Menaces à la sécurité nationale du Canada

Pandemie de COVID-19

La pandémie a accentué l’importance des interventions pangouvernementales en situation d’urgence. Des spécialistes de l’appareil canadien de la sécurité et du renseignement ont travaillé en étroite collaboration avec l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, Services publics et Approvisionnement Canada, le Secrétariat du Conseil du Trésor et les Forces armées canadiennes, entre autres, pour soutenir les efforts du gouvernement du Canada dans la lutte contre la pandémie.

Depuis le début de la pandémie, le SCRS est témoin d’activités liées à la menace qui sont à la fois persistantes et sophistiquées. Ces activités, parrainées par des États, causent des dommages à des entreprises canadiennes et ont des répercussions croissantes sur les avoirs essentiels et l’économie du savoir au Canada.

Le SCRS travaille donc de près avec ses partenaires gouvernementaux afin de s’assurer que le plus grand nombre possible d’entreprises canadiennes et d’ordres de gouvernement sont au courant du contexte de la menace et qu’ils disposent des informations nécessaires pour instaurer des mesures de sécurité préventives. Il mène des activités de sensibilisation auprès, par exemple, des organisations qui interviennent dans la chaîne d’approvisionnement et des groupes industriels connexes, sur les risques liés aux réseaux d’approvisionnement logistique. Ces activités montrent bien comment le SCRS s’emploie à informer des intervenants non traditionnels pour s’assurer de protéger la population et les intérêts du pays.

Le SCRS continuera de collaborer étroitement avec les autres membres de l’appareil canadien de la sécurité et du renseignement ainsi qu’avec ses partenaires étrangers afin d’aider à protéger les mesures qui sont prises pour lutter contre la pandémie au Canada. Il continuera aussi de collaborer avec eux pour protéger les secteurs visés contre toute menace pour la sécurité nationale.

Ingérence étrangère et espionnage

Un volet essentiel du mandat du SCRS est d’enquêter sur les menaces que représentent l’espionnage et les activités influencées par l’étranger et de conseiller le gouvernement du Canada à cet égard. Au sens de la Loi sur le SCRS, les activités influencées par l’étranger désignent les activités qui « sont préjudiciables [aux intérêts du Canada], et qui sont d’une nature clandestine ou trompeuse ou comportent des menaces envers quiconque ». De telles activités, communément appelées « ingérence étrangère », ont presque toujours pour but de servir les intérêts d’un pays étranger au détriment des intérêts canadiens. L’ingérence étrangère vise les Canadiens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Elle peut être menée par des entités étatiques ou non, y compris avec l’aide d’intermédiaires et de collaborateurs.

Les activités d’ingérence étrangère au Canada demeurent complexes, omniprésentes et incessantes. Sont pris pour cibles actives des institutions de tous les ordres de gouvernement, des organisations du secteur privé, des groupes de la société civile et des communautés canadiennes. L’ingérence étrangère mine les institutions démocratiques du Canada et les actes d’intimidation et de coercition auxquels des acteurs étatiques hostiles se livrent à l’endroit de communautés canadiennes constituent une menace pour la souveraineté du Canada ainsi que pour la cohésion sociale et la sécurité nationale. En juillet 2021, le SCRS a fait paraître un rapport public intitulé Menaces d’ingérence étrangère visant les processus démocratiques du Canada. La publication de ce rapport s’inscrivait dans les efforts que le SCRS déploie pour protéger les institutions et processus démocratiques et sensibiliser la population canadienne à cette menace grave. Des États peuvent recourir à l’ingérence étrangère contre les processus et institutions démocratiques du Canada pour atteindre leurs objectifs stratégiques à très court, à moyen et à long terme; ils peuvent prendre pour cible tous les ordres de gouvernement. Comme le monde se fait de plus en plus petit et compétitif, des États font tout ce qui est en leur pouvoir pour favoriser leurs propres intérêts et s’assurer une position avantageuse alors que la situation géopolitique change rapidement.

Techniques d’ingérence étrangère employées par des acteurs étatiques 
  • Subtilisation d’informations
    • manipuler une personne, au cours d’une conversation informelle, de manière à ce qu’elle révèle des informations utiles et sensibles.
  • Démarches intéressées
    • nouer une relation ou des liens d’amitié solides avec une personne pour la manipuler et obtenir des faveurs et des informations utiles.
  • Coercition
    • exercer un chantage ou proférer des menaces contre une personne pour qu’elle fournisse un accès ou des informations utiles.
  • Corruption et financement illégal
    • se servir d’une personne comme intermédiaire dans le cadre d’activités de corruption ou de financement illégal.
  • Cyberattaques
    • compromettre des appareils électroniques par différents moyens, dont l’expédition de courriels de piratage psychologique (harponnage, rançongiciel, maliciel).
  • Désinformation
    • faire circuler de fausses informations dans les médias sociaux de façon à donner de l’importance à un message en particulier ou à provoquer les utilisateurs, et ce, pour favoriser ses propres intérêts.

Des services de renseignement hostiles continuent de mener des activités de recrutement de sources et de collecte de renseignements auprès de Canadiens. À titre d’exemple, les services de renseignement de la République populaire de Chine (RPC) se livrent à des opérations relevant de l’espionnage traditionnel, mais se servent également d’agents de collecte non professionnels, c’est à dire de personnes qui n’ont reçu aucune formation officielle en renseignement et qui possèdent une expertise utile (p. ex. scientifiques, gens d’affaires). Dans certains cas, ces personnes sont recrutées dans le cadre de programmes de recherche de talents (bourses d’études, voyages parrainés, chaires de professeurs invités, etc.) et par d’autres méthodes non transparentes au Canada. Le Programme des mille talents de la RPC n’est qu’un exemple parmi d’autres, car nombreux sont les États qui mettent en œuvre des plans de recrutement de talents universitaires. Les États qui parrainent des activités de transfert de technologie au Canada profitent de la nature ouverte, transparente et collaborative de la société civile, du secteur privé et du gouvernement canadiens. Dans le cadre de leurs activités d’ingérence, ils peuvent également cultiver des relations avec des personnes influentes et tenter de les gagner à leur cause afin d’influencer les décisions et les discours sur les enjeux qui les intéressent.

Il existe de nombreuses techniques d’ingérence étrangère, dont la tenue de campagnes de désinformation. En effet, des États hostiles diffusent activement de fausses informations dans le but de discréditer les institutions gouvernementales canadiennes, de miner la cohésion sociale au pays et de renforcer leur influence de façon à atteindre leurs objectifs stratégiques.

Le SCRS sait que plusieurs entités militaires et de renseignement de la Russie mènent une guerre de l’information qui vise l’Ukraine. Leurs activités incluent la diffusion de fausses informations et de propagande pour tenter de présenter l’Ukraine et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) comme les véritables agresseurs dans le conflit qui fait rage. Les efforts de la Russie ont pour but d’amener les pays occidentaux à croire que l’Ukraine a provoqué un conflit mondial.

Des acteurs étatiques hostiles continuent de surveiller et d’intimider des communautés canadiennes au moyen de tactiques et d’outils variés; les diasporas étant ciblées de manière disproportionnées. Par exemple, ces acteurs étatiques mènent des activités de cyberespionnage au moyen des plateformes de médias sociaux et profèrent des menaces visant à réduire au silence les personnes qui parlent publiquement contre leur régime.

Le 8 janvier 2020, les Gardiens de la révolution islamique (GRI) en Iran ont abattu le vol PS752 du transporteur aérien Ukraine International Airlines près de Téhéran. Les 176 passagers et membres d’équipage – dont 55 possédaient la citoyenneté canadienne et 30 avaient le statut de résident permanent au Canada – sont décédés. Depuis, le SCRS appuie les démarches du gouvernement du Canada dans ce dossier prioritaire; il a notamment collaboré au rapport Tragédie du vol 752 d’Ukraine International Airlines : Analyse des faits, publié le 24 juin 2021. Le SCRS poursuit son enquête sur des informations crédibles selon lesquelles des auteurs de menace liés à des intermédiaires de la République islamique d’Iran ont harcelé et intimidé des membres de la parenté (établis au Canada) de victimes du vol PS752. De telles activités peuvent constituer de l’ingérence étrangère.

Le SCRS continuera d’enquêter sur les menaces que l’espionnage et l’ingérence étrangère constituent pour les intérêts du Canada et de chercher à les contrer en collaborant étroitement avec ses partenaires canadiens et étrangers. Pour signaler tout cas d’espionnage et d’ingérence étrangère, le SCRS encourage la population à composer le 1-800-267-7685 ou à visiter le site Canada.ca/SCRS et à cliquer sur le lien « Signaler des informations relatives à la sécurité nationale ». Si une personne court un danger immédiat, il convient de communiquer avec le service de police local

Signaler des informations relatives à la sécurité nationale

1-800-267-7685

Canada.ca/SCRS

Si une personne court un danger immédiat, il vovient de communique avec le service de police local.

Sécurité du processus électoral

Le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement visant les élections (MSRE) est une équipe pangouvernementale qui coordonne les efforts de collecte et d’analyse en ce qui concerne les menaces pour le processus électoral canadien. Le Groupe de travail sur les MSRE est composé de spécialistes du SCRS, de la Gendarmerie royale du Canada, d’Affaires mondiales Canada et du Centre de la sécurité des télécommunications.

Le gouvernement du Canada a créé le Groupe de travail sur les MSRE en 2019 parce qu’il prenait conscience de la menace d’ingérence étrangère que des acteurs étatiques hostiles faisaient peser sur les processus démocratiques. Le Groupe de travail sur les MSRE fait office de principal mécanisme de surveillance de la menace d’ingérence de la part d’États hostiles pendant les élections. Il détermine les conditions à satisfaire pour que le gouvernement du Canada informe la population de la menace ou prenne les mesures nécessaires pour l’atténuer, au besoin.

En 2021, le Groupe de travail sur les MSRE a tenu sa première conférence pangouvernementale sur la sécurité dans les élections à l’Administration centrale du SCRS. Cette conférence s’adressait aux fonctionnaires travaillant à l’organisation d’élections libres et justes pour la population canadienne. Elle avait pour but d’informer les participants sur la menace d’ingérence étrangère et la menace que représentent les adeptes de l’EVCI qui cherchent à profiter des élections pour tenter de dissuader les citoyens de prendre part à ce processus démocratique ou pour commettre des actes de violence. Cette conférence a préparé le terrain en vue d’une collaboration accrue entre les différents services et organismes; voici quelques exemples:

Sécurité économique

Dans un monde qui se caractérise par la concurrence économique et les affrontements géostratégiques, les auteurs de menace parrainés par des États cherchent à atteindre leurs objectifs stratégiques sur le plan politique, économique et militaire au moyen d’investissements et de transactions commerciales au Canada. Des États étrangers tentent de s’approprier ou de contrôler des technologies, des données et des infrastructures essentielles sensibles pour renforcer les moyens dont disposent leurs forces militaires et leurs services de renseignement. Ils cherchent à freiner la croissance économique du Canada, à exercer une coercition économique contre le Canada et à mener des opérations de renseignement contre la population canadienne et les intérêts canadiens. De telles activités représentent une menace pour la sécurité nationale du Canada et sa prospérité économique à long terme.

L’évaluation des activités économiques des acteurs étatiques hostiles – et la tenue d’enquêtes sur ces activités – constitue une priorité pour le SCRS. Tout au long de la pandémie de COVID 19, des auteurs de menace étrangers ont continué d’exploiter le contexte socioéconomique pour faire progresser leurs intérêts. Des auteurs de menace tentent toujours d’accéder à des informations canadiennes précieuses par l’entremise des quatre portes de la sécurité économique : les importations et exportations, les investissements, le savoir et les licenses. Les activités liées à la menace comprennent l’espionnage traditionnel, le cyberespionnage, les investissements étrangers pernicieux, la manipulation d’importations et d’exportations, l’exploitation de licences et de droits et l’espionnage des travaux de recherche et développement d’établissements universitaires et d’entreprises privées.

En 2021, le SCRS a aidé le gouvernement du Canada à mettre sur pied un projet sur la sécurité de la recherche au Canada. L’objectif consiste à s’assurer que les ressources canadiennes du secteur de la recherche universitaire sont utilisées à bon escient pour favoriser le leadership scientifique et la prospérité économique du Canada. En effet, il faut éviter que des États hostiles gagnent à leur cause des intervenants du milieu de la recherche et obtiennent des avantages sur le plan de la défense, de l’économie et du renseignement au détriment des intérêts et des valeurs du Canada.

Dans le contexte de la COVID-19, le SCRS a mené, sous l’angle de la sécurité nationale, un examen approfondi des investissements liés à la santé publique et des menaces qui pèsent sur la chaîne d’approvisionnement en biens et services essentiels

Cybermenaces

Le Canada demeure une cible pour les cyberactivités d’espionnage, de sabotage, d’ingérence étrangère et de terrorisme, qui représentent des menaces graves pour la sécurité nationale, les intérêts et la stabilité économique du Canada. Les cyberacteurs mènent des activités malveillantes pour servir leurs intérêts politiques, économiques, militaires, sécuritaires et idéologiques. Ils cherchent à compromettre les systèmes informatiques du gouvernement et ceux du secteur privé en manipulant leurs utilisateurs ou en exploitant des failles de sécurité.

Compte tenu des cyberoutils de pointe qui sont conçus et vendus par des sociétés commerciales, des pays et des acteurs étatiques étrangers qui ne représentaient pas une menace importante par le passé disposent dorénavant de nouveaux moyens de collecte. Les services offerts par ces sociétés ont des applications à la fois défensives et offensives. Les outils en question permettent à un nombre croissant d’intervenants de se livrer à l’espionnage et au sabotage, de menacer des civils, d’ébranler les valeurs démocratiques et d’exercer une influence étrangère. D’après des informations de sources ouvertes, nombre de régimes autoritaires ont utilisé de tels outils contre des avocats, des journalistes, des politiciens et des défenseurs des droits de la personne.

La pandémie de COVID-19 a accéléré la transformation numérique de la société, ce qui augmente les risques de cyberespionnage et de perturbation. Le nombre d’ententes de télétravail dans les secteurs public et privé a connu une hausse considérable, à l’instar de la quantité d’informations sensibles dont des acteurs étatiques hostiles peuvent se servir pour mener des activités de collecte contre leurs cibles. Les auteurs de cybermenaces peuvent exploiter des appareils et des réseaux privés compromis, qui ne sont généralement pas dotés de mécanismes de cybersécurité de pointe.

Les cyberacteurs liés à la République populaire de Chine (RPC) continuent de prendre pour cible plusieurs secteurs essentiels au Canada. En 2021, des acteurs parrainés par la RPC ont lancé contre les serveurs de Microsoft Exchange une opération à l’aveugle; plusieurs milliers d’entités canadiennes ont ainsi été exposées à un risque. Étaient au nombre des victimes des gouvernements, des groupes de réflexion sur les politiques, des établissements universitaires, des chercheurs sur les maladies infectieuses, des cabinets d’avocats, des entrepreneurs du secteur de la défense et des détaillants.

Les cyberacteurs russes demeurent également une menace pour le Canada. En avril 2021, le Canada et ses alliés ont attribué publiquement une campagne de cyberespionnage au Service du renseignement extérieur (SVR) de la Russie. Les auteurs de cette campagne ont inséré des maliciels dans un mécanisme de mise à jour d’un logiciel de gestion de réseau publié par SolarWinds, une entreprise américaine de technologie. Ils ont ainsi eu la possibilité d’installer des portes dérobées dans les réseaux leur permettant d’accéder aux réseaux de milliers de clients issus des secteurs public et privé. Des centaines d’entités canadiennes ont téléchargé une version infectée du logiciel, mettant en danger des données personnelles et de la propriété intellectuelle.

Les attaques par rançongiciel constituent un autre type de cybermenace qui pèse sur la sécurité nationale. Les auteurs de telles attaques utilisent un maliciel qui menace de publier les données des victimes ou de bloquer l’accès à ces données à moins qu’une rançon ne leur soit versée. Les acteurs étatiques ont de plus en plus recours à des tactiques relevant de la cybercriminalité, souvent par l’entremise d’intermédiaires, pour atteindre leurs objectifs et dissimuler leur rôle. En donnant accès à d’énormes quantités de données appartenant aux victimes, les attaques  par rançongiciel peuvent profiter aux acteurs étatiques étrangers qui souhaitent accumuler des données pouvant appuyer leurs collectes de renseignements. Quand de telles attaques donnent lieu à de graves perturbations, ces acteurs étatiques étrangers peuvent également bénéficier du chaos qui en résulte, celui-ci pouvant renforcer leurs discours idéologiques

Lutte contre la prolifération

La prolifération des armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN), communément appelées « armes de destruction massive (ADM) », et de leurs vecteurs constitue un défi pour la communauté internationale et une menace grave pour la sécurité du Canada et de ses alliés. Elle affaiblit l’ordre mondial fondé sur des règles, exacerbe les tensions à l’échelle internationale et peut même provoquer des conflits armés dans certaines régions du monde.

Des États étrangers poursuivent leurs activités clandestines en vue de se procurer une série de technologies et de biens sensibles, réglementés et à double usage au Canada. Ils cherchent également à se procurer l’expertise dont ils pourraient se servir pour faire avancer leurs programmes de fabrication d’ADM et de vecteurs connexes. Le SCRS continue de collaborer étroitement avec ses partenaires canadiens et étrangers pour soutenir l’engagement du Canada dans la lutte contre la prolifération. Il s’efforce notamment de détecter, de prévenir et de perturber les activités qui sont menées au Canada ou par l’entremise du Canada et qui visent le détournement, l’exportation ou l’acquisition illicite de biens pouvant servir aux programmes d’ADM, en plus de mener des enquêtes sur de telles activités.

Extrémisme violent à caractère idéologique

L’extrémisme violent à caractère idéologique (EVCI) constitue un enjeu d’envergure et un problème de société qui requiert une stratégie pangouvernementale. La menace liée à l’EVCI est complexe et en évolution constante. Les tenants de l’EVCI sont mus par une série d’influences plutôt que par un seul système de croyances. Des opinions extrémistes de nature raciste, misogyne et antiautoritaire combinées à des récriminations personnelles peuvent conférer à quelqu’un la volonté de mobiliser d’autres personnes, de les inciter à commettre des actes de violence ou de leur donner les moyens de passer à l’action. Le SCRS et ses partenaires de l’appareil du renseignement et de l’application de la loi jouent un rôle de premier plan dans la lutte du gouvernement contre la menace liée à l’EVCI.

En 2021, le SCRS a dirigé un projet à l’échelle du gouvernement pour aider les intervenants concernés à mieux comprendre le contexte complexe et en évolution constante de la menace liée à l’EVCI au Canada. Le projet en question faisait suite à des travaux antérieurs du SCRS sur la terminologie associée à l’extrémisme violent. L’objectif consistait à renforcer chez ces intervenants pangouvernementaux la compréhension du processus d’analyse dont le SCRS se sert pour détecter, évaluer et contrer, au besoin, les activités liées à l’EVCI.

Depuis 2014, le Canada a été le théâtre de sept attentats liés à l’EVCI et les autorités ont déjoué trois autres projets d’attentat. Les attentats commis ont fait 26 morts et 40 blessés sur le territoire canadien, ce qui en fait la forme d’extrémisme violent la plus grave. En juin 2021, un attentat à London (Ontario) a fait quatre morts et un blessé. En octobre 2021, un ancien réserviste des Forces armées canadiennes a été condamné à neuf ans d’emprisonnement aux États-Unis en raison de son rôle dans un complot visant à commettre des actes de violence grave avec des membres du groupe néonazi The Base, une entité terroriste inscrite au Canada.

Il existe tout un éventail de récriminations qui alimentent la volonté des tenants d’un EVCI de mobiliser d’autres personnes, de les inciter à commettre des actes de violence ou de leur donner les moyens de passer à l’action. Ce ne sont pas tous les cas qui remplissent les critères de la sécurité nationale, mais le SCRS a constaté une hausse marquée des menaces violentes adressées aux représentants élus et aux fonctionnaires au cours des deux dernières années.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’intensification des discours extrémistes antiautoritaires et antigouvernementaux souvent ancrés dans l’instrumentalisation des théories conspirationnistes alimente les activités liées à l’EVCI. Plusieurs influenceurs et prosélytes canadiens se sont fait connaître dans les mouvements de l’EVCI. Ces influenceurs du milieu de l’EVCI contribuent à la désinformation et encouragent les personnes qui les suivent à commettre des gestes concrets, notamment des actes de violence.

Extrémisme violent à caractère politique

L’extrémisme violent à caractère politique (EVCP) encourage le recours à la violence pour instaurer de nouveaux régimes politiques ou modifier les structures et les normes des régimes existants. Il n’y a pas eu d’attentat lié à l’EVCP au Canada en 2021.

Extrémisme violent à caractère religieux 

L’extrémisme violent à caractère religieux (EVCR) encourage le recours à la violence dans le cadre d’une lutte spirituelle contre un système jugé immoral. Les tenants d’un EVCR croient que le salut n’est possible que par la violence. Ils commettent des actes de violence dans le but d’intimider d’autres personnes ou de les contraindre à faire ce qu’ils souhaitent. Ils peuvent aussi tenter d’empêcher un gouvernement de prendre une mesure en particulier. Les tenants d’un EVCR peuvent prendre pour cible tant la population que le gouvernement, aussi bien au pays qu’à l’étranger. Ils n’hésitent pas à s’attaquer aux infrastructures pour atteindre leurs objectifs, notamment à perpétrer des attaques contre des centrales ou des réseaux électriques, des hôpitaux et des réseaux de communication.

En 2021, deux événements ont marqué le milieu de l’EVCR dans le monde : le 20e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001 et la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans en août 2021. Étrangement, l’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 a un effet unificateur parmi les tenants d’un EVCR. Les partisans de Daech, dont les propos dénotent souvent leur opposition à al Qaïda, considèrent cet anniversaire comme un moment de réjouissance. En revanche, la chute de l’Afghanistan a donné lieu à des dissensions, les dirigeants et partisans de Daech lançant régulièrement des appels à la perpétration d’attentats contre les talibans.

Aucun attentat inspiré par l’EVCR n’a été commis au Canada en 2021, mais les activités de propagande connexes et certaines activités liées à la menace se sont poursuivies. La menace que l’EVCR représente au Canada émane principalement de personnes agissant seules qui s’inspirent de Daech et qui sont capables de se mobiliser à la violence de façon rapide en utilisant des moyens rudimentaires pour s’en prendre à des cibles faciles. Apparemment, Daech ne dirige pas ces personnes et ne leur offre aucune forme de soutien logistique. Les partisans de Daech utilisent surtout leurs épargnes personnelles lorsqu’ils veulent mener des activités liées à la menace; s’ils envoient des fonds à des individus affiliés à Daech à l’étranger, ils le font à titre personnel, et le montant envoyé est peu élevé. Les contributions financières font souvent partie des premiers éléments qui déclenchent la tenue d’une enquête.

Voyageurs extrémistes canadiens

Le gouvernement du Canada continue de surveiller la menace que représentent les voyageurs extrémistes canadiens (VEC) et de prendre des mesures pour contrer cette menace. Les VEC sont des individus qui ont un lien avec le Canada, c’est-à-dire qu’ils ont la citoyenneté canadienne, sont titulaires de la résidence permanente ou détiennent un visa valide, et qui sont soupçonnés d’avoir quitté le pays pour participer à des activités liées au terrorisme à l’étranger. Ces individus peuvent quitter le Canada pour soutenir et faciliter des activités extrémistes violentes ou pour y participer. Les VEC suscitent une large gamme de préoccupations en matière de sécurité, qu’ils se trouvent à l’étranger ou qu’ils soient de retour au Canada. De façon générale, les VEC peuvent entretenir des liens avec divers groupes et mouvements extrémistes violents et défendre les perspectives de l’EVCI, de l’EVCP ou de l’EVCR.

Depuis 2011, le conflit en Syrie et en Irak attire un nombre sans précédent d’extrémistes désireux de combattre à l’étranger. Toutefois, depuis l’effondrement du califat en Irak et en Syrie en 2016 2017, beaucoup de ces individus ont été tués ou placés en détention dans des prisons ou des camps de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays (PDIP) en Syrie. Dans l’ensemble, le retour de combattants terroristes étrangers dans des pays où ils doivent faire face à la justice à un niveau ou à un autre constitue un défi dans la lutte contre le terrorisme. 

Terrorisme international

Le 15 août 2021, les talibans ont pris le contrôle de la capitale afghane, Kaboul, et se sont retrouvés de facto à la tête du pays. Comme la prise de Kaboul a été à la fois rapide et chaotique, la communauté internationale n’a disposé que de peu de temps pour évacuer le personnel étranger. Les talibans sont aux prises avec des difficultés importantes dans la gouvernance de l’Afghanistan, dont une crise économique et humanitaire qui se poursuivra vraisemblablement tout au long de 2022.

Les talibans ont autorisé des groupes terroristes transnationaux, dont al-Qaïda et al-Qaïda dans le sous continent indien, à demeurer au pays. Les activités de ces groupes sont limitées à l’heure actuelle, mais il se peut qu’al-Qaïda considère de nouveau l’Afghanistan comme un lieu sûr pour entraîner ses combattants. Pendant ce temps, l’État islamique – Province du Khorassan (EIPK), un groupe affilié à Daech, s’est employé à délégitimer les talibans en perpétrant des attaques dans les zones urbaines. Selon le SCRS, l’EIPK souhaite ardemment commettre des attentats à l’étranger, et il sera bientôt en mesure de le faire.

En 2021, Daech a continué de se concentrer sur les mouvements d’insurrection en Irak et en Syrie en prenant principalement pour cible les forces de sécurité et les dirigeants locaux capables de contrer son influence. En Irak, Daech a commencé à s’en prendre à des cibles économiques, comme des infrastructures électriques, pour miner la confiance de la population à l’égard du gouvernement. Rien n’indique que Daech soit en mesure de prendre et de garder le territoire qu’il a perdu en 2019. Il s’agit toutefois d’un objectif que le groupe entend atteindre à long terme, ce qui laisse croire qu’il pourrait tenter de réintégrer des extrémistes étrangers, y compris des VEC. Daech entend également prendre d’assaut des prisons et inciter les prisonniers à provoquer des émeutes en Irak et en Syrie dans le cadre de sa stratégie opérationnelle djihadiste fondée sur la régénération de ses forces, la libération d’individus de grande valeur et la propagande. Le SCRS est d’avis que Daech continuera de chercher à inspirer et à faciliter la perpétration d’attentats dans les pays occidentaux, ainsi qu’à rebâtir graduellement les moyens dont il dispose pour commettre lui même des attentats.

L’EVCR demeure une menace pour les Canadiens et les intérêts canadiens en Afrique. Les Canadiens qui travaillent ou voyagent près des zones d’activité de groupes terroristes sont toujours exposés à une menace importante, car ils peuvent être victimes d’un attentat ou d’une opération opportuniste d’enlèvement contre rançon. Al-Chabaab et le Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimine (JNIM) sont les principaux groupes terroristes actifs dans la Corne de l’Afrique et en Afrique occidentale, respectivement. Ces deux groupes affiliés à al Qaïda miseront vraisemblablement sur la victoire des talibans en Afghanistan pour motiver leurs combattants actuels et en recruter de nouveaux, mais ni l’un ni l’autre n’a l’intention de remplacer les gouvernements africains au pouvoir. Pour leur part, les groupes affiliés à Daech ont intensifié leurs activités et élargi la portée de leurs opérations, tout particulièrement en Afrique subsaharienne.

Filtrage de sécurité

Les programmes de filtrage de sécurité pour le gouvernement et de filtrage des demandes d’immigration et de citoyenneté du SCRS constituent la première ligne de défense contre l’extrémisme violent, l’espionnage et d’autres menaces pour la sécurité nationale.

En ce qui concerne les cotes de sécurité, les responsables du filtrage de sécurité pour le gouvernement au SCRS mènent des enquêtes, fournissent des évaluations de sécurité et donnent des conseils dans un large éventail de dossiers en lien avec les menaces pour la sécurité nationale. Les évaluations de sécurité s’inscrivent dans un processus global visant à aider les ministères et organismes du gouvernement du Canada à prendre des décisions concernant l’octroi, le refus ou la révocation d’une cote de sécurité. Ces décisions incombent toutefois au ministère ou à l’organisme concerné, et non au SCRS.

Le programme de filtrage de sécurité pour le gouvernement vise également à protéger les sites sensibles, dont les installations aéroportuaires, maritimes et nucléaires, contre les menaces pour la sécurité nationale. Ce programme permet au SCRS d’appuyer la Gendarmerie royale du Canada dans le cadre du processus d’accréditation des Canadiens et des ressortissants étrangers qui veulent participer à des événements importants au Canada et de fournir des évaluations de sécurité aux gouvernements provinciaux et étrangers ainsi qu’aux organisations internationales lorsque des Canadiens souhaitent obtenir un emploi qui nécessite une autorisation d’accès à des informations ou à des sites sensibles dans un autre pays. Toutes les personnes qui font l’objet d’une enquête de filtrage de sécurité pour le gouvernement s’y soumettent de leur plein gré.

Les responsables du programme de filtrage des demandes d’immigration et de citoyenneté du SCRS mènent des enquêtes et donnent des conseils en matière de sécurité à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) concernant les personnes susceptibles de représenter une menace pour la sécurité nationale qui cherchent à entrer au Canada ou à y obtenir un statut. Dans le cadre de ce programme, le SCRS fournit des conseils en matière de sécurité sur les demandeurs de résidence permanente et de citoyenneté, les demandeurs de visa de résident temporaire et les demandeurs d’asile au Canada. Cela dit, il revient à IRCC de décider si une personne est admissible au Canada, d’accorder un visa ou d’accepter une demande d’asile, de résidence permanente ou de citoyenneté.

À la suite du départ des forces alliées de l’Afghanistan et de la prise de pouvoir par les talibans à l’été 2021, le SCRS a prêté main-forte au gouvernement du Canada afin d’évacuer d’urgence les Afghans vulnérables qui avaient des liens avec le Canada. Compte tenu de la décision du gouvernement du Canada de réinstaller 40 000 Afghans au Canada, les conseils du SCRS en matière de filtrage et de sécurité demeureront essentiels.

 

Filtrage des demandes d'immigration et de citoyenneté

Demandes reçues* en 2021
Résidence permanente (présentées au Canada et de l’étranger) 14,800
Statut de réfugié (contrôle de sécurité préliminaire**) 21,200
Citoyenneté 248,700
Résidence temporaire 9,000
TOTAL: 293,700

 

Filtrage de sécurité pour le gouvernement

Demandes reçues* en 2021
Ministères et organismes fédéraux 64,600
Programme EXPRES 14,000
Transports Canada (installations aéroportuaires et maritimes) 31,000
Cité parlementaire 2,100
Installations nucléaires 12,200
Provinces 140
Autres 2,100
Filtrage pour des pays étrangers 500
Accréditations en vue d’événements spéciaux 0
TOTAL: 126,640

Les chiffres ont été arrondis.
* Le nombre de demandes reçues en 2021 a diminué en raison de la pandémie.
** Personnes qui demandent l’asile au Canada ou à un point d’entrée.

Détails de la page

Date de modification :