Introduction

Le Canada et le siècle de la croissance propre

Le Canada a connu de nombreux changements depuis sa fondation il y a près de 150 ans. Notre curiosité, notre intelligence et notre détermination nous ont menés à établir des collectivités florissantes, à exploiter le potentiel de nos ressources naturelles et à créer des innovations que nos ancêtres n’auraient pu imaginer.

Aujourd’hui, cependant, nous faisons face à un défi urgent – un défi qui exige une réaction rapide de notre part. Si nous ne prenons pas immédiatement des mesures, il aura des effets sur notre mode de vie, le milieu où nous vivons, notre qualité de vie et notre prospérité collective.

Les changements climatiques. Voilà le défi dont il est question.

Les mois, les années et les décennies se succèdent, et les températures ne cessent d’augmenter, établissant de nouveaux records de chaleur, et les conséquences de cette progression pour la Terre sont inquiétantes. Nous constatons les preuves scientifiques accablantes des changements climatiques et de ses conséquences dévastatrices. Le Canada n’échappe pas à cette évolution.

En Alberta et dans l’Ouest canadien en général, les incendies de végétation durent de plus en plus longtemps et sont d’une ampleur de plus en plus importante. Les Prairies souffrent de la sécheresse pendant que les provinces atlantiques subissent des inondations. L’érosion des côtes de l’Île-du-Prince-Édouard réduit littéralement la superficie de la province. La couverture de glace s’amincit rapidement en Arctique; le réchauffement des températures y est près de trois fois supérieur à la moyenne mondiale, mettant des vies et des traditions en danger. Les peuples autochtones et les collectivités nordiques, particulièrement vulnérables à ces changements, sont touchés de manière démesurée.

Les répercussions des changements climatiques s’accompagnent de coûts financiers énormes. Les réclamations d’assurance à la suite de phénomènes météorologiques extrêmes au Canada s’élevaient à une moyenne annuelle de 373 millions de dollars de 1983 à 2004. Au cours de la dernière décennie, ce montant a triplé pour atteindre 1,2 milliard de dollars annuellement. Selon les estimations de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie établies en 2011, le coût des changements climatiques pourrait augmenter pour se situer entre 21 et 43 milliards de dollars par an d’ici 2050.

Nul doute que les changements climatiques constituent un défi que nous devons tous attaquer de front, au quotidien.

Ce défi ouvre également de nouveaux horizons, comme la possibilité de bâtir un avenir plus durable et plus prospère pour notre planète, qui est celle de nos enfants et de nos petits-enfants.

En novembre 2015, 195 pays ont signé l’Accord de Paris, un accord historique. Pour la première fois, des pays ont convenu d’un commun accord de faire chacun leur part pour réduire la pollution par le carbone et limiter la hausse de la température mondiale moyenne bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux de l’époque préindustrielle. La délégation canadienne comprenait le premier ministre du Canada et des premiers ministres provinciaux, des leaders autochtones, des chefs d’entreprise et des représentants syndicaux, des environnementalistes, ainsi que des représentants de groupes confessionnels et de la jeunesse de l’ensemble du pays — tous unis dans le contexte de la nécessité de prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques.

Un an plus tard, il est clairement établi que l’engagement d’agir dans le dossier des changements climatiques dépasse largement celui des gouvernements. Il est encore plus étonnant de constater que les entreprises du monde entier reconnaissent également le caractère inévitable du virage historique vers l’énergie propre. Elles comprennent que la croissance économique propre représente un marché futur dont la valeur se chiffre à des milliers de milliards de dollars.

De toute évidence, l’Accord de Paris a transmis un message vigoureux au monde et aux marchés économiques : le XXIe siècle sera celui de la croissance propre.

La proposition est claire : le Canada peut agir maintenant et profiter de l’occasion qui se présente à l’échelle mondiale, ou se résigner à être laissé pour compte.

Les Canadiens souhaitent majoritairement que nous prenions des mesures pour protéger notre climat et ainsi nous tailler une place dans le siècle de la croissance propre.

La majorité des Canadiens comprennent que leur pays, à l’instar du reste du monde, se dirige vers un avenir à faibles émissions de carbone. Ils comprennent que nous passons par une période transitoire qui durera un certain temps. Ils reconnaissent aussi que nous dépendons encore de la richesse des ressources du Canada pour alimenter la croissance économique propre, et ils veulent que leur famille et tous leurs concitoyens puissent profiter de cette transition.

Les Canadiens veulent que les mesures de lutte contre les changements climatiques soient pragmatiques, souples et judicieuses.

Adopté le 9 décembre 2016, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques constitue notre plan pour stimuler notre économie tout en réduisant les émissions et en développant nos capacités d’adaptation face à l’évolution du climat. Il constitue une feuille de route pour encourager l’innovation et créer de bons emplois d’un bout à l’autre du pays. Il est en outre équitable et souple, et il reconnaît la situation unique des provinces et territoires du pays.

Ce cadre est aussi le résultat d’échanges avec les Canadiens — jeunes et moins jeunes; scientifiques et environnementalistes; membres de la communauté des affaires, de syndicats, de groupes confessionnels et de la société civile — à l’occasion d’assemblées publiques, de tables rondes, de même que par l’intermédiaire de discussions de groupes de travail et de nos consultations en ligne. Les peuples autochtones ont aussi fait part de leurs constats et de leurs recommandations sur les mesures de lutte contre les changements climatiques à prendre.

La tarification de la pollution par le carbone est le pivot de ce cadre; elle favorisera la réduction des émissions et l’innovation. C’est pourquoi cette mesure obtient l’appui des chefs d’entreprise dans tous les secteurs.

Des mesures de réduction des émissions de tous les secteurs — industrie, immobilier, transport et agriculture — et d’adaptation aux changements climatiques viennent s’ajouter à la tarification du carbone. Elles se traduiront par une alimentation en électricité propre pour nos maisons, nos lieux de travail, nos véhicules et nos industries, et par une utilisation plus efficiente de l’énergie. Ces actions permettront la création d’infrastructures et d’écosystèmes plus résilients qui peuvent mieux résister aux changements climatiques et l’agrandissement des aires protégées et des parcs, et la prise d’autres mesures de conservation pour emmagasiner le carbone et favoriser l’adaptation aux changements climatiques.

Il s’agit là d’un plan complet. Toutes ces mesures combinées permettront de réduire considérablement les émissions au Canada, de nous rendre plus résilients aux effets des changements climatiques, de favoriser l’innovation, de stimuler l’économie et de créer de bons emplois pour la classe moyenne.

Les mesures que prendra le Canada à l’égard des changements climatiques rendront le pays plus efficace et plus concurrentiel. Elles nous permettront de tirer parti du marché mondial des biens et services à faibles émissions de carbone, déjà estimé à 5,8 mille milliards de dollars, et qui devrait continuer à augmenter de 3 % par année. Les innovations et solutions canadiennes sont déjà exportées et déployées dans le monde entier. Nous créons de nouveaux marchés et établissons des partenariats pour les entreprises canadiennes tout en appuyant l’action mondiale visant à réduire les émissions.

Le premier ministre Wilfrid Laurier avait autrefois déclaré : « Les nations commettent souvent l’erreur de ne pas saisir entièrement les nécessités de la situation. Elles manquent d’audace ». À l’aube du siècle de la croissance économique propre, non seulement le Canada fera preuve d’audace, mais il sera un leader.

Nous savons que, par les mesures que nous prendrons, nous léguerons un héritage durable à nos enfants et à nos petits-enfants, soit une économie solide et propre, des collectivités prospères et diversifiées, de l’air pur et un environnement sain.

L’honorable Catherine McKenna, C.P., députée
Ministre de l’Environnement et du Changement climatique

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