Innovations militaires de l’armée chinoise dans le secteur des nouvelles technologies

La Chine est résolue à développer une nouvelle génération de technologies militaires qui surpassera celles des États-Unis et changera la nature de la guerre en sa faveur. Bien que sa stratégie d’innovation comprenne l’absorption de technologies occidentales, Beijing insiste aussi sur l’innovation et sur des progrès perturbateurs dans les secteurs de l’intelligence artificielle, des systèmes d’armes téléguidés et des armes à énergie dirigée. Le leadership dans le secteur des technologies quantiques donnera à la Chine un avantage dans les opérations de renseignement offensives et dans le chiffrement. Des systèmes d’armes perfectionnés augmenteront ses possibilités sur le plan géopolitique et sur celui du combat.

La Chine pourrait être sur le point de prendre l’initiative de l’innovation technologique dans le domaine militaire. Beijing applique une stratégie de développement axée sur l’innovation pour transformer son économie et moderniser son arméeNote de bas de page 75  . Au cours du 19e Congrès du Parti tenu en octobre 2017, Xi Jinping a mentionné que le pays ambitionne de devenir une « superpuissance scientifique et technologique » (科技强国)Note de bas de page 76  . Dans de récentes remarques, il a préconisé des découvertes capitales en intelligence artificielle (IA) et souligné les progrès révolutionnaires et rapides réalisés dans les domaines de l’IA et des sciences quantiquesNote de bas de page 77  . Il est clair que la République populaire de Chine (RPC) considère ces technologies stratégiques comme une partie intégrante de la compétitivité économique et des capacités militaires futures du pays. Beijing cherche activement à stimuler l’innovation dans le domaine militaire, résolu à tirer parti des nouvelles technologies pour renforcer la capacité de combat future du paysNote de bas de page 78  . L’Armée populaire de libération (APL) a donné la priorité aux systèmes téléguidés, aux armes à énergie dirigée, à l’IA et aux technologies quantiques. Elle prévoit en outre tirer parti d’une série de projets scientifiques et technologiques ainsi que d’une stratégie nationale d’intégration militaro-civile (军民融合)Note de bas de page 79  .

La stratégie adoptée par la RPC en matière d’innovation dans le secteur des nouvelles technologies et les progrès initiaux qu’elle a réalisés remettent en question notre compréhension des sciences et des technologies de défense chinoises. La campagne d’espionnage industriel « délibérée et parrainée par l’État » de Beijing, qui a eu recours à des moyens licites et illicites pour acquérir des technologies étrangères, a joué un rôle important dans la récente modernisation militaire du paysNote de bas de page 80  . L’innovation de la RPC dans ce domaine continue de dépendre fortement de l’« absorption » de technologies étrangèresNote de bas de page 81  . En effet, Tai Ming Cheung a soutenu que « les transferts de connaissances et de technologies extérieures et la capacité croissante de l’industrie de la défense d’absorber ces intrants et de les convertir en extrants localisés sont les éléments qui ont eu le plus d’incidence » sur la récente relance de l’industrie de la défense chinoiseNote de bas de page 82  . Il serait réducteur de qualifier la Chine de simple copieuse, mais il est clair que la façon dont elle conçoit l’« innovation indigène » a souvent été un oxymoron, étant donné sa stratégie axée sur « l’introduction, la digestion, l’assimilation et la ré‑innovation » (IDAR)Note de bas de page 83  . Toutefois, ce paradigme n’explique pas toutes les innovations militaires qui voient le jour à l’heure actuelle en RPC, certaines nouvelles technologies donnant à penser que l’innovation de l’armée chinoise a atteint une phase critique.

La priorité accordée à l’innovation militaire est de plus en plus évidente dans les stratégies et les communiqués officiels. Lors d’une séance d’étude du Bureau politique en août 2014, l’accent a été mis sur l’émergence d’une « nouvelle révolution militaire » catalysée par les progrès rapides dans le secteur des sciences et de la technologie, notamment dans l’IANote de bas de page 84  . À ce moment‑là, Xi Jinping a exhorté la Chine à « stimuler vigoureusement l’innovation militaire » par l’innovation technologique et l’« innovation incessante » en matière de théorie militaireNote de bas de page 85  . De même, il était indiqué dans le livre blanc officiel de la défense nationale, Stratégie militaire de la Chine, publié au milieu de 2015, que la révolution militaire mondiale « est en train de franchir un nouveau cap » étant donné la sophistication croissante des armements et du matériel précis, à longue portée, intelligents, furtifs et téléguidésNote de bas de page 86  . Dans ses remarques subséquentes, Xi Jinping a toujours réitéré l’importance d’une stratégie « axée sur l’innovation » (创新驱动) pour les développements civils et militairesNote de bas de page 87  , appelant la Chine à prendre les rênes (制高点) de la future concurrence militaireNote de bas de page 88  .

L’importance que Beijing accorde à l’innovation militaire a été accrue et influencée par le lancement de la Troisième stratégie de compensation (第三次“抵消战略”) des États-Unis et les initiatives successives d’innovation dans le domaine de la défense. Des stratèges et des spécialistes bien connus de l’APL ont suivi de près l’évolution de la Troisième stratégie depuis sa mise en place. Pour les analystes de la défense de l’APL, cette initiative vise directement la Chine et représente une menace éventuelle pour elle. Ils condamnent cet effort déstabilisant qui exacerbe les tensions. Selon un spécialiste du Département des études militaires étrangères de l’Académie des sciences militaires de l’APL, l’objectif de la Troisième stratégie est fondamentalement de perfectionner des systèmes d’armes et des technologies perturbatrices qui visent principalement la Russie et la ChineNote de bas de page 89  . Il considère que cette tentative des Américains pour « continuellement renforcer leurs capacités d’intervention et de combat » contre un « ennemi imaginaire » est susceptible d’« augmenter le risque d’une crise militaire Note de bas de page 90  ». De même, plusieurs analystes de la défense chinois s’attendent à ce que cette recherche « hégémonique » de technologies perturbatrices « entraîne une nouvelle détérioration du contexte de sécurité mondialNote de bas de page 91  . » Xiao Tianliang (肖天亮), qui était alors vice‑commandant de l’Université de la défense nationale de l’APL, est d’avis que cette nouvelle stratégie de compensation des États-Unis témoigne d’un « afflux de technologies » destiné à maintenir une supériorité stratégique et s’attend à ce que « le premier qui parviendra à réaliser une percée dans le secteur des technologies perturbatrices et à en posséder [...] aura l’avantage stratégique décisif en matière de développement militaireNote de bas de page 92  . » Un chercheur de la nouvelle Force de soutien stratégique de l’APL a souligné que, comme les nouvelles technologies catalysent des changements rapides, « quiconque s’emparera de la tête […] orientera la transformation de la guerre du futurNote de bas de page 93  . » L’élément déterminant pour remporter une victoire militaire pourrait passer de la supériorité sur le plan de l’information à la supériorité sur le plan de l’intelligence (智能优势), et du domaine de l’information au domaine cognitifNote de bas de page 94  .

Au-delà de l’aspect technologique de l’innovation militaire, l’APL passe des hypothèses aux expériences et même, dans certains cas, à la mise en œuvre initiale au moment où elle tente d’accélérer l’innovation militaireNote de bas de page 95  . Elle a entrepris d’étudier et d’évaluer les répercussions éventuelles des nouvelles technologies sur la rivalité militaire du futur. Tout en suivant de près les programmes d’innovation militaire des États-Unis et en cherchant à apprendre d’eux, les chercheurs chinois de la défense commencent à formuler leurs propres théories sur les changements éventuels dans la nature des conflits qui pourraient résulter de l’introduction de l’IA et des technologies quantiques sur les champs de bataille de demain. Les stratèges chinois estiment que ces nouvelles technologies transforment la nature des conflits et jouent un rôle de catalyseur, accélérant la course à l’innovation dans le domaine de la défense. Il convient de signaler que des documents faisant autorité, comme l’édition de 2013 de La Science de la stratégie militaire publiée par l’Académie des sciences militaires de l’APL, faisaient allusion aux « premiers signes » de la guerre du futur « sans pilote, intangible et silencieuse » (“无人、无形、无声”战争) et à l’évolution vers l’intelligentisationNote de bas de page 96  . Plus particulièrement, les auteurs ont constaté que les technologies intelligentes, téléguidées, furtives et autres technologies « nouveau concept » (新概念) tendaient toutes à l’intégration, au moment où elles sont en voie de jouer un rôle important sur les champs de bataille de demain. À leur avis, ces tendances nécessitent l’apport de « changements révolutionnaires » aux théories opérationnelles, aux formules opérationnelles et aux formes de guerre du futur, de même qu’à la composition des forces arméesNote de bas de page 97  . Selon un autre document de l’Académie des sciences militaires, le degré d’« intelligentisation » des méthodes des opérations d’information devrait « augmenter sans cesse »Note de bas de page 98  . Dans l’ensemble, l’APL s’attend à ce que la guerre informatisée (信息化) d’aujourd’hui se transforme en une guerre « intelligentisée » (智能化), dans laquelle l’IA et d’autres nouvelles technologies seront essentielles à la puissance militaire.

Priorités de l’innovation militaire chinoise

Le présent article donne un aperçu des percées novatrices dignes de mention de la Chine dans plusieurs domaines, dont les systèmes téléguidés, les armes à énergie dirigée, l’intelligence artificielle et les technologies quantiques.

Systèmes téléguidés

L’APL déploie beaucoup d’énergie pour accomplir des progrès en robotique militaire et en systèmes téléguidés. Jusqu’ici, elle a mis en service une série de véhicules aériens sans pilote (drones), tout en développant et, dans une certaine mesure, en mettant en service des véhicules sous-marins sans équipage, des véhicules terrestres sans pilote et des véhicules de surface sans équipageNote de bas de page 99  . Ainsi, pour les opérations de reconnaissance intégrée et les frappes de précision, sa Force aérienne emploie le GJ-1 (Gongji-1, 攻击-1), un drone moyenne altitude, longue endurance (MALE) à peu près comparable au Predator américain, et elle pourrait bientôt mettre en service le GJ-2, son successeur qui est plus près du Reaper sur le plan des capacités. Pour sa part, la Marine de l’APL utilise le BZK-005, principalement pour la surveillance, ainsi que des systèmes plus tactiques comme l’ASN-209, pour les relais de communications et les contre-mesures électromagnétiques. De son côté, l’industrie chinoise de la défense mène activement des travaux de recherche et de développement sur un éventail de systèmes téléguidés de pointe, dont certains possèdent des capacités de furtivité, de vol en groupe, de vol supersonique ou de vol hypersonique.

Les systèmes téléguidés pourraient être le « fer de lance » des efforts de l’APL pour affirmer et défendre les revendications territoriales de la Chine, en assurant une présence persistante dans les eaux ou les territoires contestés. Ainsi, l’utilisation de véhicules sous-marins et de surface sans équipage dans les mers de Chine orientale et méridionale pourrait donner plus de poids aux revendications territoriales de la Chine, tout en renforçant les capacités de guerre anti‑sous‑marine. Il est aussi probable que les sous-marins de la prochaine génération tireront parti des systèmes intelligents téléguidés, qui pourraient être de plus en plus présents dans le domaine maritimeNote de bas de page 100  . Comme le secteur privé en Chine mène des travaux de recherche sur l’automobile autonome parallèlement aux activités de développement de véhicules terrestres intelligents sans pilote, les efforts considérables déployés par NORINCO et plusieurs concurrents (de type DARPA) pourraient en accélérer la mise au pointNote de bas de page 101  et Note de bas de page 102 . L’APL est en bonne voie de mettre en service des systèmes téléguidés de pointe dont les degrés d’autonomie iront croissant, tout en exportant ces systèmes partout dans le monde, assurant ainsi leur transfert à une série d’acteurs étatiques et non étatiques.

Armes à énergie dirigée

Les chercheurs de l’APL travaillent sans relâche sur une série d’armes à énergie dirigée, dont des lasers de forte puissance, des armes micro-ondes de forte puissance (AMFP) et des canons à rail. Leurs progrès dans les AMFP semblent fulgurants, par rapport au bilan résolument mitigé des États-Unis dans ce domaine. En janvier 2017, le sous-directeur du Northwest Institute of Nuclear Technology (西北核技术研究所), Huang Wenhua (黄文华), a reçu le premier Prix du progrès national des sciences et technologies pour ses recherches sur les armes à énergie dirigéeNote de bas de page 103  . Dans son discours, il a indiqué que le système en question avait d’abord été testé avec succès en novembre 2010 dans le nord-ouest de la Chine, et que son équipe aurait fait des « percées importantes » depuisNote de bas de page 104  . Cette AMFP pourrait être destinée dans un premier temps à servir de système antimissile (反导系统), notamment sur des naviresNote de bas de page 105  . Cette capacité de neutralisation par déroutement, prometteuse et efficace, pourrait aussi avoir des applications à titre d’arme antisatellite ou être combinée à une ogive pour triompher des défenses aériennes de l’ennemi.

En février 2018, des images apparues sur Twitter semblaient montrer qu’un canon à rail avait été installé sur un navire de débarquement de type 072III (le Haiyang Shan no 936) de la Marine de l’APLNote de bas de page 106  . Si tel est bien le cas, la Marine de l’APL a battu celle des États-Unis en déployant cette nouvelle capacité perturbatriceNote de bas de page 107  . La Chine et les États‑Unis mènent des travaux de recherche et de développement sur les canons à rail depuis plusieurs années, parce qu’ils sont tous les deux conscients de leurs avantages éventuels, notamment leur portée, leur vitesse (qui pourrait être supérieure à Mach 7) et leur coût abordable. Ce récent succès apparent de la Chine repose sur les travaux de longue date de ses chercheurs, sous la direction du contre-amiral Ma Weiming. Des progrès semblables dans les technologies électromagnétiques lui permettent de construire le système de lancement électromagnétique de la Marine de l’APL pour de futurs porte-avions et des systèmes intégrés de propulsion électrique pour de futurs navires de guerre. Ces progrès ont probablement été rendus possibles non seulement par des recherches poussées de longue date, mais aussi par l’acquisition d’une entreprise britannique, Dynex Semiconductor, possédant une expertise et des moyens particuliers dans ces technologiesNote de bas de page 108  , qui seront d’importants catalyseurs des capacités navales de la Chine à l’avenir.

Intelligence artificielle

L’APL cherche à exploiter la révolution de l’IA pour dépasser les États-Unis et, du même coup, à bénéficier d’un avantage militaire décisif face à ses rivaux régionaux. L’état-major interarmées de la Commission militaire centrale lui a ordonné de tirer parti du « potentiel extraordinaire » de l’IA dans la planification, l’aide à la décision et le commandement opérationnelNote de bas de page 109  . De plus, il s’est prononcé en faveur de l’application des mégadonnées, de l’infonuagique, de l’IA et d’autres technologies de pointe à la mise sur pied d’un système de commandement des opérations interarméesNote de bas de page 110  . Selon le lieutenant-général Liu Guozhi (刘国治), directeur de la Commission des sciences et de la technologie de la Commission militaire centrale, l’IA accélérera le processus de transformation militaire en provoquant des changements fondamentaux dans la programmation des unités militaires, les systèmes opérationnels, les équipements combinés et les modèles de génération de la puissance de combat, entraînant en fin de compte une profonde révolution militaireNote de bas de page 111  . Il prévient qu’« il faut profiter des technologies perturbatrices pour changer les paradigmes (弯道超车), parce que ceux qui ne perturbent pas, seront perturbésNote de bas de page 112  et Note de bas de page 113 ! »

En s’appuyant sur son plan d’informatisation en cours, l’APL cherche à faire progresser l’« intelligentisation » (智能化) dans la prochaine étape de sa modernisation, son objectif étant d’utiliser l’IA comme multiplicateur de force pour ses futures capacités de combat. Les travaux de recherche et de développement de la Chine vont bon train dans une série d’applications militaires de l’IA, dont les systèmes sans pilote autonomes et intelligents; la fusion des données, le traitement des informations et l’analyse des renseignements facilités par l’IA; les jeux de guerre, les simulations et l’entraînement; la défense, l’attaque et le commandement dans la guerre de l’information; le soutien intelligent au processus décisionnel de commandement. L’industrie chinoise de la défense a réalisé des progrès considérables dans le domaine de l’intelligence en essaim, par exemple, et semble susceptible de continuer d’en faire. En juin 2017, la Société chinoise de technologie électronique en a fait la démonstration en mettant à l’essai 119 drones à voilure fixe, battant son record précédent de 67. Dans une exposition, le Musée militaire de la Chine décrit un système de combat de drones en essaim (无人机蜂群作战系统), des essaims étant utilisés à des fins de reconnaissance, de brouillage et d’assaut (群打击) contre un porte-avions.

Technologies quantiques

Les progrès rapides de la Chine dans les technologies quantiques à double usage pourraient aussi avoir des répercussions militaires et stratégiques à long termeNote de bas de page 114  . Jusqu’ici, il est clair que la Chine devient un chef de file dans la recherche et le développement en cryptographie quantique, tout en se dotant d’une infrastructure nationale de communications quantiques qui pourrait mieux protéger les communications militaires et gouvernementales sensibles contre les capacités de renseignement électromagnétique et de cyberespionnage d’adversaires éventuelsNote de bas de page 115  . Le principal physicien quantique du pays, Pan Jianwei (潘建伟), a affirmé que « la Chine est parfaitement capable d’utiliser pleinement les communications quantiques dans une guerre locale. Les travaux de développement de demain s’orienteront vers l’utilisation de satellites relais pour réaliser des communications quantiques et assurer un contrôle qui couvre toute l’arméeNote de bas de page 116  . » Le gouvernement chinois bâtit également un Laboratoire national d’informatique quantique (量子信息科学国家实验室) dans la province d’Anhui, qui deviendra le plus grand établissement de recherche quantique au mondeNote de bas de page 117  et Note de bas de page 118 . Ce nouveau laboratoire national cherchera à faire des percées en informatique quantique et mènerait des recherches « d’utilisation immédiate » pour les forces armées chinoisesNote de bas de page 119  .

Les équipes américaines sont toujours en tête en informatique quantique. La Chine y est venue quelque peu tardivement et a néanmoins rapidement commencé à faire des progrès dans cette course pour développer des capacités informatiques particulièrement puissantes susceptibles de casser la plupart des formes existantes de chiffrement. En mars 2017, une équipe de scientifiques chinois de l’Université des sciences et de la technologie de la Chine, du Laboratoire d’informatique quantique CAS-Alibaba, de l’Institut de physique de l’Académie des sciences de Chine et de l’Université de Zhejiang a réussi à intriquer dix bits quantiques supraconducteurs, une étape importante vers l’informatique quantique du futur, battant ainsi le record de neuf établi par GoogleNote de bas de page 120  et Note de bas de page 121 . L’industrie chinoise de la défense mène aussi divers projets de recherche et de développement en détection et en métrologie quantiques, notamment sur les radars quantiques, qui pourraient éventuellement miner les capacités de furtivité, et sur la navigation quantique, qui pourrait se substituer au GPS. Il reste à voir quelle sera la trajectoire de ces technologies, mais la possibilité qu’elles perturbent l’actuel rapport de force militaire, et même stratégique, doit être prise en considération.

L’avenir de l’innovation militaire chinoise

Beijing semble être conscient de l’occasion formidable que ces nouvelles technologies représentent. Certes, les États-Unis possèdent un avantage militaro-technique incontesté et sont effectivement aux avant-postes de la guerre axée sur l’information, mais les règles du jeu sont en train de devenir beaucoup plus équitables. La Chine mène d’ambitieux mégaprojets dans des domaines dans lesquels elle réalisera des investissements stratégiques à long terme. Les progrès qu’elle a accomplis dans les systèmes téléguidés, les armes à énergie dirigée, l’intelligence artificielle et les technologies quantiques montrent clairement qu’elle aspire à innover de façon vraiment originale (原始), voire « radicale » (源头), et qu’elle a fait les premiers pas en ce sensNote de bas de page 122  . Si les dirigeants chinois s’aventurent aux confins de l’innovation militaire, c’est parce qu’ils y voient une chance de surpasser les États-Unis et d’occuper la première place dans le domaine des technologies « stratégiques de première ligne », tout en expérimentant de nouvelles façons de faire la guerre qui dépassent (弯道超车) et changent les paradigmes de la puissance militaire pour bénéficier d’un futur avantage stratégiqueNote de bas de page 123  .

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