Message du directeur

David Vigneault, Director

David Vigneault

Je suis heureux de présenter le Rapport public 2021 du SCRS. Des changements constants ont marqué la période visée par le présent rapport. Encore aujourd’hui, nous connaissons bon nombre des difficultés que nous avons vécues en 2021.

Les répercussions de la pandémie de COVID-19 continuent de se faire sentir et renforcent l’imprévisibilité de l’environnement actuel. Les changements géopolitiques, sociaux, environnementaux et technologiques redessinent le contexte mondial à un rythme effarant. Partout, les gens sont aux prises avec les répercussions humaines, sociales et mondiales de ces changements profonds.

À l’échelle mondiale, l’équilibre des forces en présence continue de créer un climat d’incertitude; les structures de pouvoir changent, créant des défis complexes pour l’ordre mondial fondé sur des règles. L’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie en février cette année ne tombe pas dans la période visée par le présent rapport, mais il s’agit d’un exemple frappant.

En 2021, nous avons été témoins de la mésinformation et de la désinformation que des acteurs tant étatiques que non étatiques propagent, et c’est le cas encore aujourd’hui. Une telle manipulation de l’information peut avoir des conséquences graves : elle peut éroder la confiance à l’égard des institutions démocratiques, polariser l’opinion publique et amplifier les messages et discours contradictoires. Malheureusement, nous avons pu en constater les conséquences dans notre propre société en voyant les manifestations qui se sont tenues un peu partout au pays, y compris à Ottawa, plus tôt cette année.

La courbe exponentielle des progrès technologiques et l’hyperconnectivité de la société exacerbent ces défis. La technologie est peut-être l’élément le plus perturbateur dans le monde actuel. Les États, les industries et les sociétés cherchent le moyen de gérer de tels changements, qui accentuent les iniquités à l’échelle planétaire et se situent désormais au cœur de la concurrence mondiale.

Quel est le lien avec la sécurité nationale?

Ensemble, ces tendances témoignent de deux grandes vérités. Premièrement, pour atteindre les résultats escomptés dans un monde qui évolue aussi vite, une discussion ferme et soutenue sur la sécurité nationale est essentielle. Deuxièmement, il y a une interconnexion entre la sécurité nationale et la sécurité internationale; les menaces ne s’arrêtent pas à la frontière.

En 2021, les principales menaces pour la sécurité nationale du Canada – ingérence étrangère, espionnage, cyberactivités malveillantes et extrémisme violent – ont pris de l’ampleur à un rythme accéléré.

Les menaces que constituent l’espionnage et l’ingérence étrangère ne sont pas nouvelles, mais le SCRS a constaté que leur ampleur, leur portée et leur complexité gagnaient en importance. En 2021, plusieurs États étrangers ont poursuivi leurs tentatives en vue de s’approprier secrètement des informations politiques, économiques et militaires au Canada. Pour atteindre leurs objectifs stratégiques, ces États choisissent leurs cibles et se livrent contre elles à des activités liées à la menace.

Le SCRS a aussi pu observer que de nombreux acteurs étatiques étrangers prennent directement pour cible des communautés au Canada, tant en personne qu’en ligne. De telles activités peuvent être menées de façon clandestine ou trompeuse ou peuvent menacer les citoyens, les résidents et les institutions au Canada; lorsque tel est le cas, ces activités représentent des menaces pour la sécurité du pays et celle de la population. Le SCRS continuera d’utiliser tous les pouvoirs prévus dans ses mandats pour contrer ces menaces et défendre le Canada, ses intérêts et ses valeurs.

Le pays a tenu sa 44e élection fédérale en 2021. Le SCRS a offert un soutien opérationnel au Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement visant les élections (MSRE), une équipe composée de spécialistes de la sécurité et du renseignement de l’ensemble de l’appareil gouvernemental qui tirent parti de leur mandat respectif afin d’atténuer les menaces pour le processus électoral au Canada. À titre de membre du Groupe de travail sur les MSRE, le SCRS a présenté des séances d’information régulières au groupe de hauts fonctionnaires non partisans qui sont responsables du Protocole public en cas d’incident électoral majeur.

Pour le SCRS, l’année qui s’est écoulée a aussi été marquée par la hausse la plus grande du nombre d’activités de liaison et de collaboration avec des intervenants externes, d’allocutions publiques et de comparutions devant des comités parlementaires. Le SCRS a notamment eu des échanges avec des organisations des secteurs publics, privés et universitaires, des groupes de défense des droits de la personne ainsi que des groupes et organisations communautaires au sujet, tout particulièrement, de la menace que représente l’extrémisme violent.

Le contexte complexe de l’extrémisme violent à caractère idéologique (EVCI) au Canada ne cesse d’évoluer. Le gouvernement du Canada a ajouté quatre groupes liés à l’EVCI à sa liste des entités terroristes en 2021, tandis que le nombre d’attentats liés à l’EVCI au Canada et ailleurs dans le monde continue d’augmenter.

Les personnes agissant seules demeurent les principales menaces liées à l’EVCI, comme l’a montré l’attaque tragique commise à London (Ontario) en juin 2021. L’auteur de cette attaque doit répondre à quatre accusations de meurtre au premier degré et à une accusation de tentative de meurtre. Par ailleurs, des infractions liées au terrorisme ont été ajoutées en vertu des dispositions du Code criminel du Canada.

Qui plus est, le Canada reste exposé à la menace que constitue l’extrémisme violent à caractère religieux (EVCR). À l’instar de l’EVCI, l’EVCR émane principalement de personnes agissant seules, dont bon nombre trouvent leur inspiration en ligne auprès de groupes comme Daech ou al-Qaïda. La chute de l’Afghanistan aux mains des talibans en août 2021 a inspiré certains tenants d’un EVCR tout en provoquant une crise humanitaire dans le pays. Le SCRS a joué un rôle important en fournissant des évaluations de filtrage de sécurité au gouvernement du Canada concernant l’immigration d’Afghans vulnérables qui avaient des liens avec le Canada.

L’année 2021 a également marqué le 20e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001, qui ont fait près de 3 000 morts, dont 24 Canadiens. Au SCRS, cet anniversaire a été souligné par une commémoration solennelle et a donné lieu à une détermination renouvelée.  

Les membres du SCRS travaillent fort chaque jour pour comprendre et contrer ces menaces de façon à remplir notre mission, à savoir sauvegarder la prospérité du Canada, la sécurité des Canadiens, et autres intérêts nationaux. À cette fin, le SCRS offre des renseignements, des conseils et des interventions fiables. En 2021, le SCRS a continué d’enquêter sur les menaces pour la sécurité nationale, de conseiller le gouvernement du Canada et de réduire les activités liées à la menace grâce au mandat que lui confère la loi, et ce, de façon à assurer la sécurité de tout un chacun.

Compte tenu du mandat propre au SCRS, malgré la pandémie, beaucoup d’employés ont dû travailler au bureau tout en suivant les règles strictes de la santé publique. Je remercie chaque employé pour son dévouement personnel et professionnel.

Comme toute autre organisation, le SCRS a été touché par un ensemble de facteurs qui ont remis en question sa vision de la nature du travail et de l’effectif. Étant donné la mission sans pareille du SCRS et ses exigences élevées en matière de sécurité, son administration centrale, ses bureaux régionaux et ses postes à l’étranger ont maintenu leurs activités tout au long de 2021. Ainsi, le SCRS a pu continuer de remplir sa mission essentielle, mais il a aussi dû composer avec de nouvelles difficultés. En effet, la pandémie a accéléré l’évolution des nouvelles tendances que sont la numérisation, le travail à distance et l’automatisation. Ces changements auront des répercussions en aval sur la nature de l’éducation, de la formation, du recrutement, du maintien en poste, de la rémunération et de l’avancement professionnel. Dans ce contexte, j’ai demandé à la haute direction de lancer une initiative axée sur le personnel dans le but de transformer l’effectif pour que l’organisation s’adapte à ces nouvelles réalités.

À titre de directeur, je me suis personnellement engagé à faire du SCRS un milieu de travail exempt de préjugés et de toute forme de discrimination, de harcèlement et d’agression. Tous les employés du SCRS doivent pouvoir travailler au quotidien dans un environnement sûr, sain et respectueux où la diversité et l’inclusion sont grandement valorisées. Le SCRS continue d’élaborer et d’appliquer des stratégies et des mesures pour éliminer les obstacles systémiques et renforcer tant la compréhension que l’appréciation de la diversité sous toutes ses formes. Pour améliorer les systèmes et la culture, un tel travail requiert l’engagement et le concours de chaque membre du personnel.

Si l’année 2021 a présenté de grands défis et contraint le SCRS à s’adapter, le dévouement et l’efficacité de l’ensemble des employés m’ont rempli de fierté. La population canadienne devrait, elle aussi, être fière du travail accompli.

 

David Vigneault
Directeur, Service Canadien du Renseignement de Sécurité

Détails de la page

Date de modification :