatives à la prise de décision
  • Examen de la définition légale de victime et des éléments pris en compte par le SCC dans son processus décisionnel
  • Présentation des Services aux victimes
  • Lecture préalable des outils
5 15 décembre 2023
  • Audiences de la Commission des libérations conditionnelles et l'équipement disponible pour la participation virtuelle
  • Voir les recommandations du rapport du comité d’examen
  • Audiences - ce qui a changé depuis la pandémie et visioconférence
  • Lecture préalable : recommandations du comité d’examen concernant l’examen de l'infrastructure et de l'équipement informatiques
  • Présentation de la ​CLCC
6 5 janvier 2024
  • Ressources pour les victimes
  • Ressources fédérales pour les victimes, comprenant Le Fonds d'aide aux victimes, le Portail des victimes et le processus d'aiguillage
  • Présentation des ressources du SCC
  • Produits de communications
  • Discussion sur d’autres sujets
  • Présentation (Justice Canada)
7 12 janvier 2024
  • Discussions additionnelles, au besoin
  • Récapitulation et résumé  
  • Récapitulation de ce qui a été discuté et confirmation des recommandations proposées
  • Examen des sections par sujets
8 19 janvier 2024
  • Rédaction du rapport
  • Examen de l’ébauche du rapport
  • Ébauche du rapport
9 26 janvier 2024
  • Discussion sur les changements aux rapport 
  • Finaliser le rapport et les recommandations
  • Ébauche du rapport
10 2 février 2024
  • Dernière réunion et présentation des recommandations
  • Circuler le rapport final et apporter des changements finaux, au besoin
  • Rapport final

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