Lettre ouverte – Le point sur l’atteinte de l’objectif de 100 milliards de dollars américains en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques
En 2009, les pays développés se sont engagés à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars américains par an pour le financement de la lutte contre les changements climatiques d’ici 2020 pour répondre aux besoins des pays en développement dans le cadre de mesures d’atténuation significatives et de la transparence de la mise en œuvre. En 2015, parallèlement à l’adoption de l’Accord de Paris, cet objectif a été prolongé jusqu’en 2025.
Alors que se déroulent les discussions sur le financement de la lutte contre les changements climatiques en prévision de la COP29, le Canada et l’Allemagne continuent de travailler ensemble sur ce financement en cette année cruciale. Cette initiative s’appuie sur un leadership de longue date visant à accroître la transparence et à favoriser les progrès sur le financement de la lutte contre les changements climatiques, notamment par la publication du Plan de mise en œuvre du financement de la lutte contre les changements climatiques en 2021 et de son rapport d’étape en 2022.
Le 29 mai 2024, l’honorable Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, et Jennifer Morgan, secrétaire d’État et envoyée spéciale de l’Allemagne pour l’action climatique internationale, ont fait la déclaration suivante :
En cette décennie cruciale, des mesures sans précédent s’imposent pour s’attaquer à la crise climatique et tracer la voie vers un avenir carboneutre résistant aux changements climatiques. La réalisation de l’objectif de 100 milliards de dollars américains a constitué une étape clé dans le soutien aux efforts des pays en développement.
En prévision de la COP28, le Canada et l’Allemagne, au nom des participants à l’objectif de 100 milliards de dollars américains, ont fait une mise à jour positive qui reflète la confiance exprimée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) que l’objectif était susceptible d’être atteint en 2022. Plus tôt aujourd’hui, l’OCDE a confirmé (en anglais seulement) qu’en 2022, collectivement 115,9 milliards de dollars américains ont été fournis et mobilisés par des canaux bilatéraux et multilatéraux, ce qui a permis d’atteindre pour la première fois l’objectif de 100 milliards de dollars américains. Ce montant dépasse la fourchette prévue pour 2022 par l’OCDE dans les scénarios prospectifs publiés en 2021. En fait, il atteint le volume qu’elle avait initialement prévu pour 2025.
Cette augmentation reflète une volonté collective de prendre des mesures audacieuses en réponse au Plan de mise en œuvre du financement de la lutte contre les changements climatiques, où nous nous sommes engagés à accélérer l’action pour atteindre pleinement l’objectif. En 2021, de nombreux contributeurs ont annoncé des augmentations de leurs engagements respectifs en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques, ce qui nous a permis de dépasser le seuil de 100 milliards de dollars américains.
Les chiffres publiés par l’OCDE montrent également une amélioration dans deux secteurs clés où nous continuons de déployer des efforts concertés : le financement de l’adaptation et le financement privé mobilisé. Les niveaux de financement de l’adaptation ont atteint 32,4 milliards de dollars américains en 2022, en hausse par rapport à 24,6 milliards de dollars américains en 2021. Lors de la COP26, le Pacte de Glasgow pour le climat a reconnu l’importance du financement de l’adaptation et a exhorté les pays développés parties à au moins doubler d’ici 2025 leur financement de l’adaptation par rapport aux niveaux de 2019. Les chiffres publiés aujourd’hui montrent des progrès vers ce financement double. À mi-chemin vers 2025, les pays développés qui ont présenté des rapports sur le financement de la lutte contre les changements climatiques dans le contexte de l’objectif de 100 milliards de dollars américains sont en voie de doubler leur contribution financière collective pour l’adaptation par rapport à la base de référence de 2019.Le financement privé mobilisé a également connu une forte hausse, passant de 14,4 milliards de dollars américains en 2021 à 21,9 milliards en 2022, après avoir stagné pendant plusieurs années.
Dans ces deux domaines clés, nous sommes déterminés à poursuivre les progrès, notamment en travaillant à la mise en œuvre des recommandations publiées l’année dernière par l’OCDE dans deux rapports « Scaling Up Adaptation Finance in Developing Countries » et « Scaling up the Mobilisation of Private Finance for Climate Action. »
Atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars américains pour la première fois constitue une avancée significative. Les données du rapport de l’OCDE sont encourageantes et nous rappellent l’importance de poursuivre nos efforts collectifs pour mobiliser des financements climatiques afin de soutenir les pays en développement.. Ainsi, nous réaffirmons collectivement notre engagement à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars américains par an pour soutenir une action climatique ambitieuse dans les pays en développement jusqu’en 2025.
Le Canada et l’Allemagne, ainsi que la communauté élargie, reconnaissent l’importance de continuer à présenter des rapports sur le financement de la lutte contre les changements climatiques de manière transparente et exhaustive. Cela devrait être fait sans compromettre la qualité et l’exactitude des données et des méthodologies qui sous-tendent le suivi du financement de la lutte contre les changements climatiques, puisque des chiffres robustes servent de fondement à la responsabilisation. C’est pourquoi nous nous engageons également à poursuivre de façon transparente la déclaration sur notre financement de la lutte contre les changements climatiques en fonction de l’objectif de 100 milliards de dollars américains au cours des prochaines années, en collaborant avec l’OCDE pour appuyer la publication de rapports sur le financement mobilisé jusqu’en 2025.
Alors que nous continuons à accroître le financement de la lutte contre les changements climatiques, nous reconnaissons la valeur de réfléchir aux leçons apprises au cours des 15 années de l’objectif de 100 milliards de dollars américains. Aujourd’hui plus que jamais, compte tenu des crises qui se chevauchent et de l’évolution des besoins, il faut optimiser l’efficacité du financement contre les changements climatiques, de même que l’incidence de chaque dollar investi. Il s’agit notamment de travailler à améliorer l’accès au financement à la vitesse et à l’échelle requises et conformément aux priorités nationales des pays, comme il a été souligné dans le bilan mondial de l’an dernier, ainsi que de mobiliser des fonds privés. Nous continuerons de collaborer avec d’autres contributeurs, des partenaires des pays en développement et des acteurs du milieu du financement contre les changements climatiques pour mieux comprendre comment surmonter les obstacles permanents au financement et affecter les fonds là où ils sont le plus nécessaires.
Enfin, nous devons regarder au-delà de l’objectif de 100 milliards de dollars américains et vers l’avenir du financement contre les changements climatiques en vertu de l’Accord de Paris. Le nouvel objectif chiffré collectif (NOCC) offre une occasion unique de renforcer le paysage international du financement contre les changements climatiques et de revigorer la façon dont nous le faisons.
L’ampleur des besoins exige un objectif adapté aux besoins et met à profit une grande variété de sources, d’instruments et de voies de financement, englobant des composantes publiques, privées, nationales et internationales. Nous devons engager tous les acteurs concernés. Cela veut dire s’appuyer sur une large base de contributeurs à l’aide internationale qui reflète les réalités économiques modernes. Englober toutes les parties en mesure de contribuer sera essentielle pour fournir l’ampleur de l’aide requise. Au-delà de cela, nous devons nous concentrer sur les environnements propices au déblocage d’investissements et veiller à ce que le financement soit accessible et orienté vers la mise en œuvre de plans qui orienteront l’économie mondiale et les systèmes énergétiques vers un avenir vert et favorable à la nature, tout en continuant de progresser vers un développement résilient aux changements climatiques. Il s’agit de la profonde transformation nécessaire pour relever le défi de l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris.
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